D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Mercredi 16 Mai 1866.
49me Aimée.
N<> 5,073.
REVUE POLITIQUE.
Nous puisons aujourd'hui, dans les cor*
espondances, mais surtout dans les dépê-
hes qui nous arrivent d'Allemagne, plus
je craintes que d'espérances.
On ne sait toujours quelle armée atta-
quera l'autre; il y a là encore un dernier
motif d'espérer.
Mais deux faits graves se confirment la
sommation de la Prusse au Hanovre, l'exis
tence d'un traité d'alliance actuellement
signé entre la Prusse et l'Italie. Ce traité
étant signé, la question de savoir qui atta
quera n'est plus une garantie pour per
sonne; il faut que les épées se tirent et que
le sort toujours incertain des batailles en
décide. Il y a là de justes motifs de crainte.
L'intervention de l'empereur Alexandre
auprès du roi de Prusse a eu lieumais
puisque l'effet qu'elle a produit ne se mon
tre encore nulle part dans l'attitude des
divers personnages Berlin, nous croyons
la réalité de la démarche, mais nous ne
croyons plus l'efficacité de son influence.
Il y a des jours de malheur où tout sem
ble concourir au dénoûment que l'on re
doute, en dépit des efforts que chacun fait
pour s'y soustraire.
M. de Bismark se voit entouré d'enne
mis; il semble ne plus prendre conseil que
de son désespoir, compte sur cette fortune
aveugle qui semble parfois trahir les cau
ses les plus justes. Pourvu que le concours
de l'Italie ne lui échappe pas, il semble dé
daigner en même temps la Russie et l'An
gleterre. Ses frères les Allemands! voilà
ses ennemis, il les provoque, il les attend.
Dans les paroles d'Auxerre on a vu en
[lussie une menace indirecte qui s'adres
sait surtout la Prusse. Le Journal de
9-Pélersbourg le déclare bien haut. Mais
qu'importent M. de Bismark les avertis
sements indirects qui lui viennent de
France, pourvu qu'on ne le trouble par
dans la guerre d'extermination qu'il veut
LE PETIT BUCHERON.
entreprendre contre l'Autriche. Telle est
la situation Berlin!
Garibaldi a accepté le commandement
de la légion de 20,000 volontaires que
forme l'Italie. Qui sait si ce n'est pas ce
chef et ses soldats que va être dévolue
la mission de jeter le gant aux Autrichiens.
Si l'armée autrichienne n'est pas nombreu
se du côté de l'Italie, elle est protégée par
le quadrilatère que l'on dit inexpugnable,
même pour les soldats les plus aguerris.
En France, les impressions pacifiques,
que nous avons précédemment signalées,
manquent de faits précis pour acquérir la
consistance que l'on doit leur souhaiter.
Le journal la France nous présente de
nouveau le congrès comme une perspec
tive qui a retrouvé des chances de réalisa
tion. L'Angleterre et la Russie soutiennent
maintenant le projet et pour le faciliter,
le gouvernement français offrirait de ne
soulever pour soc tomple aucune des
questions qui pourraient augmente? les
difficultés. On a trop souvent parlé de
l'éventualité de la réunion d'un congrè§
européen pour que nous lui reconnais
sions la dernière heure les conditions
nécessaires pour le faire vivre.
La Bourse de Paris d'hier n'a pas été
bonne.
La Suède se prononce, par l'intermé
diaire de ses quatre ordres, contre tout
projet d'armement. Elle ne veut pas se
laisser entraîner par l'Allemagne dans une
nouvelle guerre de trente ans. Il lui suffit
de celle dans laquelle, tout en gagnant la
bataille de Leipsick, elle perdit Gustave-
Adolphe, le plus grand de ses rois.
Le Moniteur universel nous apporte des
nouvelles du Mexique des 9 et 15 avril.
La situation reste la même.
La ville d'Ypres possède depuis plus d'uu
siècle, par suite de foudatiou une école-
atelier ouvert aux jeunes filles pauvres. Il
s'agit de l'école des Dames de la Motte.
Suivant M. Bara, l'institution a perdu
presqn'entièrement son caractère d'école.»
Suivant l'exacte vérité, cette institution
est fréquentée en ce moment par 500
jeunes filles.
Suivant M. Bara, <r les biens de l'institu
tion furent pendant la révolution française
confisqués, d
Jamais les biens de cet établissement ne
furent confisqués. Les sœurs de la Motte
restèrent, avant, pendant et après la révo
lution, en possession de leur immeuble
et de leurs renies. Leur école fut toujours
ouverte.
Suivant M. Bara il y a 25 sœurs pour
25(X,'eunes filles.
Suivant l'exacte vérité, il n'y a pas 250
mais 500 jeunes filles dans cette école,
donc quinze enfants pour une sœur insti
tutrice. Et celte institutrice enseigne tout
aux enfants; ia doctrine religieuse, la lec
ture. l'écriture, le calcul, puis enfin la
couture, la dentelle ou autres ouvrages de
main.
M. Bara devrait savoirque dans la Flandre
occidentale le gouvernement a des ateliers
d'apprentissage où souvent il y a moics de
quinze élèves sous un seul chef d'atelier.
Or, le chef ou l'instituteur, dans les ateliers
de l'Etatn'enseigne qu'une chose le
tissage. Dans l'école la Motteles sœurs,
nous le répétons, ont la mission de tout
enseigner.
Suivant M. Bara, sur onze ou douze
heures que les enfants passent chaque jour
l'école la Motte, ils ne reçoivent l'instruc
tion que pendant une heure et seulement
de jour autre.
Pourquoi changerait on ce qui s'est
toujours faitparce que telle a été con
stamment la volonté des parents. Lorsque
ceux-ci veulent bien y consentir, on donne
aux enfants l'instruction littéraire, chaque
jour, pendant une heure. Si l'on faisait
autrement, les enfantsdéserteraieDtl'école,
PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Suite. Voir uotre numéro de samedi dernier.
Eb bien, moi, je dis qu'il a raison, dit Laurent
1 y a des vocations, vois-tu, beau frère, et ce
petit n'a pas celle d'être bûcheron... ne le taquine
pas, laisse le aller... il sera artiste on jour, ou je oe
m'appelle pas Laurent... du reste, il l'est déjà,
artiste, il ne peint pas mal les trumeaux. de chemi
nées, et les devantures de boutiques, il possède son
bonhomme par cœur... l'autre jour il m'a fait,
pour le marchand de pastèques (i) d'en face, une
Enseigne qui représente ie marchand de pastèques
oi-iuêaie dévorant sa marchandise; marchand et
marchandise, c'était s'y méprendre... quand il
poorra joindre a l'art de peintre d'enseigne, le
aient doii moins grand de faire de la ptaslique,
Et sa madone en bois me prouve qu'il peut être
tussi bon sculpteur que boo peiotre... il ira loin...
(rj Mtlou d'eau.
laisse-le donc partir, beau-fière... et qae ma soeur
se résigne... il y a lè, vois-tu, Allegii, dans toutes
les lignes du visage de cet eofant, dans son front,
entre ses deux yeux, dans ses soorcils même, nu
cachet tout particulier qui n'est pas celui du
bûcheron... Ce n'est pas pour mépriser ton état, au
moins, beau frère, ce que j'en dis... mais enfin...
que veux - in ça n'est ni la faute, ni la mienne, ni
celle de la sorelia, non plus... mais le petit n'est
pas plus lié bûcherou, que uioi, duc de Modèue, il
faut se réstguer... et eu faire quelque chose de
mieux... la grâce de Dieu.
Laurent aurait pu parler plus longtemps, Aile-
gri, ni sa femme, ni l'enfant n'étaient eu état de
l'interrompre.
Où iras-tu demanda le bûcheron son fils.
A Modèue, repondit Antonio.
Qu'y feras-lo, tout seul
Seul dit l'eufaut, et Dieu
Qu'il t'accompagoe, dit alors le bûcheron avec
un soupir... et qu'aitends-tu pour partir?
Le jour, dit Antonio, votre bénédictioo, mou
père, et un baiser de ma mère qui me dise qu'elle
ne in'eo veut pas de la quitter.
Une mère en veut-elle jamais son eofant dit
Marietta couvrant de baisers et de larmes les beaux
cheveux blonds de son fils.
En t'en allant, passe chez moi, dit Laurent se
levant ponr sortir, je te donnerai nne palette et
des pinceaux, le seul héritage, hélas que tu auras
jamais attendre de moi, Antonio.
Après son départ, on grand silence régna dans
la cabane du bûcheron, et excepté le chef qui était
au lit, aucune des deux autres personnes ne son
geait se coocber, enfin Allegri dit
Il se fait lard
Veux-tu souper, Antonio dit Marietta présen
tant un morceau de pain son fils.
Je vous ai dit, ma mère, répondit sérieusement
Antonio, que je ne mangerai plus uo morceau de
pain que je ne l'aie gagué.
Quel enfant mon Dieu dit la bonne mère avec
un ton d'humeur chagrine.
Cet enfant fera dire de lui, pins tard, je l'es
père, quel homme dit le bûcheron.
Antonio remercia son père du regard et gagna
son lit. Pour être continué.)