YPRES.
transformés en hospices et ambulances.
Les pertes essuyées par l'Autriche, dans
les combats de la Bohême, sont des plus
douloureuses. Tous les citoyens, depuis les
membres les plus élevés de l'aristocratie
jusqu'aux plus humbles artisans, ont cou
rageusement payé leur dette la patrie.
Au nombre des officiers qui ont été tués au
poste d'honneur, on cite spécialement M.
le comte de Grunne qui s'est glorieusement
fait tué Sadowa, la tête de sa compa
gnie. Ce brillant officier était le cousin
d'un de nos concitoyens, M. le comte Eu
gène de Grunne, ancien chevalier d'hon
neur de la Reine, qui a servi lui-même
avec distinction en Autriche.
Une autre nouvelle non moins doulou
reuse est la disparition de M. le prince
Paul de Metternich, frère de l'ambassadeur
d'Autriche Paris. On suppose qu'il a
également été tué Sadowa. Le prince
Paul de Metternich était attaché la per
sonne de l'Empereur; il a voulu être un
des premiers défendre son drapeau.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
Vienne, 8 juillet. Le général John,
chef d'étal-major de l'archiduc Albert, est
nommé commandant en chef de l'armée
du Nord, en remplacement de Benedek.
Des messes solennelles sont journelle
ment célébrées dans les quatre églises
paroissiales de celte ville pour obtenir du
Ciel que la ville d'Ypres soit préservée du
choléra. Le nombre des fidèles qui assis
tent ces messes est considérable.
Jusqu'à ce jour, l'état sanitaire de la
ville d'Vpres est des plus satisfaisant.
Par ordre de l'autorité municipale, les
agents de police visitent toutes les habita
tions des pauvres, afin de voir si elles sont
suffisamment blanchies et tenues propre
ment. Dans le cas contraire, le blanchis
sage et le nettoyage sont immédiatement
ordonnés aux frais de l'administration
communale.
Le 1" de ce mois, vers 8 1/2 heures du
soir, le sieur Ad. Plonvier, marchand de
lin Gheluwe (Fl. occ.), étant monté sur
un chariot en marche, conduit par le sieur
E. Van den Berghe, voiturier Gheluvelt,
sur la grande roule de Menin Ypres, est
tombé la face contre terre; la roue lui a
passé sur le corps. Mortellement blessé, il
a été transporté dans une maison voisine,
où il est mort le surlendemain.
Dans son audience de samedi, la cour
d'appel de Gand a procédé la désignation
de candidats pour la place de conseiller
cette cour laissée vacante par suite du
décès de M. Blomme: premier candidat,
M. De Wylghe, président du tribunal de
1" instance Courtray; second candidat,
M. de Grave, procureur du roi Courtray
par 7 voix contre 5 données M. Sartels,
juge au tribunal de 1" instance Ypres.
M. Chazal, ministre de la guerre, a
fait venir, d'Ostende et d'autres places du
pays, des pièces d'artillerie de siège pour
armer des forts des fortifications d'Anvers.
Il n'a pu obtenir livraison des canons du
plus gros calibre, destinés armer les
fortifications d'Anvers, qu'il avait com
mandés chez M. Krupp, Dusseldorff, en
Prusse. A la date du 28 mai dernier, M.
Cbazal s'est rendu, accompagné d'une
commission d'officiers généraux belges et
de son aide de camp M. Sterckx, Eissen
(Prusse), où il a assisté chez M. Krupp
des expériences d'artillerie du plus gros
calibre. Il en a fait confectionner un certain
nombre chez M. Krupp. Mais le gouverne
ment prussien, qui avait besoin des pièces
d'artillerie, a trouvé utile de se les appro
prier depuis la guerre entre la Prusse et
l'Autriche. (Journal d'Anvers.)
Le rêve, si longtemps et si vainement
caresséde la réunion directe de Paris
Londres, est la veille de devenir une
réalité. Un fameux ingénieur anglais, M.
Hawksbaw, prépare sérieusement T'établis-
sementd'un tennel entre Calais et Douvres.
C'est en ce moment la question vivante
Londres, surtout dans la Cité.
Avec l'autorisation du gouvernement
françaisl'ingénieur est en train de faire
sonder la mer près de Boulogne et de
Calais, tandis que les ouvriers accomplis
sent le même travail près de Douvres. Les
opérations de sondage, pour reconnaître
la nature du sol au fond de la mer et la
profondeur exacte des couches d'eau, se
poursuivront ensuite au milieu du détroit.
Voici le projet en substance
On commencera le tunnel par les deux
bouts de repère. A chaque bout sera pla
cée une machine qui pompera les produits
des fouilles. L'une des extrémités du tun
nel se reliera an chemin de fer du Nord
français et l'autre au South-Easter-London-
Cbatham and Douvres Railways. Le jour
où s'effectuera le premier voyage sous-
marin le mot célèbre Il n'y a plus de
Pyrénées aura trouvé une nouvelle et
féconde application Il n'y a plus de
Pas-de-Calais.
Les canards de la guerre sur toute la
ligne éclosent. Voici le dernier qui est
parvenu notre connaissance. Un hussard
hongrois, en garnison Trieste, ayant
reçu de l'argent de sa famille, le convertit
en petites pièces d'or, et, ne trouvant pas
de place plus sûre pour garder son magot,
le jeta au fond du fourreau de son sabre!
Il était parfaitement disposé payer quel
ques petites dettes criardes; mais quand
ses créanciers se présentaient, il était
obligé de tirer son sabre pour pouvoir
vider le foufrean. Or, dès qu'il mettait la
main sur la poignée, les créanciers se figu.
raient qu'il vouïait leur couper les oreilles
et s'enfuyaient toutes jambes. N'est-ce
pas une recette excellente pour se débar
rasser des créanciers importuns?
Si l'empereur d'Autriche perd le titre
de roi de Véuétie, il a de quoi se consoler;
voici la nomenclature exacte des litres qui
lui restent roi de Hongrie, roi de Bohême,
roi de Dalmatie, de Croatie, Slavonie,
Gallicie, Lodomérie et lllyrie; archiduc
d'Autriche; duc de Salzbourg, Styrie
Carintbie et Carniole; grand prince de
Transylvanie; grand waivode de Serbie;
margrave d& Moravie; duc de Silésie,
d'Auschwilz et Zator, de Tescbeu, Frioul,
Raguse et Zara; comte souverain de
Habsburg, Tyrol, Kyburg, Gœrzet Gradisca;
prince de Trente et Brixen; margrave de
Lusace et d'Istrie; comte de Hohenens,
Feldkirch, Bregeus, Sounenberg et seigneur
des YVindes, etc.
M. Devisme, le célèbre armurier pa
risien, envoie on journal de Paris la des-
cription suivante du fusil aiguille
C'est unearmese chargeant par derrière;
le mécanisme en est fort simple. 11 y a un
cylindre mobile la base du canon, lequel
cylindre porte l'intérieur une longue
aiguille tricoter, autour de l'aiguille est
uo ressort boudin. Ce cylindre porte un
levier terminé au sommet par une boule,
letouten acier.; le cylindre porte sur le
côté un tenon comme un tenon de baïon
nette qui correspond une entaille.
Pour charger on tourne de droite gau-
cbe le levier afin de sortir le tenon de
l'entaille, puis on tire en arrière ce levier;
par ce mouvement le ressort boudin se
trouve bandé et le fusil armé. Ce mouve
ment en arrière du cylindre laisse une
ouverture la base du canon par laquelle
NOUVELLES DIVERSES.
-- Mon père est on honoêle coltivatenr du
pays et ma mère une sainte femme qui prie bien
sur Dieu pour moi cette heore.
Toos ces motifs devraient vous dicter une
autre conduite^
D'accord, monsieur l'aumônier. Mais je ne
«oos ai pas dit que lorsqueil y a trois mois
peine, je venais daos mon village de tirer la con
scription, j'avais amené on mauvais numéro: c'est
pourquoi je sois ici. Je sortais de la mairie avec de
joyeux compagoons, et pour faire comme eux;
j'avais mis des rubans roses b mon cbapean, quoi
que j'eusse le cœur bien triste. Voilà que nous
rencontrons sur notre chemin la vieille Nouna, la
Gitane, qui, dit-on, a le raau«ais œil. H me sem
ble encore la voir, cette sorcière de malheur, cour
bée sous sou bàtoo et ses cheveux gris au vent.
Le rose deviendra rouge, et la première prime
de l'eonemi sera pour toi, Jbsepb je oe te
reverrai plus. Vous voyez que tout cela est
clair comme le jour cela signifie du sang, et si je
me bats demain mou affaire est faite....
-Et le devoir, mon fils, pour quoi le compter
ions? répliqua l'homme de Dieu. Fais ce que
dois, advienoe que pourra,» dit la devise. Rappe-
jez vous, d'ailleurs, qu'un seul cheveu ne peut
tomber de notre tête saos la permission du ciel.
Pas d'autres raisonnements; vous allez prendre
votre sac et votre fosil et voos mettre en route
sor-l'e-champ. Vous êtes jeune, robuste, dégourdi
vous avez trois heures de retard seulement; eu
jouant des jauibes, vous pourrez rattrapper vos
camarade» et arriver encore au bon moment.
Tout cela est possible, monsieur l'abbé, je ne
demanderais pas mieux cette heure que de oe
pas m'être caché derrière le tas de pierres, afin de
me trouver dans les rangs. Mais si je retourne
maintenant, après avoir manqué h l'appel, sans
motifs, la veille d'une bataille, en arrivant je serai
fusillé comme déserteor. Voilà mou sort, je le
connais. Je suis sûr de mon fait d'un côté la peine
de mort de l'antre, la première balle des Russes,
comme me l'a prédit la vieille.
Allons, encore! cela o'a pas le sens commun.
C'est égal, je veux bien faire quelque chose pour
toi, condition que tu vas décamper au plus vite.
Je vais écrire on mot ton colonel que je connais
particulièrement. .Je loi dirai que tu es venu me
trouver pour affaire de conscience, et tu ne serat)
pas inquiété pour too absence. Mais il faudra que
lu te battes comme un brave. Me le promets-tu
-- Merci, monsieur l'aumônier, repartit Joseph
tout ému, merci de me sauver la vie cette fois,
quoique ce soit pour la perdre bientôt!
C'était sa marotte; rieu oe pouvait lui ôier de
l'esprit ce funeste pressentiment.
L'abbé Forbin s'intéressait malgré Ini ce jeone
conscrit. Il écrivit la bâte qoelqoes lignes au
colonel Vertbois et les remit au soldat en lui
donnant sa bénédiction.
Quand celoi-ci ent quitté la tente, le pauvre
aumônier voulut reprendre son sommeil interrom
pu. Mais l'heure était passée Le prêtre commençât
être agité de pensées confoses et tumultueuses.
La nuit s'avançaitles premières loeurs de l'aube
allaient dooDer le signal d'une bataille décisive.
Et quels moments plus graves et plus solennels! H
pensait, l'homme de paix, tous les combats aux
quels il avait déjà assisté depuis le commencement
de la guerre l'Aima, InLetmann, dates glorieuses
et terribles. Il voyait passer dans sa mémoire ces
illustres victimes, couchées sons la terre étrangère.
Il nommait tout bas les nombreux héros dont il
avait reçu les derniers soupirs, recueilli les der
nières volontés pour les porter, interprête fidèle, i
leurs familles éplorées. Il acheva son court repos
en récitant un De Profundis l'intention de ces
nobles âmes. (Pour être continué