D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 49me Année. No 5,092. REVUE POLITIQUE. On conserve Paris quelque espoir de faire accepter par les parties belligérantes les propositions de paix de l'empereur Napoléon. La Patrie entre ce sujet dans quelques développements assez précis. Ce n'est qu'avant-hier au soir, dit ce journal, que le roi Guillaume a pu recevoir son quartier général communication des nou velles propositions. L'Autriche doit les avoir déjà en sa possession. On apprend par le télégraphe l'arrivée du prince Napoléon au quartier général Rovigo. Là aussi, la communication est donc faite. Un journal qui a toujours été dans des idées contraires la France exprime l'es poir que les négociations, entamées la dernière heurepeuvent heureusement aboutir. Suivant une correspondance de Vienne, du 17celte espérance doit paraître faible et presque vaine. Les Prussiens prétendent qu'ils arrivent devant Vienne avec 200,000 hommes. Les Autrichiens, d'ici deux ou trois jours, espèrent pouvoir en réunir 350,000. Il faut une Allemagne nouvelle, il faut balayer le passé, dit la Patrie. Soit, mais l'Autriche doit-elle être également balayée avec tous les anciens débris Pour le moment, la politique prussienne est en faveur dans les régions gouverne mentales de France. Ne sachant encore ce qui va advenir, le Moniteur français parle, mais il ne dit pas tout. C'est une satisfaction pour la cour des Tuileries, quoi qu'il puisse arriver un jour et même en songeant ce qui peut arriver, de pouvoir dire LA MEDAILLE DE LA S -VIERGE. Le 16, ou le 17 juillet, je m'étais mis d'accord avec la Prusse sur la reconstitu tion de l'Allemagne. Cet arrangement au quel j'ai contribué et que la Prusse a trouvé raisonnable, je demande qu'on y revienne. Nous ne pouvons tarder être fixés sur ce côté tout la fois obscur et décisif de la situation. En attendant, nous connais sons des hommes versés dans l'art de la guerre, qui disent Les Prussiens avancent vers le Danube avec une lémérilé qui fait plus d'honneur l'audace de leurs généraux qu'à leurs talents militaires, A cela nous n'avions rieu dire. A quinze jours d'intervalle, combien les jugements que l'on porte sur l'Autriche sont divers! 11 n'est pas rare de rencontrer des gens qui applaudissaient, il y a quinze jours, aux victoires anticipées de l'Autri che, et trouvent aujourd'hui, que sa résis tance prolongée est un acte de folie. Malgré le cours des siècles, les nations ne se modifient pas dans leurs caractères généraux, voilà ce que nous avons dire depuis les événements du 3 juillet, et tout, depuis lors, nous a confirmés dans cette manière de voir, non pas seulement les premières défaites essuyéesmais encore et surtout la résistance après la défaite; l'indomptable Autriche est toujours là devant nos yeux. La fière puissance qui trouva en elle-même toutes les ressources nécessaires pour soutenir contre la France et le premier Napoléon des luttes héroï ques pendant nn quart de siècle, ne peut s'abaisser devant la Prusse après une campagne de trois ou quatre semaines. La bataille de Custozza du 24 juin, gagnée par les Autrichiens, était contraire aux traditions séculaires de celle puissan ce. La bataille perdue le 3 juillet Sadowa est en parfaite harmonie avec les antécé dents de son histoire. L'Autriche recule d'abord. En 1792, la guerre commence; c'est l'infortuné Louis XVI qui la déclare le 20 avril mais l'avance les puissances alle mandes s'étaient liées et concertées; des conférences avaient eu lieu Pilnitz au mois de mars et une déclaration restée fameuse en était sortie. Au mois de mai, lorsque les hostilités commencèrent dans les Pays-Bas, les Au trichiens ne se trouvèrent pas en mesure d'entreprendre quoi que ce soit de sérieux. Quelques détachements de troupes mal conduites, mais surtout insubordonnées, se présentèrent d'abord l'extrême limite de nos provinces; les Autrichiens en eurent facilement raison; mais là se bor nèrent les premières opérations de cette terible guerre; il fallait aller en avant, les Autrichiens restèrent immobiles, c'était reculer. Cette attitude eut pour eux et pour l'Europe tout entière des conséquen ces cruelles qui ne changèrent rien cepen dant aux allures du gouvernement im périal. En 1805, les Autrichiens forment avec la Russie et l'Angleterre la plus redoutable des coalitions; le concours de la Prusse est assuré, garanti par un traité. On compte déjà sur la victoire; mais, prompt comme la foudre, Napoléon arrive en quelques semaines de son camp de Bou logne dans les plaines d'Austerlitz, peu de distance d'Olmutz; la Prusse trahit; et au lieu d'une victoire, c'est une sanglante défaite que la coalition rencontre. Voilà la suprématie de Napoléon bien établie; elle est proclamée par le traité de Presbourg du 26 décembre, 24 jours après la bataille d'Austerlitz. C'est de cette situation que l'Autriche est sortie, après avoir toutefois subi les suites de la bataille de Wagram. Et l'on voudrait déclarer aujourd'hui l'Autriche déchue, l'Autriche anéantie parce qu'elle a perdu la bataille de Sadowa! N'est-ce pas tout ignorer et tout méconnaître! On ignore, ou l'on oublie surtout qu'en ce moment même l'armée autrichienne qui LE PHOPAEATEUB FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE. La Patrie de Paris, en annonçant que les chances de voir la paix l'emporter sur la guerre au dernier moment augmentent, consacre la reconstitution de l'Allemagne un article qui doit être inspiré par les propositions de l'empereur Napoléon. ÉPISODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE. Suite et fia. Voir notre numéro de samedi dernier. Le soir de cette mémorable bataille, le brave «umônier, agrès avoir payé de sa personne avec un courage et une aboégation qui ne peuvent être suggérés que par une force divine, venait de se reiirer dans sa tente, lorsqu'on lui annonça le jeune soldat que nous connaissons. Pardon, monsieur l'abbé, de voos déranger !d cette benre, dit Joseph en entrant, mais je voulais demander de vos nouvelles, et je crois que vous ne serez pas fâché de savoir que je suis encore de ce monde. Je viens voos remercier de vos exhorlations e< surtout de votre médaille miracoleuse. Grâce e"e, je me suis battu comme les autres, je n'ai pas attrappé une égratignure. J'ai été nommé caporal sor la brèche. Ce n'est pas trop mal pour on débat. Mais ce n'est pas moi qu'il faut s'eo prendre... Je °e savais pas ce que je faisais. An premier coup de canon, je me suis cru mort. Mais lorsque d'après j JUGEMENTS DIVERS SUR L'AUTRICHE. 1———N^——— vos conseils, j'ai invoqué la Reine des cieux,je n'étais pins te même homme. Entraîné par nn élan irrésistible, je me suis porté en avant, en me disant b moi même Joseph, il faut faire ton devoir et mériter l'estime de tes chefs et le pardon de M. l'aumônier!» En écoutant le jeune conscrit, l'abbé Forbio re marqua l'immense changement qui s'était opéré en loi. L'éclair du courage brillait dans ses yeox; ses narines dilatées semblaient encore aspirer l'odeur de la poudre il était métamorphorsé. C'est qu'il avait reçu le baptême de feu, tel que le néophyte des premiers siècles de l'Eglise, lorsque après avoir abjuré l'erreur païenne, il s'avançait rayonnant et transfiguré, dans le cirque où l'atten dait de glorieux martyre. Le bon abbé Forbiu ne pouvait en croire ni ses yeux ni ses oreilles. Il félicita le nouveau caporal, lui serra cordialement la main se proposant de demander au colooel, si, par habitude, le Méridio nal ne s'était pas vanté outre mesure. Le soir, sous la tente, l'aumônier parla de son protégé. Comment donc! dit le colonel Vertbois, il s'est battu comme un lion! Le premier l'assaut rien ne pouvait le retenir... Soo capitaine a été si contem qu'il me l'a demandé pour caporal, et moi, j'ajouterai la médaille militaire. Ce garçon ira loin s'il se conduit toujours comme aojourd'boi. Le pronostic s'est réalisé. Le conscrit de Sébas- topol est maintenant on brave officier déjà arrivé, quoique jeune encore, un grade assez élevé. La croix des braves brille sor sa poitrine; mais, sous le ruban rouge, on pourrait trouver la précieuse reliqoe dont il ne s'est jamais séparé depuis. Il rencontre souvent le bon abbé, témoin et confident de soo triste début, et il ne manque pas de lui dire Monsieur l'aumônier, racontez mon histoire autant qu'il vous plaira; dites comme quoi vous m'avez sauvé de la bonté et du déshonneur. Mais, par égard pour mon pays et ma famille, ne pro noncez jamais mon nom. Répétez bieo haut seule ment, d'après mon exemple, qu'il ne faut pas écouter les sots presseutimeuts et les préjugés vulgaires, et qu'en toute rc .asion, celui-là est sûr du succès et du triomphe qui place sa confiance en Notre-Dame des Victoires. E. Dionysis.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1866 | | pagina 1