D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
5©me Année. Samedi 28 Juillet 1866. N° 5,094.
REVUE POLITIQUE.
En nous faisant connaître d'heure en
heure ce qui se passe Francfort, le télé
graphe comprend tout l'intérêt sympathi
que que partout on porte la situation de
cette ville. Il faut voir que jusqu'à présent
la résistance de la population n'a pas trouvé
la rapacité prussienne disposée fléchir.
Un membre de la maison Rothschild
s'offrait pour aller porter lui-même une
pétition que les habitants de Francfort
adressent au roi de Prusse. L'autorité mili
taire prussienne s'est mise en travers de
cette démarche. Reste le recours la
France, l'Angleterre et la Russie. Dans
l'état actuel des choses, peut on espérer
qu'il soit efficace? A cette question nous ne
nous hâtons pas de répondre. Il y aurait
beaucoup dire.
Un changement de général, dans le com
mandement du corps prussien qui occupe
Francfortn'a amené jusqu'à présent au
cune modification dans l'esprit qui anime
ce corps. Le général Roeder a succédé au
géàéral de Manteuffel.
La Patrie trouveque les nouvelles relati
ves aux négociations de paix continuent
être favorables. Suivant ce journal, on
peut espérer que la suspension d'armes de
cinq jours conduira facilement l'armis
tice d'un mois.
Les prévisions du journal la France ne
sont pas tout faitaussi optimistes. L'Italie
est comme toujours la pierre d'acboppe-
ment.
v Du côté de l'Italie, dit cette feuille, il a,
paraît-ilsurgi des difficultés qui retarde
raient la marche des négociations relatives
aux préliminaires de paix.
A Vienne, le 24 juillet, un mécontente
ment sourd et une grande tristesse ré
gnaient dans toute la ville. On parlait
beaucoup d'une sorte de rupture amenée
entre la cour et le conseil communal par
la dernière démarche de ce conseil auprès
de l'Empereur et par la réponse qu'avait
faite l'Empereur l'Adresse du conseil
communal.
On a lieu de s'étonner en voyant l'ob
jection faite par la Prusse comprendre
l'Allemagne du Sud dans la suspension
d'armes.
Nous ne voyons pas que l'on se rappro
che, ni que la situation seclaircisse
Londres.
Le Hyde-Park a eu son troisième jour.
Les réformistes et le ministre de l'inté
rieur, M. Walpole, ont eu une conférence.
Le Parlement a demandé des explica
tions.
De tout cela que résulte-t-il
Le gouvernement et la police déploient
beaucoup de modération; mais le peuple
est aigri, et nous craignons qu'il ne soit
sourdement travaillé.
Les beaux jours de l'Angleterre touche
raient ils leur terme
T11ÈATRE DE LA GUERRE.
On écrit de Vienne, 22 juillet
Les détails circonstanciés manquent
encore sur le combat naval d'hier. Je vous
transmets tel quel le résumé de ce que j'ai
pu apprendre. L'amiral Tegetboff, le même
qui, le 12 mai 1864, dut se retirer devant
la valeureuse petite escadre danoise au
combat d'Helgoland, était, l'entrée du
port de Pola, en observation sur la dunette
de sa frégate cuirassée l'Archiduc-Maximi-
lien.
Le signal d'une chaloupe placée en
croisière l'avertit que quelque chose d'in
solite se passait l'horizon. Il n'y avait
alors sous vapeur que deux vaisseaux de
ligne en bois, l'un trois ponts, l'Empereur,
un autre deux ponts, et une frégate cui
rassée. L'amiral prit la mer avec celte fai
ble force, qui, un peu au-dessous de Pola,
s'augmenta de plusieurs chaloupes-canon
nières cuirassées.
En vue de Zarail apprit la nouvelle
que la flotte italienne, forte de vingt-trois
navires la plupart cuirassés, allait tenter
une attaque contre Lissa. Trois navires,
doDt deux appartenaient autrefois au
Lloyd, et que l'on a transformés en vapeurs
de guerre, et une corvette cuirassée, qui se
trouvaient dans le chenal du goife de Zara
se rallièrent l'escadre de l'amiral.
Cette force, dont le trois ponts l'Em-
pereur formait le centre vint se poster
quelque distance de Lissa, dont les canons
avaient désemparé la veille une frégate
italienne cuirassée.
A la vue de l'escadre, la canonnade de
terre et de mer devint épouvantable. Qua
tre navires cuirassés italiens, deux frégates
et deux corvettes se lancèrent ioute va
peur contre le trois ponts autrichien- Le
combat s'engagea furieux; le trois-ponts,
entouré de fumée, semblait être comme un
monstrueux animal aux prises avec une
meute. Ses canonniers, presque tous ,Dal-
males, et qui ne voyaient pas le feu pour la
première fois, répondirent aux quadruples
bordées de leurs adversaires par un feu
moins rapide, mais beaucoup mieux poin
té. L'amiral, voyant le péril de ce navire,
et voulant lui porter secours, se jeta, for
çant vapeur et tête baissée, contre une des
grandes frégates italiennes.
a Le choc fut terrible, toute la ligne de
flottaison, creva un peu au-dessus du hor-
dage; on entendit un grand cri, une grande
clameur; un gouffre énorme sembla se
creuser entre les vagues, puis des ronds
incommensurables se succédèrent sur la
surface, redevenue plane. La frégate était
engloutie. Un épisode glorieux signala son
ensevelissement. Un demi bataillon de ber-
sagliers, qui se trouvait bord, en sentant
le navire s'enfoncer, grimpèrent aux hu
niers s'accrochèrent aux cordageset
épaulant leurs carabines comme ils l'eus
sent fait sur un champ de manoeuvres,
envoyèrent une dernière pluie de balles sur
le pont de VArchiduc-91 aximilien. Cet adieu
suprême au champ de bataille produisit de
terribles effets, vingt morts et soixante
blessés tombèrent autour de l'amiralqui
sembla être invulnérable.
A peine ce résultat était-il atteint et la
mer se remettait'elle clapoter tranquil
lement au-dessus d'un millier de cadavres,
qu'une explosion épouvantable, inouïe, se
fit entendre. Une pluie de fer et de bois
laquelle se mêlaient des membres humains
tomba sur les escadres, et une immense
trombe d'eau entoura le vaisseau l'Empe
reur.
L'amiral autrichien apprit qu'un bou
let creux, lancé par une des pièces du trois-
ponts avait déterminé l'explosion d'une
seconde frégate italienne. C'étaient donc
deux navires perdus, deux équipages dé
truits, sans compter certainement d'autres
avaries graves.
Sur les navires autrichiens les morts
étaient nombreux parmi eux se trouva
être un des plus brillants, officiers de la
marine autrichienne, le capitaine irlandais
Erik O'Klin. Pendant la bataille le com
mandant da trois-ponts Kaiser (Empereur),
le colonel de Poëck, se tint constamment
debout sur son banc, donnant ses ordres
comme s'il avait commandé une manœu
vre.
Le récit suivant d'un coup hardi, éxécute
par cinq cavaliers autrichiens, en pleine
Lombardie, est extait d'une correspon
dance de Florence adressée au Salut public
de Lyon
Dans un des derniers engagements qui
eut lieu Lonato, entre les troupes impé
riales et la cavalerie autrichienne, un
lieutenant et un sous officier de hussards
restèrent prisonniers des Italiens ils ap
partenaient au même escadron. Comme
ils étaient blessés assez grièvement, on les
transporta momentanément Desenzano.
La rencontre en question avait eu lieu
le malin. Pendant ce temps, les hussards
autrichiens entraient Peschiera. Arrivés
sur la place d'armes, le colonel du régi
ment s'aperçut qu'il manquait dans les
rangs le lieutenant précité, auquel il por
tait une affection particulière, et son sous
officier. Alors, s'adressant ses hommes
Deux des nôtres, dit-il, sont restés
au pouvoir de l'ennemi; quels sont les
soldats de bonne volonté qui oseront aller
les délivrer?
Nous! s'écrièrent aussitôt quatre ca
valiers et un vieux brigadier.
La nuit étant venue, les cinq hussards
sortirent de Peschiera emmenant avec eux,
outre leurs montures, deux chevaux des.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
LE COMBAT DE USA. DÉTAILS NOUVEAUX.
d Trieste illuminé; Spalatro, Zara,
Raguse, qui toutes comptent plusieurs de
leurs enfants parmi les combattants de
Lissa, ont pavoisé. Cette bataille aura cer
tainement une immense portée morale.
Dans chacune des villes que je viens de
nommer existait un parti dont la propa
gande en faveur d'une annexion l'haie
n'était un mystère pour personne.