D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
I'
50me Année.
Samedi 11 Août 1866.
Nos 5,097 et 5,098.
REVUE POLITIQUE.
Le paquebot du Mexique, arrivé Saint-
Nazaire, avait son bord l'impératrice du
Mexique qui, aussitôt après avoir mis pied
terre, est partie pour Paris.
S. M. CImpératrice part pour l'Europe!
Cette nouvelle a fait oublier la prise de
Matamoros, la position critique où se trou-
ventTampico, Tépic et Mazallan les revers
nombreux des troupes impérialistes et
alliées dans tout le pays depuis quelques
semaines; le départ du maréchal Bazaine
pour San Luis Potosi, Monterey et Mata
moros; le licenciement du corps belge; la
ruine de presque tous les négociants des
villes de l'intérieur, etc., etc. L'Impératrice
part pour l'Europe!!!... et l'on dirait qu'elle
porte avec elle les destinées du Mexique,
car c'est sa mission que se rattachent
dos dernières espérances.
Sa Majesté effectivement est partie ce
matin, 9 juillet, accompagnée d'une suite
assez nombreuse.
Vous avez déjà appris, avec regret, sans
doute, que par un ordre du jour lu dans
tous les corps d'armée de l'empire, l'Em
pereur a licencié le corps des volontaires
belges pour être incorporé dans les chas
seurs du Mexique, 9' bataillon impératrice
Charlotte. Cette décision est motivée sur
ce que ce corps, qui se trouvait Monterey,
s'était révolté et que des cris séditieux
s'étaient fait entendre. Plusieurs versions
donnent cet acte d'insubordination denx
causes l'une dit que le corps, étant cerné
par Escobedo, entre Saltillo et Monterey,
et fort mécontent du chef commandant,
aurait proféré des murmures et que deux
escadrons de chasseurs d'Afrique ayant
été envoyés en toute hâte pour délivrer le
corps commandé par le colonel l)upin,qui
n'était pas loin, et cerné lui-même, au
raient ramené la légion belge Monterey,
et que le général Jeanningros ayant fait
connaître au maréchal Bazaine la conduite
de la légion, Sa Majesté l'aurait licenciée.
L'autre, la plus vraisemblables, la voici:
Depuis plusieurs mois, un courant de
mauvaise humeur et de mécontentement
s'était fait remarquer parmi les hommes
de la légion belge. Presque tous cher
chaient se faire réformer ou congédier
ou entrer dans l'armée. Malheureuse
ment on a voulu organiser une division
auxiliaire, composée des légions étrangè
res, française, belge et autrichienne, sous
le commandement de l'honorable général
Neigre, et l'administration française, avec
la solde française, mais avec un supplé
ment payé par le trésor mexicain.
Or, le trésor mexicain ne paie pas régu
lièrement ses engagements. Les Belges ont
murmuréd'abord et se sont révoltés ensuite
en criant: A bas l'Empereur!.,. Vive l'Im
pératrice
Quelques semaines auparavant, les Au
trichiens, pour la même raison, avaient,
Puebla, pillé la caisse du gouvernement et
enlevé 15,000 piastres (75,000 fr). Ces
deux corps sont licenciés et le régiment
belge incorporé dans les chasseurs mexi*
cains, 9" bataillon.
Le baron Vandersmissen est appelé
Mexico, et lé plus grand nombre des offi
ciers ont donné leur démission et veulent
rentrer en Belgique au mois d'août, d'au
tant plus que c'est un officier français qui
prend le commandement de chaque ba
taillon.
Le dépôt de Tacubaya va être dissous.
On ne sait pas la détermination de l'Era
pereur l'égard de l'emploi qui sera donné
au colonel Vandersmissen.
Denx cent cinquante soldats et sous-
officiers sont déjà entrés dans la gendar
merie mexicaine, et plusieurs sous-officiers
vont passer comme officiers dans l'armée
mexicaine, entre autres MM. Morant, ser
gent faisant fonction d'adjudant, et Dou-
dan, sergent également.
L'on croit que les soldats qui sont sur
les frontières du Texas déserteront en
grand nombre, ne voulant plus servir daus
l'ex-corps belge.
M. Loiseau, capitaine, a été nommé ré
cemment chevalier de la Guadeloupe et
les capitaines E. Charles Gauchin, Louis
Delaunoy et L. N. Auguste Wauterscap
ont reçu la Croix du Mérite militaire, en
bronze. MM. Alleyne et Noirsain sergent,
et MM. Ph. Vandenboute, Em. Mabille et
Jean Volpe soldat, celle en argent.
On a reçu seulement ce malin quelques
détails sur l'étendue des revers que la
cause impérialiste a subis sur la frontière
du Texas.
lin convoi de marchandises évalué un
million et demi de piastres était arrivé sans
accident une petite dislance de Camargo.
Le 16 juin, l'ennemi, ayant concentré
toutes ses forces, attaqua le convoi. Après
une heure d'une lutte acharnée, il mettait
en déroute les troupes impérialistes et
restait maître de la proie qui l'avait attiré.
Les Autrichiens au nombre de 250 sou
tinrent d'abord le premier choc de toute la
cavalerie dissidente. Ils étaient parvenus
faire reculer les assaillants dans le plus
grand désordre; mais ceux-ci revenant la
charge avec des renforts considérables,
culbutèrent tout ce qui se trouvait devant
eux. La lutte s'engagea alors sur toute la
ligne, et le cercle formé par le convoi fut
attaqué de toutes parts.
Les Autrichiensvoyant qu'une plus
longue résistance devenait inutile, mirent
bas les armes, et tous, l'exception de
deux, furent massacrés.
On se battit encore avec acharnement
pendant deux heures; les troupes du gou
vernement ont défendu le terrain pied
pied jusqu'au moment où l'ennemi, qui
combattait avec fureur, les eut rejetés au
delà de la ligne du convoi.
Les troupes d'Olvira se rendirent alors
(au moins la moitié), et le reste, protégés
par une pièce d'artillerie put éviter une
catastrophe.
Les forces juaristes se composaient (Je
Mexicains, d'Américains et de nègres.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Le monde des affaires, mais snrtont celni qui
fréquente les Bourses, avait des craintes très-vives,
il y a deox jours; c'est l'Italie snrtoot qui les loi
inspirait. Depuis hier, il a repris confiance; on lui
a aanoocé que l'armistice entre l'Autriche et l'Ita
lie venait d'être prorogé de vingt-quatre heures.
En Allemagne, la situation ne change pas sensi
blement.
L'arrivée b Paris de l'impératrice Charlotte est
annoncée par tous les journaux de cette capitale.
La France dit que Sa Majesté est descendue,
avant-hier matin 9, au Grand-Hôtel.
Aucun journal de Paris ne fait mention de la
maladie de l'empereor Napoléon, qui paraît avoir
déterminé le prompt départ de ce souverain de
Vichy mais il résulte de nos renseignements que
cette maladie n'a pas acquis de gravité.
Le Times d'aojoord'bui consacre toot un article
a la conduite de M. de Bismark envers la France et
l'empereur Napoléon; sa conclusion est identique
!i la oôlre.
a M. de Bismark, dit le journal anglais, pent
avoir ses raisons h lui de mettre b la plus rnde
épreuve la patieoce de la France; mais alors même
qu'il désire une querelle avec ce pays, il aurait dû
s'absteoir de toute provocation misérable et d'of
fenses gratuites. Les Français voient dans la con
duite du ministre prussien ce qoi lenr parait être
une insulte de propos délibéré; et leur méconten
tement n'est pas sans raison.
Après avoir fait cette concession an seotiment
natiooal dont il reconnaît eo France l'existence et
le danger, le Times par des raisons qne noos
trouvons, quant b nous, parfaites, engage la nation
française b ne redouter ni l'uoité allemande, ni
l'unité italienne; elle sera toujours assez forte pour
résister de pareilles unités. La prépondérance
qoe sa civilisation, que sa supériorité dans les arts
et la science lui assurent doit lui suffire.
Ainsi raisonne le Timesmais la oation fran
çaise, qui sait très-souvent professer et pratiquer
une politique chevaleresque, aime qu'oo Ini en
sache gré. S'il est une nation daDS le monde eu
faveur de laquelle elle soit peu disposée b faire
usage de cette politique, c'est la nation prussienne.
M. de Bismark l'a oublié; il peut être certain qu'il
ue tardera pas b en subir les conséquences.
POST SCRIPTUM.
L'empereor Napoléon sort enfin de l'obscnrité
dans laquelle il s'était enveloppé, depuis les der
niers événements.
La France réclame ses frontières de i8i4. La
Prusse et l'Angleterre eo sont informées.
Le voyage do maréchal Mac-Mahoo b Vichy, le
brusque retour de l'empereur des Français dans sa
capitale s'expliquent; mais, on peut ie dire en
■uerne temps, la faute commise eovers la France
par le roi de Prusse, dans son discours du 5 août,
reçoit une réponse qui ue s'est pas fait attendre.
SECOND POST SCRIPTUM.
Paris, 10 août.
On lit dans le Siècle La Franceen prévi
sion de l'agrandissement considérable de la Prusse,
®urait ouvert avec le cabinet de Berlin des pour
parlers relativement aux frontières du Rhin. La
Prosse n'a pas cru pouvoir accoeillir jusqu'ici les
propositions françaises.
ARRIVÉE EN EUROPE DE L'IMPÉRATRICE CHARLOTTE.
NOUVELLES IMPORTANTES DU MEXIQUE.
Mexicu, 9 juillet.