D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
50me Année. .Mercredi 3 Octobre 1866. fljo 5,113*
REVUE POLITIQUE.
SEBASTIEV GOMEZ.
1*~SmBBSBSSSB»
On lit dans la France
Sous ce titre, Y International, de Lon
dres, fait connaître certains projets de
remaniements territoriaux qu'il attribue
la Belgique, la Hollande et la Prusse.
Nous ue savons ce qu'il peut y avoir de vrar
dans les révélations de ce journal mais
les combinaisons dont il parle sont assez
curieuses pour que uous ne les passions
pas sous silence. Par le temps d'annexion
qui court, il ne faut dédaigner aucun bruit
ni négliger aucun symptôme.
Toutes les nationalités grandes ou pe
tites, vraies ou de contrefaçon, tendent
se compléter ou s'arrondir, quelquefois
même outre mesure. L'île de Candie veut
faire retour au royêume grec; le Portugal
n'a-t-il pas parfois rêvé d'annexer l'Espa
gne? Si nous en croyons quelques symptô
mes, des indiscrétions et des informations
qui ne sont pas sans valeur, il serait ques
tion de petits moQveinénts de territoires
et d'échanges de souverainetés entre la
Belgique, la Hollande et la Prusse.
o Voici ce dont il s'agit. On sait les diffi
cultés qui se sont élevées entre M. de Bis
mark et le roi des Pays-Bas an sujet du
Limbourg et du Luxemboug hollandais.
Le roi des Pays-Bas, malgré la pression
de M. de Bismark, répugne entrer, pour
sou duché de Luxembourg, dans la Confé
dération du Nord, et voudrait voir les
Prussiens sortir de la forteresse de cette
ville. -V
M. de Bismark sent que ses exigences
ne sont pas partout bien vues. Tous cela
n'est pas sans intéresser la Belgique, qui
LE PROPAGATEUR
- FOI CATHOLIQUE. -• CONSTITUTION BELGE*
Partont, la politique reprend ses allures mysté
rieuses.
L'Autriche, qui se sent menacée du côté de
l'Orient et du côté de l'Allemagne, désarme au
plus «ite. Elle jusqu'à se priver des services de
l'amiral Tegetboff, qui, la surprise générale du
public viennois, se trotjve déchargé de tout com
mandement mais oo assure aussi que l'armée
autrichienne conserve tous ses cadres pour les
remplir, au premier signal, d'un nombre d'hom
mes supérieur celui qu'elle y avait fait entrer au
mois de juin.
Entre la France et la Russie, eotre la Prosse et
la France, pois entre la Russie et la Prusse, nul ne
peut dire, avec certitudequelque bieo infotmé
qu'il soit, si c'est l'eotente ou le désaccord qui
domine.
Oo commence aussi se demander si l'absence
de M. de Bismark, son voyage ai) food de U pooaé-
raoie ce cachent pas quelques motifs inconnus.
On croit au provisoire; ce provisoire peot doret
oo an ou deot, mais il est impossible que l'état de
choses actuel soit accepté comme défioitif. La
Prusse n'a pas achevé soo œuvre; la France el la
Russie se disent peut-être qu'elles o'oot pas çom-
tneocé ta leur-
De très-grands doutes existent sur l'espèce de
transaction qui pourrait toOt la fois satisfaire la
Prusse et la Saxe.
Le roi Jean «eut rester oo «rai roi; M. de Bis
mark vent bien lai en laisser le titre, mais Con
dition qu'il se laisse réduire aax fonctions de préfet
prossien. La distance franchir par l'un oo par
l'antre est si grande qu'on igDore jusqu'ici com-
ou
LE MULATRE DE Ml'RILLO. - LA TÈTE DE LA VIERGE.
L'ESCLAVE DÉLIVRÉ.
I
C'était en i658. Le soleil venait de paraître sor
l'horizon, et Sévi!le était encore ensevelie dans on
repos profond, quand piosieors jeunes gens, le
plus jeune desquels pouvait avoir quinze aos et le
plus âgé vingt ans environ, étaient on matin du
mois de juin assemblés la porte d'une fort belie
habitation, peu de distance du petit cloître de
San-Fraocisco.
Après un chaleureux échange de salotations
amicales, l'un d'eux frappa, e' la porte fut ouverte
par un vieux nègre.
Bonjour, mon vieux Gomez, dirent-ils pres
que tous la fois. Le maître est-il levé?
Pas encore, mes jeunes messieurs, répliqua
le nègre, parlant d'un ton bas et guttural.
Comme vous nous traînez cela, Gomez! s'é
crièrent plusieurs d'entré eux, comme ils se préci
pitaient simultanément dans le cabinet de travail,
chacun d'eux se hâtant de s'approcher de sou
chevalet.
Par saint Jacques de Compostelle, c'est
étrange! s'écria Saurez qui avait ouvert sa boîte
mentquand, et par qui seront fait les premiers
pas. La Prusse administre la Saxe, tout aussi bieo
que le Hanovre. I'
Due adresse de dévouement, couverte de plu
sieurs centaines de milliers de signatures, ou dit
260 mille, avàitété remise, Viefeoe, l'occasion
de l'anniversaire de sa naissance,-au prince royal
de Hanovre. Le prince répondante cette adresse
par une lettre qui a été publiée, il y a deux jours,
engage lès signataires de la pièce se réserver pour
des temps meilleurs, mais en conservant lèur atta
chement aq Roi soo père et lui, héritier de la
couronne. Nofl, non, tout n'est .pas terminé entre
les Prussiens et les habitants djj Hanovre.
La loi qui proclame l'annexion'a été promulguée
Hanovre et dans les aotre» vÈles de ce pays;
mais par qui a-t-elle été faite? par des dépotés
prussiens; elle été envoyée de Berlin* les bahi-.
tantsde Hanovre o'ont pas consultés.
On parlé d'hU dioil t)ôaveaj)|ex> vertuduquel
s'opèrent en Allemagne les changements aoxqueU
Coqs assistons; mais ou «oit cototeett il se mani
feste. Jusqu'à présent nous a'e»ocs enregistré que
des protestationsauxquelles le ^roit de la foipe
impose silence.
Dans l'île de Candie plqsieors districts qùi
n'avaient pas pris part atf mouvement jusqu'à
présent, viençent de se soulever,
Al. le commandant Mancàrdi, directeur de là
dette publique italienne, est attendu Paris, afin
de poursuivre les négociations commencées tou
chant la répartion de la dette pontificale.
A Florence, le Sénat va être prochainement
convoqué en haute cour de justice pour se pronon
cer sur l'affaire de l'amiral Persaao.
et en avait sorti sa palette. Qui de vous, messieurs,
est sorti le deruier du cabinet de travail
Oh! le lutin est de nouveau l'œuvte, dit
Gomez, avec toute l'apparence d'une grande peur.
Le lutin le lutin dit Saorez, en colère. Si
je pouvais trouver votre lutin, je le pendrais par
les épaules, jusqu'à ce qu'il m'eut dit son vrai nom.
C'est une fort mauvaise plaisanterie que l'on me
joue, messieurs, moi-qui suis toojours plus soi
gneux qu'aucun autre de nettoyer ma palette. Mes
pinceaux sont aussi sales que si je venais de m'en
servir.
- Arrêtez voici une tête l'angle de mon
canevas, dit Saurez, s'arrêtant devant sou chevalet.
C'est te portrait du chanoine Istenby, s'écria
Cordova. Regardez, messieurs, regardez.
Le latin encore s'écria Gomez.
Ea vérité, si c'est le iatia de Gomez qui fait
toutes ces êtes que nous trouvons tons le matins sur
nos toiles, dit Villavicemio, il devrait, puisqu'il
fait tant que de s'en mêler, avoir la bonté de
peindre la tête de la Vierge, dans ma Descente de
la CroixJe ne puis réussir lui donner l'expres
sion que la Vierge-Mère devrait avoir. Pour ces
huit derniers jours, je n'ai fait autre chose que
d'effacer le soir ce que j'avais mis tout le jour
peindre.
Parlant ainsi, Villavicemio s'était approché avec
nonchalance de son chevalet. Il poussa alors on
cri, et ne fit aucun mouvement.
Tous ée levèrent l'un après l'autre et, s'avan-
çant vers lui, regardèrent dans le silence de
l'étODoement.
LES ANNEXIONS PAR ECHANGES.
Au centre de la peinture de Villavicemio, au
pied de la croix, la place où le soir précédent le
jeune Espagnol avait effacé sa tête de la Vierge,
s'en trouvait une autre. Ce n'était qu'âne esquisse;
mais son expression était si pleine d'amont, si
chaste, le contour était si pleio de pureté, les
couleurs étaient si douces, que cette tête gâtait
tout le reste par sa supériorité sur toutes les antres
figures.
Que c'est beau! s'écrièrent tous lesjeuoes
gens en extase.
En vérité, je De sais qui peot avoir peint
cette tête, dit Saurez, moins que ce ce Soit
Gaspard.
Qui uomme Gaspard? à'éctia gaiement un
jeune homme de seize ans, entrant dans le cabinet
de travail, suivi d'un homme d'environ quarante
ans, que les élèves saluèrent do cpm de Mendez
Ozorio.
Qoel individu réservé voqs devez être, Gas
pard, dit Baba. Votre père se plaint que vous
préférez la littérature la peinture, et roaintenaot
il semble que vous renversez l'ord<e des choses,
que vous peignez durant la nuit et que vous étudiez
pendant le jour.
Qui m'accuse de peindre pendant la nuit
demanda Gaspard, riant.
Voyez, voyez s'écrièrent la fois toos les
élèves, tous ceux d'entre enx, an moiDS, dont les
canevas avaient reçu quelque addition de figures,
de têtes ou de bras
Mendez regarda et dit gravement