D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
50me Année.
Samedi 27 Octobre 1S66.
N° 5,120.
revue politique.
Les hommes politiques sont le jouet des
événements. Il suffit d'avoir la moindre
mémoire, et l'on reconnaît bien vite tout
ue qu'il y a de fragilité et d'erreur dans le
jugement des hommes d'Etat les plus saga-
ces et les plus profonds.
En septembre on disait Une paix dura
ble commence. Nous ne sommes pasencore
on novembre et déjà l'on peut dire L'état
actuel n'est ni la paix ni la guerre.
La Prusse est inquiète et l'Allemagne
mécontente.
La France compte ses soldats et les
maréchaux ont pour mission d'inspecter
les forteresses.
La ville de Berlin est triste, le commerce
mort, la timidité et l'inquiétude sont par
tout. M. de Bismark ne se rétablit pas, le
Roi s'affaise, les assimilations allemandes
coûtent cent fois plus de peine qu'on ne
l'avait supposé.
Quel tableau! C'est le camp des vain-
queurs.
Le docteur Jacoby, un membre de la
Chambre prussienne, fonde on nouveau
journal. Son programme est l'unification
de l'Allemagne entière.
S'arrêter au Mein est un non-sens
Ainsi raisonne le parti progressiste en
Prusse. Avec de pareilles idées, tout espoir
de stabilité disparaît. Il faut marcher
toujours et toujours lutter ou combattre.
La forteresse saxonne de Kœnigstein,
qui avait été toujours vierge de troupes
étrangèresest occupée, depuis mercredi,
par les troupes prussiennes.
On parie beaucoup Paris du rétablis
sement de la santé de l'empereur Napoléon.
Tout en accueillant la nouvelle, il convient
de mentionner la visite que l'impératrice
Eugénie a faite, dès le lendemain de son
arrivée Paris, l'église de Notre-Dame
des Victoires, où elle s'est mise en prières
sébastien gomez
ou
et est restée pendant quelque temps devant
la lampe d'or offerte par elle cette église,
l'appui du vœu qu'elle a fait pour le com
plet rétablissement de la santé de l'Empe
reur.
On sait maintenant que le ministère en
France n'est destiné subir aucune modi
fication nouvelle; M. Fould reste ministre
des finances, M. Rouher le ministre-orateur
du gouvernement. La présence de M. Fould
au ministère des finances signifie qu'il ne
peut être question d'un emprunt; mais il
faudra ensuite réunir, en dehors du budget
ordinaire, deux cent millions de francs
pour renouveler les fusils de l'armée et dis
tribuer des secours abondants aux parties
de la France, atteintes par le fléau des
inondations et aux colonies ravagées les
unes par les sauterelles, les autres par des
ouragans ou des incendies.
Si l'on en croyait les correspondances
du Mexique, publiées dans les derniers
journaux reçus d'Amérique, Juarez com
mencerait sentir les premiers et redou
tables effets de la guerre politique que lui
font ces deux adversaires du parti libéral,
Orlega et Santa-Anna.
l'impératrice charlotte.
Les renseignements qui nous étaient
parvenus depuis quelques jours sur létat
de l'impératrice Charlotte étaient fort tris
tes; ils sont tout coup devenus meilleurs.
Cette princesse peut consacrer quelque
temps la promeuade, puis la musique
et la lecture.
Un prochain retour au Mexique n'est
pas regardé comme impossible. Les méde
cins y voient même, dit-on, un moyen
d'achever la guérison de l'Impératrice.
l'empereur napoléon..
A peine de retour Saint-Cloud, l'em
pereur Napoléon a voulu se montrer la
population parisienne. La Patrie nous en
donne la nouvelle, et ce journal ajoute que
tout le monde a pu se coovaincre que la
santé du souverain de la France est excel
lente.
La population parisienne a fait éclater,
dit la Patrie, toute sa satisfaction.
Nos renseignements particuliers ne con
cordent pas tout fait avec ceux de la
Patrie. Il s'est opéré dans l'état de santé
de l'Empereur nous écrit-on de Paris, un
mieux très-réel, mais ce n'est pas une gué
rison radicale. Il faut entourer l'affection
dont souffre l'auguste malade de soins
constants, qui ne permettent d'écart en
aucun genre. Rien au monde n'est plus
difficile obtenir, surtout d'un souverain
aussi assiégé d'affaires et de soucis que l'est
l'empereur Napoléon.
Jusqu'à présent, la constance dans le
régime prescrit n'est pas la qualité distinc-
tive du monarque français.
Voici un écrit qui va faire sensation! Le
ministère nous a dit constamment, repous
sant tous les conseils et ne s'effrayant d'au
cun événement, que tout était rassurant
pour nous dans la situation politique. Pre
nant la parole son tour, M. le lieutenant-
colonel Brialmont trouve que la Belgique
doit s'émouvoir et dépenser beaucoup d'ar
gent pour compléter sa défense militaire.
M. Brialmont donne donc raison l'op
position, qui a toujours dit que les soixante
millions de francs dépensés par M. Chazal
ne suffisaient pas si la Belgique doit être
un jour attaquée; il lui donne raison en
core, puisqu'elle dit depnis plusieurs mois
au gouvernement La crise actuelle est
pleine de dangers; ayez l'œil ouvert.
On saitque M. Brialmontoccupeau minis
tère de la guerre un poste de confiance. Il
est chef du cabinet pour les travaux spé
ciaux. Ce n'est pas sans y avoir réfléchi
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
LE MULATRE DE Ml'RILLO. -- LA TÈTE DE LA VIERGE.
L'ESCLAVE DÉLIVRÉ.
Suite et fin. Voir notre numéro de samedi dernier.
VII.
Sébastien ne savait si c'était la réalité, on bien si
ce n'était qu'un rê»e passager. Soo regard étonné
passait de son maître plein de bonté au sourire
amical des élèves, et il pouvait h peine croire que
toutes ces paroles si pleines de bonté étaient adres
sées b lui, on pauvre esclave, et que rien de ce qui
le concernait pût rendre les autres si joyeux.
Allons, courage, Sébastien! lui souffla Villa-
«icemio l'oreille; le maître est content de toi.
Demande ce que tu aimes le plus; quoi? Un bril
lant ducat tout neuf?
Uu! s'écria Baba; dix pour le moins.
Viugt! s'écria Gaspard. Jeconnais mon père,
il est certainement disposé b t'en donner vingt.
Vous êtes bien généreux avec ma bourse,
mon (ils; mais je ne ferai pas mentir votre parole
ni la vôtre, messieurs, dit Marillo, souriant de
bonne humeur. Allons, Sébastien ajouta le grand
peintre, tandis qu'il considérait avec attention la
contenance de l'esclave, sur lequel les paroles des
élèves ne semblaient pas faire la plus légère impres
sion, tout le monde répond, b l'exception de toi,
et tu es la personne b laquelle j'ai posé ma question.
Dis, la récompense mentionnée par eux n'esl-elle
pas suffisante? Tu n'as qu'a parler. Je suis si coû
tent, mon pauvre petit, avec ce que tu as fait, avec
ta cooception, avec ta touche fine et délicate, avec
tes couleurs, enfin, avec la tète entière. Le dessin
pourrait bien être plus correct mais l'expression
est si pleine d'amour, si divine, que je te dounerai
tout ce que tu demanderas de moi, au moius tout
ce qu'il est eu mon pouvoir de te donner.
Oh! maître! maître! non, je n'ose pas. Et
Sébastien éleva les mains jointes vers Marillo, comme
pour l'implorer, tandis que dans les lèvres sépaiées
et tremblantes de l'enfant, sur lesquelles les mots
semblaient se former et soudainement expirer
dans l'œil de feu par intervalles, dans les veines
gonflées et presque sur le poiut de s'ouvrir, dans
cette tête, en un mol, qui était une visible marque
de géuie, on pouvait s'apercevoir qu'il avait un
UNE BROCHURE DE M. BRIALMONT SUR NOTRE
ORGANISATION MILITAIRE.
désir que la timidité seule l'empêchait d'exprimer.
Es-tu fou? dit Gaspard pourquoi ne pas
parler quand mon père te le dit
Parle donc,dit un autre demande de l'or
Non, demande de bons habits. Sébastien
ta taille est droite, svelte et bien formée; elle eu
ressortirait mieux.
Je crois que je devine, messieurs, dit Villa-
vicemio; je crois savoir ce que Sébastieo préfère
il désire être reçu au nombre des élèves du senor
Murillo...
La joie brilla pour un moment sur la figure du
jeune mulâtre.
Si c'est cela, dis-le mon enfant, dit Murillo
avec boDté.
-- Et demande-lui uDe place où tu aies bonne
lumière, dit Gonzalez, dont le chevalet était mal
placé, ayant été reçu le dernier au nombre des
élèves.
Bien, est ce cela? demanda Marillo.
Sébastien secoua la tête.
Non dit Murillo un peu surpris.
Sébastieo, lui dit Gaspard, c'est uu des bons
jours de mon père; tu peux tout demander demande
la liberté