D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
50ine Année.
Mercredi 12 Décembre 1866.
Ko 5,133.
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Aujourd'hui encore, nous accorderons
la plus grande attention aux paroles que
le Souverain Pontife a fait entendre, lors
que les officiers français sont allés prendre
congé de lui et recevoir sa bénédiction.
Sa Sainteté était émue. Levant les yeux
vers le ciel et portant la main sur son
cœur, elle s'exprime ainsi
Partez avec ma bénédiction et mes
adieux paternels. Si vous voyez l'empereur
des Français, votre Empereur, vous lui
direz que je prie pour lui. On dit que sa
santé n'est pas très-bonne; je prie pour sa
santé. On dit que son âme n'est pas tran
quille; je prie pour son âme. La nation
française est chrétienne; son chef doit être
chrétien aussi. Il faut des prières accom
pagnées de confiance et de persévérance,
et cette nation si grande et si forte pourra
obtenir ce qu'elle désire. Moi, je vis dans
la miséricorde de Dieu et ma bénédiction
vous accompagnera dans votre voyage.
Ce qui nous frappe le plus dans les pa
roles que nous venons de citer, ce sont
celles-ci, en parlant de l'empereur Napo-
léon: a On dit que son âme n'est pas tran
quille; je prie pour son âme. Quel sujet
de méditation on peut trouver dans ce lan
gage plein de mansuétude, lorsqu'on sait
que Celui qui le tient a tant souffrir et
tout craindre de la persivité de ses en*
nemis!
La crise, en Allemagne, semble grandir,
surtout dans le Hanovre, où chaque jour
peut éclater une résistance générale. On
sait, dès présent, quelles sont les dispo
sitions de la population.
Le spectacle que nous avons en Egypte
est si étrange qu'en ce moment peu de per
sonnes consentent le prendre au sérieux.
Le régime constitutionnel pénétrant en
Orient par la porte de l'Egypte, n'est-ce
pas un rêve? Quoi qu'il en soit, nous avons
sous les yeux l'adresse de la Chambre ex
cusez ce mot européen en réponse au
discours du vice-roi. Elle témoigne une
grande confiance dans l'avenir. Existet-il
donc une nation égyptienne? Sésostris
aura-l il des successeurs dans les 61s de
MehemetAli? Quelle merveille!
COUP-D'OEIL SUR LA POLITIQUE EXTÉRIEURE
DE LA FRANCE.
Au dehors nous ne sommes plus les pro
tecteurs de l'Orient; notre apparition de
1855 s'est évanouie comme un brillant
météore: l'empire ottoman a été admis
dans le concert des grandes puissances
européennes; nous avons campé sur les
plages ensanglantées de la Syrie, et nous
n'y avons ramené ni la justice ni l'indé
pendance; la Grèce nous implore et nous
la renvoyons la clémense du Sultan, les
puissances danubiennes avaient un chef
qui passait pour notre créature, il a été
violemment expulsé et remplacé par un
client de M. de Dismark.
Nous ne sommes plus sans rivaux dans
la Méditerranée: l'Italie est devenue par
notre seule volonté, une puissance mili
taire et une puissance maritime, Gênes et
Livourne peuvent menacer demain Toulon
et Marseille; Vénise, Naples, Messine et Pa*
lerme peuvent, au premier mot d'ordre,
venir croiser devant Alger pour renforcer
une escadre anglaise. Nous ne sommes
plus que timidement les civilisateurs de
l'Algérie, et nous appelons la nationalité
arabe l'aide de notre colonie restreinte
et peut être découragée, Nous nous détour
nons de la Pologne en deuil. Nous ne som
mes plus les protecteurs de la Confédéra
tion germanique; nous avons laissé muti
ler le Danemark, dernier soldat du premier
Empire, et nous laissons absorber la Saxe,
amie de la France, de tous les temps.
Nous ne sommes plus les alliés de l'Amé
rique qui avait gardé si 6dèle mémoire de
Louis XVI: nous avons blessé les Etats du
Nord sans faire triompher les Etats du Sud,
et nous voyons aujourd'hui les successeurs
de Washinton briguer nos dépens l'alli
ance de la Russie. Nous ne sommes plus
les fondateurs et les garants de la civilisa
tion latine ou Mexique. Nous ne sommes
plus dans toute l'étendue de la chrétienté
les promoteurs et les patrons de l'assis
tance affectueuse du malade et du pauvre:
en détruisant le conseil général des confé
rences de Saint-Vincent de Paul, nous
avons brisé nous mêmes entre nos mains
la couronne de la charité.
Nous ne sommes plus les héritiers de
Charlemagne auprès du StSiége> les 61s
aimés de l'Eglise, le bras armé de l'indé
pendance des Souverains-Pontifes. Un at
tentat qui a pris place dans les Causes célè
bres nous présente le cruel spectable d'une
victime froidement et lentement épiée par
son meurtrier. Tout avait été préparé
petits bruits et petits coups; les serrures
avaient été enlevées; une fenêtre avait été
ouverte pour donner le change sur le cri
minel; les cordons de sonnette avaient été
coupés, et quand la justice vint constater
l'état du cadavre, elle vit des traces de
mains sanglantes sur les tentures et sur
les boiseries où la victime s'était vainement
épuisée un secours qu'on lui avait enlevé
d'avance. Cette victime aujourd'hui, c'est
Pie IX en face d'un odieux complot de la
Révolution, qui a occupé d'avance toutes
les issues, pris ses mesures pour écarter
les secours proportionnés au péril et étouf
fer tous les cris. A. DE FALLOUX.
UAgric. et la Polit.(Extrait du Corresp.)
RETOUR DE L'EMPEREUR MAXIMIL1EN A MEXICO.
On lit dans la France
Les nouvelles que nous arrivent succes
sivement au sujet des affaires du Mexique
portent le caractère de l'imprévu.
Nous apprenons aujourd'hui que l'empe
reur Maximilien est revenu d'Orizaba
Mexico.
Notre correspondant de Vienne nous
informe qu'une dépêche parvenue dans
cette capitale, par voie de New-York, sous
la date du 6 décembre, a annoncé l'archi
duchesse Sophie cette résolution de l'em
pereur, son fils.
Nous n'avons pas besoin de faire remar
quer que cette dépêche serait postérieure
de treize jours celle que nous avons rap
portée, et qui avait la date de New-York,
25 novembre.
Nous ignorons encore ce qui s'est passé
dans l'intervalle, et nous tiendrons nos lec
teurs au courant de tous les renseigne
ments qui nous parviendront.
Le même correspondant de Vienne nous
affirme que l'état physique de l'impératrice
Charlotte ne laisse rien désirer, et il ne
nous parle en aucune façon du projet qu'on
a attribué ses médecins de lui faire chan
ger de résidense.
La Chambre des représentants, dans sa
séance d'avant hier a commencé la discus
sion du budget du ministère de la justice.
Par arrêté royal du 25 novembre, sont
nommés: receveur des contributions, direc
tes, douanes et accises de 7e classe
Houcke (FI. occ.) M. G. Duval, commis aux
écritures Courtrai station;
Contrôleur des contributions directes,
des accises et de comptabilité de 4e classe;
Gheel, M. E. Deville, sous-contrôleur
Y près.
La cour de cassation, dit le Journal des
Débats, vient de rendre un arrêt qui fixe
un des points les plus vivement débattus
dans la question des tires nobiliaires ou
réputés tels.
MM. Tripier de Lagrange demandaient
la cassation d'un arrêt de la cour d'Angers,
et ils l'ont obtenue en vertu de cette juris
prudence
D'après les anciens usages, le possesseur
d'un fief ou terre noble pouvait, sans auto
risation royale, ajouter son nom patro
nymique le nom de la terre, et, par suite
d'une longue possession, ce surnom s'in
corporait au nom patronymique es consti
tuait ainsi le nom qui appartenait la
famille.
De même, les familles roturières prirent
l'habitude de distinguer entre elles les dif
férentes branches qui les composaient, par
l'addition d'un nom d'une terre possédée
par chacune de ces branches.
Le nom, ainsi constitué, devenait (e pa
trimoine de la famille, sans qu'il fut néces
saire que l'autorité royale intervînt pour
le consacrer.
En conséquense, l'arrêt qui, tout en re
connaissant la possession du nom et du
surnom, déclare qu'une famille n'a pas le
droit de les porter, parce que nulle ordon
nance royale n'a consacré cette*possession,
se met en opposition avec les anciens usa
ges ci dessus mentionnés et consacrés par
la législation nouvelle.
DÉPÊCHES TELEGRAPHIQUES.
LE PROPAGATEUR
ACTES OFFICIELS.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
Rome, 11 décembre. Dans la matinée
le drapeau pontifical a été substitué au dra'