D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
51me Année.
Samedi 9 Novembre 1867.
J\o 5.228.
LE PBOPACATEUB
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
RENTE POLITIQUE.
A la sui:e de la défaite de Gaiibaldi, les troupes
italiennes ont pris le parti le plus sûr, celui de
battre en retraite leur tour, et l'heure où nous
écrivons, le territoire pontifical est délivré de leur
présence.
L'ordre donné aux troupes italiennes d'évacuer
le territoire pontifical n'a pas été té.oqué, mats
nous n'avons pas appris qu'il ait reçu son exécution.
Leur présence ne tardera probablement pas être
nécessaire ailleurs, l'édifice en carton-pâte de l'u
nité italienne se crevassant de tontes parts sous la
désaffection publique. Le peuple italien ne peut
qu'être mécontent du pitoyable tôle qu'a joué le
gouvernement de Victor Emmanuel, préparant,
favorisant, aidant sous main une entreprise révo
lutionnaire qu'il a fini par désavouer.
Ce qui ajoute a l'irritation, c'est que le gou*er-
*erneraent de Victor-Emmanuel u'ayaut pas eu la
franchise de sa complicité avec le gouvernement
garibaldien son désaveu d'aujourd'hui manque
non moins de franchise. Un gouvernement se perd
fatalement lorsqu'il ne sait pas adopter une atti-
tode et une ligne de conduite nettement dessinées,
eu face d'une situation critique qui met son exis
tence en jeu. Le gouvernement italien a si mala
droitement agi, qu'il s'est fait un ennemi implacable
du parti d'action, sans se rallier le parti conserva
teur, qui, pour s'affirmer en Italie, ne demandait
qu'à être rassuré sur la politique gouvernementale.
Le Moniteur annonce que les nouvelles d'Italie
sont satisfaisantes.
A Florence la tranquillité continuait régner.
A Milan et Pavie, l'ordre a été troublé par des
manifestations roazziniennes, qui ont nécessité l'in
tervention de la force armée.
Plusieurs arrestations ont été opétées. Le calme
est rétabli.
Le Moniteur annonce également que les Cbam -
bres italiennes sont convoquées pour le 16 de ce
mois.
Rieu jusqu'à présent ne Iracspire sur les inten
tions de la France. Nous apprenons seoleinent que
des renforts de troupes qui devaient encore quitter
Toulon pour Civita Vecchia, oui reçu l'ordre de
s'arrêter. Le Moniteur du soir fait uu grand éloge
de la bravoure des troupes pontificales et de la
conduite du gouvernement italien. Le Pays dit
que les troupes françaises De prolongeront pas leur
séjour Rome, mais il ne s'en suit pas qu'elles De
resteront pas au moins provisoirement Civita
Vecchia. Enfin, M. de Lavalette qui a combattu la
politique d'intervention suivie contre l'Italie et en
faveur du Vaticanquittedit-on, le ministère de
l'iutérienr, sans être suivi daus sa retraite par aucun
de ses collègues qui oui soutenu l'opinion contraiie.
Garibaldi voyant qu'il ne pouvait réussir
gagner les Abruzzes, s'est décidé fuir le champ
de bataille, et il fuyait aussi vite que possible,
lorsqu'il a été arrêté. Et il paraît que la défaite
.jn'il a essuyée a détruit ses illusions. Désespérant
de tner la Papauté, et il propose, disent les jour
naux anglais, d'émigrer aux États Unis, aussitôt
qu'il redevieodra libre.
Le télégraphe nous a apporté la mort de deox
hommes qui ont joué uu grand tôle dans l'histoire
politique de leurs pays respectifs. Le comte Du-
chatel ancien ministte de l'intérieur dans le der
nier <4inel du Roi Louis Philippe, et le .uaréchal
O'Donuell, le chef du parti de l'Union libérale en
Espagne, sont morts tous les deux mercredi, l'un
Paris, l'antre Biarritz. Depuis i348,!ecom'e
Duchatel s'était retiré de la vie active; quand au
maréchal O'Donnell, il n'eu était éloigné que mo
mentanément et il espérait bien y rentrer on jour.
La Chamhredes Représentants a tranché
mercredi, dans un sens négatif, la question
qui avait été soulevée au début de la dis
cussion générale du budget des voies et
moyenspour 1868, touchant la suppression
du droit perçu charge des débits de bois
sons alcooliques.
La question de principe a donc été mise
aux voix, et la Crambre, la majorité de
55 voix contre 54, a repoussé la suppres
sion de cet impôt
Jeudi, la Chambre a continué la discus
sion du budget des voies et moyens pour
l'exercice 1868.
Le Sénat a terminé mercredi la discus
sion générale du projet de loi sur les expro
priations par zones. Sur la demande de M.
le ministre de la justice, cette assemblée a
décidé qu'elle discuterait dans sa prochaine
réunion la loi sur la liberté du courtage
que le Chambre a adoptée depuis deux ans.
Le Sénat s'est ajourné indéfiniment
jeudi, après avoir adopté dans son ensem
ble et sans changement, par 57 voix contre
9 et 5 abstentions, le projet de loi relatif
l'expropriation par zones pour cause
d'amélioration publique.
Nous lisons dans l'Univers
Voilà Garibaldi bien battu,en compagnie
de messieurs ses fils, en présence de l'armée
italienne, illustre nourrice de ses meilleurs
soldats. Il a résolument pris la fuite devant
les pontificaux qu'il avait tant et si folle
ment et si brassemenl insultés. Rien ne
nous étonne moins que sa défaite comme
général et sa retraite personnelle, un peu
précipitée peut-être, comme soldat. Encore
qu'il puisse ne pas manquer de bravoure,
il étalait trop de jactance pour faire ferme
jusqu'à la dernière heure et tenir son ser
inent. Il disait: Home ou la morl! C'était
son grand refrain.
Il le chantait dans les églises dépouillées
par ses hordes, il le jurait sur les autels
profanés par les prêtres de sa communion.
Mais quand le rideau français est venu voi
ler Rome ses yeux, et quand la mort s'est
montrée, le héros s'est souvenu que le fa
meux spadone a due gambe, la grande épée
deux jambes, faisait partie de son arme
ment. Il a tourné face et s'est mis en sûreté.
Ni Rome ni la mort! c'est bien; c'est ce
que nous souhaitons, ce que nous avions
osé prédire. Nous avons toujours cru que
Ifieu n'accorderait pas Garibaldi la mort
du champ de bataille il mourra dans les
tissaneset dans les cataplasmes, en sonnant
des fanfares imbéciles et en dictant d'i
neptes impiétés. Que l'Italie le ramasse et
l'enveloppe de llanelles pour épouger les
sueurs de la défaite il est encore le plus
beau de ses chevaux de course, et il lui
fera perdre d'autres paris! La prolongation
de Garibaldi est nécessaire son châtiment.
Quand aux affaires générales de l'Italie,
on a vu le contre coup immédiat de la vic
toire d'Albano. Il a décidé l'armée italienne
désarmer sans délai un autre corps ga
ribaldien, qui, d'ailleurs, n'y a fait aucune
difficulté, en sorte que l'héroïque petite
armée pontificale a ainsi remporté, au
même moment, deux victoires. C'est la
preuve, d'une autre part, que l'Italie est
déjà décidée plier devant l'ultimatum
français qui, dit-on, lui donne jusqu'à jeudi
pour débarrasser le territoire pontifical.
La France a parlé elle a parlé comme
l'exigeait son honneur et nous serions bien
étonnés si la paix ne se faisait pas instan
tanément dans toute l'Italie. On va voir
tout de bon fermer les bureaux garibal
diens, cesser les manifestations révolution
naires, le parlement devoir raisonnable, et
Garibaldi lui-même, battu mais bien por
tant, se livrer sérieusement au jardinage.
11 reste prendre des nlesures pour que
cet apaisement instantané ne soit pas mo
mentané. Il reste couper les relations de
l'Italie avec la Prusse, Qu'elle doit être
prussienne en ce moment ci
Et nous, catholiques, n'oublions pas que
nous avons aussi quelque chose faire.
D'ici quelque temps le garibaldinisme
n'est plus craindre, ni dans Rome ni dans
l'Etat pontifical. La leçon qu'il a reçue a
été forte et sera de durée, mais tout n'est
pas fini. Il y a de glorieux vides combler
dans l'armée du S1 Père ne laissons pas
diminuer cette école de fidélité, de valeur
et de foi elle est une des forces du monde,
et ce qu'elle vient de faire l'appelle peut
être un rôle encore plus salutaire et plus
grand.
Encore qu'il reste bien des sujets d'alar
mes, félicitons nous néanmoins de ce qui
arrive aujourd'hui. Depuis longtemps le
droit n'avait pas obtenu un si grand avan
tage, la Révolution n'avait pas si bien mon
tré le peu qu'elle est lorsqu'on la vent
résolument combattre.Nous osons dire que
si la société entreprenait une fois de se
défendre, elle serait prompteraent étonnée
de ses forces et de ses succès, et qu'il ne lu i
en coûterait pas beaucoup d'enclouer bien
des canons et de faire tomber bien des
poignards.
On a reçu mercredi Gand la triste
nouvelle de la mort de M. NValéran d'Erp.
fils de M. le lieutenant général pensionné
d'Erp. Ce vaillant jeune homme a succom
bé la suite des graves blessures qu'il a
reçues dimanche la bataille de Tivoli.
Un Brugeois, M. Louis Maus, fils de M"'
Maus Serweytens, se trouve parmi les bles
sés de la bataille de Montana. Louis Maus
qui se trouvait déjà depuis quelques mois
parmi les zouaves pontificaux, s'est toujour s
distingué dans toutes les rencontres que sa
compagnie a faite et dans un engagemei t
Subiaco, il a fait prisonnier le garinaldu n
qui avait blessé son lieutenant M. Destlée.
Le Comité central des QEuvres ponlifi-
I cales vient de publier la liste des morts tt
blessés belges, hollandais et français