D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
51me Année.
Mercredi 13 Mai 1868.
Pôl CATiOtIQIE. - CORSTIfUTIOR BELCE.
REVUE POLITIQUE,
UN MARIAGE EN 1794
ou l'héroïsme de l'amour filial.
La Chambre 4es représentants a conti
nué samedi la discussion générale du Bud
get du ministère des travaux publics.
M. ie ministre de l'intérieur a déposé
dans cette séance le projet de loi portant
suppression des jeux de Spa.
Voici un fait qu'a signalé M. De Smedt,
dans son discours de samedi dernier; il
mérUe d'être reproduit
La Chambre a mis successivement la
disposition du gouvernement, pour l'amé
lioration du port de Nieuport
En 1861, fr. 260,000
En 1862, 300,000
En 1865, 1,000,000
Soit en tout, fr. 1,560,000
Sur cette somme 280,000 fr. seulement
ontétédépensés.II resterait donc disponible
près de 1,500,00$ fr.
Une réunion d'électeurs a eu lieu lundi
Dixmude. M. le chevalier de Coninck y a
déclaré ne plus accepter de candidature
pour la place de représentant de cet arron
dissement.
M. Cb. Van Wouwen a proposé lia can
didature de M. Méd. Van der Heyde.
M. de Coninck a demandé la parole peur
déclarer qu'il n'accepte pas de candidature
et a engagé les électeurs porter leurs
suffrages sur A4; Médard Van der Heyde.
Nonobstant cette déclaration, le vote
donne le résultat suivant sur 75 membres
votants, M'. De Coninck a obtenu 43 voix,
et M. Van der Heyde 32.
Après cette proclamation M. De Coninck
a déclaré n'accepter de candidature que
sous la condition de consulter préalable-
LE PH0PAG1TEUB
t fi 1
persuadé qu'au milieu de lu tranquillité géné
raie de l'Europe, ils peuvent se développer avec
çonfiance.
Cette phrase, lu, plus significative de celles
qu'a prononcées C Empereurrenferme une
espérance de paix qui ne sera pas moins favo
rablement accueillie en Europe qu'en France
même, car partout les peuples comprennent
qu'il est de leur intérêt commun de prévenir le
retour de ces luttes sanglantes qui ne font
qu'aggraver leurs souffrances et leur imposer
de plus lourds sacrifices.
Mftis si l'Empereuren témoignant sa con
fiance dans les tendances pacifiques de la si
tuation a prouvé sa sollicitude pour des inté
rêts qui ont besoin d'être rassurés., c'est, Mgr,
Dupanloupl'évéque d'Orléans, qu'est échu
l'honneur de rappeler les principes qui font la
jorce et la prospérité des nations. Ces principes
se trouvaient en quelque sorte personnifiés dans
les souvenirs du grand passé de la France, dans
ces souvenirs religieux et patriotiques auxquels
la ville de Jeanne d'Arc est restée toujours
fidèle. Mgr. Dupanloup a fait parler les uns
et les autres, et il en a tiré un magnifique té
moignage en faveur de l'union indestructible
du patriotisme et de la foi.
La discussion sur la situation économique de
la France a. commencé avant hier au Corps
législatif. Deux discours, C un de M. Kolb-
Bernard, l'autre de M. de Tillancourl, ont
occupé toute cette séance. Le premier a tracé
un tableau très sombre de ta situation'de Fin-
dustriedont il attribue en grande partie les
souffrances la politique libre-échangiste du
gouvernement. Le second s'est surtout placé au
point de vue des intérêts agricoles, qui, d'après
lui, sont laissés f abandon. Le système com
battu par ces deux orateurs a dû trouver dans
la séance d'hier un défenseur officieux dans la
personne de M. Emile Ollivier. M, Thiers de
vait parler ensuite.
Au lieu du discours politique dont on avait
parléCempereur des Français a prononcé
dimanche Orléans deux allocutions dont le
télégraphe nous transmet ta teneur.
Dans la première, adressée au maire de la
villeNapoléon IIl a fait allusion la situa
tion générale de l'Europe qui permet l'activité
industrielle de se développer avec confiance.
Dans ta seconde, adressée l'évéque d'Or
léans, l'empereur des Français, t'inspiranl des
grands souvenirs que célèbre en ce moment la
ville de Jeanne d'Arc, a commenté avec élo
quence çe grand enseignement de l'histoire, que
le patriotisme trouve dans lu foi religieuse sa
base la plus soliffe et son plus puissant, essors
Les paroles de Napoléon III auront en France
et même en Europe un grand retentissement.
En nous faisant connaître les paroles pro
noncées dimanche Orléans par l'empereur
des Français le télégraphe n'avait rien appris
des deux discours auxquels elles étaient une
réponse. Celui du maire d'Orléans n offre, la
vérité, rien de caractéristique, si ce n'est peut-
être la tournure quelque peu belliqueuse d'un
paragraphe où ce fonctionnaire affirme que si
la France, forte de son droit et soucieuse de son
honneur, était contrainte de tirer Cépée, les
Orléanais seraient dignes de leur passé Cet
accent guerrier, tempère du reste par le ton
général de la harangue et par la déclaration
qu k Orléans aime la paix et en apprécie les
bienfaits a trouvé fort heureusement son cor
rectif dans la réponse de Napoléon III, qui a
écarté par une phrase très catégorique l'hypo -
thèse que Corateur municipal avait glissée dans
son compliment, sans doute pour avoir l'occa
sion de louer la vaillance et le patriotisme de
ses administrés.
J'ai voulu constater nar moi même a dit
TEmpereurvos progrès et les encourager
(Suite. Voir notre dernier- numéro
IV.
La décade républicaine s'était écoulée tout en
tière le fatalprimidi eoait de se lever, et Hélène
proternée dans sa chambre, suppliait Dieu de faire
b sa mère des jours longs et henrenx, pour prix de
sou sacrifice. Elevée dans les principes les plus purs,
Hélène avait toojoors envisagé avec respect les de
voirs du mariage; un éternel engagement allait la
donner b un homme qui n'était pas fait pour elle...
Cette pensée l'accablait.
Geneviève entra, et commença l'bombje toilette
de la mariée
Ni fleurs, ni bijoux, ni dentelles, n'ornaient le
pâle front d'Hélène; on craignait trop, en ces jours
où le soupçon plaoait sur tous, d'attirer sur soi une
attention envieuse qui pouvait porter avec elle le
'rail de la mort, le luxe était banni, les distinctions
effacées, et ud égal sentiment de terreur courbait
toutes les fortunes et tous les esprits. Qoand Hélène
eut rassemblé ses cheveux noirs soos une simple
coiffure et qu'elle se fut revêtne d'une robe de
linon elle desceodit au salon, où Brutus Granier se
trouvait déjii, accompagné d'un notaire qui relisait
uo long contrat.
Oo va lever l'écrou, ma bru dit le serrurier;
Léouidas est allé chercher sa belle- maman.
A ces mots, le cœur d'Hélène battit de joie mais
jetant un regard autour d'elle
Ah! pensa-t-elle manière va revenir ici pour
trouver sa maison souillée, ses plus cbers souvenirs
profanés, hélas!... Voilb Granier qui se sert de
l'écriloire de mon père... obi qu'elle va souffrir!...
La pauvre fille se leva et s'en alla dans l'anti
chambre auprès de Geneviève, qui pleurait silen
cieusement.
Pauvre Madame! dit-elle, ne sortir de prison
que pour assister ce mariage,., elle en mourra!...
O mon Dieu! murmura Hélène levant au ciel
ses yeux brillants de fièvre, soyez ma force don
nez-moi le courage de ces devoirs que je vais jurer
de remplir!... oh! que n'ai-je pu mourir b la
place de ma mère!
Onze heures sonnèrent b la pendule du salon.
Que ma mère tarde b venir! Geneviève, j'ai
peur... s'ils l'avaient retenue!
Oh! que neuoi, mademoiselle; M. Léouidas
a trop envie de vous épouser pour cela! Regardez
Ib-bas... c'est elle
Enfin! s'écria Hélèoe courant impétueuse
ment b la rencontre de sa mère.
La marqnise, pâle et tremblante, entrait dans lé
vestibule; Léonidas la soivait en habits de fête. La
mère et la fille s'étreignirent avec passion, et leur
voix se perdit dans leurs baisers et leurs iarmes.
Pendant que le jeune Granier passait au salooj
Hélèoe, prenant les mains de sa mère, lui dit
Ma chère maman, ils sont tous lb dedans; de
grâce, traite-les avec ménageaient, avec douceur...
notre sort est eotre leurs mains...
Mou enfant, mon Hélène, quelle épreuve!
Ah! si eu mourant je oe t'avais pas laissée en leur
pou voir, crois- to que j'aorais accepté on tel sacrifice?
Maman ne dis pas cela je serai toujours
heureuse auprès de lui; aucun mal oe peut m'at-
teiudre quand to es lb.
Et ce Léonidas?
Eh bieo! maman, dit Hélèoe eo s'efforçant
de soorire a nous l'apprivoiseroos b nous deux...
Mais viens,chère maman, et soisdouceavec le père.
Elles eutrèrent au salon. Granier, apiès un salut
gauche et court, proposa la lecture du contrat. Cej
acte enlevait aux deux malheureoses femmes pres
que tous leurs droits, il les plaçait soiis la dépen
dance de Léooidas, et par conséquent de son pète.
La marquise voulut élever une objectioo.
Brutus fronça ses durs sourcils
Citoyeoue, dit-il, je n'y tiens pas; mais m
sauras qu'il m'est aussi facile de te faire rentrer en
prison que de t'en faire sortir, et que cette fois-ci,
tu n'iiais pas seule... je n'ai que cela b dire.
La maïqnise signa; les époux et les témoins
signèieot b leur tour. Le mariage eut lieo dans la
journée qoi s'acheva dans on long banquet où la
République une et indivisible fut fêtée avec no
enthousiasme qo'eutreteuaienl les flots joyeux des
vins ceotenaires.
Pour être continué
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