D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
51rne Année. Mercredi 20 Mai 1868. flfo 5,283.
UN MARIAGE EN 1794
ou l'héroïsme de l'amour filial.
Monsieur Alexandre Rodenback, repré
sentant, vient d'adresser aux électeurs de
l'arrondissement de Roulers la lettre sui
vante
Par arrêté royal du 17 mai, M. Vanden-
peereboom, ministre d'Etat, membre de
la Chambre des représentants, ancien mi
nistre de l'intérieur, ancien conseiller pro
vincial ancien bourgmestre de la ville
d'Ypres, est promu au grade de grand-
officier de l'ordre de Léopold.
Un arrêté royal du 13 mai autorise
M. D. Simons conserver, titre honoraire,
le grade de capitaine qu'il occupait dans la
garde civique de Courtray, au moment où
il a cessé de faire partie de la garde.
Dans son audience de samedi, la cour
militaire, après avoir entendu les plaidoi-
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Une importante nouvelle nous arrive des
États- Unis le sénat de Washington a émis
hier, 35 voix contre 19un vote qui implique
l'acquittement du président Johnson.
En prenant celle résolution, les sénateurs
américains font tous la fois acte de justice et
de patriotisme ils épargnent leur pays une
tache ineffaçable et détournent de lui du même
coup de grandes calamités.
Le gouvernement français vient d obtenir un
nouveau succès électoral. La première circon -
■scription du département de l'Ariège avait a
élire un député au Corps législatij en rempla
cement de M. Didier, décédé. Le candidat im
périaliste M. Denat a été élu, distançant de
plus de dix mille voix son compétiteur libéral.
M. Langlade, ancien membre de l'Assemblée
nationale.
La loi interconfessionnelle a subi la Cham
bre des seigneurs Vienne les importants
amendements que nous avons signalés. Le
télégramme de Vienne, de samedi dernier, qui
atténuait la portée de ces amendements est
formellement démenti par la Nouvelle Presse
libre du même jour, u Les votes de la Chambre
haute dit ce journalne visent fi rien moins
qu'à soulever un conflit entre les deux plus
importants facteurs du pouvoir législatifLa
Nouvelle Presse conseille la seconde Chambre
de répondre ces voles par un esprit de conci
liation qui soit de nature a ramener dans les
questions confessionnelles l'harmonie entre les
divers éléments de la représentation nationale.
Un télégramme de Caris nous fait connaître
le résultat du second scrutin ouvert dimanche
dans le département du Tarn. Le gouvernement
y a été moins heureux que dans l'Ariège son
candidat. M. Gaugirana échoué contre M.
Gorsse.jils de l'ancien député de la même cir
conscription, sur lequel toutes les nuances de
(Suitb et fis. Voir notre dernier numéro.)
V.
Ah! de tout mon cœur, pauvre chère mère.
Mais si elle est auprès de Dieu, ainsi que disent les
prêtres, comment voolez-vous que j aille la rejoin
dre, moi?
Mon cher Antoine, la route vous est ouverte;
Dieu vous tend les bras; son fils meme a dit (cela
est écrit dans l'Évangile) Il y a plus de joie an
ciel pour un pécheur qui se répent que poor quatre-
vingt-dix-neuf justes qui persévèrentVous
pouvez donner cette joie a votre Créateur...
Mais loot cela est-il bien vrai?.... je le
croyais, autrefois.
Croyez-le eucore que vous en coûte-1-il
A l'heure où vous êtes arrivévous avez peu b
attendre des hommes... et tout de Dieu....
C'est vrai... Vous me persuadez, Hélène vous
me faites redevenir petit enfant, quand j'étais assis
sur les genoux de ma mère et qu'elle me parlait
de la bonne Vierge et des saims... Ah, que ne
suis je mort au berceau... Poutquoi ai je vécu ces
deux dernières années...
Cher Antoine, vons pouvez les effacer, Dieu
les oubliera il ne se sou»ieudia que de vos re
mords... Vous repentez-vous véritablement?
l'opposition avaient reporté leurs suffrages.
Celle coalition de circonstance a donné M.
Gorsse une avance de plus de 7,000 voix sur
le concurrent que ladministration lui avait
suscité.
Messieurs,
J'aimais a croire que la bonté de Dien main
tiendrait nies forces physiques b l'égal de mon pa
triotisme et de mon dévouement, j'espérais malgré
mon grand'âge pouvoir rester votre représentant,
votre mandataire jusqu'au dernier jour de ma vie,
et tomber comme un soldat daos cette phalange
parlementaire où vos suffrages si flatteurs m'avaieot
placé comme la sentinelle veillant b vos droits et
vos inlérêrets.... Mais de cruelles infirmités m'ont
retenu pendant la Jernière session de 1867- 1868
loin du palais de la représentation nationale.
Pour la première fois depuis i83o l'homme
public honoré de votre confiance n'a pn s'associer
aux travaux législatifs.
Je viens résigner dans vos mains nn mandat que
la souffrance et les iufiriuiiés m'en pèchent de
remplira votre satisfaction et selon mes «ceux.
Je regrette profondément de ne pouvoir vous
exprimer de vive voix les sentiments de recon-
uaissauce qui remplissent mon cœur que ces lignes,
écho de ma pensée intime, Vous rappellent du
moios quarante années d'efforts, de luttes, de ré
sultats auxquels depuis l'immortelle union de 1828
j'ai eu l'bonueur de participer d'abord par l'orga
nisation du pétitionnemeut, ensuite comme votre
dépoté au Congrès national, enfin comme votre
représeolaot h la Chambre de i83i 1868. Ert
jetant un regard eo arrière j'ai foi dans le préseul
aussi bien que dans l'avenir que uous garantissent
les glorieuses conquêtes de notre régénération.
Noos avons su concilier la liberté et la royauté!
Ah, de toute moo âme, de toutes mes forces...
Je demande pardon Dieu de tant de cruautés, de
tant de mauvaises actions... je l'ai si grandement
offensé...
Des saints ont péché, mais le repentir les a
absous.
Répétez moi ces paroles, Hélène. Hélas, c'est
envers vous surtout que je suis coupable; je vous
ai immolée b ma cupidité, b mes inéchaots désirs;
et c'est vous qui me consolez ma dernière heure,
c'est vous qui aurez sauvé l'âme, si le corps est perdu.
En disant ces mots, le jeune homme, b geoonx,
couvrait de baisers et de larmes les maios de sa
femme; elle le releva, et, prenant un livre qu'elle
avait apporté, elle lut haute voix plusieurs pas
sages qui pouvaient encourager au repeDtir ce
cœur si longtemps avili, mais qui s'ouvrait eofiu a
la céleste brise de la religion et du pardon. La nuit
s'écoula, partagée entre la prière, la lecture et les
pures effusions de cesépoox, séparés sur la terre,
et que la miséricorde et le remords unissaient aux
bords du tombeau. Le jour se leva; Hélène pose
ses lèvres sur le froot régénéré de son mari; lui
laissa le livre, et une croix d'argent qu'elle n'avait
jamais quittée, et franchit les portes de cette piisou
où elle avait trouvé le désespoir et apporté la cou-
solation.
La marqoise de Cursy, n'était pas restée oisive;
elle avait vu plusieurs persoones influentes, visiter
les dépotés de l'Artois oui devaient paraître la
Que ces ancres de salut, de la patrie et du people
belge consolident b jamais nos destinées.
Ce n'est l'adieu c'est l'au revoir du chrétien et
do citoyen que l'aveugle de Roulers vous adresse,
do fond de sa retraite il vous dit Messieurs, restez
fidèles b vos convictions religieuses et patriotiques
et par la coustance pratique du devoir affermissez
le libre exercice de ces droits que nous avons eu le
bonheur de conquérir eo i83o. C'est un vétéran
du Congrès national, c'est on des champions de
l'Indépendance de le Belgique, c'est le doyen d'âge
de la Chambre des représentants qoi, au moment
de reotrer daos la vie privée, en renonçant b cette
carrière parlementaire que vons lui aviez rendoe si
dooce, vous affirme son inébraotable conviction
dans le triomphe de la liberté qu'il ne sépare pas
de la royauté et de la religion.
A. RODENBACH,
Représentant, décoré de la Croix de f<r,
de la Légion d'honneur
Commandeur et officier de divers
Ordres.
ACTES OFFICIELS. t
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
barce dans l'affaire de Léooidas, et tous, cédant b
ses prières et b l'autorité de son 00m, lui avaient
promis de modérer lenrs accablants témoignages.
Grâce au zèle de sa belle-mère le jeune Gracier
fut acquitté, et sa femme, qoi l'aimait ainsi qoe l'on
aime ceux b qoi l'oo se dévoue, eo remercia Dieu,
comme s'il lui eût renda l'époux de son cœur et
de sou choix. Elle attendait avec soliciiode l'ar
rivée de son mari dans l'hôtel où elle était des
cendue; plusieurs heures venaient déjàde s'écouler,
qoaod elle le vit paraître... mais revêtu d'oo cos
tume qui révélait ses desseins. Il portait l'uniforme
des soldats de la République, de ces soldats qui
couviaient de leur saog les taches que les procon
suls et les législateurs de l'époque répandaient
sur la patrie.
Léooidas avait l'air serein et résolu; il s'avança
vers madame de Cursy et loi baisa ia main avec
l'expression d'une profonde gratitude; puis, se
tournant vers Hélène:
Cet babit vous dit loot ma chère et noble
femme. Je ne suis pas digue de vous... aujoiir -
d'hui, je le sais; aujourd'hui, j'apprécie la disiarice
qu'il y a entre vous, si pure, si sainte... et moi,
malheureux... Mais je vais lâcher de vous méiiiei
on se bat s la frouiieie; la. je mourrai la peine,
ou je me tendrai moins indigne de vous.
Ah, mon ami, en tel repentir et une telle
résoluiiou uni tout réparé...
A vos yeox, parce que vous êtes bonne