D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 51me Année. Mercredi 3 Juin 1868. N° 5,287. REVUE POLITIQUE. Des discours ont été prononcés diman- che Rouenl'occasion de la visite de l'empereur et del'impératricedesFrançais. Le cardinal archevêque avait dit Nous travaillons de tout notre cœur maintenir nos graudes traditions en élevant les géné rations nouvelles dans la foi de leurs pères et dans l'amour de leur pays. L'empereur a répondu L'Église est le sanctuaire où se main tiennent intacts les grands principes de morale chrétienne qui élèvent l'homme au-dessus des intérêts matériels. Allions donc la foi de nos pères le sentiment du progrès, et ne séparons jamais l'amour de Dieu de l'amour de la patrie! Après les discussions qui viennent d'a voir lieu au Sénat de France sur l'enseigne ment publicles paroles que nous venons de citer ont un à-propos et une portée qui n'échapperont personne. L'empereur a voulu joindre sa voix toutes les protes tations que la conscience publique a fait entendre contre les doctrines matérialistes que les soi-disant libres-penseurscherchent inculquer la jeunesse. Il faut espérer que la morale chrétienne et la raison, éga lement outragées par ces aberrations cou pables, trouveront dans les actes du gou vernement impérial une réparation plus efficace encore. Le Pays annonçait en tête deses colonnes que trois individus avaient été arrêtés Rouenoù ils avaient suivi l'Empereur dans le dessein d'attenter ses jours. Le Constitutionnel dément formellement celle assertion de son confrère officieux. On sait qu'aux termes de la convention LA DAME DE COEUR. conclue le 7 décembre I866enire la France et l'Italie, le gouvernement florentin s'est engagé payer au Saint Siqge la quote part de la dette afférente aux provinces de l'Etat de l'Eglise annexées depuis 1860. Orl'Ita lie est fort en retard. Elle n'a donné qu'un a compte sur l'annuité de l'exercice de 1867, et doit de plus la fraction déjà échue de l'exercice actuel. Le Saint Siège, dont on connaît les charges pécuniaires, a de mandé la France de réclamer ce qui lui est dû. Jusqu'ici, ses représentations fort légitimes sont restées sans résultat, et, bien que la Correspondance italienne déclare que le ministre florentin ne se refuse point payer, il est permis de doulerdes promesses de M. Menabrea jusqu'au jour où un verse ment nouveau aura été effectué. L'émigration allemande vers le nouveau monde, dont plusieurs journaux parlent depuis quelque temps, prend des propor tions chaque jour plus considérables. A ce sujet, on écrit de Berlin au Journal de Paris que M. de Bismark s'efforcerait par tous les moyens en son pouvoir d'arrêter ce dépleuplemenl progressif, qui a lieu prin cipalement dans certaines provinces der nièrement annexées la Prusse, et qui a pour cause principale l'accroissement des charges militaires ou fiscales. Le Parlement anglais ne s'est point sé paré pour prendre ses vacances de la Pen tecôte sans avoir entendu de nouvelles sommations l'adresse du ministère. Lord Russeil, dans la Chambre des lords, a joint ses critiques celles que M. Gladstone a dirigées, pour la dixième fois peut-être, dans la Chambre des communes, contre la résolution adoptée par M. Disraeli de rester provisoirement au pouvoir. La campagne pour l'élection présiden tielle est commencée aux États-Unis. La convention du parti républicain réunie Chicago a choisi pour candidats la pré sidence et la vice présidence le général Grant et le président actuel de la Chambre des représentants, M. Colfax. Le poste de ministre de la guerre est enfin occupé par un titulaire dont les droits ne seront pas contestés- Ce titulaire est le général Schofield, nommé par le Président et dont la nomination a été ra tifiée par le Sénat. Le Moniteur vient de pnhlier l'arrêté royal, en date dn 29 mai, qui porte que la session législative de 1867 1 868 est close. L'amélioration qui s'est produite, depuis plusieurs jours, dans l'état du jeune prince royal, se maintient avec persistance. Hier matin, la situation de S. A. R. était bonne. Les progrès sont lents, il est vrai; mais, comme ils sont réguliers, il y a tout lieu d'espérer que, d'ici quelques jours, on pourra annoncer le complet rétablissement de l'héritier du trône. PROPAGATEUR Mon cher oncle, disait Anatole Verdier b M. Thomas, je vous aime iofioimeot. Vous faites bien, mon neveo. Je vons respecte beaucoup. Vons avez raison. Mas je ne penx pas me soumettre b vos vo lontés comme si j'étais votre fils. Et pourquoi cela? Mon Dieul mon oncle, je vous accorde qu'un fils doit respecter aveuglément les volontés de son père, même qnand elles sont injustes; il n'en est pas de même d'un neveu. M. Thomas était un homme de cinquante- six b cinquante-sept ans, b l'œil vif encore, le nez au veut, la chevelure grise et artistemeot bouclée, un petit vieillard leste et pimpant, ami de la joie, d'un caractère léger, mais qui, malgré sa jovialité habituelle, teoait b ses opinions avec une grande opiniâtreté. Ancien agent d'affaires, M. Thomas avait passé sa vie b faire les affaires d'aotrni et b les accommoder b peu prèsb sa fantaisie; il se vantail, et avec raison, d'avoir terminé pins d'un procès par un mariage, plus d'un partage inégal par une dona tion et d'avoir réconcilié plus d'une famille par uu testament. Riche et jouissant d'un loisir acheté au prix de vingt années Je travailil n'en avaitjpas moins conservé l'habitude de se mêler des intérêts de tous ceux qui l'entouraient, c'est-b-dire qu'il continuait en amateur l'état qu'il avait exercé ponr faire fortune. M. Thomas était l'arbitre et lecon- conseii de la rue S1- Louis, ao Marais, où il habitait le second étage d'one assez belle maison qoi lai appartenait; il mariait les portiers, plaçait les do mestiques, donnait des consultations gratuites et jouissait dans tonte la longueur de la rue, de la considération accordée b uo suppléant du juge de paix ou b M. l'aJjoint du maire. Il avait épousé, vingt ans avant le momeot dont nous parlons, nne veuve de quelques aooées plus âgée qoe lui, et dont la fortune ne loi avait pas été inutile, Mm* Thomas était le meuble le plus ancien de sa maison. Tonjoors valétudinaire, la femme de l'ageDt d'affaires donnait tonte la journée au soin de sa santé, et de six heures du soir b onze heures, elle était invariablement dans son salon, assise dans un fauteuilrecevant avec bonté et politesse les personnes qoe son mari attirait chez lui. Uo homme du caractère de M. Thomas devait non-seulement souger b marier son neveo, mais encore avoir la préieotioo de le marier b sa guise, et sans qoe personne autre qoe lui s'en mêlât. Le neveu, fils unique d'one sœor chérie, était son seul parent, et devait nécessairement être son héritier, avantage que l'oncle voulait faire acheter três-cber, et dont le oeveo comptait jouir plus tard, mais au meilleur marché possible, M. Anatole Verdier avait mille écus de rente, et noe place aux archives qui lui rapportait b peu près aotanl; sans dédaigner le moins du monde la succession de son FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE. ACTES OFFICIELS. École industrielle Par arrêté royal du 26 mai un subside de 4,000 fr. est alloué l'administration communale d'Ypres pour l'aider couvrir les dépenses de l'école industrielle établie en cette ville. NÉCROLOGIE. M. Tanghe, inspecteur provincial de l'enseigne ment primaire de la Flandre occidentale,est décédé samedi après-midib Bruges. Inspecteur cantonal depuis i843, M. Tanghe n'occupait la place d'iu- specteur proviocial qoe depuis 9 mois. oncle, il prétendait vivre dans une parfaite indé pendance, et surtout il ne voulait eo aucune ma nière être gêoé dans ses sentiments; c'était un ho mme de viogt-sept ans, d'une figure avenante, d'oo cœur droit, d'un esprit gai comme celui de sou oncle. Le dioer venait de s'achever, et au momeot où la cooversatioo s'entamait entre M. Thomas et son neveu, M"" Thomas avait quitté la table avec Mn* Julie Deschamps, jeune Rntteooaise b laquelle, depnis un mois eoviron, Mma Thomas avait donné l'hospitalité. M11* Jolie était fille d'une amie d'enfance de Mm° Thomas et du contre-malrre d'une des prin cipales fabriques de Rooeo; c'était nue blonde, âgée de vingt-deux ans, qoi malgré sa beauté et ses boooes qualitésn'avait pas encore trouvé un mari, parce qu'elle était pauvre; la beauté était Ib, la vertu la plus intacte accompagnait la grâce et les agréments de la jeune fille; mais la dot était absente. La mère de M11' Jolie l'avait conduite b Paris et l'y avait laissé eutre les mains de son amie, M^Thomas. pour aller soivre b Aoxerre uo prorè» qui réclamait sa présence. Or, depnis l'arri.ée de M11* Julie Deschamps, M. Thomas avait remarqué l'assiduité constante de son neveu qui venait tous les jours loi demander b dîner, faveoi qu'il ne fai sait ordinairement b son oncle que de loin en loin et dans les cas d'invitation. M. Anatole Verdier était homme d'honneur; il avait des projets sérieux, des projets de mariage, et cela oe convenait nulle ment b M. Thomas qui depuis longtemps avait

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Le Propagateur (1818-1871) | 1868 | | pagina 1