D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
51me Année.
Samedi 4 Juillet 1868.
No 5,296.
Y PU ES.
REVUE POLITIQUE.
L'élévation du prince Milano Obreno-
witch au trône de Servie ne s'est pas fait
attendre. Une dépêche de Belgrade apprend
qu'il a été proclamé avant-hier par l'As
semblée nationale, laquelle a également
désigné le conseil de régence. Hier la même
assemblée procédé la nomination d'un
nouveau ministère.
De son côtéla population de Belgrade
a accueilli le prince Milano par des mani
festations desympathieet de joie. Le prince,
dont le règne s'ouvre ainsi sous les auspices
les plus favorables, a prononcé devant les
représentants du pays une courte allocu
tion dans laquelle il a promis de faire tous
ses efforts pour procurer le bonheur de
son peuple.
La Presse assure que ces dernières in.
formations, puisées bonne source, ne lui
permettent pas de douter que le séjour des
Hanovriens en France donne lieu en ce
moment des réclamations de la part de
la Prusse
S'il faut en croire les informations du
Mémorial diplomatique, l'allocution pontifi
cale du 22 juin aurait motivé une réponse
du chancelier d'Autriche. Dans cette com
munication, M. de Beust aurait déclaré que
le gouvernement impérial n'élève aucune
objection contre la façon dont la cour pon
tificale apprécie le caractère et l'esprit des
nouvelles lois confessionnelles, et qu'il est
fort éloigné de la pensée du cabinet de
Vienne d'intervenir, cette occasion, dans
des matières qui ressortissent exclusive
ment l'autorité du Chef de l'Eglise. Mais
le chancelier ajouterait que le gouverne
ment impérial se réserve la même liberté
d'appréciation et d'action dans tout ce qui
est du ressort et de la juridiction du pou
voir civil, et que sur ce point il s'opposera
tous les empiétements du clergé.
Le gouvernement prussien vient de dé-
ciderqu'il emploierait,pour l'établissement
L'AVEUGLE D'ARGENTEUIL.
maritime de Kiel, une grande partie des
sommes votées par le Parlement de l'Alle
magne du Nord pour la marine fédérale.
Les dépenses qui vont être faites dans ce
but sont de deux natures. La première se
rapporte aux fortifications nécessaires pour
mettre la place en état de défense. La se
conde se rapporte aux travaux purement
maritimes.
La Chambre des députés de Darmstadt
vient d'émettre un vœu qui est toute une
révélation. Elle demande que les lois prus
siennes ne soieni pas introduites et appli
quées en Hesse sans l'assentiment de la
Chambre.
Une lettre adressée de la capitale de la
Bavière la Correspondance au Nord-Est
contient quelques indications sur le projet
de confédération entre les Etats de l'Alle
magne du Sud, projet dont on discute les
bases Munich et Stuttgart.
Ce projet ressemble beaucoup au com
promis conclu entre l'Autriehe et la Hon
grie; il s'en rapproche surtout en ce qui
concerne les affaires communes et les
délégations.
'■h» 1.1 M l.
AVIS.
Le public est prévenu que des listes de
souscription pour le Banquet offrir
Leurs Majestés le Roi et la Reine et Leurs
A. R. le Comte et la Comtesse de Flandre,
l'occasion de la visite dont ils honoreront
la ville d'Ypres le Lundi 3 Août 1868, se
trouvent déposées au Secrétariat de l'Ad
ministration communale.
Le prix du dîner, vin compris, est fixé
28 fraucs.
Le délai pour les souscriptions expire
le 12 Juillet 1868.
Par arrêté royal do 16 juin, une pension
annuelle et viagère de retraite sur l'Etat,
de 3,200 fr. est accordée au Général-Major
Missottenancien colonel au 2' chasseurs
pied.
Une feuille ministérielle annonce qn'à
l'heure qu'il est le sergent Fléron a dû re
cevoir communication d'un arrêté royal
qui commue la peine de mort laquelle il
a été condamné en celle des travaux forcés
a perpétuité.
Une association pour l'abolition de la
peine de mort se fonde Anvers.
C'est le dimanche 30 août prochain
que sera ouverte, Nivelles, avec une
grande solennité, le jubilé de sainte Ger-
trude, dont les fêtes seront clôturées le di
manche 15 septembre.
Un orage assez intense qui a éclaté
mercredi soir Bruxelles et dans les envi
rons a été accompagné d'une pluie dilu
vienne, qui, si elle a causé quelques légers
dégâts, a été un immense bienfait en pré
sence de la sérieuses inquiétudes,
Une correspondance d'Ostende dans
Y Écho du Parlement, parle dans les termes
suivants de l'amiral Farragut
L'amiral Farragut a principalement con
tribué l'organisation de l'imposante force
navale dont disposent les Etats-Unis.
L'amiral 68 ans; il paraît n'en avoir
que 50 55,
Le titre d'amiral des États Unis ne doit
pas être considéré comme l'équivalent du
même grade en France, lequel correspond
celui de maréchal; il faudrait, pour éta
blir une comparaison, remonter au temps
où la charge de grand amiral existait dans
ce dernier pays.
L'amiral Farragut commande en chef
toutes les forces navales des Etats-Unis; il
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
ANECDOTE NORMANDE DU XVI* SIÈCLE.
Au fond d'an vaste et sombre hôtel de Roaen,
dans le silence d'une immense bibliothèque ornée
des portraits de quelques magistrats revêtus de ro
bes d'écarlale, la lueur d'une lampe, on homme
âgé, de l'extérieur le plus vénérable, paraissait livré
la méditation et b l'étude. Aux insignes dont il
était revêtu, on voyait que lui-même devait ap
partenir aux premiers rangs d'une cour souveraine;
et eu effet, ce vieillard était Laurent Bigot de Tbi-
bermesnil, premier avocat du Roi aa parlement de
Normandie, homme d'au grand savoir, d'une vertu
plos grande encore, l'un de ces doctes magistrats
du XVI* siècle, où l'ordre judiciaire brilla d'un si
vif éclat. Sa longue journée de labeur avait com
mencé au palais, dès cinq heures du matin. Lb, il
avait, par de lumineux réquisitoires, suggéré au
parlement des arrêts destinés b deveuir lois dans la
province; et maintenant, l'infatigable vieillard se
livrait b d'autres travaux qui lui semblaient des
loisirs.; il jetait II jetait les fondements d'une riche
collection de livres et de manuscrits, qui, plus tard,
devait être célèbredont ou parle encore aujour
d'hui qu'elle est dispetsée, et dont le souvenir
demeurera tant que, dans notre France, les lettres
seront en boonenr. Appliqué, en ce moment, b
examiner un manuscrit fort ancien que venait de
lui envoyer son ami Turnèbe, il fut interrompu
subitement par le bruit que faisaient deux jeunes
gens qni, assis non loiu de lui, lisaient Horace, et
se récriaientenchantés qu'ils étaient des vers du
grand poëte; ces deux jeunes gens étaient Emeric
Bigotson filset Etienae Pasqoiercondisciple
d'Emeric. Élèves d'Hotoman, de Cujas et de Bal-
duin, les deox amis étaient venus b Rouen passer
ensemble les vacances. Cette ode qui les électrisait
ainsi, Laurent Bigot vonlut la voir, et bientôt l'en-
thonsiasme du vieillard le disputa b celui des
adolescents. Et qni pourrait ne pas tressaillir b
l'aspect du vrai mérite, tel que nous le montre
Horace, cheminant loin des sentiers vulgaires,
loin des intrigues, des cabales, des soffrages
mendiés, des refus dégradauts, renversant tous
les obstacles, s'élevant d'uo vq| généreux an-
dessus des turpitudes de la terre, resplendissant
d'une gloire sans tache, et conquérant l'immor-
talité!
Laurent Digpt, continuant cette ode si belle,
ACTES OFFICIELS.
NOUVELLES DIVERSES.
venait de lire In strophe énergique où le poëte
peint le châtiment boiteux, saisissant d'une main
ferme le coupable qni s'était crn sanvé, lorsque
tout b coup an bruit se fit entendre b la porte de
la galerie, et nn magistrat fut introduit du moins
son costnme ne permettait pas de s'y méprendre,
car, en cet instant, b son extrême pâleur, b l'alté
ration de ses traits, b son altitude humiliée, on
aurait cru voirnon le lieotenaot-criminel de
Rouen, juge intègre et révéré, mais plutôt an de
ces grends coupables, qui, chaque jour, venaient
trembler devant lai.
J'ai failli, dit-il tont d'abord b Laurent Bigot,
j'ai failli, je le confesse; mais de grâce ne me con
damnez pas sans m'entendre. Alors le lieo-
senant-criminel commença son récit, qqe l'avocat
du Roi écouta avec calme, tandis que les deux
jeunes gens prêtaient 1 oreille avec l'avide curiosité
de leur âge.
Un citoyen de I.ncqnes, nommé Zambelli
était allé fonder one maison de commerce en An
gleterreoù ses affaires avaient prospéré. A cli
quante mis, s» fortune étant faite, il sentit le besoin
de retourner b Lacques finir ses jours aupiès d'un
Itère qu'il chérissait. I) l'écrivit b sa famille, que
cette nouvelle combla de joie, bientôt une seconde