D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
51me Année, Samedi 11 Juillet 1868. flo 5,298.
REVUE POLITIQUE.
L'AVEUGLE D'ARGENTEUIL.
Parmi les affaires qui seront soumises
au Conseil provincial de la Flandre occi
dentale, dans la session de 1868, nous re
marquons les suivantes
Rapport sur la requête de plusieurs ha
bitants de Poelcappetle, tendante ce que
ce hameau soit distrait de Langemarck, et
érigé en commune distincte.
Rapport sur la requête des gardes cham
pêtres <1« h protiuce, tendante, ce que
le taux de la pension de retraite des gardes
et des brigadiers soit augmenté.
Rapport concernant la réglementation
du mode de circulation des voitures sur les
chemins et du mode d'attelage des chiens.
Rapport concernant la demande de l'é-
I clusier-receveur de l'écluse de Boesinghe,
sur le canal provincial d'Ypres l'Yser,
tendanie obtenir une augmentation de
traitement.
Rapport concernant l'acquisition d'une
parcelle de terrain servant de chemin de
balage, au bief inférieur du caoal provin
cial d'Ypres l'Yser.
Rapport sur la demande du conseil com
munal de Vinrhem, tendante obtenir une
subside pour construire une route destinée
relier le village la route conduisant de
la commune de WuUeringhem la chaus
sée de l'Etat de Furnes Ypres.
Rapport sur la demande du conseil com
munal de Warnêtnn. tendante obtenir
un subside en faveur île l'empierrement
du chemin dit: de la Planche, depuis la
roule de l'Etat d'Ypres Pont Rougejus
qu'à la limiledelarommunede l'Ioegsteert.
Rapport conrernant la demande d'un
crédit supplémentaire en faveur de la route
d'Elverdingheà Boesinghe.
Rapport conrernant la demande du con
seil communal de Boesinghe, tendante
obtenir un suhside pour la construction
d'une route destiuée relier le village au
poul établi sur le canal d'Ypres l'Yser.
Dans la liste des jurés de la Cour d'assi
ses de la Flandre Occidentale pour la pro
chaine session qui s'ouvrira le 26 juillet
prochain, sous la présidence de M. De
Wylge, nous remarquons les noms suivants
MM. J. B. Malou, propriétaire, Ypres.
Procès de la bande des Barbouilleurs.
Assassinai du curé Lorette. 12 accusés.
Ce n'est qu'à quatre heures trois quarts
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
L'empereur deg Français s'est rendu aujour
d'hui de Fontainebleau aux Tuileries pour
présider le conseil des ministres. D'après les
renseignements qui viennent de Paris, on se
féliciterait beaucoup en haut lieu de la tour
nure qu'a prise la discussion du budget et de
Taccueil que les assurances pacifiques du gou
vernement ont reçu de la Chambre législative.
Des dépêches de Madrid annoncent qu'une
conspiration militaire vient d'être découverte
en Espagne. La vigilance du gouvernement a
heureusement déjoué cette coupable tentative.
Nous n'avons pas de nouvelles directes de la
tentative insurrectionnelle qui vient d'être
étouffée en EspagneNous apprenons seule
ment que le duc de Montpensier, invité quit
ter le royaume s'est mis en route pour l'An
gleterre avec sa famille. D'après la Pairie de
Paris, le gouvernement espagnol a envoyé une
corvette vapeur sur la côte d'Andalousie pour
surveiller l'embouchure du Guada/quivir.
Le comte de Bismark, s'il faut en croire la
Correspondance du Nord Est, n'a jamais été plus
activement occupé de haute politique que de
puis qu'il s'est retiré dans ses terres pour
prendre du repos. Ainsi, il vient de compléter
un revirement auquel il travaillait depuis
longtemps. Il s'agissait pour lui d'affranchir
la Prusse de ta politique que la Russie pour
suit en Orient. Le chancelier Jédéral veut arri
ver une entente parfaite de la Prusse avec, les
puissances occidentales relativement aux affai
res d'Orient.
La convention du parti démocratiqueréunie
New York pour choisir son candidat la
prochaine élection présidentielle, a commencé
par élaborer le programme, la plaiform du
parti. Comme nous lavons déjà dit. esclavage
n'existant plus aux États Unis, c'est sur la
question financière et sur la question de natu
ralisation que la lutte entre les partis devait
se livrer.
ANECDOTE NORMANDE DO XVI* SIÈCLE.
(Suite. Voir notre dtruirr numéro.)
Alors le vieillard raconta qu'il y avait hait oa
neaf mois environ, partant d'Argenteuil pour aller
en pèlerinage, il était sor les hauteurs qui dominent
la paroisse, lorsque, averti par les aboiements de
son chien, il prêta l'oreille et s'arrêta. Uoe voix
d'homme, mais faible, plaintive, suppliante, se
faisait entendre. Monstre! s'écriait cette voix, ton
maître! ton bienfaiteur! Grâce!... Faut-il mourir
si loin de ma patrie, de mon frère!... a Puis avait
retenti un dernier cri affreux, déchirant, tel que
celui d'un mortel qni expire; et, après cela, on
n'avait plus entendu que les pas pesaotd'un homme
qui marchait péniblement comme chargé d'un
lourd fardeau, Eotraîné, dit Gervais, par un
mouvement invincible, je m'étais avancé. Qu'y
a -1—il donc, m'écriai-je, et qui pent se plaindre
ainsi?» Rien, avait réponduune voix troublée,
tiea; c'est un malade que l'on transporte et qni
vient de s'évanouir. Bon homme, allez k vos affai
res Et j'entendis que cette voix disait tout bas
en menaçant Loue Dieu de ce que lu es aveugle;
car c'en était fait ainsi de toi. Je compris qu'un
crime affreux venait d'être consommé, et commeot
vous peindre l'effroi dont je fus, saisi? Tout con
tribuait k m'épouvante:; car, en ce moment, un
Nous apprenons enfin quels sont les deux
personnages choisis par la convention démo
cratique comme candidats la présidence et a
la vice présidence, et qui devront lutter contre
MM. Grant et Colfax. déjà nommes par la
convention républicaine de Chicagoles deux
candidats désignés Cunanimité par la con
vention aux suffrages des démocrates sont M.
Horatio Seymour, ancien gouverneur de (État
de New Yorket le général Blair.
La république d'Haïti est toujours en proie
la guerre civile. On écrit de Port-nu Prince,
le 18 juin, que les différents corps d'insurgés
ayant réussi tourner le fort Bizolon et éla -
blir entre eux des communications directes
préparaient une attaque simultanée contre la
capitale. Le président Salnave se disposait
résister aux efforts des révolutionnaires et ve
nait d'adresser un énergique appel aux senti
ments patriotiques du peuple haïtien.
«f—
violent orage éclatait sur nos têtes, le tonnerre
graodant coops terribles et redoublés, et semblait
poursuivre le meurtrier. Oa eut dit que le monde
allait fiuir. Tremblant et hors de moi, je continuai
ma route, et j'avais juré alors de ne jamais révéler
ce que je venais d'eotendre, car le coupable est
peut-être de ces cootrées, et la vie d'un pauvre
vieilllard kveugle, comme moi, n'est-elle pas k la
merci de qui veut la prendre? Mais tont-k-l'heure
lorsque monsieur le bailli a parlé d'un cadavre
trouvé a si peu de distance de l'endroit où j'avais
entendu la voix, je o'ai pu retenir un cri. J'ai tout
dit maintenant, paisse -1-il ne pas m'en arriver de
mal!
Pendant le récit de Gervais, Lanrant Bigot avait
paru comme obsorbé dans uue rêverie profonde,
qni se prolongea longtemps après que l'aveugle
eût cessé de parler. Puis tout k coup s'adressant k
Gervais: Vieillard, dit il, je reis vous faire uoe
question; réfléchissez bien avant d'y répondre:
cette voix qui se fît entendre k vous sur la monta
gne, cette voix qui'vous répondu, qui vous a me
nacé, votre mémoire eu a -1-elle gardé un exact
soavenir? Croyez-vous que vous pourriez la re
connaître si elle se faisait encore entendre k vous;
mais la reconnaître au point de ne pas la confondre
avec une autre? o Qui, moosieor l'avocat du
Roi, s'écria aussitôt Gervais, comme je reconnaî
trais la voix de ma mère si elle vivait encore, le
pauvre femme!» Mais, reprit Bigot, y avez vous
pensé? huit ou neuf mois se sont écoulés depuis ce
A. Lagrange, percepteur des postes, Ypres.
L. Van Henle, avocat, Ypres.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
COUR D'ASSISES"DE BRABANT.
AUDIENCE DU 6 JUILLET.
VERDICT.
jour-la. Il me semble qu'il y a peu d'hue-
res, répondit Gervais; car ma frayeur fut si grande
alors, que je crois toujours entend) e, et la voii qui
m'a parlé, et le toonerre qui ce jour-lk grondait
plus fort que d'ordinaire. Et comme Laurent
Bigot allait eocore exprimer un doute, l'aveugle,
levant les mains vers le ciel, qu'il ne voyait pas:
Dieu est bon, dit-il, et il n'abandonne pas les
aveugles, depuis que je n'y vois plus, j'entends
mieux. Mais ue m'en croyez pas, tenez tons les ha
bitants d'Argenteuil soot-lk, ou auprès de cette
hôtellerie avec moi^ dans les jours de fête, ils se
soutsouventamnséskm'erabarrasser, en conlre-fai-
sant leurs voix en me demaudaot: Qui a parlé?»
Qu'ils diseot si je m'y suis jamais mépris, a Les ha
bitants s'écrièrent tous ensemble que le vieillard
disait vrai, et que, quand il était k Argenteuil,
c'était uo de leors passe-temps le dimanche, et
comme un jeu pour les jeunes gens de !a paroisse.
Quelques heures après, Laorant Bigot sortait d'Ar
genteuil, retournant k Rouen, où il amenait a.en
lui Gervais l'aveugle. Dans le village si ému tout-
k-l'heure, tout maintenant semblait avoir repris
son train accoutumé; les babitaots avaient regagné
leurs demeures; seulement oo se recontnii, d'une
chaumière b l'autre; ce qu'on avait pu voir et en
tendre; et les habiles de l'endroit se livraient k des
conjectures sur ce qu'allait devenir celte affaire.
Qu'elle était belle au XVI* siècle, la grande salle
d'audience du parlement de Normandie, avec son
ooir plafond d'ébèoe, semé de gracieux arabesques