D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
51me Année.
Samedi 18 Juillet 1868.
5,300.
REVUE POLITIQUE.
L'AVEUGLE D'ARGENTEUIL.
On nous mande de Bruxelles que la nou
velle qu'ont répandue certains journaux
de Paris et de Belgique d'une prochaine
entrevue du roi des Belges avec l'empereur
des Français Plombières est dénuée de
tout fondement.
Si le roi Léopold 11 avait une raison
quelconque de s'aboucher avec Napoléon
III, le chemin le plus court serait de Bru
xelles Paris, sans avoir besoin de prendre
le détour par Plombières.
Ce qui a pu donner naissance ce bruit
erroné, c'est que la reine des Belges, dont
la santé est altérée par les soins que Sa
Majesté prodigue jour et nuit l'impéra
trice Charlotte, doit partir potlr Spa, dont
les eaux fortifiantes lui ont été recomman
dées par les médecins.
Le roi Léopold 11 ira de temps antre
voir la reine Spa, et, plus tard, il prendra
les bains de mer Osiende; mais il n'a
pas songé un seul instant quitter ses
Etals, du moins quand présent.
Le corps épiscopal vient de nommer M.
Ernest Masion, de Virton, professeur ex-
traordinaire la faculté de médecine de
l'Université catholique de Louvain. M.
Masion est chargé du cours de physiologie
humaine et comparée, laissé vacant par la
mort du regretté professeur Van Biervliet.
Nous apprenons que M. ADLER, cé
dant aux sollicitations de sa clientèle,
viendra un jour tous les mois, Ypres.
C'est une heureuse nouvelle ponr notre
ville, car la réputation, le talent et l'estime
générale dont il jouit depuis longues années
sont un gagede confiance pour les personnes
qui ont recours son art. N'oublions pas
qu'il est le seul dentiste dans toute la Bel
gique qui a été couronné d'une mention
honorable de la faculté de médecine.
M. ADLER, a déjà produit plusieurs ou
vrages remarquables, entr'autres l'osléo-
légie, traité sur l'art dentaire, en vente
chez les principaux libraires de Bruxelles.
Un arrêté royal du 29 juin proroge de
dix ans la concession d'une partie de la
FIN.
V
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Le Corps législatif de France vient, Vocca
sion du budget du ministère de l'intérieur, de
discuter une institution qui malgré certains
abus auxquels elle a donné lieu, a rendu la
morale publique en France d'incontestables
services. Il s'agit de la commission du colpor
tage, créée en exécution d'une loi votée en
1849 par CAssemblée nationale, pour empêcher
la diffussion, principalement dans les campa
gnes, des publications immorales et dangereu
ses. Cette question, soulevée par M Jules Simon,
a donné lieuun intéressant débat, dans le
quel MM. Guéroult et Picard ont attaqué non-
seulement les décisions de la commission, mais
sa destination même. La commission a eu pour
défenseurs M. Latour du Moulin, qui a pu en
parler en connaissance de cause, puisqu'il en a
été le premier organisateur, et deux ministres
MM. Pinard et Rouher. Le ministre d'État,
résumant devant la Chambre cette question de
morale publique car c'est sous cet aspect sur
tout qu'il l'a traitéel'a résolue en ces fermés,
qui résument parfaitement sa thèse:
Nous ne voulons pas laisser empoisonner
nos campagnes de livres déplorablesd'images
n immondes. Cette liberté, vous la voulez?
Nous, dans l'intérêt de la société et de la mo-
raie, nous la repoussons de toutes nos forces.
A la suite du discours de M. Rouher, la
clôture a été prononcée et I amendement présenté
par les adversaires de la commission n'a pas
été pris en considération.
Le Corps législatif de France, dans sa séance
de mercredi, continuant l'examen du budget du
ministère de la guerre, a discuté au pas de
course une foule de questions incidentes. L'aug
mentation de la solde des officiers,l'avancement
dans C armée, les traités de l'administration
militaire avec les fournisseurs, la zone mili
taire qui entoure les fortifications de Paris
tels sont les principaux points qui ont été abor
dés dans le débat par les membres de la gauche.
Du coté du gouvernementtout le poids de la
lutte a été soutenu par te maréchal Niel. qui
n'a pas pris moins de cinq ou six fois la parole.
ANECDOTE NORMANDE DD XVI6 SIÈCLE.
(Suite. Voir notre dernier numéro.)
Enfin l'horrible mystère éclairei, ose voix sor-
homaine semblait retentir dans la vaste Grand'*
Chambre d'aodieoce et dire h l'aveogle: c'est
lai c'est l'assassin de Zambelli Ce tonnerre,
menaçant et vengeur, qui an jonr du crime avait
grondé sur les haateors d'Argeotenil, venait d'at
teindre le coupable; et ce misérable, terrassé, fré
missant, balbutiait enfia no aven tardif, deveoo
désormais inutile; car ponr tons les magistrats qui
étaient Ib assis an jugement, l'effet de l'éprenve
avait été tel, le cri naïf et involontaire de la vérité
les avait frappés si juste an coeur qu'il leur semblait
qne si eux-mêmes eossent vo commettre cet assas
sinat, dont ils avaieot devant eox l'oniqoe et mira-
coleox témoin, lent certitude n'eût point été pins
entière.
A ta fin de la séance est venue la question de
l'Algérie M. Lanfuinais ayant réclamé pour
celle colonie la réduction du régime militaire
et un gouvernement civil.
Une dépêche officielle, en date de Madrid,
1 5 juillet, annonce que ta tranquillité la plus
complète continue régner dans toute la Pé
ninsule.
Des lettres de Rome constatent que les tra
vaux préparatoires du Concile se poursuivent
sans relâche. Chaque commission sé réunit deux
fois par semaine chez le cardinal qui la préside.
En même temps. Us ouvriers de la typographie
réservée du Quirinal impriment le programme
des questions traiter qui sera soumis aux
évêques et formera, en quelque, sortele thème
des discussions du concile Le Saint Père, ajou
tenl ces lettres, a une telle foi en l'avenir, qu'il
compte non seulement ouvrir, mais clore ce
concile. Il insiste volontiers, en causant avec
ses familiers, sur le caractère extraordinaire de
son pontificalpendant lequel Rome aura vu
la proclamation d'une constitution, une révo
lution la république un siège la définition
d'un dogme, la célébration du céntenaire de
saint Pierre, la bataille de Mentana et un con
cile œcuménique.
La Gazette de Vieone publie une ordonnance
impériale convoquant les diètes de l'empire
pour le 22 août, et une autre ordonnance aux
termes de laquelle la session du Reichsralh est
ajournée au 7 octobre.
La commission de la Chambre des représen
tants des États Unis, chargée de l'examen du
projet relatif une taxe de 10 p. c. sur l'intérêt
de la dette publique n'a pas imité C exemple
des parlements d'Italie et d'Autriche. Dans le
rapport qu elle vient de présenter, elle désap
prouve ce projet d'impôt comme préjudiciable
au crédit national.
A peu d'iostants de Ib, dans un ooir cachot de
la conciergerie, retentissait on arrêt terrible, tandis
que sur uoe place publique peu éloignée il se fai
sait de sinistres apprêts; car b celte époque, pour
l'homme qui avait entendu une sentence de mort,
il n'y avait point de lendemain; le soleil ne devait
pins se lever pour loi. Quelques heures après, les
roes qui avoisinent Saint-Michel, Saint Sauvent,
le vieux palais et la collégiale de Saint-Georges ne
poovaieot suffire b tous les habitants de la ville qui
revenaient du Vieux-Marché, où ils avaient été
témoins d'un horrible spectacle; et ces hommes,
ces femmes, pâles, tremblants, terrifiés,se redisaient
les uos aux antres avec effroi des paroles bieo so
lennelles apparemment, b voir de quel air ils les
répétaient. C'est qu'une voix s'était fait enteodre
b eux do haut d'un théâtre de douleur; et toute
faible qu'elle était alors, cette voix qui allait s'é
teindre, avec quelle autorité, avec quel empire en
ce momeot suprême elle avait retenti, toonaote et
formidable, planant comme la voix de Dieu au-
dessus de toute cette immense multitude qui o'élait
venue que ponr voir, et qui ne voyait plus, silen
cieuse alors, écoulant avidement et n'ayant pins
qu'un sens. Et la voix avait proféré des paroles
qui devaient ne pas être oubliées de longtemps;
ACTES OFFICIELS.
car quel moraliste, que philosophe trouvera jamais
plus de créance, et laissera des impressions plus
durables qo'un condamné forcé et aux abois, con
fessant, détestant soo crime b la face de la terre,
qui le repoosse, et du ciel, qui le fondroie; dénon
çant la cupidité, la soif de l'or, qui l'ont précipité
dans quelque désert éloigné que le crime puisse
aller accomplir sou ceavre, Diea s'y trouvera
toujours avant lui, et sera Ib b l'attendre, b l'épier,
témoin inaperçu de ce qne le reste do monde ignore
voyant tout, n'oubliant rien, plus tard dénonciateur
inexorable, et eofio joge terrible et sans merci.
Cinquante ans environ après cette scène, il y
avait longtemps que Laurent Bigot n'était plus.
Etneric lui avait succédé puis était devenu président
b Mortier. Son ami Etienne Pasqoier était no noble
et vénérable vieillard, an grand savoir, aox che
veux blancs. Composant alors ses curieuses Re
cherches sur la France, et voulant mtjoirer,
disait-il, comme Dieu quelquefois peimef que les
crimes soient avérés, lorsque les juges pensent être
le plus éloignés de la preuve, il n'avait garde
d'ooblier le fait presque miraculeux dont il avait
été témoin dans sa jeunesse; il le raconta, et c'est
d'après lui que uous avons écrit.