D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
52,ne Année.
Mercredi 9 Septembre 1868.
No 5,315.
REVUE POLITIQUE.
A propos du passage de lord Stanley
Paris, on disait, que l'entrevue du chef du
Foreign Office avec le ministre des affaires
étrangères de France avait, au point de vue
du maintien de la paix, une importance
toute particulière.et ajoutait que les bonnes
relations de la France et de l'Angleterre,
constituent une des chances les plus sé
rieuses pour la préservation du repos de
l'Europemenacé par tant d'influences
contraires. Les impressions qu'apportent
les journaux de Paris viennent l'appui de
cette appréciation. La France et VEtendard
s'accordent affirmer que dans leur ré. t
cente entrevue, M. de Moustier et lord
Stanley ont échangé les assurances les plus
satisfaisantes sur toutes les questions.
La presse gouvernementale de Berlin
fournit, elle aussi, son contingent d'assu
rances pacifiques. La Gazette de la Croix
parle d'nn entrelien que l'Empereur aurait
eu tout récemment avec M. de Moustier, et
dans lequel Sa Majesté aurait de nouveau
manifesté sa ferme résolution de mainte*
nir les bonnes relations entre la France et
toutes les puissances. On assure, ajoute
le correspondant de la Gazette, que l'Em
pereur se serait en même temps prononcé
contre toute espèce de langage provocant
de la part de la presse gouvernementale.
En opposition ce travail d'épaisement,
nous devons meniionner les menées de la
Révolution en Italie et les efforts persistants
de la propagande russe dans certaines pro
vinces de l'Autriche et de la Turquie.
La réunion des députés italiens de l'ex
trême gauche qui va avoir lieu Naples a
fait connaître son programme. Il s'agit de
proposer de graves modifications au statut,
de réclamer, entre autres, l'application du
suffrage universel. Si avancé que soit ce
programme, il ne contient pas toute la
vérité, il n'est même qu'un masquecacbant
tout un plan politique absolument révolu
tionnaire.
UNE DÉESSE.
On assure que le comte Goluchowski,
gouverneur de la Galicie, vient d'envoyer
un rapport des plus détaillés au ministre
de l'intérieur Vienne, dénonçant les intri
gues, russes qui exercent leur influence''
dans cette province l'aide de sommes
considérables, dépensées pour soulever la'
Pologne autrichienne et lui faire épouser
la cause des Tchèques ou des Slaves On a
tout lieu d'espérer que la vigilance des au
torités autrichiennes et plus encore le bon
esprit des populations galiciennes feront
avorter sur ce point les menées des émis
saires russes; elles ne peuvent avoir d'au
tre but de desservir les véritables intérêts
de la Pologne au profil de l'autorité mos
covite. j.
Sur le Danube, la propagande panslaviste
paraît également frappée d'-i m puissance.
L'énergique répression par les autorités
ottomanes du dernier mouvement bulgare
a produit un excellent effet moral.
De graves désordres ont éclaté samedi
Manchester, lasuite d'un discoursdel'agi-
tateur Murphy, qui, après avoir été arrêté,
avait été remis en liberté sans caution.
Murphy est, on se le rappelle, un fanatique
dont les harangues dirigéesprincipalement
contre les Irlandais catholiques, ont déjà,
sur plusieurs points, provoqué de regret
tables conflits. Six mille personnes ont
pris part la mêlée, dans laquelle on s^est'
battu coups de pierre et coup de bâton.
Il y a eu de nombreux blessés. Les dé
sordres ont recommencé le lendemain,
mais le silence du télégraphe nous auto
rise penser qu'ils n'ont pas eu la même
gravité. De nombreuses arrestations ont
eu lieu.
Les renseignements que nous recevons sur
Cétat de Caugusle héritier du trône sont des
plus affligeants. Son Altesse Royale a reçu
hier matin huit heures et demiedans les
sentiments de la plus touchante piété, les der
niers sacrements de C Eglise. Il ne faut plus en
douter, nous touchons au dénoûmenl fatalet
A moi
la Belgique'va avoir pleurer C illustre et
royal rejeton en qui elle avait placé ses plus
chères espérances. Cette perte sera une grande
et dbuloUreuse épreuve pour nous. Le pays
tout entier s'associera l'affliction profonde
du Boi et de la Beine. La douleur est grande
au palais et' les larmes qu'y répandent nos
jeunes et bien aimés sàuverains touchent pro
fondément tous ceux qui sont Belges de
cœur et d'âme et qui comprennent le double
caractère'4u coup qui va malheureusement
frapper LéopoM II comme père et comme roi.
La Heine été admirable de dévouement; elle
est durement"atteinte dans sa tendresse de
mèreet tous les cœurs comprendront ses
angoisses.
Voici le dernier bulletin officiel de la
santé du jeune héritier de la couronne
Les termes de ce bulletin nous enlèvent tout
espoir la situation du prince est considérée
comme désespérée par les médecins depuis
plus de huit jours déjà.
Le correspondant bruxellois de la Meuse
écrit ce journal sous la date du 4 sep
tembre, au sujet de la maladie du jeune
prince i
L'état de santé du prince royal est
absolument confonde ce que nôtis ap
prennent les bulletins quotidiens du Moni
teur. L'étal général du malade ne se modi
fie pas, même de supporter longsteraps
les cruelles souffrances qti'il éprouve. La
famille royale est plongée dans la plus
profonde affliction. La Reine est atteinte
d'une affection rhumatismale pour laquelle
on lui avait ordonné le séjotir de Spa, si
tristement interrompu par le retour im-
j prévu de son fils des bains d'Ostende. En
quittant cette ville, le prince a traversé la
digue pied, saluant tout le monde sur
son passage. Son départ a vivement ému
la foule. Le Roi désirait que l'enfant quittât
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
(Suite. Voir notre dernier numéro
Êtiennette était an châteao; le fermier,redoutant
les remontrances de sa femme, se garda bien de
prendre son atis, mais il se plaignit des visites
quotidiennes qu'elle faisait, avec sa fille, Mϡ de
Pavy, assurant qu'il en arriverait malheur tôt nu
tard, et qu'il était ridicule de comprnmetlre, par
des étouideries, sa réputation de civisme et de
vertu démagogique.
La bonne femme Guiraud était en train de re
lever vertement ces bypnerites impertinences,
lorsqu'Êtiennette entra dans la ferme. La jeune
fille avait le cœur joyeux, elle venait de voir son
fiancé, et elle refoulait dans son coeur les amou
reuses paroles et les oobles pensées qu'elle rappor-
tait de soo doux enlretieo.
Guiraud prit sa fille par on btas et la conduisit
dans le verger. Là, tout en se promenant de long
en large, le fervent patriote commença par exposer
qu'il devenait saspect ses collègues de la munici-
palilé, qu'il ne tarderait pas perdre toute sou in
fluence, et que de la suspicion l'échafaud il o'y
avait pas loin.
Êtieanette tressaillit; sa pensée s'envola vers le
châteao, et se livrant ses terreurs, puissarnmeut
émue par le daoger qui menaçait et son fiaocé, et
sou père et ses bienfaiteurs, elle demanda s'il n'y
avait aucun moyeo de le conjurer.
Tu sais bien, ma chère petite, que je te con
sulte eo tout et pour tout; je ne saiavien faire sans
tes conseils, et c'est pour les avoir, ces conseils,
que j'ai voulu causer avec toi aujourd'hui. Oui,
je sais uo moyeu de tout remettre en place.
Parle vite.
Et tu seras bien heureuse quand tu sauras
que je.te devrai mon salut.
A toi seule.
Quefant-il faire, me voilà prèle,
Bieo sûr?
A moins qu'il ne faille offenser Dien.
Hou»! fit Guiraud, c'est justement là que le
bât,me b'esse.,. Après tout, offenser Dieu n'est
pas le mot, car Dieu lit dans uos cœurs et pénètre
nos intentions.
Palais de Lat-ken, 8 septembre.
La journée d'hier et la nuit ont été mauvaises.
Dr Wimmer; Dr Henriette.
\-
Sainte Vierge! de quoi s'agil-il donc?
Ta sais, ma mignonne, que je suis assez bien
chrétien, quoique, par ruse, j'aie peu pairiqaé nia
religion depuis près de trois ans... ta sais cela...
eh bien, ne voilà-1 - il pas que les jaloux, les en
vieux dont je suis enveloppé, ool cru ro'eubarras
ser bien fort en me demandant de te faire figoter
dans la cérémonie du 5o flloréal.
Quelle est cette cérémonie?
Une bamboche, one vraie bamboche; tu
t'habilleras tout en blanc, to le coifferas d'un bon
net écarlate semé d'étoiles d'or, tu seras superbe
de la tête anx pieds, cotntne toujours; on le mettra
sur un brancard, on te promènera par les rues, puis
on t'asseoira sur l'autel de l'église Saint-Nicolas.
Sur l'autel! on m'assoiera sur l'autel!
Pardienne! un diôle d'autel; est-ce que
notre pauvre église est encore la maison du Lou
Dieu, par hasard? est-ce que tous ces butors n'eu
ool pas fait un temple de là Raison? Bref, quand
tu seras sur l'autel, les nigauds de la commune
viendrons te faire la révérence, car tu seras pnor
eux, pendant tout un jour, la déesse rie la Raison...
et on nous laissera la paix jusqu'à l'an prochain.
Tu vois, ma poulette, que tout ça n'est pas bieu