D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
52ine Année.
A0 5,318.
REVUE POLITIQUE.
Nous recèvons de Rome de nouveaux
détails éur les pëdjélÂ'de bouleversement
que la Révolution médite en Italie. Le ma
chiavélisme des sèctes enrôlées sous la
banrlière mazzinienne a si soigneusement
pris ses dispositions, qu'utiè nouvelle alla-
que contre Rome est aujourd'hui toute
préparée ét qè'eh n'attend plus que le si
gnal pouréfitrer ;en campagne. Déclarer
souveraine l'autorité des municipalités,
nommer desdélégatidns'commfunales char
gées 'd'envoyer des députés l'Assemblée
constituante, tel serait le plan dont la dé-
magogieei» armes poursuivrait Tout d'abord
la réalisation. Aussitôt l'assemblée des dé
putés réunie, son premier soin serait dé
prononcer la déchéance du roi Victor Era-
manuel et de soulever ensuite dans toute
l'Italie unë espèce de croisade contre Rome
eu invitant les patriotes prendre part
la guerre sainte contre le Pape usurpateur!
Ce n'est pas tout le programme aurait
déjà reçu un commencement d'exécution.
Ainsi, les députés que les délégations com
munales auront envoyer l'Assemblée
sont choisis et désignes. On cite même les
noms des généraux italiens qui seront en
suite chargés par la Constituante de con
duire la croisade démagogique jusque
dans la ville Eternelle Tout est donc bien
prévu, bien arrêté, et si la révolution maz
zinienne n'est pas encore entrée en cam
pagne, c'est qu'elle attend que certaines
circonstances extérieures, qu'on devine,
viennent favoriser ses opérations. Heureu
sement, la vigilance du gouvernement ro
main a su se mettre l'abri de toute sur
prise. L'armée dévouée du Saint-Père est
prête marcher au premier signal, et elle
est en mesure dé tenir tête l'ennemi
beaucoup plus longtemps qu'il ne faut
pour permettre aux secours étrangers d'ar
river. La Révolution italieuue, malgré tou
tes ses précautions, court aù devant d'un
UNE DÉESSE.
dénouement qui sera, on peut l'espérer, dé
finitif, surtout si les puissancesprotectrices
du Saint-Siège déploient l'éBergie qu'on
est en droit d'attendre d'elles. Il faut en
finir nne bonne fois avec les violences de
la démagogie et avec les conspirations de
l'unitarisme.
On remarque que le Moniteur français
n'a fait aucune mention des paroles récem
ment prononcées K iel par le roi de Prusse.
En Angleterre, les journaux se montrent
très rassurés sur les dispositions de la
Prusse. Le discours du roi Guillaume est
considéré par eux comme un témoignage
irrécusable des tendances pacifiques de
cette puissance.
La Diète de Croatie a approuvé le com
promis avec la Hongrie, tel qu'il avait été
proposé par la commission. Les deux ques
tions territoriales n'ont pas été réglées
selon le désir du parti lillracroale la ville
de Fiume, qu'il convoitait, reste partie
intégrante de la Hongrie; quant la Dal-
inatie,elle ressort directement au ministère
cisleithan, et ni la Diète de Hongrie ni celle
de Croatie n'ont le droit de statuer sur cette
province.
En revanche, les concessions les plus
larges ont été faites l'autonomie adminis
trative et judiciaire de la Croatie, de même
u'à l'usage officiel de la Iftngue croate. Un
roate fera partie du ministère hongrois
et le gouverneur ou ban de Croatie sera
nommé par l'Empereur, sur la proposition
du ministère hongrois.
Tel est, en résumé, cet arrangement qui
met fin au conflit engagé depuis 1848 entre
la Croatie et la Hongrie.
Les Etats Unis ont leurs misères comme
nos vieux Etats d'Europe; les querelles se
perpétuentetpour avoir un caractère
moins général, n'en sont pas moins grosses
d'inquiétudes et de menaces pour l'avenir.
LeSud, vaincu et ruiné, refuse d'accepter
en tous points la volonté du vainqueur. Sa
résistance se traduit en refus de payer
l'impôt. Les choses en sont venues tel
point que le général Scbofield a réclamé le
concours des troupes pour soutenir les
collecteurs, qui reçoivent plus de coups de
fusil que de dollars. L'irritation des anciens
planteurs ruinés est si grande, on leur a
fait par la législation nouvelle une position
si douloureuseque la résistance va sans
doute se développer parallèlement aux
moyens de répression Ce ne sera pas la
guerre, mais ce sera une lutte sanglante
dans laquelle un troisième élément, les nè
gres. ne pourra manquer de prendre part.
Si les blancs sont irrités et ruinésles
noirs sont humiliés et aigris. Certains
Etats, celui de Géorgie entre autres, refu
sent aux noirs l'accès aux fonctions publi
ques et politiques. Laconventionde Géorgie
vient de décider que les noirs ne seraient
pas éljgibles, et elle a immédiatement ex
pulsé ceux qui se trouvaient dans son sein.
Ces mesures soulèvent l'indignation des
gens de couleur intelligents, qui,, leur
tour, excitent leurs frères moins instruits,
et de graves désordres sont craindre.
Le Chili, qui est incontestablement le
pays le plus prospère et le mieux adminis
tré de l'Amérique du Sud, vient d'annooeer
officiellement qu'une exposition d'agricul
ture laquelle on admettra les produits
étrangers sera ouverte Santiago le 1"
avril prochain. Elle a pour but d'encoura
ger la fabrication et l'introduction des
machines et ustensiles agricoles, ainsi que
de signaler les améliorations .récentes qui
se sont effectuées dans la culture des ter
res,le croisement des animaux domestiques
et dans toutes les questions qui intéressent
l'économie rurale.
Le dernier'bulletin'officiel de la santé
du jeune prince royal est ainsi conçu
Palais de Laeken, 18 septembre.
Dr Wimmeb; D* Henriette.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
(Suite. Voir notre dernier numéro
V
Le 5o floréal, de grand malin, noé babde de
fer» en s démagogues partit du village de Saint-
Pierre, escortant an vieux carrosse confisqué a
quelques geotillâire deseovirons; le citoyen maire
était dans cette voitore entre ses deux adjoints, et
il oIf)ait h H>vs féfcards tfn Visage ràyoBMnt.
Sa large face s'épanouissait é'brgneil fil de joite.
Des fifres, des Tambourins et des musettes précé
daient cet étrange cortège, et chaqoe patriote en
sabots portait h I» boutonnière de sa carmagdoie
des-nœuds de rubans triéolores, et des bouquets de
fleurs.
Les mosiciens, le carrosse et ses flauqueurs arri
vèrent la ferme des Moulins en faisant résonner
un bruit discordant d'aigre symphonie, de ferraille
et de chansons demi-patriotiques et bachiqoes.
Et dans la chambre de M™ Goiraod, la ferme,
2'\èlle scène La comtesse, la pauvre fermière et sa
Ile étaient réunies: ta comtesse et la mère Guiraud
étaient eu deuil, èt portaient des jùbes de lAÎde
gfô'sltttfé; ÊHéitilsTte était'pàtée'tPtiDeltfnfyde
blanche qui faisait ressortir la grâce de sa taille et
les perfections de son buste. Uo cercle d'acier semé
d'étoiles d'aznr enveloppait son front que couron
nait le bonnet phrygien de veloors écarlates et la
cocarde de l'indivisible République un bouquet
de'fleurs ornait Sa ceinture, et sur le fin lissa de sa
Î^iipe éblouissante, on voyait brodés en fils d'or, ét
e'ttian^le ég'alitaire et la devise mensongère des
fondateurs du désordre.
Mais tout Ce clinquant, ces habits de fête,
seyaient motos bien h ta malbenreose jeune fille
qaé Sarobe de bure,'Sou' fichu, sa ni an le capuchon-
née, ses petits sabois légers. Ce n'était plus Étien-
netle, belle de fraîcheur, de sauté robuste et dn
candide vermillon qu'on met badin faisait monter
<h ses joues.; ce n'était plus Étieonette dont le re
gard pudique imposait le respect aux passants
qu'elle rencontrait dans les sentiers de la vallée;
ce n'était plus la jeune fille alerte et, joyeuse qui
chantonnait des tondeaux champêtres en se ren
dant au village; ce n'était plus la timide rêveuse
qui se répétait les doux propos de son honnête
fiatteé. Hélas! Etieonette allait monter sur le pa
vois des athées de Saint-Pierre, pour représenter
la déesse dela'Raison dans la grotesque satéfnale
du caleodrier réjSobfiCâin.
Malgré one mauvaise nuil, nous ne constatons
pas d'aggravation.
Tant que sa vie avait été seole exposée, Érien-
nette avait eu horreur de la proposition de son père,
elle avait préféré le dernier supplice h la lâcheté
d'oo sacrilège; mais Marcel était captif, sa tête
allait tomber, et pour la sauver celte lê'e chérie, la
paovre enfant s'était senti le conrage de s'htuni-
lier, quoique son humiliation dût la mettre au
tombeau! Elle s'était doue décidée, sa mère et la
comtesse de Pavy l'avaient soutenue dans sa réso
lution, et toutes deux avaieot pris le, deuil pour
parer la fiancée de Marcel de la blanche innique,
ornement des victimes païennes marchant au sacri
fice.
Étiennette,depuis!a nuit de l'incendie du château
avait toujours eu la fièvre; son visage était pâJe et
mélancolique, ses yeux brillants reflétaient de sinis
très éclairs, sa pose était non-chalante, affaissée,
son beau corps frissonnait,et seslèvresniurmuraieni
sans cesse le nom de ce bien-aimé qu'elle sauvait
i'toùt prix. Lorsque le citoyen Guiraud arriva de
vant la ferme, il descendit de son cairosse et se
'rendit," avec ses adjbints, dans la salle où l'atten
dait'sa fille.
La Comtesse avait presse la tête d'Érieonetla sur
son coeur, et aptes l'avoir exhortée i p endre cou
rage, elle s'éiaii déiobée h tous les regards.