D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 52me Année. Mercredi 23 Septembre 1868. I\o 5,319. RENEE POLITIQUE. UNE DÉESSE. Dr Wimmer; Dr Henriette. A celte vue, madame Guiraud s'élança comme nue hyène en furie, et, s'armant d'un couleau, elle s'écria LE PROPAGATEUR FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE. Il règne une grande confusion dans les nouvelles d'Espagne. Celle confusoin est due l'émission d'une foule de bruits plus ou moins exagérés que favorise l'inlerrnp- lion des lignes télégraphiques entra Madrid et Cadix. Celte dernière ville reste pour le moment le foyer principal sinon unique de l'insurrection. Les dernières nouvelles de Madrid sont d'ailleurs plus satisfaisantes. Les principales villes sont calmes et le mouvement ne s'étend pas; Cadix même, il n'avait pas gagné beaucoup de terrain, puisque la population résistait aux provocations de la marine. L'esprit des troupes est bon, et le gouvernement croit pouvoir compter sur leur fidélité. Les événements de Cadix ont précipité Madrid le changement ministériel an noncé depuis plusieurs jours et qui ne de vait s'effectuer qu'après le retour de la Heine. Le maréchal Concha, marquis de la Havane a pris les rênes du gouvernement en qualité du président du conseil, en remplacement de M. Gonzalez Bravo, dé missionnaire. C'est un homme d'une grande énergie, d'un dévouement éprouvé et qui exerce un grand ascendant sur l'ar mée. On a tout lieu d'espérer que la cause de l'ordre et du droit ne périclitera pas entre ses mains. Au retour de son excursion dans le Schleswig le roi de Prusse s'est arrêté Hambourg, où il a passé deux jours. Di manche, un banquet lui a été offert par la ville libre. On y a bu l'union de l'Alle magne, mais on a prudemment évité dans les toasts toute expression de nature éveiller des susceptibilités au dehors. On a même remarqué que le roi de Prusse a re- (Serre et fis. Voir notre dernier numéro.) Arrivée la maison commune, Étiennelte fut reçue avec de grands honneurs; des pétards forent lancés, des hymnes forent entonnés, et la déesse moota sur le pavois que huit sans culottes portèrent et promenèrent, sur leur épaules, b travers les rues tortoeuses de Saint-Pierre. Toute la population des champs, des bourgades, "des hameaux s'était rendue au village; les plus fous applaudissaient, les modérés se taisaient, les honnêtes gens s'attristaient; une bande d'enfants jetaieot des feuilles de roses sous les pas des por teurs de la divinité du jour. Ëtieonette était calme, immobile; son bean front De se courbait ni sous lahonte, ni sous la peur; mais son sein se déchirait, et son âme priait le Seigneur, le seul Dieu qu'elle reconnût, qu'elle adorât, le Dieu des chrétiens, le père do Christ et des hommes. Pendant cette longuejmarcbe triomphale, Éiien- nette eut constamment les yeux tournés vers le ciel, tant sa douleur avait besoio de consolation suprême, tant ses adorateurs lui faisaient pitié, tant elle craignait de rencontrer, parmi ces regards avides de curiosité, le regard de Marcel éponvaDté. porté sur les faits déjà accomplis toutes les falicitattons dont il était l'objet. Le lende main le monarque a visité la Bourseet là il a prononcé une allocution plus signi ficative encore dans le sens de la paix. Il a renouvelé les assurances pacifiques de son discours de Rielmais sans y mêler celle fois l'éloge de la puissance militaire et ma ritime de la Prusse. Ainsi revu et amendé, le langage de Guillaume Ier a du moins quelques chances de ne plus rencontrer chez les uns l'incrédulité, chez les autres les interprétations pessimistesqui ont, son grand regret, parait-il, méconnu ou dénaturé sa pensée. Une importante manifestation en faveur de l'indépendance des Etals du Sud de l'Allemagne vient d'avoir lieu Stuttgart, où s'étaient donné rendez vous les délégués du parti populaire germanique. Conformé ment aux propositions de sa commission, la réunion a approuvé le programme Ja- coby, comprenant les bases suivantes: principe démoncratique gouvernement autonome des différentes parties de l'Alle magne. unité de l'Allemagne par la liberté, confédération entre l'Autriche et l'Alle magne; enfinsolidarité étroite et indivisi ble entre les questions politiques et les questions sociales. L'assemblée a adhéré en même temps au programme voté par les réunions ouvrières de Nuremberg. La session législative a été ouverte hier en Hollande. Le discours prononcé cette occasion par le Roi contient un programme de politique intérieure et se borne, en ce qui concerne les affaires étrangères, ré péter, selon la formule consacrée, que les relations du royaume avec les autres Etats ne laissent rien désirer. Aucune allusion n'est faite au différend soulevé par la Prusse au sujet de la navigation du Rhin. Madame Goiraud fendait partout la foule, se trouvait au coin de tous les carrefours; elle ue voulait pas perdre de vue uu seul inslaDt sa fille, car elle s'attendait la voir défaillir, et voulait qu'elle ne totnt>âi que dans ses bras. Après deux heures de promenades, de stations et de simagrées ridicules, le corte'ge se rendit au temple payeo, et la déesse fut placée sur l'autel. Lorsqn'Éiiennetie se vit assise sur cette table sacrée, elle porta la main b son front, qui lui sembla prêt éclater. C'était dans cette vieille église, vouée b Saiol Nicolas, que la jeune fille avait accompli ses plus précieuses dévotions;c'était aux pieds de cet autel véoéré, redouté, qu'elle avait fait sa première communion, reçu le pain qui avait nourri son âme, et juré uue fidélité chré tienne au rédempteur du moude. Étiennette poussa un grand cri et chancela sur son trépied; ses joues s'animèrent, son regard lança des flammes, et elle déchira tout a coup ses vête ments. Les patriotes présents b celte scène terrible, crureut au scandale et murmurèrent. Ou voulut se rendre maître de la jeuoe fille; on voulut la conte nir, la sermonner... soins perdus! La déesse de la Raison était folle La voix seule de sa mère pouvait la calmer. VI. Trois jours après la fête du 5o floréal, Étien- nette, toujours eo démence, se mourait la ferme En revanche, le programme de politique intérieure est très-explicite; le gouverne ment compte sur le concours de la légis lature pour la réalisation de diverses me sures dont les principales sont l'abolition des dîmes qui existent encore dans quel ques provinces; la supression de l'impôt du timbre sur les journaux, et enfin l'a chèvement des grands travaux d'utilité publique en voie d'exécution. Le ministère espère pouvoir mettre exécution ces projets sans que l'équilibre du budget en soit compromis Les attentats contre les personnes et contre les propriétés se sont tellement multipliés en Italie dansces derniers temps, que le gouvernement doit recourir des moyens extraordinaires pour maintenir dans certaines provinces un semblait! d'or dre public. Nous avons toujours peu de nouvelles directes d'Espagne. Un télégramme officiel confirme que le soulèvement commencé Cadix ne s'est pas étendu dans l'intérieur du royaume au delà de Séville. Sur le littoral, les dépar tements maritimes de Ferrol et de Cartha- gène sont restés fidèles au gouvernement. L'insurrection serait donc confinée dans l'Andalousie, où le marquis de Novaliches a été envoyé pour la combattre. Le dernier bulletin officiel de la santé du jeune prince royal est ainsi conçu Palais de Laekeo, 22 septembre. Le prince a peu reposé la nuit. M. le comte de Comminges-Guitaud a remis, le 12 de ce mois, au roi Léopold, les lettres qui mettent fin sa mission. des Moulins. Aulourde sou lii, la fermière Guiraud et la comtesse fondaieot en larmes. La porte de la chambre s'ouvrit, et le maire de Saint- Pierre se présenta sur le seuil. Un pas de plus, et tu es mort... Regarde, et va-t-enI J'amène Marcel, répondit le fermier, je veux que mon enfaot me pardonne. Ton enfaot! malheureux! tu n'as jamais mérité d'en avoir... Mais tu sonflfres, o'est-ce pas? Le remords commence b te mordre le cœur... Eh! bien arrive dore... va voir ta fille et que ton châ timent commence! Goiraud se retourna, fit un signe b Marcel qui se jeta dans les bras de la fermière en pleurant, et la quitta pour venir s'agenouiller auprès d'Etien- Dette. La jeone fille regarda autour d'elle avec indif férence; puis ses yeux, déjà voilés, ayaut rencon tré le visage de Marcel, elle sembla sortir d'un long rêve, balbutia quelques mots, s'efforça de tendre la maiu b son fiaocé, qui se précipita sur cette main chérie pour la couvrir de larmes et de baisers. Puis, souriaul autour d'elle avec uue grâce qui lui veuait d'en haut, l'adorable enfant reuJit son âme aux anges avec un faible soupir.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1868 | | pagina 1