Il y avait avant-hier, 10 décembre, F trois ans que Léopold I", roi des Belges, est mort Laeken. Le duc de Norfolk le premier des pairs d'Angleterre atteint sa majorité le 16 de ce mois Descendant d'une famille catholique, il salue cet événement par un don de 1.250:000 francs destinés l'érec tion d'une église. (Figaro) Un Anglais nommé Normandy vient de découvrir un procédé facile- pour con vertir l'eau de mer en eau potable. La ma chine imaginée dans ce but fonctionne déjà Malte et donne 68,000 litres par jour; une seconde fournit la garnison d'Aden 130.000 litres d'eau de mer changée en eau tout fait propre la cujsson et d'un goût semblable celle des rivières et des sources. Suivant Yltaliade Naples» le Vésuve n'inspire plus, déjà depuis quelques jours aucune crainte aux populations, qui se pressent avec une singulière obstination autour de ses flancs. L'éruption paraît être peu près terminée. Nous empruntons les lignes suivantes au Journal de Cantane du 24 novembre: Hier au soir, après quelques détonations le cratère de l'Etna a vomi des flammes au milieu des nuages de fumée. Ce specta cle était beau voir* et la population de la ville se pressait dans les endroits où l'on aperçoit le sommet du volcan. Depuis lors, l'éruption a continué. Dans l'après midi du 23 novembre dernier, quinze brigands se sont présentés, armés de fusils, la ferme de M. Vincenzo Conte, propriétaire, de San Angelo, Cu- pola (Benévent). Les malfaiteurs, après s'être emparés de tout ce qu'ils ont trouvé d'objets et d'argent, y compris trois quintaux de ta bac en feuilles, ont fait prisonnier M. Conte et l'ont emmené dans la direction d'Avel- lino. Nous n'avons pas d'autre détails. (liai.) Le Mercure, de Québec (bas Canada), publie un fait qui excitera certainement, s'il est exact, une légitime curiosité dans le monde scientifique, Suivant ce journalun nommé Ames Broughton mourut il y a six ans dans le comté de Magne. Dernièrement, sa famille voulut le faire exhumer, pour transporter ses restes auprès de la résidence actuelle de ses parents. Le tombeau fut ouvert on trouva le cercueil, mais il fut impossible de le soulever. On enleva le couvercle, et on vit avec étonnement que le cadavre était complètement pétrifié. Sous une lé gère couche de poussière, il se présentait blanc et dur comme du marbre, sans au cune trace de décomposition. Lorsque M. Broughton mourut, il pesait environ deux cents livres; son cadavre pétrifié n'en pèse pas moins de huit cents. FRANGE. L'Union publie la lettre suivante que M. Berryer mourant a adressée M. le comte de Chambord O Monseigneur, O mon roi, on me dit que je touche ma dernière heure. Je meurs avec la dou leur de n'avoir pas vu le triomphe de vos droits héréditaires, consacrant l'établisse ment et le développement des libertés dont notre patrie a besoin. Je porte ces vœux au Ciel pour Votre Majestépour Sa Ma jesté la reine, pour notre chère France. Pour qu'ils soient moins indignes d'être exaucés par Dieu je quitte la vie armé de tous les secours de notre sainte religion. Adieu, sire, que Dieu vous protège et sauve la France! Votre dévoué et fidèle sujet, Berryer. 18 novembre. A la suite de l'intervention des cousais étrangers l'armistice de quarante-huit heures a été accordé aux insurgés de Cadix afin d'enterrer les morts el de faire sortir les femmes et les enfants. L'armistice ex pirera demain jeudi. Les insurgés sont au nombre de 3,000, y compris les forçats et les marins licenciés. Après l'expiration de l'armistice aura lieu une attaque simultanée avec la coopé ration des bâtiments de guerre. On compte sur un résultat certain et immédiat. Une affaire qui promet d'être fort inté ressante sera appelée samedi la première cbambre. Un notaire de Paris poursuit, contre un ricbe amateur d'autographes, la restitution de minutes appartenant son étude et dé robées l'un de ses prédécesseurs dans des circonstances bizarres que les débats révéleront II s'agit de pièces d'une valeur exceptionnelle, parmi lesquelles nous ci terons le testament olographe de la reine Anne d'Autriche, un étal de ses bijoux, uo inventaire de son mobilier, l'acte départagé entre Louis XIV et Monsieur, les testaments des peintres Rigaud el Mignard, etc. Le détenteur de ces actes les mettait en vente, lorsque le notaire, prévenu par le catalogue, les arrêta tous net entre ses mains et les fit mettre sous séquestre. Un accident affreux vient d'avoir lieu Dunkerque. Jeudivers neuf heures du soir, au moment où les préposés de l'écluse levaient les vannes du bassin des Cbasses, les portes, qui sont crapandine, cédèrent une pression de 6 7 mètres d'eau (forte marée), se soulevèrent et sortirent de leurs gonds. L'un de ces malheureux le nommé Vanypre, fut précipité dans le tourbilloa pour ne plus reparaître. Le second se tint accroché aux ferrures; lorsqu'on lui porta secours, il était presque évanoui et allait tomber dans 1e vide sur lequel il était sus pendu. (Mémorial de Lille.) M. Conte étant un petit vieillard de soi xante-dix ans, faible et un peu souffrant, ils l'ont fait monter sur un âne. Son domes tique Pasquale Covielloforcé de suivre son maître, fut renvoyé pour demander M"* Conte une rançon de 51,000 fr. Les Huîtres. Aujourd'hui qoe l'on cherche partout dans l'histoire des héros et des sages pour leur élever une statoe, car bientôt chaque commune aura la sienne, je ne désespère pas de oir les gourmands asseoir sur un piédestal l'effigie de celoi qui osa le premier avaler une huître, et qui. après l'avoir avalée, ne craignit pas d'en con venir. Il fallait de l'abnégatiou et du courage, bieo des fois les lèvres devant se contracter devaot ce pro duit informe des eaux de la mer; bien des fois, les deuts hésitèrent avant de presser cette matière molle et gluante, d'une appareoce si uaoséabonde, et quaud oo eo eut hasardé l'essai, peut-être o'eo fallut-il pas moins de courage ni moins d'abnéga tion pour le recommencer. Déjà, soos les Romains, l'habitude de manger des huîtres, et de les manger profusion, était très- répandue parmi les-geos riches, lis allaient passer un quartier d'automne ou d'hiver dans quelque ville de la côte de Bayes, on ils se régalaient d'huîtres de Circei, les plus renommées d'alors. Je ne pense pas oéanmoios que les anciens aient porté leor consommation aussi loin que des moder nes, car Jovénal, parlant des excentriciiéscnlioaires de ceux qui sont condamnés b une mort certaine, indique le chiffre de cent huîtres comme l'extrême limite qu'ils atteignent, ost-eacenlum Gaurana.» Il est vrai qu'aux huîtres d'Ostende oo préférait les grosses huîtres de Lutrin et celles de la mer d'Aquitaine, rivales des huîtres de Bayes. Nos an cêtres les Gaulois estimaient singulièrement leurs huîtres indigènes, parce qu'entraînées du fond de la mer dans djes étangs d'eau douce, elles s'y en graissaient et prenaient noe saveur des plus dé licates. La plupart des huîtres jadis en réputation se sont presque toutes perdues, notamment les huî tres bordelaises, appelées depuishuîtresdeGravète; mais d'autres produits analogues les remplacent, et jamais les aociens n'ont poussé, j'imagine, aussi loio que les modernes, aussi loin surtout que M. Coste, l'art de les multiplier. L'huître est bermapbodri'e et vivipare, c'est-b- dire qu'elle engendre des petits tout formés. Au printemps elle jette on frai qui ressemble b nne goutte de suif, et dans lequel on distingue, avec la loupe, d'ionombrables petites huîtres qui s'atta chent aux rochers, aux pierres, et qui même s'ag glomèrent entre elles. Uoe huître prodoit souvent denx millions de petits. La génération de cet animal commence vers le mois d'avril el se termine vers la fin du mois d'août. La diction populaire, qui proscrit l'hoître pendant tons les mois de l'année dont le nom ne conlieut pas la lettre R, maijuinjuillet août, se trouve conséqnerument, comme tant d'autres pro verbes, pleine de logique et de prodence. Eo effet, pendant sa gestation, l'huître est coriace, maigre, peu agréable, malsaine son frai ne se digère pas bieo et détermine quelquefois des nausées, des crampes d'estomac, des coliqoes. L'buîlre fournit-elle no aliment nourrissant? M. Payen affirme qoe oui M. Valei cienoes jure que non. M. Payen prétend que seize douzaines d'buîtres représentent les 5i5 grammes de substance azotée sèche, nécessaire b la nonrriture journalière d'un homme de taille moyenne. M. Valenciennesrépliqne que la matière charnoe des huîires renferme 8o b 85 centièmes d'eau, et qu'on ne peut la considérer dès lors comme nne matière alimentaire de premier ordre. M. Payen fait observer que les muscles du bœuf et des autres animaux de boucherie contiennent presque autant d'eau que les huîtres; il ajoute même que plusieurs nutritifs en renferment davan tage. M. Valeocieooes, croit pure supposition, qoe, sous l'influeoce du soc gastrique, les huîtres se contractent dans l'estomac, qu'elles y occupent dès lors peu de place.et qo'on peu s'expliqoer comment certaines persoones mangent, avant de dîner, jusqo'b soixante douzaines de ces animaux. Il a vu de ses yeux s'accomplir un exploit de ce genre, et il s'en doone Mais Baptiste cadet, qui dans notre jeunesse oons faisait tant rire b ce pauvre Théâtre-Français, oo l'on ne rit plus! ava lait, avec une facilité surprenante, ceot douzaines d'huîtresainsi que le faisait Crébillon fils. Autrefois, l'aristocratie, la finance, la magistra ture maogeaieot seules des huîtres. Depuis qoe cet usage s'est répaodo daos le peuple, les preux da Rocher-de-Cancale ont disparu, et l'on ne rencontre plus qu'amateurs b petit pied, qui absorbent une grosse ou bourriche, même deux grosses, mais qui ne vont guère au-delb. La grosse reoferne douze doozaine d'huîtres. Or, chaque douzaioe pesant environ cent grammes, poids marchand, voilb des estomacs vulgaires aux quels il est donné d'absorber, comme prélude, plus d'un kilogramme de parenchyme. Ne craigDez donc jamais, messieurs les gourmands, d'ingérer quelques douzaines de cet agréable et délicat crostacé. Les huîtres sont les meilleures troupes légères que vous puissiez mettre en avaur pour engager le combat gastrooomiqoe; ayez soin lootefois dfe les arroser sans relâche d'uo excellent vin blanc. Le cbâttlii, presque seul, était arrogé le droit d'accompagoer les huîrres sur nos tables, et je ne sais comment tant de palais délicats ont pu l'ac cueillir. ll-marqoe la place du grave, do mootra- chet, do pooilly, de l'ermitage blanc, du Champa gne frappé, et sortoot celle des vins du Rbin, les plus dignes chevaliers de l'huître d'Ostende, que nous prisons la meilleure des coolrées occidentales d'Europe. (Utilité.) finisio décembre.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1868 | | pagina 2