D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
52me Année.
Mercredi 30 Décembre 1868.
No 5,347.
RENTE POLITIQUE.
Les assurances réitérées qui sont venues
<le Berlin au sujet de la réunion d'une con
férence sont la veille de se traduire en
fait. D'après nne nouvelle dépêche de celte
ville, les renseignements de la télégraphie
privée sont confirmés par les journaux
ministériels et l'on a reçu Berlin l'invi
tation du gouvernement français informant
la Prusse que la première réunion de la
conférence aura lieu le 2 janvier Paris.
Un correspondant de la Gazelle de Turin
mande ce journal que le marquis de Bu-
neville, ambassadeur de France Rome, a
déclaré au cardinal Antonelli que l'arrivée
au ministère du marquis de La Valette ne
devait pas être interprétée dans un sens
hostile au gouvernement pontifical. La
politique des Tuileries n'aurait subi aucun
changement l'égard du Vatican. Nous
nous délions beaucoup, en général, des
nouvelles de Rome qui ont passé par Turin
ou par Florence cependant nous croyons
qu'on fait très bien de se persuader dans
celte dernière ville que la politique fran
çaise n'a subi et ne subira aucun change
ment relativement Rome.
Les journaux espagnols parlent d'une
prise d'armes du parti carliste comme
d'une éventualité de plus en plus immi
nente. En même temps les républicains
prétendent, contrairement ce qui a été
•dit et imprimé partout, avoir remporté la
victoire dans les élections municipales. M.
Emilio Castelar va même jusqu'à déclarer,
dans une lettre adressée une feuille de
Paris, que la république est moralement
faite La question importante pour les
républicains serait qu'elle le fût matériel
lement, et rien heureusement ne permet
d'assurer qu'il en soit ainsi.
S'il faut en croire le Epoca du 25 décem-
bre, les membres du gouvernement pro
visoire se seraient enfin mis d'accord sur
le choix d'un candidat au trône, et leur
CHATI!!IEUT ET REPENTIR.
choix est tombé sur une personne contre
laquelle on ne pourra élever aucune objec
tion sérieuse Il est vraiment regrettable
qu'on ne donne pas de détails sur ce can
didat mystérieux. Nous voyons que la can
didature du duc de Montpensier semble
gagner du terrain dans la presse madrilène
mais le correspondant du Constilulionnel
suspecte beaucoupl'originede ces réclames
et assure, au contraire, que ce prétendant
est peu près abandonné dans les régions
officielles. Le princedeCarignan, patronné
par Olozaga, serait, d'après ce correspon
dant, le candidat in pelio du gouvernement
provisoire.
Voici le dernier bulletin sur l'état de
santé du jeune prince royal
Par dispositions ministérielles du dépar
tement de la guerre
Le lieutenant-colonel L. Dusillion, du 6'
régiment d'artillerie est désigné pour
prendre le commandement titulaire du 2*
régiment d'artillerie;
Le lieutenant colonel E. Terssende
l'état major inspecteur des armes de
guerre, est désigné pour prendre le com
mandement titulaire du 6' régiment d'ar
tillerie;
Le sous-lieutenant F. Macburay, du 10e
de ligne, est désigné pour le 11* id.
Le sous-lieutenant A. Mngis, du 10" de
ligne, est désigné pour le régiment des
grenadiers
Le lieutenant L. Cierekens, de la division
de discipline, est désigné, sur sa demande,
pour passer au 10* régiment de ligne.
L'hiver, cette année, se fait beaucoup
attendre, on doit le reconnaître mais rien
ne nous autorise croire qu'il ne viendra
pas, et même qu'il ne sera pas rigoureux.
Sans pouvoir rien préjuger, et nous ne
croyons pas qu'aucun Mathieu... Laensberg
le puisse mieux que nous, nous avons
citer des exemples de froids tardifs qui ne
remontent pas aux années dernières.
En 1684, la gelée ne commença qu'à la
fin de janvier, mais elle sévit avec une telle
violence que, pendant plusieurs semaines,
on put se promener eu carosse sur la Seine
Paris, et qu'on y établit même, sur une
glace épaisse de trente-trois centimètres en
viron, nou-seulement une sorte de foire,
mais encore des guinguettes où on dansait.
Ce grand froid tardif s'est reproduit lors
que l'armée française envahit la Hollande
et que la cavalerie républicaine prit Içs
vaisseaux de ligne néerlandais. Enfin, en
1753. il ne commença geler Anvers
que le 24 février, mais en revanche le 15
mars on circulait encore, cheval et
pied, sur toute la surface de l'Escaut, com
me l'attestent les lignes suivantes gravées
au-dessus de l'axe des portes d'Anvers:
A la Saint-Thomas}, il n'y avait ni nei
ge ni glace; la mi-mars, on passait l'Es
caut pied et cheval.
Ces exemples ne prouvent pas que les
gelées seront rudes le mois prochain, pas
plus que les prophéties des astrologues
anciens ou modernes, mais ils ne prouvent
pas non plus que nous n'aurons pas d'hi
ver.
De mémoire d'homme, on ne se rap
pelle pas avoir vu le baromètre desceudre
aussi bas qu'il l'a été en Belgique depuis
huit jours (27 millimètres Ostende et 30
millimètres Bruxelles.)
On écrit d'Ostende, 24 décembre
a Ce matin onze heures, après tout une
matinée de pluie, le baromètre (Adie) est
tout coup descondu 27°57. Il y a bien
longtemps qu'on ne l'avait vu aussi bas.
C'était coup sûr un signe précurseur
de tempête. Aussi ce soir, vers sept heures,
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
(Suite et fin. Voir notre dernier numéro.)
Trois jours se passent, soo père faisait brûler
dans uoe de ses maisons les crois qu'il avait abat
tues, quand ces flammes sacrilèges mettent le feu a
la maison, et comme les habitants du village, qu'il
avait tous irrités par ses destructions impies, ne se
sont pas empressés tout de suite pour porter secours
l'iaceadfe se propagea et tout le quartier que le
prévôt avait bâti neuf et a grands frais fut la proie
des flammes, avec sa femme qu'on ne put sauver.
Et lui qo'est-il devenu? demandai je. Il fit
élever rapidement la coloune que vous avez vue, et
près de laquelle personne ne veut avoir sa tombe;
puis, comme il avait eniprooté beaocoup pour bâ
tir, et qu'il devait presque tout, on saisit ses terres
pour payer ses créanciers. Lui-même, accablé de
douleur, blessé b la maio ou an bras, disparut de
la contrée,et depuis on ne l'a plus revu an village.
Je passai quelques jours dans ce village, puis je
revins chez moi tout en regrettant de ne pas savoir
ce qu'était devenu l'ancien prévôt.
Palais deLaeken, 39 décembre.
La journée d'hier et la unit ont été boooes.
Dr Wimmer; Dr Henriette.
NOUVELLES DIVERSES.
Uo matin du mois d'octobre 1835, j'étais, selon
mon habitude, l'hôpital, où je faisais ma visite
journalière, quand dans la salle des hommes, j'a
perçus sur tin de ces grabats si blancs et si tristes
uo visage d'oDe pâleur épouvantable, et je me dis:
la mort frappe b celte porte. Je m'approchai du
vieillard étendu sur cette couche et je contemplai
d'un œil attentif ces traits amaigris et ridés par la
vieillesse autant que par les souffrances. Cet homme
paraissait conserver encore toute force d'esprit,
mais un œil exercé découvrait Ib uoe vie qui allait
doucement s'éteindre. Or il y avait quelque chose
dans ces traits qui me frappa: je les avais vus quel
que part et depuis de longues années. Comme mon
regard était fixe et attentif:
N'est-ce pas, mon bon Monsieur, me dit le
vieillard qui avait remarqué mon observation,
n'est-ce pas que je vais mourir? Mais vous pa
raissez eocore fort, et sans doute que la tête reste
bonne et saine, n'est ce pas? Oui la tête, mais
le corps est bieo faible. Quels remèdes vous a
donnés la sœur? Des remèdes? je n'en veux pas
prendre, je suis venu ici pour mourir en paix et
j'attends avec joie ce moment. Ici le vieillard
poussa un soupir si profond, il leva vers le Ciel
no regard si expressif qne j'eo fus ému moi-même
et que je me sentis de plus en plus attaché b ce lit
funèbre que j'allais cependant quitter pour termi
ner ma visite. Je restai donc, plus iotéressé encore
qa'auparavant par l'expression de cette douleur
muette et rencontrée. L'aumôuier arrivait.
A cette vue le malade porta lentement et avec
peine son bras amaigri b sa tête ponr se découvrir
et saluer le ministre de Dieu, et soudain b nos yeux
étonnés apparut an crâne blanchi que pas nn che
veux n'abritait, voulut couvrir la tête du vieillard
Non, Messieurs, nous dit-il, d'une voix solen
nelle et comme inspirée, en face de la mort, sur le
point de paraître devant Dieu, je dois reconnaître
et publier ses œuvres devant celui qu'il m'eo.nie
pour me préparer a cette dernière épreuve n Or,
je me retirais ne voulant pas {qu'un profane assis
tât des révélations que l'homme de Dien seul a
mission d'entendre, quand le vieillard me retint eri
me disant: a Restez, Monsieur, je vous prie, res
tez; et soyez un témoin de pins de mes crimes et
de mon repentir.
Puis il nous montra sa main droite qu'il avait
jusque-lb cachée dans uoe espèce de sac de cuir.
Les muscles eu avaient été mngés, et il ne restait