D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
52me AnnéeC*
Mercredi 12 Mai 1869.
No 5,385.
PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Le discours prononcé dimanche Char
tres par l'empereur des Français est tout
la fois une déclaration libérale et un appel
l'énergie des conservateurs. Il importait
Napoléon III de montrer qu'il ne regrette
pas la part plus grande qu'il a faite dans
ces derniers temps aux libertés publiques.
Sous ce rapport, son langage est très caté
gorique, très-net, et la phrase dans laquelle
le fondateur du second empire parle de
a l'œuvre inébranlable du suffrage univer
sel a cet accent de confiance et de réso
lution qui enlève toujours les applaudisse
ments des masses. Mais si l'altitude est
ferme et virile, nous la voudrions voir
appuyée sur des principes mieux définis,
et sous ce rapport nous trouvons que les
paroles d'il y a vingt ans auxquelles du
reste. Napoléon III se réfère, procédaient
d'une inspiration plus haute.
Je suis heureux, disait alors Louis-
Napoléon, qui n'était que président de la
république, je suis heureux de visiter celte
ville, qui rappelle deux grandes époques,
deux grands souvenirs de notre histoire.
C'est Chartres que Saint Bernard vint
prêcher la deuxième croisade, magnifique
idée du moyen âge, qui arracha la France
aux luttes intestines et éleva le culte de la
foi au dessus du culte des intérêts maté
riels. C'est aussi Chartres que fut sacré
Henri IV; c'est ici qu'il marqua le terme de
dix années de guerres civiles en venant
demander la religion de bénir le retour
la paix et la concorde.
Lh bien! aujourd'hui, c'est encore la
foi et la conciliation qu'il faut faire ap
pel la foi, qui nous soutient et nous
permet de supporter toutes les difficultés
du jour; la conciliation qui augmente
TNE .AVENTURE DE BAUDOUIN IX.
Ce qu'il y de beau tous la couronne,
c'est le pouvoir de faire des heureux.
Fobjot.
(Suite. Voir notre dernier numéro
Un paysan, qui venait de battre du blé dans une
grange voisine, déboocha par un pelit chemin de
traverse et accournl, en répéiant le cri d'alarme, au
secours de son souverain, qu'il était loin de soup
çonner là. Il n'avait d'autre arme que son fléau b
battre le blé. Mais autrefois, dans les mains des
manants, ce fat une arme terrible, qui décida du
sort de plusieurs grandes batailles. Le paysan, qui,
seloo la tradition se nommait Ély, eu joua si bien
sur la tête des brigands, pendant qoe Baudouin se
défendait comme uo lioo, que dans peo d'instants
deux des coope-jsrrets, fuient étendas demi-as-
somtnés sor la toute; les trois autres prirent la fuite.
Pour oe pas revenir ces misérables, nous diroos
sur-le-cbamp qoe les deox blessés ayaDt fait con
naître leurs camarades échappés,quand les gardiens
de la porte viment les relever les cinq coquins
furent pendus. B>odooio, se voyant délivré, remer
cia l'homme qui l'avait si bravement secouru et lui
demaoda sou nom.
Dès qu'il sot qu'Ély était on pauvre homme, qui
vivait modestement avec sa femmede l'humble pro
duit de son Itavail journalier, il lai porta intérêt.
nos forces et nous fait espérer un meilleur
avenir.
La discussion des budgets se continue
Florence en présence d'un ministère
démissionnaire, et la reconstitution du ca
binet paraît rencontrer plus de difficultés
qu'on n'en avait prévu. On commence
se demander dans les régions gouverne
mentales si l'union des permanenti avec la
majorité est autre chose qu'un rêve, et si
l'on ne trouvera pas un piège là où l'on
croyait trouver une force. Serait-il vrai
qu'en songeant se donner des alliés, M.
Menabrea se sçrail en réalité, imposé des
maîtres?
Nous apprenons par des lettres de Ber
lin du 6 mai que le roi de Prusse, qui doit
partir dans quelques jours pour le Hano
vre, a décidé qu'il ne serait, dans ce pays,
l'objet d'aucune réception officielle. Un
grand nombre de familles considérables
du pays ont quitté la ville de Hanovre parce
qu'elles ne veulent pas y rencontrer le Koi,
quidu reste ne fera pas un long séjour
dans cette ville. Il se propose exclusivement
d'inspecter les travaux que la Prusse fait
exécuter en Hanovre et dans la Hesse pour
la défenseéventuelle deces deux provinces.
M. O'Sullivan, maire de Cork et député
la Chambre des communes, est arrivé
dimanche soir Londres. On sait qu'il
doit répondre l'accusation portée contre
lui par l'attorney général de l'Irlande. In
sulte la magistrature, discours public
dans lequel il aurait essayé de justifier la
tentative d'assassinat commise par uo fe-
nian contre le prince Alfred, fils de la
reine Victoria, pendant son voyage en
Australie: telles sont, on s'en souvient,
les graves imputations formulées contre
ce magistrat.
Avant son départ de Cork une démon-
J'occupe uoe fonction a la Cour, dit-il; est-
ce que je ne pourrais pas vous être utile?
Car le Prince sentait que ce n'est point par
l'offrande d'one somme d'argent passagère qu'on
reconnaît uo grand service rendu.
"loot de mente, répondit Ëly, vous pourriez
m'obligersi vous avez crédit d'approcher mon
seigneur le Comte; et alors bienheureuse serait
l'occasion qui m'a fait venir a votre assistance!
qooiqoe pourtantajonta-t-ilce soit pare bonté
de votre part. On doit s'entr'aider comme chrétiens
je n'ai fait que mon devoir, messire; et assurément
si voqs m'eussiez vu dans la passe où vous étiez,
vous seriez venu aussi m'appuyer,
Oh! par la saiute Croix, certes! je l'aurais
fait, s'écria Baudouin.
Par la sainte Croix! dit en souriant doucement
Ely, c'est un beau serment. On voit bien qoe vous
êtes de la soite du seigneur comte de Flandre; car
c'est li soo juron.
Baodouin se mordit les lèvres; il ne voulait pas
encore se faire couoaître.
Cela doit vous eogager, reprit-il, b me con
fier ce qui peut vous reodre heureux. Je vous pro
mets de ne pas vous oablier.
Oh! J ai de l'ambilioo, dit le villageois eu
cheminant côté de son seigneur. Ce que je vous
demanderais est peut-être trop difficile.
Qui sait? dites toujours.
Je sortais Ib, messire, puisqu'il faat parler,
stralion a eu lieu en sa faveur. Plus de
10,000 personnes y ont pris part. Des dis
cours très-vifs ont été prononcés contre le
bill d'indignité soumis au Parlement;
mais l'ordre matériel n'a pas été troublé.
De son côté, le conseil municipal a formulé
une protestation dûment motivée contre
la mise en accusation de M. O'Sullivan. Ou
attend avec anxiété la décision de la Cham
bre des communes.
La Chambre des représentants a abordé
hier la discussion générale du projet de
loi relatif la milice.
ACTES OFFICIELS.
Par arrêté royal du 8 maiest nommé
notaire la résidence deZonnebeke, M. A.
Degrysecandidat notaire Wervicq, en
remplacement de M. Notebaert.
NÉCROLOGIE.
M. Daugimont, curé de Caneghem depuis
1861, y est subitement décédé mardi soir
l'âge de 51 ans.
Nous apprenons la mort du comte
A.-F.-J.-A, d'Hanins de Moerkerke, grand
écuyerde la maison du Roi, aide-de camp
de Sa Majesté, lieutenant général en re
traite, décoré de la croix de Fer et de la
croix coramémoralive, officier de l'ordre
de Léopoldgrand-cordon de plusieurs
ordres étrangers, etc., etc., décédé diman
che soir en son hôtel, rue Belliard,
Bruxelles, Quartier-Léopold.
Pendant sa maladie, et dans la journée
de dimanche encore, le comte d'Hanins de
Moerkerke avait eu la consolation de rece
voir la visite du Roi en personne.
NOUVELLES DIVERSES.
Onattend très prochainementladélivran-
ce de S. A. R. M"" la comtesse de Flandre.
jgBgH
d'une ferme qui a vingt-sept bonoiers. Depuis le
seigneur Baudouin Bras-de-Fer (gloire b lui et paix
h sod âme!), vous voyez qoe ça date de loin, cette
ferme appartient au domaine de monseigneur le
comte de Flandre. J'ai cinquante ans; il y en a
trente que j'y bats les blés et d'antres meDoes
graiues. C'est un beau bien! Je demanderais...
Mais c'est trop; et vous diriez que j'abose de votre
honnêteté.
Non, par le Sauveur! je ne dirai pas cela.
Parlez-moi avec confiance.
Par le Sauvenr mormotta Ëly, encore nn
juremeDt do seigneur Comte. C'est étonnant comme
les gens de la Cour prennent les bonnes habitodes!
J'acbeverai donc, messire, poursuivit-il tout haut;
mais vous oe tn'eo voudrez pas? Eh bien
je désirerais être, pour le reste de ma vie, de
toute ma vie, le fermier de la ferme où je ne
suis que le batteur en grange. Ça ue déplace per
sonne, puisque le dernier fermier est mort.
Mais ce n'est pas impossible, dit Baodouin.
Voos croyez?
Ëly s'arrêta, le cœur bondissant.
Veoez me voir demain.
Les deux compagnons étaient arrivés h la porte
da palais.
Où vons verrai-je? demanda Ély.
Ici, dans ce château.
Dans ce château
Dans ce château même.