Un grand malheur est arrivé sur le
lac de Constance dans la journée du 20.
La machine du bateau vapeur la Chute-
du Rhin, se rendant de Constance Schaf-
fouse, a sauté au sortir de la station de
Berlingen le bateau a immédiatement
sombré, et huit personnes sur trente ont
péri.
Le ministre de l'intérieur d'Italie a
reçu la dépêche suivante
Suse, 18 décembre. Une avalanche
entre la frontière et la Grand' Croix et les
neiges accumulées par la tourmente, n'ont
pas permis au train 103 du chemin de fer
Fell d'arriver hier Suse.
Quarante voyageurs ont fait le trajet en
traineaux depuis la frontière jusqu'à la
Grand'-Croix.
Le dernier courrier de Smyrne a
apporté le récit d'une épouvantable catas
trophe.
La ville d'Ouladans le district de Men-
téché (Turquie d'Asie), a disparu entiè
rement engloutie comme Herculanum ou
Pompéi après trois secousses de trem
blement de terre.
Les habitants avaient été prévenus, en
quelque sorte, de ce qui allait se passer par
des grondements sourds et alarmante,
bientôt suivis d'une première secousse...
Ce terrible avertissement leur était donné
mercredi dernier six heures du soir.
Éperdue de terreur, toute la population
s'enfuit vers les collines voisines, l'excep
tion de trois hommes, probablement rete
nus par la cupidité.
Les autres ont tous heureusement échap
pé la mort.
Le Journal officiel dit que M. Delangle
est mort cette nuit.
Les solennités de Noël Paris ont été
favorisées par un temps magnifique.
La messe de minuit a été célébrée, com
me de coutume, dans toutes les paroisses
de la capitale.
A la Madeleine, l'assistance était des plus
compactes; il a fallu l'intervention des ser
gents de ville et de la garde municipale
pour arrêter l'affluence des fidèles que la
vaste nef de l'église et les tribunes circu
laires avaient peine contenir.
C'est M. l'abbé Deguerry qui a officié
avant la communion quelques paroles
louchantes ont été adressées aux assistants
par le vénérable curé.
La foule était également considérable
Saint-Boch,à Saint-Eustache, la Trinité,
Saint-Germain l'Auxerrois, etc.
Jusqu'à deux heures du matin, les bou
levards et les principales rues de Paris ont
présenté un aspect des plus animés.
Mgr. le nonce a officié Saint-Thomas
d'Aquin, ou se trouvaient plusieurs mem
bres du corps diplomatique.
Dans la chapelle des Tuileries, la musi
que de la maison impériale a exécuté la
messe d'Adam l'office de la nuit, et divers
morceaux des grands maîtres aux offices
du jour. La chapelle était en partie occupée
par des sénateurs, des députés et leurs
familles.
L'Empereur, l'Impératrice et le prince
impérial étaient dans leur tribune, entourés
de tout le personnel de leur maison eu
uniforme.
Le dernier paquebot venant des États-
Unis a ramené en France lepère Hyacinthe.
Lundi dernier a eu lieu la rentrée du
cercle catholique rue Bonaparte sous la
présidence de Mgr. l'évêque de Parium. La
foule nombreuse des jeunes membres du
cercle, étudiants en droit et en médecine,
remplissait les magnifiques salons élevés
sur l'ancien emplacement du théâtre du
Luxembourg, dit Robino. M. Beluze, direc
teur du cercle dans une allocution très-
applaudie, a constaté le développement des
cercles catholiques dans les divers quartiers
de Paris; il y en a maintenant six, soit pour
les élèves des écoles, soit pour les membres
des diverses professions industrielles ou
commerciales.
Cent seize nouveaux membres ontété ad
mis cette année au cercle du Luxembourg.
Le R. P. Capiier, prieur de l'école Albert-
le-Grand, Arcueil,a prononcé un éloquent
discours.
On ne saurait comprendre, disent les
feuilles parisiennes, combien sont ardentes
et insistantes les sollicitations faites pour
obtenir des billets pour l'affaire Tropmann.
Les demandes s'élèvent plus de 13,000.
Les visites personnelles faites M. le procu-
reurgénéral elà M. le président sont innom
brables; le greffier a aussi son contingent
de solliciteurs.
Le président surtout aurait besoin de
plusieurs secrétaires pour ouvrir et lire les
lettres qui lui sont adressées; mais l'af
fluence est devenue telle, que ce magistrat
a dû refuser toute audience et barricader
sa porte pour résister aux assaillants.
Il évite ainsi l'envahissement de son do
micile mais il lui faut aller au palais
et pour gagner la rue, il est obligé de fen
dre le flot des solliciteurs, et surtout des
solliciteuses, qui encombre l'escalier, et va
se jeter au plus vile dans la voiture qui le
conduit au Palais de Justice il trouve sa
sortie de voiture, sur les marches qui con
duisent la salle des Pas Perdus, dans
l'escalier de la cour d'assises, de nouvelles
avalanches de solliciteurs qui prient, sup
plient pour obtenir un billet, un seul billet
pour l'affaire Tropmann. Le lendemain, les
mêmes scènes se reproduisent, et la per
sécution, qui n'a et ne peut avoir aucun
résultat, n'en continue pas moins.
Les ouvriers boulangers de Marseille
se sont mis en grève depuis le 22. Le Pho
céenen annonçant cette nouvelle ajoute
qu'ils demandent une augmentation qui
porterait leur salaire journalier 3 fr. 30.
Dans le cas où les patrons n'y consenti-
raient pas, ils se proposent, dit-on, de créer
des fours et débiter le pain un prix in
termédiaire entre celui de la boulangerie
générale et celui des boulangers de la ville.
Corps législatif. Election du président.
Votants, 250.
M. Schneider a obtenu 190 voix M. Le
roux en a obtenu 7 et M. Jérôme David
en a obtenu 2.
Il y a eu 23 bulletins blancs.
M. Schneider a été élu président.
Une foule immense encombre le pré
toire. Tropmann salue en entrant et s'ef
force de contenir une envie de rire.
L'accusé répond avec fermeté aux ques
tions du président. Il prétend avoir eu des
complices.
Dès le matin de bonne heure, les abords
du palais de justice étaient envahis par
une foule immense, avide d'assister aux
débats de ce drame retentissant.
A l'intérieur, avant l'entrée de la cour,
la salle d'audience trop étroite pour conte
nir tous les assistants qui s'y étouffaient,
présentait l'aspect le plus animé. Un grand
nombre de dames occupaient dans le pré
toire les places qui leur avaient été attri
buées par le président.
L'audience a été ouverte dix heures et
demie.
Après les formalités préliminaires, telles
que le tirage et la prestation de serment
du jury, M. le greffier Commerson a donné
lecture l'acte d'accusation.
Après celte lecture, qui a duré environ
une heure et demie, le président de la cour
d'assises M. Thévenin, s'adressant Trop
mann, lui a dit Voilà de quoi vous êtes
accusé, vous allez entendre les charges
qui seront produites contre vous.
M. Grandperret, procureur général, a
déclaré s en référer pour le moment l'acte
d'accusation.
FRANCE.
Pams 26 décembre.
2
On lii dans le Courrier du Bas-Rhin:
Ensisheim, lundi 20 décembre. Aujour
d'hui lundi, quatre heures du matin, on a extrait
de la maison d'arrêt de Colniar Jean-Ferdinand
Allmeyer, condamné mort pour assassinat commis
dans la maison centrale de force de notre ville. Le
jour de l'exécution était arrivé.
On lui servit une assiettée de soupe avant son
départ, mais l'ayaot trouvée trop chaude, Allmeyer,
avala on verre de vin blanc. Il monta ensuite en
voiture sans opposer la moindre difficulté. A côté
de lui prirent place deux gendarmes et M. l'abbé
Meyblum, aumônier des prisons de Colmar. La
voiture se mit en marche.
i> Allmeyer, les mains enchaînées, demeura
calme et silencieux. On s'anèta dans une auberge
Reguisheim, où M. l'abbé loi fit boire un second
verre devin blanc,et où Allmeyer demanda fomer
un cigare.
Des hommes, des femmes et des enfants de
Reguisheim couraient après la voiture, et lorsque
les gendarmes chassèrent les curieux, Altmeyer
leur dit Laissez-les me comtempler, ils pren
dront un exemple. Il ne cessait de reconnaître
son crime et de témoigner hautement son repentir.
Je sois venu au monde pour ce malheureux
sort disait-il au piètre et il ajouta qu'il ne de
mandait qu'a mourir, n'emportaut qu'un regret,
celui de ne pouvoir rendre la vie a sa victime.
Une brigade de gendarmerie cheval escor
tait la voiture. A huit heures moins un quart, elle
fit son entrée Ensisheim et s'arrêta devant l'hôtel
de ville, où stationnait une influence considérable
de personnes. L'échafaud était dressé sur la place
publiqne, devant la mairie et devant l'église. Les
gendarmes conduisirent Altmeyer dans la salle de
la mairie, où on lui servit un morceau de viande,
du pain et une chope de vin blanc.
Altmeyer mangea d'on bon appétit et vida sa
chope, en demandant chaque instant s'il était
bientôt neuf heures. Aptès le déjeuner, le prêtre
pria de nouveau avec lui et loi fit embrasser le
christ a plusieurs reptises. Altmeyer pleura chau
des larmes, de grosses gouttes perlaient sur son
front, et le prêtre lui même lui essuya la sueur du
visage.
Quelques minutes avant neuf heures, les
bourreaux se présentaient dans la salle. L'un d'eux
tira de sa poche des ciseaux et coupa a Altmeyer
le collet de sa chemise, en la lui déchirant en deux
pièces, et lui couvrit ensuite le dos avec une blouse
bleue. On lui attacha les maiùs sur le dos avec un
ceinturon en cuir. Au moment où le bourreau l'in
vita îi marcher, Altmeyer s'affaissa sans connais
sance aux pieds de l'abbé Meyblum. On le releva.
Il s'affaissa une seconde fois entre les deux bour
reaux. Ou le releva de nouveao, et Altmeyer, s'ar-
mant de courage, descendit l'escalier, marchant
entre les deux bourreaux d'un pas ferme vers le
pied de la guillotine. Lh il s'est mis de nouveau
genoux, priant et embrassant le christ une dernière
fois. Il monta seul l'escalier de l'échafaud, où les
bourreaux le lièrent aussitôt sur la planche. Uu
instant après, la tète était tombée.
On comptait environ six mille spetateurs ve
nus de tous les points du département pour voir
l'exécution.
n L'enterrement do corps d'Altmeyer a eu lieu
h onze heures do matin.
Paris, 28 décembre.
Paris, j8 décembre, 3 h, 08 soir.
Paris. 28 décembre