D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
53me Année.
Samedi 12 Mars 1870.
No 5,472.
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REVUE POLITIQUE.
fU tUR RTII
LE PROPAGATEUR
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FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
Le Corps législatif de Fraoce a terminé
mercredi le débat provoqué par l'interpel
lation de M. le comte Le Hon sur la situa
tion de l'Algérie. L'ordre du jour voté par
l'assemblée fait droit aux réclamations qui
se sont élevées contre le régime actuel et se
prononce pour la substitution d'un gouver
nement civil au gouvernement militaire.
M. Étoile Ollivier parlé incidemment
dans cette séance de I'attitt de du Sénat
vis-à-vis des projets de .réfo me du gou
vernement; il a émis l'espc r d'arriver,
avec l'assentiment du Sou ver n faire
disparaître de la Constitution s différents
points qui rentrent de droit d is les attri
butions du pouvoir législatif. Celte pro
messe a été très favorablement accueillie
par la Chambre. Elle ne peut que cimenter
celte union des centres, célébrée par M.
Ollivier dans le banquet politique qui a eu
lieu lundi dernier au Grand Hôtel.
On vient de distribuer au Corps législa
tif l'exposé des motifs et le texte du projet
de loi sur les conseils généraux et les con
seils d'arrondissement. Son principal objet
est d'investir ces assemblées du droit d'élire
leurs présidents vice^présidents et secré
taires. Une autre disposition les investit du
droit de faire elles mêmes leur règlement
d'ordre intérieur. C'est par de telles mesu
res, c'est par la.reconstitution des autono
mies la commune et au département que
la France entrera pratiquement dans la
voie de la décentralisation et donnera ses-
institutions la stabilité qui leur a jusqu'à
présent fait défaut.
On peut considérer comme peu près
terminée le travail de la commission
laquelle avait été confiée l'étude de l'orga
nisation municipale de Paris. Dans une
séance tenue mardi, elle a définitivement
ratifié la détermination précédemment
prise par elle, qui fixe soixante le nom-
bre des conseillers municipauxetdétermine
que sur ce nombre quarante seulement se
ront élus les autres devant être nommés
par le gouvernement. Les membres électifs
seront choisis par quartiers. Le renouvel
lement du conseil aura lieu par tiers tous
les deux ans.
On commence se préoccuper beaucoup
en France de la démarche que le gouver
nement impérial a faite Rome dans le but
d'être autorisé envoyer un représentant
au Concile. Les journaux des diverses nuan
ces discutent perte de vue sur cet inci
dent, et, suivant le courant d'idées auquel
ils se laissent entraîrtér, les uns approuvent
chaleureusement l'intervention du cabinet
des Tuileries les autres au contraire le
blâment avec aigreur de ne s'être pas ren
fermé dans la réserve pleine de déférence
et de respect laquelle il s'était engagé
devant la Chambre par l'organe de M. Daru.
Nous croyons, quant nous,que les uns
et les autres feraient plus sagement d'at
tendre quedes renseignements précis soient
venus éclairer la situation. Jusqu'à présent,
en effet, les commentaires dont nous par
lons n'ont d'autre base que des suppositions
toutes gratuites ou des documents d'une
adtbenticité contestéecomme sont par
exemple les lettres de M. Duru, dont le
Times publiait l'autre jour deux fragments.
Ce n'est pas sur de telles données que l'on
peut émettre un jugement sérieux dans une
conjoncture aussi grave.
Là discussion du bill sur les tenanciers
irlandais continue la Chambre des com
munes. Il est dès présent évidënt, dit le
Times, qué ce qui resté faire, c'est de
perfectionner le bill en comité. La Cham
bre en accepte les principes parce qu'ils
onvrçnt une voie équitable et suffisante
une solution du problème qui concerne la
propriété foncière en Irlande.
Le journal officieux annonce que des ré
formes importantes en matière d'impôts
seront très incessamment soumises au dé
libérations de la Chambre.
Avant hier l'ouverture de la séance de
la Chambre des représentants, M. le mi
nistre des finances a déposé un projet de
loi portant diverses réformes en matière
d'impôts,savoir: 1°suppression de l'impôt
sur le sel 2° suppression de tout droit
d'entrée sur le poisson 3" taxe uniforme
des lettres simples 10 centimes; 4° aug
mentation de l'accise sur les eaux de-vie
au chiffre de fr. 4 55 par hectolitre de
contenance des vaisseaux imposables.
Cette dernière mesure est destinée
contre balancer par un accroissement de
revenu la perte qui résultera pour le tré
sor des trois premières réformes et que
M. le ministre évalue de 7 8 millions.
ACTES OFFICIELS.
Un arrêté royal du 17 février autorise la
commission administrative de la route vi
cinale d'Ypres Comines continuer, pen
dant deux années, la perception du droit
de péage établi sur ladite route.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
La cour d'appel de Bruxelles a rendu
sou arrêt dans l'affaire des héritiers Vau
Ryswyck contre Delaet.
La cour rejette l'exception admet la
requête civile, rétracte l'arrêt attaqué, or
donne la restitution de toutes les sommes
perçues par suite de cet arrêt avec les
intérêts judiciaires, retient le fond pour
être plaidé dans quatre semaines.
Le Journal d'Anvers annonce que M. De
laet va se pourvoir en cassation contre cet
arrêt.
NOUVELLES DIVERSES.
On écrit d'Anvers: Où est le fou?
As-tu vu le fou Ces questions étaient ce
malin dans toutes les bouches. En voici
l'explication il y a quelques mois, un
pompier est devenu fou il a été enfermé
dans la maison des aliénés comme il était
doué d'une force herculéenne et qu'il ten
tait tout instant de s'enfuir, il fut classé
dans la catégorie des fous dangereux et
soumis une surveillance extraordinaire;
malgré les précautions prises, il réussit, il
y a environ cinq semaines, s'échapper
et il courut la caserne du corps des
pompiers pendant que la compagnie était
l'exercice; on s'empara de lui et on le
ramena la maison des aliénés on redou
bla de surveillance et depuis ce moment il
semblait avoir renoncéà ses idées d'évasion;
aussi quelle ne fut pas la surprise de ses
gardiens lorsque, ce malin, en visitant vers
5 1/2 heures sa cellule, ils la trouvèrent
vide! Ils se mirent immédiatement la
recherche de ce malheureux, et ils finirent
par l'apercevoir sur le toit du pavillon
donnant rue Saint Rocb ils s'empressè
rent d'y monter, mais le fou parcourait les
toits comme un chat il s'arrêta enfin sur
une maison faisant face l'Esplanade et
s'assit tranquillement on commença alors
parlementer; aux propositions des gar
diens il répondit: Je reste ici et le pre
mier qui m'approche je le lue en le lan
çant dans la plaine. Dès 7 heures une
foule innombrable attendait l'issue de ce
drame.
La police accourut ainsi que des gen
darmes et une brigade de pompiers avec
des cordes et des échelles. Le bourgmestre
et M Hermans, président du tribunal,
arrivèrent également, ainsi que le directeur
de la maison de santé, qui, par une lu
carne, chercha décider son pensionnaire
descendre; le sergent des pompiers joi
gnit ses exhortations celles du directeur;
peine inutile chaquë fois que le fou aper
cevait ses gardiens, il renouvelait ses me
naces if ailleurs, il paraissait peu ému du
danger qu'il bravait, et paisiblement il
s'occupait tordre ses chaussettes que
l'eau des gouttières avait mouillés; pour se
préserver du froid, il avait roulé son mou
choir autour de sa tête.
Le bourgmestre monta au grenier, et
passant la tête par un lanterneau, il s'a
dressa, son tour, au fou, qui le reconnut,
et lui offrit une haute position dans la po
lice. Le fou répliqua qu'il était assez haut
placé comme cela Des échelles furent
placés contre la façade de la maison pour
faciliter sa descente, mais il ne songea pas
en profiter.
A dix heures, deux compagnies du 6é de
ligne arrivèrent pour tenir la foule dis
tance.
Enfin, midi et demi, en présence de
cinq mille personnes, le sauvetage du fou
s'opéra par un moyen énergique, Le nommé
Mine, membre de la nouvelle Société de
sauvetage, doué d'une grande force physi
que, le même qui retira de l'Lscaui le gé
néral Paris, gouverneur militaire, lors du
retour des Belges du Mexique, se laissa
glisser par une fenêtre-tabatière dans la
gouttière, arrivant ainsi côté du fou.
Celui-ci se mit aussitôt sur la défensive,
mais Mine, prompt comme l'éclair, e sai
sit bras le corps, donna le signal de bis
ser et arriva bientôt avec son prisonnier
devant l'entrée de la fenêtre, où on put
s'emparer du fou pour lui mettre la t arai
sole de force et le conduire l'hospice.