D'YPRES ET DE ^'ARRONDISSEMENT. 53™ A Mercredi 20 A\ril 1870. N° 5,483. ni in îï'I FOI CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE. Le sénatus-coçsulte qui doit fixer la nouvelle Constitution de la France n'est pas euçôre volé, la formule du plébiscite n'est pas encore connue, et déjà toutes les préoccupations se portent vers le vote que la nation va être appelée émettre. Le travail de propagande dont les députés du centre droit ont pris l'iniative se poursuit activement que le comité central constitué sous la présidence du duc d'Albuféra vient d'adresser tous les membres des conseils généraux pour les engager faire com prendre aux populations toute la portée du verdict quelles vont avoir prononcer. C'est de sou propre avenir, disent les signataires de la circulaire, que la France, réunie dans ses comices, est appelée dé cider. Suivant qu'elle répondra oui ou non, elle fondera l'empire libéral, ou, séparant l'empire de la liberté, elle se livrera fata lement la révolution. Il y a là, on le voit, un terrain commun sur lequel tous les hommes d'ordre, tous les vrais amis de la liberié devront se ren contrer. Comme le remarque la Presse, il faut que la;'sociélé se défende énergique- ment, que les nuances intermédiaires, les sympathies particulières fassent abnégation d'elles-mêmes. La question n'est pas posée entre telle ou telle forme gouvernementale adoptée ou adopter par l'empire. Elle se dresse plus haute et bien plus impor tante, entre tes conservateurs et les démo lisseurs, entre l'ordre et l'anarchie, entre la liberté réglée et la pire des dictatures, celle de la révolution. Si la politique générale n'a jamais été plus calme, il s'en faut que tous les Etats de l'Europe jouissent d'une complète tran- quililé. En Portugal, de graves désordres ont éclaté Ovar, l'occasion de la révi sion du cadastre il y a eu des morts et des blessés. En Irlande, une collision a eu lieu Cork entre les soldats et des émeu- tiers; la troupe a fait usage de ses armes et un certain nombre de personnes ont été atteintes, plusieurs mortellement. Les fe- nians n'ont donc pas été découragés par les dernières mesures qu'a prises le gou vernement anglais, et il faut nous attendre de nouveaux conflits. En Italie, les grèves des ouvriers fran çais ont trouvé des imitateurs. I.es travaux «>nt été suspendus Pailanza et dans le val Anzasca mais il ne parait pas que jus qu'ici la suspension du travail ait été ac compagnée de désordres Les autorités ont concentré la bâte des forces imposantes sur le théâtre de la grève. On signale, d'autre pari, le réveil de l'agitation aaaazinienne, laquelle aurait en ce moment pour théâtre les provinces pon tificales des proclamations appelant les populations aux armes ont été saisies. Les journaux parlent aussi de la découverte de plusieurs dépôts d'armes. Les populations du midi de l'Allemagne continuent réagir avec autant d'énergie que d'ensemble contre les tendances prus siennes de leurs gouvernements. On écrit de Munich qu'une immense réunion com posée de personnes appartenant toutes les classes de la société a été tenue le 14 dans celte ville. On y a pris des résolutions patriotiques et volé des remercîmenls aux membres de la majorité de la Chambre, eu les engageant persévérer dans la voie d'indépendance qu'ils suivent. L'apparition du suffrage universel an milieu des conflits de la Prusse cl des Etals de l'Allemagne du Sud est un événement considérable. Le jour où les populations de ces Etals, si attachées leur autonomie, seront armées de suffrage universel, les ambitions prussiennes trouveront de ce côté une barrière bien autrement puissante que les stipulations du traité de Prague. La cour militaire, ou plutôt la haute cour militaire, composée spécialement, a eu statuer jeudi dernier, et pour la première fois, dans une affaire qui offre un intérêt incontestable. La cour militaire avait décidé, par un arrêt qui fut dénoncé la censure de la cour suprême, que l'officier qui croirait avoir se plaindre d'une punition discipli naire injustement et illégalement infligée avait le droit de s'adresser directement sa juridiction pour demander réparation et justice, sans pour cela devoir recourir la filière hiérarchique jusqu'au département de la guerre. L'auditeur général près la cour militaire, s'élant pourvu en cassation contre cette décision, se vil déboulé de son recours par la cour régulatrice, c'est-à-dire que son pourvoi fut rejeté. C'est dans cet état que se présentait l'af faire d'un sous-lieutenant d'artillerie se plaignant, charge de sou colonel, d'une punition partiellement injuste et surtout viciée par certaines parties du libellé de vant lui porter une grave atteinte, ainsi qu'à une tierce personne tout fait étran gère au service militaire. Les faits remontent la fin de septembre 1869. Jeudi donc s'est réunie la haute cour militaire, spécialement compensée pour la cause. I.e-sous lieutenant d'artillerie, plaignant, est placé auprès de ses conseils. Le colonel du régiment auquel appartient le plaignant va prendre place côté du siège du minis tère public, occupé par M. De Robaulx de Soumoy, substitut de l'auditeur général. La haute cour est présidée par M. San- chez de Agoilar, conseiller la cour d'ap pel de Bruxelles, délégué cette fin par la cour laquelle il appartient Les membres qui composent en outre la haute cour sont MM. les généraux majors Leclercq et Nuens, et MM. les colonels Dussillion et Orban, ce dernier aide de camp de S. A. R. le comte de Flandre. Le siège du greffier est occupé par M. F. Tbys, de la cour d'appel de Bruxelles. La position respective des parties semble assez difficile définir juridiquement aux débats qui s'engagent. Disons simplement que le sous-lieutenant plaignant représente le demandeur et que son colouel paraît être le défendeur. Le sous lieutenant plaignant est entendu d'abord pour donner la haute cour les explications nécessaires la justification de la plainte qu'il a portée charge de son colonel. Celui ci est entendu son tour pour expliquer comme quoi il n'est pas tout fait responsable de l'erreur qui a pu être commisesi erreur il y adans le li bellé de la punition attaquée, car il s'en était référé aux rapports do capitaine et du major, les supérieurs hiérarchiques du plaignant. Bref, on entend les témoins, Tous francs et loyaux militaires, honorables officiers, qui racontent les faits comme on peu lies raconter dans une position aussi débraie et en présence d'un sous lieutenant se phi* gnant de son colonel, qui cependant, et nous avons bâte de le dire, est un des offi ciers supérieurs les plus justement estimés de l'armée, et qui, tout le premier, a re gretté ce qui s'était passé propos de cet incident plus regrettable encore. Un sous officier, maréchal-des-logis - facteur, qui a joué un rôle assez drôlalique dans l'affaire, a été entendu aussi ei a quelque peu égayé l'auditoire. Il avait porté une lettre au plaignant le soir 8 heures et demie, on lui avait fait boire une couple de verres de Champagne, et il était rentré la caserne Dieu sait dans quel état. Le lendemain matin il avait déclaré son capitaine que c'était le susdit Champagne qui l'avait si fortement grisé, ce qui a été contredit. Le libellé de la punition portait que le plaignant avait achever d'enivrer le maréchal-des logis facteur. LE PROPAGATEUR mm RETUE POLITIQUE. Tandis que les conservateurs s'unissent et s'entendent pour faire trionpher la cause de l'ordre et du vrai progrès, le désarroi augmentent tous les jours dans les rangs de la gauche. Les radicaux soDt tiraillés entre trois partis l'abstention, le vote bulletin blanc et le vote négatif. Il est pro bable que la majorité des révolutionnaires se décidera pour le vote négatif. Il est pro bable que la majorité des révolutionnaires se décidera pour le vote négatif; cette pro testation leur fournira l'occasion de se compter, autant dire de prouver qu'ils ne sont en France qu'une infime minorité. CHRONIQUE JUDICIAIRE. Le premier conseil du plaignant a pris la parole le premier pour soutenir le bien fondé de la plainte adressée par son client la haute cour. M. De Robaulx de Soumoy, substitut de l'auditeur général, s'est appliqué en quel ques mots réfuter les griefs articulés par le plaignant et a conclu au rejet pur et simple de sa plainte. Le second conseil a réplioué au minis tère public, lequel, en fin de compte, a renoncé la réplique. Les débals oui été très-modérés de part et d'autre.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1870 | | pagina 1