se tournant vers le colonel G..., il lui dit
Je n'ai plus ma tabatière, on me l'a
encore volée
Je le sais, répondit tranquillement le
colonel G..., j'ai vu ce chenapan vous la
prendre une deuxième fois comme vous
lui donniez la guinée; mais j'ai jugé toute
intervention entre vous et lui désormais
inutile.
Exécution de Rayon. L'assassin de
M. Lubansky a été exécuté jeudi malin
Valence.
L'aum&oier de la prison s'est rendu la
veille auprès du condamné, quoi qu'il eût
refusé de l'écouler jusque là mais Bayon
le repoussa de nouveau, bien qu'il comprit
que celte visite lui annonçait que l'heure
de l'expiation était proche. Le soir, avant
de s'endormiril le dit en souriant ses
gardiens. K.
Le lendemain, quatre heures du matin,
lorsque le directeur de la prison vint l'éveil*
1er, il ne manifesta pas la moindre émotion
et se contenta de murmurer
C'est bien, |e m'y attendais.
Pois il s'habilla, déjeuna de fort bon
appétit prit du café, et après avoir fumé
un cigare, se livra aux exécuteurs de Lyon,
de Grenoble et de Nîmesavec lesquels il
ne cessa de causer pendant qu'ils procé
daient sa fatale toilette.
Le vénérable prêtre voulut faire ce
moment une dernière tentative, mais Bayon
l'éloigna encore, en lui disant avec le plus
grand calme
Non, laissez moi, monsieur lecoré,
je n'ai rien vous raconter.
L'aumônier cependant ne voulut pas le
quitteret il sortit de la prison avec le
condamné.
Il était alors cinq heures et demie.
Bayon en apercevant dans la cour la voi
ture qui avait été amenée pour le conduire
au supplice, refusa d'y monter. -
Une voiture, dit-il, comme pour
aller au palais de justice! Non, je veux aller
pied jusqu'à la guillotine.
On insista vainement, et dans la crainte
d'une résistance laqueHè Bayon semblait
préparéon comprit qu'il était préférable
de lui céder.
Un des exécuteurs le prit par un bras,
l'aumônier se rapprocha de lui et on ou
vrit la porte de sortie, près de laquelle se
trouvaient des groupes nombreux, com
posés surtout de femmes et d'enfants.
Bayon jeta autour de lui un regard as
suré, puisentre deux baies de soldats, le
funèbre cortège se mit en marche pour la
place Saint Félixoù l'écbafaud avait été
dressé pendant la nuit.
En approchant du lieu de l'exécution,
Bayon fit remarquer ceux qui l'entou
raient combien la foule était considérable,
et, s'apercevant que quelques uns de ceux
qui le voyaient passer ne le suivaient pas,
il eut le triste courage de dire au public
Eh bien! pourquoi ne venez-vous
pas la vue n'en coûte rien
Pendant tout ce trajet, le prêtre n'avait
cessé de murmurer son oreille des mots
de repentir et de pardon;, mais Bayon ne
lui avait pas même répondo.
Arrivé au pied de l'écbafaud, il hàla le
pas, gravit avec fermeté les marches ren
dues humides par la rosée de la nuit, et,
arrivé sur la plate forme, fit signe l'exé
cuteur de se hâter.
Celui-ci ne le bouclant pas immédiate
ment sur la bascule, Bayon se retourna et
vit que le brave prêtre l'avait suivi. Il ne
réprima pas alors un mouvement de mau
vaise humeur et lui dit durement
Pas plus ici que dans la prison!
Ce furent les dernières nanties de l'assas
sin de M. Lubansky. Quelques secondes
après justice était faite, et la foule, itnpres
sionnée de ce cynismese retirait lente
ment, pendant que le prêtre, douloureuse
ment ému et les yeux fixés sur le panier
sanglant, murmurait des prières pour le
misérable que le repentir n'avait pu tou
cher. H
Avant hier, vers netif heures du soir,
M. l'abbé Lucien Lacroix, vicaire de la pa
roisse de Moiitrettil, près Paris, revenait de
l'égliseoù il avait célébré le service du
mois de Marre, et regagnait le presbytère,
lorsqu'au moment d'atteindre son domicile
un individu, descendant de la rue de Ro
main ville se jeta violemment sur lui et,
tout en le frappant, lui arracha des mains
les vases sacrésqu'il portait dans une boîte,
puis, se sauvant toutes jambes, disparut
bientôt dans une rue voisine.
Revenu de la surprise que lui causait
celte lâche agression, M l'abbé Lacroix
appela plusieurs personnes son aide et
s'élança la poursuite de l'assaillant.
Cet individuessoufle par sa course,
s'était arrêté près de là et était occupé
fracturer la serrure de la boîte volée. En
voyant le vicaire accourir, suivi de loin par
quelques personnes, le voleur reprit sa
course, mais il fut bientôt rejoint par le
jeune abbé, et une lutte violente s'engagea,
dans laquelle ce dernier, fort maltraité et
la tête en sang, allait succomber lorsque
l'arrivée des personnes qui le suivaient
vint le tirer de ce mauvais pas.
On s'empara du malfaiteur, qui fut con
duit aussitôt la gendarmerie de la loca
lité, tandis que des soins étaient prodigués
M. Lucien Lacroix.
Là on reconnut que l'auteur de cette
coupable tentative était on nommé Louis
Yves, âgé de vingt-cinq ans, corroyeur
Montreuil, où il demeurait chez ses parents.
Après avoir achevé sa nuit an poste, ce
jeune homme, dit le Droit, fut dirigé au
matin sur le dépôt de là préfecture de
police, où il a été écrooé.
Dialogue militaire ''"V w:
Dis donc, Duroanef, sais tn qu'est-ce
que c'est Cassiette de l'impôt
Mais, parbleu c'esl la gamelle dans
quoique le gouvernement y mange l'argent
des contribuables.
il ,.,'i h i
ALLEMAGNE.
L'Allemagne a été visitée par un épou
vantable orage. Les désastres sont immen
ses des maisons ont été emportées un
grand nombre de personnes ont péri. Voici
ce que dit l'Industrie alsacien
A Grosbun (Siebenbiirgen), les eaux de
pluie ont été tellement rapides et abondan
tes, que des maisons avec leurs habitants
ont été emportées par le courant. Après
l'écoulement des eaux, des centaines de
pièces de bétail, mêlées de cadavres bu-
mains et de débris de maisons, ont été
retrouvées dans la vase plus de quarante
morts ont été retirés jusqu'à ce jour de
soixante familles dont se composait la
commune, c'est peine s'il en reste dix au
nombre des vivants.
A Nazy Kun (Siebenbiirgen), quatre-
vingts maisons furent emportées par les
eaux d'un orage; soixante cadavres ont été
le résultat de cette nouvelle catastrophe,
sans compter la perle matérielle, qui est
incalculable.
A Erfurthla foudre est tombée en
plusieurs endroitsnotammant sur le clo
cher de l'église de la Toussaint, dont elle a
consumé la flèche
Un incendie a détruitdans le voisi.
nage de Puti, près Heinsberg vingt trois
maisons avec tontes leurs dépendances;
plus des trois quarts des constructions du
village sont réduits en cendres.
-îï*
ITALIE.
La Gazette officielle publie les détails
connus sur la dispersion de la bande de
Nathan, qui, sans avoir rencontré les trou-
pes, a pris la fuite. Nathan est en Suisse.
La population est indignée contre les
auteur, du mouvement.
Les autorités ont saisi Tortoni, dans la
province d'Alexandrie, 98 fusils et 4,000
cartouches, réunis par les républicains
pour armer les bandes.
Les bruits de l'apparition d'autres ban
des sont absolument faux.
ROUMANIE.
L'Alliance israélile universelle, dont le
comité central est Paris, communique
aux journaux la dépêche suivante
Avant hier soir, la ville de Boloscbau
(Roumanie) a été le théâtre d'un terrible
massacre de juifs, d'une horrible boucherie.
Les cruautés exercées cessèrent peine
minuit.
Hier matin, la soif de sang de la popu
lation chrétienne se manifesta par de nou
velles violences. Les juifs et leurs familles
furent attaqués brutalement et maltraités
dans la rue, dans leurs maisons, dans les
cachettes où ils s'étaient réfugiés. A nne
heure de l'a près midiune grande partie
de la population Israélite s'enfuit. On en
tend de toutes parts les cris: A mort!
mort! La fureur de la populace est affreuse.
Nous implorons votre secours.
TURQUIE.
il CousUntinople, 5 jtiin.
Un incendie terrible a éclaté hier après-
midi. Vers minuit le feu était conceûtrt.
L'ambassade d'Angleterre, les consulats
d'Amérique et de Portugal, le théâtre
Naoum, le patriarcat arménien, des églises,
des mosquées, des milliers de maisons du
plus riche quartier de Péra sont complè
tement détruits.
Il y eu plusieurs morts et blessés.
Le feu flambe encore.
La perle est incalculable.
AMÉRIQUE.
Une délégation de juifs est allée rendre
visite au Président pour le prier d'interve
nir en faveur des juifs persécutés en Rou
manie.
Le Président interviendra probablement.
On lit dans l'A/ta Catifornia, journal pu
blié San Francisco Un Allemand mort
l'hôpital de San Francisco fut transporté,
comme d'habitude, dans la maison des
morts qui y est contiguë. Le corps fut dé
posé dans nne caisse où se trouvaient les
cadavres de deux hommes morts le même
jour.
Le couvercle est placé dessus et le
gardien se retire pour la nuit. Vers minuit,
des cris, des hurlements épouvantables
retentissent dans la maison des passants
les entendent, mats le gardien a tellement
peur qu'il n'ose y pénétrer. Enfin, if ouvre
la porte, et l'Allemand qu'on avait cru mort
se dresse devant lui encore vêtu de son
h'oceul.
Floue*», 3 juiu>
Sbiitb, 3o mai.
Washington, t juin.