D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
54me Année.
Samedi 13 Août 1870.
N 5,515 et 5,516.
BULLETIN DU JOUR.
Lundi dernier a en lien l'ouverture des
Chambres législatives. Voici le discours
que S. M. Léopold II a prononcé cette
occasion
Le Sénat, après avoir validé les pouvoirs
de tous les membres élus le 2 aoûtsauf
ceux de MM. Crocq et Devadder, de Brux
elles, et de M. Zaman de Nivelles, a con
stitué mardi son bureau définitif. Il a nom
mé président M. le prince de ligne; vice-
présidents, MM. deTornaco et Délia Faille;
secrétaires, MM. Ludovic de Robino, t'Kint
de Rodenbeke de Naeyer, de Labbeville et
de Looz; questeurs, MM. d'Overschie et
Van Scboor.
Dans la séance de jeudi la Chambre a
procédé la formation de son bureau dé
finitif. Ont été nommés Président, M. le
comte Cb. Vilain XIIII, par 15 voix contre
35 données M Rogier; premier vice pré
sident, M. De Naeyer, par 69 voix contre
28 données M. Vanhumbeéck et quelques
voix perdues; second vice président, M.
Vanhumbeéck.
Pour cette dernière élection, il y a eu
103 votants, mais 26 billets blancs ont été
trouvés dans l'urne ce qui a réduit le
nombre des bulletins valables 77 et la
majorité absolue 39 voix M. Vanhum
beéck a obtenu la majorité absolue, sans
plus, c'est dire 39 suffrages; M. Guillery
en a recueilli 36 seulementet quelques
voix ont été perdues. Fn conséquenceM.
Vanhumbeéck a été proclamé second vice-
président.
Trois secrétaires ont été nommés, ce
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELCE.
Les événements politiques de Paris ont encore
le pas aujourd'hui sur les événements militaires
attendus dans le bassio de la Moselle.
On a va que le Corps législatif, dans sa séance
de mercredi, a voté uo ensemble de mesures ayant
irait b la défense oationale.
La principale est celle qui appelle sous les dra
peaux tous las citoyens de 2 5 b 35 ans non
mariés ou veufs sans enfants et qui ne font pas
partie de la garde mobile. Cette disposition comme
toutes les autres a été votée b l'uoaoimité des 273
membres présents.
Dans sa séance de jeudi, le Corps législatif a
adopté d'urgence et b l'unanimité deux projets de
loi dont I'ud élève b 00 milliard le crédit alloué
poor la guerre et l'autre donoe cours forcé aux
billets de la Banque de France en fixant le maxi
mum d'émission b 18 ceots millioos.
Du théâtre de la guerre rien de nouveau jus-
qo'ici. Les dernières informations reçues du quar
tier général français portent qu'aucun engagement
n'a eo lieu.
Les bulletins prussiens nous montrent les troupes
allemandes gagnant toujours do lerraio dans la
direction de Metz, dont elles se rapprochent par
une marche savamment combinée et qoi a l'avan
tage de faire converger vers le même objectif toutes
les forces prussieooes.
Les forces françaises concentrées devant Metz ne
s'élèveraient point b plos de 25o mille hommes.
Elles se composent J> la garda, do. aarpc d» L.J-
miraoltde Bazaine et de Canrobert plus les
débris de Frossard et de Mac-Mahon. L'armée de
Lyon forte de cinquaote mille hommes la trouée
de Belfort. Quaot aux Allemandsils peuvent
disposer aux moios de 5oO mille hommes. Les
Français auront donc une fois de plus b combattre
un contre deux, ce qui exigera de lenr part des
prodiges de patriotisme, de bravoure et de génie
militaire.
Le ôboc entre les deux armées devient mainte
nant de plus en pins imminent. Les Français
seront d'autant moins portés b temporiser, que la
frontière du Rhin commence b être sérieusement
menacée. Nous apprenons, en effet, que la ville de
Strasbourg est complètement cernée par des forces
allemandes. Le commandant de la place, sommé
de capituler, a répondu par un refus, mais on
prétend savoir de l'antre côté du Rhin que la ville
manqne d'approvisionnements et n'a poor se dé
fendre qn'une garnison tout b fait insuffisante.
Le télégraphe apporte une proclamation du roi
de Prusse datée de Sarrebruck et adressée au peu
ple français. Le Roi déclare qu'il ne fait pas la
guerre b la population civile et lui promet, au nom
de l'armée envahissante, le respect des personnes
et des propriétés.
.-Si a On «lj—m
Messieurs,
Au moment où les événements do dehors
exaltent dans nos cceors le sentiment de la patrie
commune, il rue tardait de voir la représentation
nationale réunie autour de moi.
J'ai l'espoir que le fléau de la guerre n'en
sanglantera pas notre sol; que la Belgique inoffen-
sive et bienveillante envers tous, ne verra pas
enfreindre une neutralité qui lui a été imposée et
garantie par chacune des cinq grandes puissances
de l'Europe.
L'empereur des Français m'a écrit que son
intention formelle, conforme b ses devoirs inter—
uationaox est de respecter la neutralité de la
Belgique. Sa Majesté Impériale m'a exprimé, en
même tempsson désir d'être confirmée dans
l'opinion où Elle était que la Belgique fera elle-
même respecter sa neutralité par tous les moyeos
en son poovoir. J'ai été heureux d'affirmer dans
ma réponse que l'Empereur ne s'était pas mépris
sor nos intentions.
Le gouvememeot de Sa Majesté le roi de
Prusse s'est également empressé de me doooer
l'assurance écrite que la neutralité belge sera
respectée par loi, tant qoe l'autre partie belligé
rante ne l'aura pas violée.
Parmi les témoignages bieoveillabts que j'ai
reçus des puissances étrangères, je me plais b
mentionner, avec one reconnaissance que toot le
pays partagera, la sollicitnde do gouvernement de
Sa Majesté la reine de la Grande-Bretagne poor
les iotérêis de la nationalité belge et le géoéreux
appoi que ces sentiments ont rencootré dans le
Parlement comme dans l'opinion publique de
l'Angleterre.
De son côté, la Belgique, dans la position que
le droit international lui fait, ne méconnaîtra ni
ce qu'elle doit aux autres Etats, ni ce qu'elle se
doit b elle-même.
Elle saura, peodant la goerre, conserver b sa
consciencieuse neutralité le caractère loyal et sin
cère qu'elle s'est toujours efforcée de donner b ses
relations peodant la paix. Conformément aux
vœux des Délibérants eux-mêmes, elle se tiendra
prête b se défendre avec toute l'ardeor de son
patriotisme et tontes les ressources qu'une natioa
poise dans l'énergie de sa volouté.
Déjb mon gooveroemeot a pris, sous sa res
ponsabilité les mesores que les circonstances
réclamaient et aoxqoelles l'approbation des deux
Chambres ne fera pas défaut.
An milieu des préoccupations qoi domineot
si natorellemeot vos esprits, le gouvernement ne
vous soumettra, peodaol votre session extraordi
naire, que qoelques projets de loi d'une nature
urgente, dont l'adoption ne saurait être ajournée b
d'antres temps.
La Belgique, messieurs, a déjb été soumise b
plus d'ooe épreuve périlleuse. Aocuoe n'a eu la
gravité de celle qu'elle traverse aujourd'hui. Par
sa prudence, par ses loyaux seDtimeDtspar sou
ferme patriotisme, elle saura s'y montrer digne
d'elle-même, digoe de l'estime que les autres ua-
tioDS lui accordent, digne de la prospérité que loi
ont assurée ses libres institutions.
Le peuple belge a la profonde conscience de
son droit; il conoalt le prix des biens qoe, depuis
quarante ans, il a si benreusemeut acquis, si
honorablement possédés. Il n'est pas près d'onblier
qoe ce qu'il a b conserver aujourd'hui, c'est le
bien-être, la liberté, l'honneur, l'existence même
de la patrie.
Devant one cause aussi sacrée, tous les cœurs
belges s'uoisseut. Dans l'accomplissement de tels
devoirs, peuple et Roi n'aoroot b jamais qu'une
âme et qo'on cri
Vive la Belgiqoe iodépendaote V.
I.e Roi se lève et répète oes derniers mots nvec force
Vive la Belgique iodépendaote
Dieu veille sur elle et protège ses droits.
Le Sénat a voté mercredi b l'unanimité, une
adresse au Roi conçue eo ces termes
Sire,
Les acclamations de la Belgique entière ont
répondu aox nobles et émouvaotes paroles qoe
Votre Majesté a adressées b la représentation na
tionale. Le pays et le Roi ont foi l'on dans l'antre,
nnis de cœor et d'âme par le sentiment de la patrie
commune.
n Le Sénat partage la confiance de Votre Ma
jesté dans le maintieD de notre neutralité, imposée
et garantie par chacuoe des cinq grandes puissances
de l'Europe. En répondant aux déclarations for
melles de S. M. l'Empereur des Français et de S.
M. le roi de Prusse, Voos avez, Sire, affirmé de
nouveau que la Belgique est résolue b remplir
loyalemeot et avec énergie toutes ses obligations
internationales. Forte de son droit, elle le défendra
an besoio par tons les moyens en son pouvoir.
Les témoignages de bienveillance qoe Votre
Majesté a reços des puissances étrangères sont
appréciés avec satisfaction par la nation. Elle est
profondément reconnaissante des actes qui attes
tent la soliieitode do gouvernement de S. M. la
reine de la Grande Bretagne pour les intérêts de
la neotralité de la Belgiqoe. Elle a vu avec boo-
heor que ces actes obtienoent l'adhésion do Par
lement et le sympathique appui de l'opinion
publiqoe en Angleterre.
En prenant sous sa responsabilité les mesures
exigées par les circonstances extérieures. Votre
gouvememeot a rempli son devoir; il De s'est pas
trompé eo comptant sor la ratification do Sénat.
Au milieu de la grande épreuve qu'elle tra
verse, la Belgique, calme et confiante dans la pro
tection de Dieo continuera, par sa prudence et
par sa fermeté, b se montrer digoe d'elle même
et de t'Europé, qui a solennellement garanti son
existence. Elle n'aura qo'one âme pour défendre
son droit et ses libres institutions, qoi, depuis qua
rante ans, essorent son bonheur et sa prospérité.
Elle n'aora qu'on cri Vive la Belgique iodé -
pendante! Vive le Roi!