Les promeneurs habituels du Jardin des Plantes Paris constatent, non sans amer tume, que le nombre des bêtes bonnes manger diminue chaque jour, principa lement les bêtes cornes Les deux, jeunes ours du prince Conza ont subi le dernier supplice. U'ie partie de la gent volatile a aussi passé de vie trépas. Seuls, les oiseaux de proie paraissent tranquilles sur leur sort; l'aigle, cependant, ne quitte point son air maussanle et taciturne, comme s'il était hanté par le remords. M. de Kératryex commandant en chef de l'armée de Bretagne, a adressé M. Gamhetla la lettre suivantedont nous a parlé une dépêche de Tours Monsieur le ministre, Par décret du 22 octobre dernier, vous ro'âviéz nommé commandant en chef des forces mobilisées des cinq départements de Bretagne. A cette date rien n'existait en core. Grâce au patriotisme de mes compa triotes et au dévouèrent de tôus'més offi ciers, le 22 novembre le camp de CôÙlïe était créé et rendu inexpugnable Quarante- sept bataillons de Bretons mobilisés sept compagnies de francs tireurs hardis èt dis ciplinés aient accourus tout éqûipés mon appel; neuf batterie d'artillerie, toutes formées en matériel et en personel, n'at tendaient plus que des harnais pour ma nœuvrer utilement. Ce spectacle était uni que en France et le 24 novembreaprès avoir vu de vos propres yeux, vous expri miez hautement tous les coopérateurs de cette œuvre nationale votre plus vive satis faction, dont vous m'avez renouvelé l'assu rance le même soir la préfecture du Mans. A la même heure, le Mansetalt menacé; l'aile gauche de l'armée de la Loire pouvait être débordée; les troupes du général Fié- rechavaient étédéroutéeset fuyaient depuis Nogent le Rotron jusqu'aux portes de mon camp. Vous fîtes un appel pressant l'ar mée de Bretagne 10,000 de ses enfants, malgréleurorganisation incomplète, comp tant plus sur leur courage que sur leur ar- armement inachevé, me suivirentle 24 novembre au matin, du camp de Conlie au bivac d'Yvrée, et le 26 nous faisons une marche de 31 kilomètres l'ennemi. Mes braves volontaires marins traînèrent leurs pièces d'artillerie pendant 12 heures de route; l'ennemi veuait d'évacuer en toute bâte. Les intérêts de la défense ne tne per mettent pas d'ajouter un seul mol aujour d'hui. Malgré les prières de mes troupes je vous ai informéle 27 novembre que la teneur de vos ordres, conçus le 26 novem bre Tours, l'heuré même où nousallions l'attaque, me forçait, tous égards, résigner mon commandement. Vous avez accepté le même jour ma démission qui aurait dû paraître aujour d'hui même au Journal officiel La douleur que j'éprouvais d'abandon ner l'armée que j'avais formée avec mon brave ami et ancien collègue, Carré-Kéri- souetqui,a cru devoir me suivre dans la retraite, a été profonde; mais elle ne me fait pas oublier mes dévoijs impérieux. Rentré dans la vie privée, j'ai retrouvé ma liberté politique, que j'avais alliénée complètement sousl'uniforme. En appelant mes concitoyens la défense de la patrie, j'avais contracté charge dames aussi j'ai I honneur de vous annoncer que dès que les événements vont me le permettre, je ferai traduire en conseil de guerre lès hau tes administrations de là guerre et de la marine: du mêfcàe coup, elles et moi nous comparaîtrons la barre dit pays et aucuu des documents que j'ai sous la main ne sera'écarté. Agréez, monsieur le ministre, l'assu rance de ma haute considération. Comte be Kératry. P.-S J'ai entre les mains les décrets et les arrêtés que vous avez signés comme ministre; vous avez commis l'insigne fai- blésse de les laisser tous protester, et cela par une administration dont M. de Loverdo est le véritable chat, et qui. pour tous les yeux clairvoyants, personnifie la trahison vis-à-vis de la France non impérialiste. Il n'y a que vôus qui ne vous en soyez pas aperçu, malgré mes avertissement réitérés et télégraphiés. t - - Le correspondant du Times attaché au quartiier-général du Roi, lui écrit de Ver sailles le 28 novembre, avant les dernières batailles Il sertit inutile de vous dissimuler que dans l'esprit des spectateqrs neutres il rè gne ici l'mpression que la position ides Allemands en France n'est plus aussi forte qu'élle l'était jadis.' L'idée peut être fausse. Elle l'est très propablémént. Mais je suis dâns la virité en constatant qu'elle existe. Pour lapiémière fois, j'entends des appré ciations lasées Sur Phypotftès'éVjàe l'armée allemâncb pourrait être battue. C'était une supposilitn inadmissible M'y a un mois. Von der 7ann a évacué Orfëàns le 8 et le 9 novembre et a dû se replier, très vaillam ment d'ailleurs sur Tôury. Un grand évé nement <bit se passer, dit on la même date de décembre. Le 8 ou le 9 de ce mois, ce qu'06 nous ditdoit voir le spectacle sans précèdent d'une capitulation par fa mine d'une armée plus nombreuse que celle qui/a tient assiégée et d'une popula tion plusnombreuse que celle des îles bri tannique»,lorsque l'Angleterrea commencé être un^puissapce européenne. Mais tout dépend des batailles en race campagne. J'entends exprimer autour de moi quelque désappointement que le prince rouge (Frédéric-Charles) n'a pas encore fait sortir d'durelles de ses lignes. Ce retard cause dumalaise; La division de cavalerie du princt Albrecht est aussi, ce que j'ap prends p»r hasard encore, irès-éloignée de Pithiviert.,Les Français manœuvrent, ce: qu'il paraît, et doivent être surveillés pour que d'Au-elles ne tourne pas la gauche du prince Frédéric Charles et ne marche sur Paris. Le» Allemands, s'ils ne sont pas ef frayés de leur lâche, parlent cependant-: avec plusd'égards que jadis de la bravoure de l'ennemi. D'ap-ès un ordre de bataille que j'ai uu, l'armée de la Loire compte trois corps d'armée. Le 15" (Reyan) comprend la 1" division avec trois brigades-(Trippard, Ber trand Nabron) et la 2* division avec deux brigades (Decbeney et Pressolles). lie 16e corps (Polhès) se compose de la 3° division (Regnée)avec deux brigades et de la 4" di vision (Marulay), avec les brigades Peilevin et Rouvray. Le 17e corps (Kératry) compte deux divisions et une brigade de cavalerie. Le 18ecorps (Bourbakijesl de trois divisions et d'une brigade de cavalerie. Il y a aussi* une division de cavalerie (Pallières) atta chée d'Aurelles, se composant de trois brigades. Ceci nous donne 24 brigades 6,000 hommes, soit 144,000 hommes d'in-s fanterie, plus cinq brigades de cavalerie 1.800 hommes, total 153,000 honinjes. Quaut l'artillerie'je l'ai entendu porter 400 canons. D'autres relevés élèvent les forces de l'armée de la Loire des chiffres bien plus considérables encoremais ils entrent dans des détails moins précis. Le Phare de la Loire publie une lettre du Mans, annonçant que le rédacteur et le gérant de VUnion de la Sarlhe ont été arrêtés pour avoir cherché exciter les généraux les uns contre les autres, et donné le con tenu de dépêches imaginaires. Ils passeront devant une cour martiale. On lit dans le Progrès de Lyon Un horrible accident est arrivé le 29 Valse. La oartoueberie situé rue de la Pyra mide, dans les bâtiments de la fabrique Jacquand, a sauté sur les neuf heures. 25 kilogr. de poudre on fait explosion. Un bommeaenlatêteséparéedu tronc. Il y a en naturellement d'autres blessés. Les bâtiments ont beaucoup souffert. Environ 200 des prisonniers prussiens faits par Garibaldi Châtillon sont arrivés jeudi matin Lyon. Il y avait parmi eux 9 officiers qui sont descendus l'hôtel d'An gleterre et des Deux MondesPerrache. Les soldats oui été internés au fort des Charpennes. Des francs-tireurs garibaldiens ont es corté les prisonniers prussiens. Il est curieux, dit la Gazette de France, de voir les transformations qu'ont subies nos salles de concert et de bal. Au Jardin-Mabilleil y a un corps d'é- claireurs (en voie de formation); au Jardin Bullier campent les tirailleurs de Neuilly (commandantM. de Jouvence) ,-el le Jar din de l'Etoile (ancien bal Dourlans) sert de champ de manœuvre au 38' bataillon de la garde nationale. Parcourons rapidement les autres éta blissements. A Valenlino club do la Délivrance j l'Alcazar, club de la Résistance; aux Por- cherons; club des Etats Unis d'Europe au Pré-aux Clercsréunion publique tous les soirs; l'Elysée Montmartre, club de 1870; au Concert - Parisien (rue du Faubourg Saint-Denis), club des Parisiens; la Gaieté (boulevard Rochechouard), club de la Ven geance; la Reine-Blanche, club Mont martre; au Concert du Gaulois (boulevard de Strasbourg)club des Montagnards; au Concert de l'Alhambra (rue du Faubourg- du Temple), club de l'Alhambra; au Salon de Paris (rue Folie Méricouri) réunion tous les soirs la Salle des Mille el-un-Jeux, rué de Lyon (ancien Grand Théâtre Pari sien) celui du faubourg Antoine (le saint est supprimé; et au Casino Cadet, club du Comité de la défense. Pas de club l'Eldorado pas de club Tivoli. Rien au Château Rouge, ni aux concerts d'été des Champs Elysées. Quant la salle des Folies Belleville, qui, naguère a tant fait parler d'elle, on l'a affectée une ambulance- On nous écrit de la frontière du Midi, 26 novembre On continue activement la fabrication des canons Toulou et Marseille. Dans celle dernière ville on a essayé douze nouvelles pièces de campa gne sur la plage du Prado, en tirant dans la direction de la mer. La foule applaudis sait aux succès de ces canons indigènes, les premiers qui soient sortis des ateliers provençaux improvisés depuis un mois peine. Maintenant on ne s'arrête plus, les mitrailleuses vont aussi grand train. Outre les souscriptions des journaux et des gar des nationales, les avocats, les autres cor- pora'ioosquditiaires, industrielles et com merciales s'empressent également de sous- FRANCE. Angers, 38 novembre.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1870 | | pagina 2