D'YPRES Et DE L'ARRONDISSEMENT. 54me Anr» Mercredi 19 Avril 1871. N«> 5,587. BULLETIN DP JOUR. Dans les dernières informations télégra phiques que Paris nous envoie, Cluseretet Dombrowskifaisant assaut d'exagération et de vantardise, donnent d'étourdissants détails sur leurs hauts faits de dimanche Neuilly. Trois barricades enlevées, le dra peau rouge arboré sur l'église, après une lutte acharnée avec les zouaves pontificaux dans celte église même, le drapeau des zouaves enlevé ainsi que le'drapeau de la ligne, tels seraient les trophées de cette journée historique. Une dépêche de Versailles en date du 16 ne fait aucune mention des combats qui auraient eu lieu la veille Neuilly, mais elle rapporte, sur la foi de renseignements 'particuliers, que les troupes du,gouverne ment oot enlevé hier matin la position qui domine Asnièresau nord ouest de Paris. Des communications adressées aux pré fets par M. Thiers font prévoir que la situa tion ne sera pas modifiée d'^ci quelques jours l'armée ne macKher^Sur Paris qu'a près l'arrivée des renfdr|s attendus, mais alors ses moyens d'action seront suffisants pour briser immédiatement, sinon pour rendre impossible toute résistance. A la date de vendredi dernierl'effectif des troupes dont le gouvernement français disposait Versailles ne dépassait pas encore 60 mille hommes; mais on en at tendait 40 mille qui devaient être amenés par le général Ducrot. AHa tête de ces 100 mille'hommes, dont la solidité n'inspire plds maintenant aucun doute, le maréchal Mac Mahon pourra engager avec toutes chances de succès cette action décisive qui doit délivrer Paris de ses tyrans. En atten dant on dispose des batteries de siège au tour de la place et rien n'est négligé pour donner ce terrible assaut toute la vigueur et toute l'efficacité possibles. Une fois dans Paris, l'armée de l'ordre pourra certaine ment compter sur le concours de la grande majorité des habitants, qui voudraient ré sister la tyrannie de l'Hôtel de Ville, mais qui n'ont actuellement ni organisation ni point de ralliement. On mande de Constantinople, le 12 avril, que les peuplades nomades do Tigris se sont révoltées. Le gouvernement ottoman envoie des troupes Mussul pour étouffer la rébellion dans son germe. A la différence de la Russiequi com mence par se délier de ses engagements, sauf consentir ensuite ce que sa position soit régularisée par l'Europe, les Etats- Unis d'Amérique ont soin de faire consa crer d'avance les principes dont ils veulent s'assurer le bénéfice. C'est ainsi qu'a pro cédé la grande commission instituée pour régler les différends de ce pays avec l'An gleterre. Elle a posé ce principe général que les neutres sont responsables des dé prédations commises par les corsaires équi pés dans leurs ports. Les plénipotentiaires anglais ayant admis ce point de départ, il ne reste plus maintenant qu'à en faire l'application aux préjudices causés aux Américains du Nord par l'Alabama. Ce sera la tâche d'une commission ^composée de cinq membres nommer en déans les deux ans. Mais au point où en sont les choses, comme il n'y a plus que des chiffres dé battre, le différend peut être considéré comme aplani. La Chambre des représentants a abordé hier la discussion générale du projet de loi sur la réforme électorale. La pétition du conseil communal de Gand demandant l'ajournement de cette discussion a été dé posée sur le bureau de la Chambre pendant la discussion sans qu'aucune voix se soit élevée pour réserver ce document on meilleur sort. La Chambre a attendu trois orateurs, MM. LelièvreReynaert et Eugène de Kerckhove, en faveur du projet de loi. Au début de la séauce, Ml De Baets a présenté les développements de sa propo sition de loi concernant les poursuites en matières de presse. Le tribunal d'Ypres, par ordonnance rendue il y a peu de joursa renvoyé de vant la chambre des mises en accusation de la cour d'appel de Gand vingt six pré venus, dont plusieurs avaient subi on em prisonnement préventif et avaient été mis en liberté sous caution ce pour avoir fait des dépôts d'armes de guerre sur le terri toire belge et tenté d'introduire ces armes sur le territoire français pour servir aux troupes de la République dans la guerre contre les armées allemandes. Les armes avaient pour la plupart été saisies. Les inculpés étaient poursùivis^comme s'étant par ces faits rendus coupables do crime prévu par l'article 123 du nouveau Code.pénal, portant Quiconque, par des actions hostiles non approuvées par le gouvernement, aura exposé l'Etat des hostilités de la part d'une puissance étran gère sera puni de la détention de cinq dix ans, et si des hostilités s'en sont suivies, de la détention de dix ans quinze ans. Ce crime étant d'ailleurs considéré comme politique, la chambre du conseil du tribu nal d'Ypres n'eût pu par l'admission de circonstances atténuantes le soustraire la connaissance du jury. C'est dans cet état du procès que la chambre des mises en accusation a eu statuer sur la poursuite, et qu'elle vient de déclarer qu'il n'y a pas lieu renvoi des prévenus devant la juridiction répressive, ni poursuite ultérieure, et d'ordonner la restitution des fusils saisis. Un des principaux théoriciens du socia lisme en France, M. Pierre Leroux, est mort le 12 avril, des suites d'une attaque d'appoplexie. Né Paris en 1798, cet écrivain com mença ses études Cbarlemagne et les termina Rennes. D'abord typographe et correcteur d'épreuves, il prit avec M. Du. bois, son ancien condisciple, Uhepartactive la fondation du Glôbe, en 1824, et devint dès lors le collaborateur de MM. de Broglie, Guizot,Cousin et Jouffroy. D'abord partisan des doctrines du saint simonisme, il ne tarda pas se séparer du père Enfantin. Collaborateur de la Revue des deux mondes, il fonda en 1841 la Revue indépendante. L'ouvrage capital de M. Pierre Leroux est un livre intitulé: De Chumanitéde son principe et de son avenir. Nommé en 1848 l'Assemblée nationale par le département de la Seine, il y vola constamment avec la montagne et fut réélu la Législative. Après le 2 décembre, M. P. Leroux renonça la politique et se féfugia Jersey, puis Lausanne. Panthéiste en^philosophie et socialiste en politique, M. Pierre Leroux a pu, avant de mourir, voir dans l'insurrection de Paris le triste fruit des doctrines antireligieuses et antisociales la propagation desquelles il avait voué sa plume. M. Henri Rochefort vient de perdre son père. M. Rochefort père avait 81 ans. Il avait été collaborateur de Martainville au Drapeau blanc. Il avait été sous-gouver neur de Cayenne, ce qui ne l'avait pas em pêché de faire des vaudevilles et des chan sons. Il était un des auteurs du FortCEvê- tfue, do Pages et Poissardes, etc. Il avait fait aussi des mélodramesentre autres Jocko ou te Singe du Brésil. Une respectable centenaire vient de mourir Enghein dans les sentiments de la plus touchante piété elle se nommait Jeanne Marie Van Opdenboscb et était veuve de P. F. Poelaert. La défunte était née Saioles le 16 juillet 1768; elle a suc combé Enghein le 15 de ce mois, l'âge de cent trois ans moins trois mois. PESTE BOVINE. Aucun cas de peste bovine n'a été signalé en Belgique depuis notre dernier bulletin. On peut donc, avec raison, considérer comme éteints les différents foyers d'infec tion qoi s'étaient produits dans plusieurs provinces. Ce résultat est dû l'énergie et l'acti vité que toutes les autorités ont déployées dans l'exécution des mesures prescrites pour empêcher le développement de la maladie. La peste bovine s'étend toujours dans le département du Nord et continue régner tout le long de notre frontière. De nombreux envois de troupes ont été faits ces derniers jours vers les frontières de la Flandre occidentale et du Hainaut pour y assurer une bonne surveillance, et un bataillon d'infanterie a été dirigé vers le Luxembourg pour y rétablir le cordon sanitaire qui y avait été momentanément rompu. Un fait tout récent démontre combien le gouvernement a sagement agi en prohi bant la sortie du bétail pour la France et en mettant ainsi un terme aux excursions des marchands français venant des localités FOI CATHOLIQUE. - COflSTITfj'nOPi BELGE. CHRONIQUE JUDICIAIRE. NÉCROLOGIE.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1871 | | pagina 1