D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
54me Année
Samedi 29 Avril 1871.
No 5,590.
BULLETIN l)L JOUR.
M. Tbiers a annoncé jeudi l'Assemblée
de Versailles que les opérations décisives
de la lutte contre Paris sont commencées.
Il a prononcé cette occasion un dis
cours pour prouver (qui pourrait en douter
encore?) que tous les droits sont du côté
du gouvernement et de la représentation
nationale.
Il a ajouté que la République n'est pas
menacée Versailles. Soit mais si la
République n'avait pas été proclamée
Paris, la France ne se trouverait pas dans
la dure nécessité de reconquérir par les
armes sa capitale.
Le plan de l'armée française serait d'at
taquer la capitale, ou plutôt les remparts
avec une artillerie formidable. Les Ver-
saillais sont déjà maîtres de toutes les po
sitions, du haut desquelles ils ont l'inten
tion de foudroyer leurs ennemis.L'attaque,
on ne saurait se le dissimuler, sera des
plus meurtrières, car elle sera circonscrite
dans un espace assurément fort étendu,
mais qui ne permettra pas l'investissement
complet.
Les Allemands qui n'ont évacué ni
Saint-Denis ni les forts du Nord, assisteront
en spectateurs au terrible duel qui va s'en
gager sous leurs yeux. Ils ont sommé, il est
vrai, la Commune de retirer,conformément
aux préliminaires de la paix, leurs canons
de la forteresse de Vincennes. La Commune
s'est empressé d'obéir. Cette circonstance,
dans le cas où les Allemands garderaient
leurs positions, n'aura aucune importance
pour les belligérants. Il en serait tout au
trement si les forts de Cbareton et d'Au-
bervilliers étaient remis aux Français.
L'armée de Versailles, que l'on dit forte
de plus de 150,000 hommesn'agira donc
contre Paris, avec les colonnes d'assaut,
que lorsque la brècbe sera praticable. On
ne parle plus, comme il y a quelques jours,
des tranchées. Quand on croira l'ennemi
suffisamment démoralisé, on lancera une
armée sur tous les points la fois, et l'on
entrera dans Paris, où commencera la ter
rible guerre des rues. Les fédérés seront
néanmoins bien près de leur défaite ce
moment, car il sera possiblesinon facile,
de tourner leurs barricades et de les pren
dre comme dans une souricière. A la ma
nière dont ils ont activé leurs constructions,
ils pressentaient, on le voit, l'approche du
dernier combat.
On mande de Berlin qu'à la demande
de Mgr. Ledochowskiles autorités aile*
mandes sont intervenues auprès de la
Commune pour sauver les jours menacés
de l'archevêque de Paris. Au cas où la vie
du prélat ne serait pas respectée, les insur
gés auraient compter avec les canons
prussiens.
Un relevé des pertes essuyées par l'in
surrection depuis le commencement de la
guerre civile porte 12,000 le nombre des
gardes nationaux qui ônt été tués, blessés
ou faits prisonniers. C'est beaucoup, mais
nous savons que les forces de la Commune
sont réduites dans des proportions bien
autrement considérables, et ce nonobstant
toutes les levées successivement décrétées
depuis un mois. Qne l'on juge par là de ce
que doit être le chiffre des désertions! Mais
de celles là on ne nous doènera pas la
statistique, et pour cause.
Les amendements l'art. 1" du projet
de réforme électorale continuent se pro
duire la Chambre des représentants. Les
trois premiers orateurs qui ontétéentendus
dâns la séance de mercredi, MM. Saincte-
lette, Vanbumbeeck et David, et qui se sont
prononcés, comme on devait s'y attendre,
contre le projet de loi, ont voulu contri
buer de leur miçux l'accroissement dn
nombre des amendements.
Le premier de ces orateurs propose de
reproduire dans le prôjet une disposition
non votée de la loi du 50 mars 1870 d'après
laquelle les employés privés, les magistrats,
les fonctionnaires publics, Ie9 médecins, les
pharmaciens et les instituteurs seraient
électeurs provinciaux et communaux sans
condition de cens.
Le deuxième propose d'attribuer le droit
électoral pour la commune et la province
aux citoyens doués d'un certain degré
d'instruction primaire supérieure consta
ter delà manière déterminée par la loi du
30 mars 1870.
Le troisième, enfin, demande faire
adjoindre aux listes actuelles d'électeurs
communaux et provinciaux les citoyens
qui justifieront devant le juge de paix de
savoir lire et écrire.
La séance s'est terminée dar un discours
de M. Detbuin qui reponsse le projet du
gouvernementmais se rallie l'amende
ment de MM. Jottrand et consorts.
La discussion de l'art. I" du projet de
réforme électorale et des amendements qui
s'y rattachent a continué jeudi, la Cham
bre des représentants, sans offrir beaucoup
d'intérêt. Nous pouvons nous borner
mentionner que M. Frère a prononcé on
nouveau discours dans lequel il a prétendu
que l'agitation électoral^ de l'année der
nière était due une coalition des catholi
ques et des radicaux. Quoi qu'on puisse
dire pour détromper le chef de l'ancien
cabinet, il n'en démordrb pas. La coalition
clérico-radicale formera désormais un arti
cle de foi pour les doctrinaires.
N'oublions pas d'ajouter que M. Coomans
a répondu avec beaucoup de verve et de
dignité aux absurdes accusations de M.
Frère contre le parti catholique.
Conformément une résolution prise
dans la séance du 21 de ce mois, la Cham
bre des représentants s'est occupée hier de
prompts rapports sur des pétitions recom
mandées, qui n'ont pas offert d'intérêt
saillant.
laie a, sur le verdict affirmatif du jury,
condamné lundi 10 ans de travaux forcés
le nommé Emm. Dierckens, âgé de 74 ans,
ouvrier agricole, né Oostcamp, ayant
demeuré en dernier lieu Wyngene et
placé sous la surveillance de la police.
Dierckens a été déclaré coupable de fa
brication ou tout au moins d'émission de
monnaie fausse en argent. C'est un vieux
pensionnaire de la prison, où il a passé la
moitié de sa vie parmi son bagage judi
ciaire, il compte one condamnation mort.
La cour d'assises de la Flandre occi
dentale s'est occupée avant hier de l'affaire
charge de Charles Debelouvrier, ayant
demeuré en dernier lieu Halluin, accusé
de volcommis avec circonstances aggra
vantes au préjudice de M. Dbondt,
Tbielt. Debel qui a déjà subi 7 8
condamnationsa été condamné 10 ans
de travaux forcés.
La cour d'assises de la Flandre occiden-
La navigation sera interrompue, cette
année, sur les rivières et canaux ci-après:
Canal de Cbarleroi Bruxelles, du 11
juillet au 22 août; canal del'Ourtbe,du 15
juillet au 4 août; canal de Liège Maes-
tricbt, du 20 juillet au 4 août; canal de
Blaton a Alb, du 5 juillet au 22 août; canal
de l'Espierre, du 8 au 29 juillet; Lys, entre
les écluses d'Oupljnes et de Menin, du 8 au
16 juillet; canal de Cand par Bruges
Ostende: 1° entre le pont de la Grille de
Fer, Bruges, et l'écluse de la porte de
Damme, dans la même ville, du 5 juillet
au 12 août; 2° traverse de Bruges, du 8
juillet au 2 août; 5° entre Brugeset Ostende,
du 8 juillet au 5 août; canal de Plasschen-
daele Nieuport, du 15 au 50 juillet; Yser,
du 7 juillet au 22 août; canal d'Ypres
l'Yser, du 7 juillet au 22 août; Petite Netbe
canalisée, entre Grobbendonck et Lierre,
du 1" au 21 août.
Le jour fixé pour le commencement des
chômages les eaux seront baissées sur toute
l'étendue des voies navigables indiquées au
présent tableau. Les bateliers devronten
conséquenceprendre les mesures néces
saires pour que leurs bateaux ne se trou
vent pas, au commencement des chômages,
dans un des biefs où les eaux doivent être
baissées.
Le Mot cfordre nous apporte une nou
velle qui ne peut manquer d'intéresser pro
fondément la Belgique
Le célèbre démocrate belge Spiltborn,
chef de l'insurrection dite de Risquons Tout,
en 1848, et qui, après l'échec de sa tentative
républicaine, s'était vu forcé deœigrer
New-York, où il a, pendant vingt ans,
exercé avec éclat la profession d'avocat,
vient d'arriver Paris, pour se meure a
la disposition de la Commune.
Spilthorn est un homme d'action dans
toute l'acception du mot. et tous ses actes,
comme ses écrits depuis vingt deux ans
n'ont eu qu'un seul but triomphe de la
canse du peuple.
Qu'il soit le bienvenu parmi nous!
Ainsi parle le Mot d'ordre.
PROPAGATEUR
FOl( CATHOLIQUE. -- CONSTITUTION BELGE.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
NOUVELLES DIVERSES.