Une des dernières scènes de la panto mime tirée de la guerre du brigandage, et intitulée Ciprtano la Gala, représentait une coline. Au sommettournés du côté de la ioge royale, étaient postés cinq artistes de la troupe équestre remplissant le rôle de brigands; au bas un peloton de bersagliers, commandé par M. Guillaume en uniforme de capitaine se préparait monter l'as saut. Les bersagliers et les brigands avaient chacun un fusil percussion chargé pou dre, dans la coulisse, pour les premiers coups; les autres détonations devaient provenir de batteries et de pétards établis derrière la scène, Les bersagliers, jeunes gens pris comme comparses, montent résolument l'assaut' et la fusillade commence. Presque aussitôt l'un d'eux, quise trouvait près du capitaine, tombe la face contre terre sans pousser un cri. Les spectateurs, pensant que cetlecbute si naturelle était comprise dans le pro gramme, n'ont fait d'abor d que s'émerveil ler de se précision. Mais l'ullusion devait être de courte durée; le sang u'a pas tardé entourer la tête du bersaglier tombé. Alors, le spectacle est brusquemsnt in terrompu la salie entière se lève, des dames se trouvent mal et beaucoup de personnes sortent présipitararaent. Les officiers de la sûreté publique accourent sur la scène, des médecins, entre autres M. Adami, médecin du Roi. s'empressent autour du blessé. La confusion est au comble. Le Roi avait envoyé prendre immédiate ment des nouvelles du malheureux com parse. Il a dû apprendre que la mort avait été instantanée, car la balle avait fait jaillir la cervelle sur la scène. Une heure plus tard, les frères de la Mi séricorde transportaient l'hôpital le ca davre de cet infortuné jeune hommeou vrier typographe, âgé de dix-neuf ans, nommé Emilio Ammannati. L'instruction a duré toute la nuit et toute la journée d'aujourd'hui, car on soupçonne malheureusement que celte mort n'a pas été occasionnée par un simple accident, mais qu'elle est le résultat d'un crime. La représentation a été suspendue, et la pantomime Cipriano la Gala défendue par l'autorité. MM. de Bismark et de Moltke s'occu pent de perfectionner encore l'armement de l'armée prussienne. Le fusil Oreyse est remplacé par lacarabine Werder. La grosse cavalerie est supprimée et M. Krupp, le nouveau baron, vient de soumettre au co mité d'artillerie un canon nouveau modèle qui pourra détruire les remparts les plus solides une distance de treize kilomètres La construction de ces nouveaux engins de civilisation a nécessité l'adaption aux forges d'Essen de plusieurs marteaux mon stres, dont le prix, pour chacun d'eux, est évalué quatre millions de francs. Louis Napoléon a vendu au gouver nement italien au prix d'achat, le palais Farnèse, ainsi que les terres où ont été pratiquées des fouilles. On a quelques détails sur l'inondation du Mississipi, dans la nuit du 24 avril. Les eaux se sont précipitées par une crevasse a Bonnet-Carré, large de 700 pieds, avec un bruit qu'on a entendu plusieurs lieues, et creusant un canal de 50 pieds. Aucun elTorl pour boucher la crevasse n'a réussi. Si les eaux parviennent jusqu'au lac Ponlchartrain, celui-ci débordera et le bas de New-Orléans sera inondé. Les domma ges sont déjà considérables; aux dernières nouvelles, la crevasse s'élargissait et douze freut-s du chemin de fer Jackson avaient été on!portées; Emigrations. - Pendant les cinquante dernières années, l'émigration européenne aux Etats Unis d'Amérique offre les chiffres suivants Allemagne, 2.268,000; Grande- Bretagne 2.417,000Irlande, 1.416.000; France 245.000; Ecosse84 000 Suisse, 61,000; Hollande. 31,000^Italie, 24.000; Danemark, 23.000; Belgique. 17.000; Au- triche.9,0q0; Pologne, 4.000; Russie, 3.000; paysdjvers. 1,000,000;ce qui.somme toute, fait 7,612.000 hommes, femmes et enfants. L'émigration de l'Allemagne est près de dix fois plus considérable que celle de la France. Dans la présente année et dans les années prochaines ce rapport changera probablement, caril est permis de supposer qu'en raison de la malheureuse situation politique et sociale de leur pays, un grand nombre de Français iront chercher une nouvelle patrie. Les Allemands n'émigrent pas par la raison qu'ils seraient mécontents des affai res intérieures de leur patrie mais parce qu'ils peuvent avec assurance compter sur une meilleure position en Amérique. La plupart d'entre eux appartiennent la classe des laboureurs, et partout, dans les États Unis, ils trouvent des parents et des amis. Dans tous les Étatsdans toutes les villes importantes de l'Amérique, il existe des sociétés allemandes qui se donnent la mission de veiller aux intérêts de leurs compatriotes arrivant de l'Europe. New York est le principal port d'arrivée des immigrants. La plupart de ces derniers, après un court séjour dans cette ville, ga gnent l'intérieur du pays, que des lignes de chemins de fer sillonnent dans toutes les directions. Le plus grand nombre des éta blissements de ces colons se fait dans les États du nord-ouest, l'Ohio, la Pensylvanie, l'Indiana, l'Illinois, le VVisconsin, le Mary- land, la Virginieoccidentale,elc. Par l'Ohio, qui, après un cours de 350 milles, se réu- nit au Mississipices Etats se trouvent en communication avec ceux du centre et du sud des Etats Unis. (Corr. de Berlin.) Le Journal officiel de Paris publie ce qui suit FRANCE. Sur la délibération approuvée do Comité de salut public, le citoyeo Joies Fontaine, directenr général des domaines, a En réponse aux larmes et aox menaces de Tbiersle bombardeur, et aux lois édictées par l'Assemblée rurale, sa complice, Arrête.: Art. i". Tool le linge provenant de la maisoo Tbiers sera mis b la disposition des ambolances. Art. a. Les objets d'art et les livres précienx seront eovoyés anx bibliothèques et musées na tionaux. Art. 5. Le mobilier sera vendn aox enchères, après exposition publique ao grrde-menble. Art. 4. Le prodoit de cette vente restera uni quement affecté aox pensions et indemnités qui devront être fournies aux veuves et orphelins des victimes de la guerre infâme que nous fait l'ex- propriétaire de l'bôtel Georges. Art. 5. Même destination sera donnée b l'argent que rapporteront les matériaux de démo lition. a Art. 6. Sur le terraio de l'bôtel dn parricide sera établi un square pablic. Paris, le a5 floréal nu 79. Le directenr général des domaines, J. Fontaine. aux grandes viules. Après deux mois d'une bataille de toutes les beores, Paris n'est ni las ni eotamé. Paris lutte tonjours, sans trêve et sans repos, infatigable, héroïque, invaincu. Paris a fait un pacte avec la mort. Der liè<e ses forts, il a ses mors; derrière ses mn-s, ses barricades; derrière ses barricades, ses maisons, qu'il faudrait loi arracher une b une, et qu'il ferait sauter, au besoin, ploiôt que de se rendre b merci. Grandes villes de Fraoce, assisterez-vous im mobiles et impassibles b ce duel b mort de l'Avenir contre le passé, de la république contre la monar chie? Vous voulecla Répoblione, ou vos votes n'ont aucoo sens; vous voulez la Commune, car la re pousser ce serait abdiquer votre part de souve raineté nationale; vous voulez la liberté poliliqoe et l'égalité sociale, puisqoe vous l'écrivez sur vos programmes; vous voyez clairement que l'armée de Versailles est l'armée do bonapartisme, du centra lisme monarchique, du despotisme et do privilège, car voos connaissez ses chefs et vous vous rappelez leor passé. Qu'attendez-vous doné poor voos lever? Qu'attendez-vons pour chasser de votre sein les iofâmes agents de ce gouvernement de capitula tion et de bonté qui mendie et achète, b cette heure même, de l'armée prussienne, les moyens de bombarder Paris par tons les côtés la fois? Attendez-vous que les soldats du droit soient tombés josqo'ao dernier soos les balles empoison nées de Versailles? Attendez-vous que Paris soit transformé en cimetière et cbacooe de ses maisons eo tombeau? Grandes villes, vous lui avez envoyé votre adhésion fraternelle; voos loi avez dit De coeur, je snis avec toi! Grandes villes, le temps n'est plus aux mani festes le temps est aox actes, quand la parole est au eanoo. Assez de sympathies platoniques. Vous avez des fusils et des munitions Aox armes! Deboot les villes de France! s Paris voos regarde, Paris alteod que votre cercle se serre antoor de ses lâches botnbardeors et les empêobe d'échapper an châtiment qo'il leur réserve. a Paris fera soo devoir et le fera jnsqn'ao bout. a Mais ne l'oubliez pas, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Naotes, Bordeaux ét les autres Si Paris succombait pour la liberté do monde, l'histoire vengeresse aurait le droit de dire que Paris a été égorgé parce qoe voos avez laissé s'accomplir l'assassinat. Le délégué de la Commune aux rela tions extérieures, a Paschal Groussbt. Comme le télégraphe noos l'a annoncé, Aober vient de mourir. Il avait quatre-vingt-neuf ans. Il était né en 1783, b Caen. Son père, marchand d'estampes, l'envoya apprendre le négoce b Lon dres. A son retour en France, il débuta par des fragments de mnsiqoe religieuse et des concertos pour basse. En i8i5il s'assaya ao théâtre. Son premier opéra-comique échoua si complètement que l'au teur fut découragé pour quelque temps; mais sa seconde pièce, la Bergère Châtelaine, répara l'écbec de la première. Dès lors, son succès alla croisant. Leicester, le Maçon, Léocadie, Fiorella lui firent one réputation dont la Muette de Portici fit presque de la gloire. Son répertoire est innombrable. Il suffit de citer le Domino noirles Diamants de la Couronne. Fra Diavolo, la Fiancée Leslocq, le Lac des Fées, Gustave III, Zanetta, Manon Lescaut, Haydée, la Part du Diable, le Premier Jour de Bonheur, etc., etc. Il remplaça en 1829 Gossec b l'Institut, et en i842 son maître, Cherobini, ao Cooservatoire de musique. Le vandalisme des gens de la Commune a eu raison des résistances qne loi opposait le trophée des victoires do premier Empire; la colonne Ven dôme est tombée mardi b cinq heures trois quarts- sans caoser d'accident. Le fût de la colonne s'est brisé en trois morceaux; mais le piédestal est encore debout, surmonté do drapeau rouge, Qu'oo se bâte de le remplacer par une perche surmontée du bon,- net phrygien; c est le seul ruouument qui soit digne de ces nouveaux barbares.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1871 | | pagina 2