il s'est accompli en Russie un événement qui, malgré son importance immense a passé peu près inaperçu, en partie cause des préoccupations absorbantes eau- sées l'opinion publique par la lutte gi gantesque de la France et de la Prusse il s'agit de l'inauguration d'un télégraphe de dix mille verstes allant de Saint Pélers- bourg l'embouchure de l'Amour et Vladivostok de la mer Baltique la mer du Japon. Ce télégraphe relie actuellement l'Europe entière au littoral de l'Océan - Pacifique e; la mettra bientôt en commu nication directeaveq Shanghaï,Hong Kong et les autres ports de la Chine et du Japon. Les étrangers au service de la Commune de Paris. On a dU que la Commune re présentait la révolution cosmopolite, on ne s'est pas trompé. Voici, en effetune listedéjà longue, mais certainement incomplète, des étran gers qui ont joué un rôle dans cet odjeux et grotesque mouvement D'après des renseignements que Paris- Journal a lieu de croire exacts, Mortier, membre de la Commune, qui a été fusillé jeudi, était un Hollandais dont le véritable nom était Nortjé. Son père a dirigé long temps un des grands journaux d'Amster dam. On lit dans le Petit-Moniteur Un prisonnier de la Roquette, M. Evrard, sergent major du 106' bataillon, adresse aux journaux la lettre suivante Anys-el-Bitiardirecteur des manuscrits b la bibliothèque oatiooaleEgyptien. Castioniex-membre du Comité centralchef do 9" secteur, Suisse, du caotoo du Tessin. Closeret, généraldélégné b 1aguerre, Américain. Capellaro, membre du bureau militaire, Italien. Dombrowski, général des forces de la Commune, Polonais.. Dombrowski, son frère, colonel d'état-major, id. Ferrera Gela, directeur-général des ambulances, Portugais. Fraokel, membre de la Commune, Prussien. Giorock, commandant dn fort d'Ivry, Valaque. Gregorok, commandant de l'artillerie de Mont martre, Valaque. Kertzfelddirecteur en chef des ambulances, Allemand. Kobosko, cavalier estafette, mis l'ordre du jour de l'armée de la Commune, Polonais. Landowski, aide de camp du général Dom browski, Polonais. Okolowics et ses frères, général et officiers d'état-major, Polonais. Oslyn, membre de la Commune, Belge. La Cécilia, général en cbef, Italien. Pisani,aide de camp du général Floureos, Italien. Potamzenki, aide de camp du général Dom browski, Polooais. Sazazierswskicommandant do fort de Vantes, Polonais. Sugno, directeur de la mcsique b l'Opéra, Italien. Romanelli, directeur dn personnel de la goerre, Italien. Thallersous-gouverneur du fort de Bicêtre, Allemand. Van Ostalcommandant du n5' bataillon, Hollaodais. Vetzel,commandant des forts do Snd, Allemand. Wroblewski, général, commandant l'armée dn Sud, Polonais. Witloo, chirurgien-major do 77* bataillon, Américain. FRANCE. Paris, 3 juin, ru matiu. Tontes les rues sont maintenant ouvertes b la circulation. Les barricades ont disparu. Les trot toirs et les cbanssées sont réparés. La «ille reprend de jour en jour un aspect pins animé. La trauqoillité est parfaite dans tous les quartiers. Outre l'es perquisitions npére'es par les troupes sur les otdres des généraux comniandaot les arron dissements, la police, qui commence b être réorga nisée agit de son côté. Elle e»t spécialement chargée de l'arrestation des individus suspects. Les soldats se bornent b enlever les armes, les menilioes et les effets d'équipement. Les agents de police, que l'habitude de sembla bles missions rend pins habiles, viennent dans le' maisons où ils supposent que des insurgés sun' cachées et deot ils 001 le signalement. Dix conseils de goerre vont être installés b Cher- bonrg pour joger les insurgés prisonniers dirigés dans ce port. Tont le service de la prévôté est cootralisé au théâtre du Chârelet. Cest là que les insnrgés sont conduits On procède b une instruction sommaire avant de les eovoyer devant les conseils de guerre sié geant b Versailles. Paru, 4 juinsoir. On annonce l'arrivée du duc d'Aumale hier b Saint-Germain. Les fuoérailles de l'archevêque Darboy auront lien le 7, b Notre-Dame. Rochefort oe sera jngé b Versailles que dans le cooranl delà semaine. Un grand nombre d'exécntions ont lien b Ver sailles. Paris, 5 juin. Les quartiers de Belleville, de La Villette et de Montrouge sont toujours occupés militairement. Il y a des patrouilles d'infanterie et de cavalerie jour et ooit. La tranquillité est parfaite. Nous devons b l'indiscrétion d'un témoin occu- lajre, que le hasard nons. a fait rencontrer, les dé tails suivants, relatifs b l'interrogatoire de Joorde, arrêté depuis avaot-hier Joqrde a été interrogé b la prévoté établie au n° io5 de la rue de Grenelle. Au sujet des ressources et des dépenses de la Commune, l'es-délégué aux finances a donné les renseignements qui suivent Les ressources de la Commune consistaient, an iS mars dernier, en quatre millions trouvés dans la caisse do Trésor. Deux millions reqnis dans les caisses de che mins de fer. Vingt quatre millions obtenus b la Banque, w Et enfin les douanes, les jCootributions et les ressources ordioaires de la ville lui auraient fourni le reste. Quant aux dépenses, il fallait inscrire, en pre mière ligoe, pour la solde des gardes nationanx, 55o,ooo fr. par jour, an grand regtel de Joorde, qni prétend que vers la fin dn règne de la Com mune il n'y avait pas plus de 3o,ooo hommes qui faisaient leur service.... En outre, les antres dépenses étaient de Ponr la première semaine 600,000 fr.; pour la seconde semaine 700,000 fr. et ainsi de soite jusqu'au chiffre de 1,300,000 fr., ce qui constitue une moyenne de 800,000 fr. par jour. Jourde oe fait pas partie de l'Internationale. Il affirme qu'elle a mis du reste pen d'argent b sa disposition et qoe la maison-mère de la Société b Londres ne possède., d'après son dire, pas plus de 3o ou 4o,ooo fr. de fonds. Quant b l'interpellation qni Ini a été faire au sujet de l'argent qu'il aurait po recevoir de l'étran ger, Joorde nie absolument, et il a ajooté qu'il pourrait prouver b quelles sources il tirait toutes les sommes qu'il a dépensées. Joorde est actuellement détenn au ministère des affaires étrangères. MASSACRE DES PRISONNIERS DE LA ROQUETTE. Paris, mai 1871 Monsieur le rédacteor, Je viens de rentrer chez moi, apiès un séjour de près de denx moi» dans les prisons de la Com mune; arrêté le 3 avril, je u'ai po recouvrer ma liberté que le 37 mai, grâce b un concours provi dentiel de circonstances. A peine dans les mains de ces bandits, je fus conduit an dépôt de la Préfectore, où je restai jus qu'à* 16 avril. Le 33 mai, j'étais extrait de la prison de Mazas, où j'avais été eofermé depuis le 16 avril, et transféré avec trente cinq antres pri sonniers b la Grande Roqnette, an dépôt des cou- damnés. Parmi ceux-ci se trouvaient l'arcbevêqne de Paris et M. l'abbé Degoertycuré de la Made leine. Mgr Darboy occopailla pellole n* 31 de la 4* division, et je me trouvais b quelque distance de loi, dans la cellule n* 36. La cellule occopée par le respectable prélat était autrefois le cabinet d'nn surveillant. Ses compagnons de captivité étaient parvenus b lui proenrer une table et une ebaise. La cellule était elle-même plos vaste que les antres. a Le mercredi 36 mai, b sept heures et demie du soir le directeur de la prisuoou certain Le- franeaishomonyme do membre de la Commune,, et ayant séjourné six années au bagoe, monta dans la prisoo b la tête de cinquante fédérés, parmi les quels se trouvait un pompier, et occupa la galerie dans laquelle étaient enfermés les prisoooiers prin cipaux. Ces lédérés se rangèrent dans la galerie qui coodoif an chemio de ronde du Nord et peu d'iostaots après, le brigadier de surveillants alla ouvrir la cellole de rarchevèqoe et l'appela b voix basse. Le prélat répoodit Présent Pois il passa b la cellule de M. le président Boojean; pois ce fut le tour de M. l'abbé AHard, membre de la Société internationale de secoers aux blessés, le P. Ducoodray, supérieur de Pécule Sainte-Geneviève, et le P. Clerc, de lu Compagnie de Jésot; enfin, le dernier appelé fui M. l'abbé Deguerryle curé de l'église de I» Madeleine. A peine leur nom était-il prononcé, qoe chacun des prisonniers était ameoé dans la galerie et descen dait l'escalier conduisant au chemin de tonde; sor les deux côtés; autant qu'il me fol permis de le jogerse tenaient les gardes fédérés, iosoltaot les prisoooiers et leor lançant des épithètes qoe je ne puis reproduire vu Mes infortunés compagnons forent ainsi ac compagnés par les boées de ces misérables jnsqo'b la coor qui précède l'infirmeriej là il y avait no peloton (TexécotiooMgr Darboy s'avançaet s'adressant b ses assassins, il leur adressa quelques paroles de paidoo; deux de ces bommes s'appro chèrent do prélatet devant leors camarades, s'agenouillèrent et implorèrent son pardon les autres fédérés se précipitèrent teis eux et les re poussèrent en les insollaut; puis, se retournant vers les prisonniers, ils leor adressèrent de nou velles iojores. Le commandant do détachement en fat outré; il fallait donc qoe ce fût bien exagéré. Il imposa silence b ces hommes, et après avoir lancé on épouvantable joroo...Vous êtes ici, dit-il, ponr fusiller ces gens-lb et non pas poor leseng... Les fédérés se turent, et, sor le commandement de leor lieutenant, ils chargèrent leors armes. Le P. Allard fut placé contre le mur et fot le premier frappé; pois, Mgr Darboy tomba b son tour. Les six prisonniers forent ainsi fusillés, et montrèrent tons le pins grand calme et le plos grand courage. M. Deguerry seul eot 00 moment de faiblesse passageril est vraiet qo'il fallait attribuer b son état de santé plotôt qu'à la frayeur Après cette tragique exécution, faite sans qo'il fût dressé procès-verbal, et eo présence seulement de( quelques bandits, les corps des malheureuses victimes furent placés tout habillés dans une voi ture de la Compagnie de Lyon, réquisitionnée b cet effet, et conduits au Père-Lacbaise, où ils forent déposés dans la dernière tranchée de la fosse commune, b côté les uos des autres, sans même qu'on prit soin de les couvrir de terre. Ces exécutions do 34 n'étaient qoe le prélude de celles qui eurent lieu avaul-bier. J'ai pu, grâce b la bienveillance d'oo surveil lant, M. Laogevio qui s'efforça de rendre notre captivité moins dore, obteoir ces quelques rensei gnements et ceux qui vont suivre. Quelque incom plets qu'ils soientils jetieut ou peu de lumière sur cet épouvantable drame. Vendiedi soir donc, la scène qui s'était passée

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Le Propagateur (1818-1871) | 1871 | | pagina 2