D
BULLETIN DU JOUR.
Pendant que )e roi Amédée se débat
contre les vicissitudes auxquelles il s'est
volontairement exposé, son père, le galant-
homme, poursuit tout aussi volontairement
le cours de son usurpation sacrilège. Cette
fois l'iniquité entre dans sa dernière phase,
le Parlement italien siégera sous peu de
jours dans la capitale lâchement enlevée
au noble Pontife du Vatican, au mépris de
toutes les règles en usage chez les nations
civilisées. Victor Emmanuel s'est rendu
mardi Rome pour sanctionner de nou
veau par sa présence le coupable attentat
auquel les délibérations du Parlement J
vont mettre le comble. C'est le 27 qu'il se
réunit. Ce jour-là l'Italie sera faite selon le
droit nouveau mais on sait ce que valent
et ce que durent les combinaisons politi
quesles plus solides en apparence, et l'Italie
unifiée n'est pas précisément de celles là.
Dans tous les cas, Dieu ne perdra rien
pour attendre.
Une nouvelle qui causera en Angleterre
une vive inquiétude et une profonde émo-
lion, c'est la grave indispositiou dont l'hé
ritier de la couronne vient d'être atteint.
D'après les dernières nouvelles, les sym-
tômes de la maladie qui menace le prince
de Galles se rapporteraient la fièvre ty
phoïde.
Un télégramme de Rome annonce que
S. S. Pie IX a tenu, hier vendredi, un con
sistoire pour la préconisalion d'un grand
nombre d'évêques, la plupart italiens. On
croitquelePapea prononcé unealloculion.
Le grand duc Alexis est arrivé New-
York après une traversée détestable, dont
le brillant accueil qu'il a reçu aura bientôt
dissipé le souvenir. Dans la réponse qu'il
a faite la harangue de réception le grand
duc a assuré que l'amitié entre la Russie
et les États Unis est si ferme et si durable
que rien ne pourra la troubler. Ce langage
net et catégorique suffira sans doute dis
siper les bruits inquiétants qu'avaient fait
naître les relations peu courtoises entre le
chargé d'affaires russe, M. Catacazy, et le
gouvernement de Washington.
Le budget du déparlement de la guerre
pour l'exercice 1872 est basé sur une force
moyenne de 42 923 hommes et 8,789 che
vaux. Comparé au budget précédent, il
présenteune augmentation de 561 hommes
et une diminution de 5 chevaux.
Quant au chiffre des crédits demandés,
l'augmentation est plus considérable le
crédit volé pour l'exercice 1871 s'élevait
la somme de 36,871.500 francs, celui qui
est demandé au budget actuel atteint
37.128.000 francs, donc une augmentation
de 256,500 francs.
Mercredil'ouverture de la Chambre
des représentants, M. le ministre de la jus
tice a donné lecture d'un rapport de M. le
procureur général près la cour d appel de
Bruxelle, dont il résulte que le parquet ne
peut approuver ni autoriser l'emploi qui a
été faitdes dossiers judiciaires cans l'affaire
Langrand. En conséquence. M Cornesse a
refusé la communication des pièces dont
M. Bara avait annoncé l'inteation de se
prévaloir dans son interpellation.
De son côté. VI. Dansaert a communiqué
la Chambre un rapport de M Vander
straeten d'après lequel les pièces dont il
s'agit seraient la propriété des curateurs
de la faillite.
M. Bara a ensuite pris la parole pour
motiver l'interpellation qu'il adresse au
gouvernement sur la nomination de M De
Decker comme gouverneur di Limbourg.
Dans son opinion, cette nomination aurait
dû être empêchée par des motifs puisés
dans les faits révélés dans l'instruction de
l'affaire Langrand, et dont il en cite plu
sieurs d'après les documents que lui a
livrés M. Vanderstraelen.
Après une réponse très nelteet très éner
gique de M. le ministre de l'intérieurla
suite du débat a été remise jeudi
Le débat soulevé par l'interpellation de
M. Bara a continué jeudi la Chambre des
représentants.
M. De Fuisseaux a d'abord pris la parole.
Considérant les faits cités par M. Bara
comme patents et incontestables, cet ora
teur en a pris texte pour faire le procès
au gouvernement, qui il reproche d'avoir
nommé gouverneur un homme compromis
dans des scandales financiers, et nos
institutions, qu'il accuse de pratiquer le
culte de l'or, parce qu'elles consacrent le
principe de l'argent pour l'électoral, pour
l'égilibilité au Sénat et pour le remplace-
mentmilitaire. L'honorabledéputédeVlons
a conclu en terminant son discoursqu'il
faut appeler le peuple l'exercice de ses
droits ce qui veut dire qu'il faut intro
duire le suffrage universel si l'on veut
remédier tous nos maux, prévenir tous
les abus et surtout faire reconquérir au
parti libéral toute sa puissance Tenons-
nous le pour dit.
M. Nothomb a relevé ensuite avec une
grande netteté et une vigueur peu com
mune les imputations dont les administra
teurs des institutions fondées par M Lan
grand en général et lui en particulier
avaient été l'objet dans le discours de M.
Bara. Il a démontré par des faits authen
tiques et des chiffres indiscutables que
toutes ces accusations ont été inventées ou
du moins perfidement envenimées par la
mauvaise foi et la passion politique, et que
c'est sous l'empire de ces injustes préven
tions qu'on s'est prévalu de quelques fautes
et de quelques mécomptes pour provoquer
une intervention judiciaire que rien ne
justifiait et qui a fait sombrer les institu
tions dont il s'agit.
Après ce remarquable discours, plusieurs
membres de la droite ayant demandé la
clôture, celle ci a été prononcée par 64
voix contre 46 et une abstention, malgré
l'opposition de MM. Guillery, Brasseur et
Yanhumbeeck.
La séance s'est terminée par le rejet d'un
ordre du jour proposé par M. Bara et re
grettant la nomination de M. De Decker
comme gouverneur du Limbonrg.
Une foule considérable et curieuse a sta
tionné devant la Chambre mercredi pen
dant la séance A la fin de la séance, la foule
était tellement nombreuse qu'il n'y avait
plus moyen de circuler. Elle proférait des
cris séditieux A bas la calotle! etc.
Un peu plus lard, la foule se porta vers
le palais du Roi, où elle cria, VEcho du
Parlement qui le dit A bas le ministère!
Le collège échevinal de Bruxelles s'est
réuni mercredi soir l'hôtel de ville et a
résolu de convoquer pour jeudi la première
légion de la garde civique. (Indép.)
Au sortir de la séance, les membres de
la Chambre ont été accueills comme mer
credi, c'est-à dire par des hurlements et des
vociférations indignes d'une population qui
se respecte Les cris séditieux les plus dé
plorables ont été proférés, la grande joie
des doctrinaires.
Vers 6 heures du soir, un rassemblement
de braillardsest venu vociférertoutessortes
d'injures et d'outrages devant les bureaux
de la Belgique. Puis,cette bande de forcenés
a quitté la place pour se rendre cbez les
Jésuites
Quelques forts groupes de turbulents se
sont rendus devant l'hôtel du ministère des
travaux publics. Ils ont cru faire acte de
civisme en tordant une sonnette et en
forçant les grilles de l'hôtel.
La police avait préveuu l'arrivée des
perturbateurs de l'ordre public chez les
Jésuites Les rues qui aboutissent la rue
des Ursulines étaient gardées et des gen
darmes stationnaient devant cet établis
sement religieux. Voyant leurs projets
déjoués, les bandes se sont dirigées vers
les Galeries S'-Hubert, mais leurs rangs
s'éclaircissaient visiblement chaque coin
de rue.
Vers 7 1/2 heures du soir, une nouvelle
manifestation a eu lieu devant les bureaux
de la Belgiquemais la police a prompte-
ment dissipé les tapageurs.
PESTE BOVINE.
L'épizootie continue se développer dans le
département du Nord.
D'après les renseignements qoe nous avons re
cueillis, la maladie s'est déclarée ces jours derniers
Douai, a I.ambersart, a Kellem, a Eecke, a Rome-
sacre et Cassel.
Elle continue exercer ses ravages dans on
grand nombre de commuoes de tons les arrondis
sements de ce département, et surtoot dans ceux
de Lille et de Valenciennes.
Le gouvernement français vient enfin de publier
un document sur la siloatioo de la peste bovine.
On y voit que cette maladie a régné déjà dans 4o
etqo'elle existe actuellement eocore dans a3 dé-
parteasnts.