Bijvoegsel aan het WEEKBLAD van IJperen van Mei 1887. BEGRAVING VAN M. CARTON. të<"i In den nacht van 25 April 1887 is de heer HENRI CARTON, oud-arrondissements-Commissaris, Voorzitter der liberale Associatie, der Landbouw Associatie, van het.Leerwerkhuis en dar Maatschappij La Concorde Officier der Leopoldsorde, Ridder van het Eere Legioen, alhier in den ouderdom van 73 jaren overleden. Den Donderdag 28, om 10 ure 's morgens, had zijne plechtige begrafenis plaats. Reeds van 's morgens vroeg kwamen langs al de poorten onzer stad gansche drommen vrienden toe om den alom diep betreurden afgestorvene tot aan het kille graf te vergezellen. Greene stad in ons land en geen hoekje van ons arrondis sement, zelfs het verholenste niet, of ze waren talrijk vertegenwoordigd. Alwie den heer CARTON van bij of van verre gekend, zijne vaderlijke bescherming genoten had, wilde een laatsten blijk van hulde en erkentenis aan hem bewijzen, die gansch zijn leven aan het heil zijner medeburgers gewijd had. Al de maatschappijen waarvan de dierbare doode voorzitter of beschermer was, wTaren daar bijna in volle getal rond hunne in rouw gehulde banier geschaard. Grootsch'en indrukwekkend was die lange stoet, die de lijkbaar van aan het sterfhuis tot aan de kerk en vandaar tot aan den grafsteen droevig en ingetogen volgde. Aan het hoofd ging het. uitgelezen Muziek onzer Pompiers, dat door zijne klagende en treurige tonen de algemeene droefheid nog inniger gevoelen deed. Daarop volgde eene afdeeling onzer bezetting, die met onze Pompiers den betreurden overledene de militaire eer bewezen. 1 )e Pompiers vormden de haag nevens en achter het lijk. De hoeken van den pelder waren gehouden door de heeren Cornette en Bossaert schepenen, en Graux, onder-voorzitter der Liberale federatie, Eug. Van Daele, L. Hubbrechts en R. Begerem. De rouw werd door de heeren Ferdinand en A. Merghelynck zijne neven opgeleid. Dan volgde die eindelooze schaar overheidspersonen, vrienden en kennissen, waar tusschen de met rouwfloers omhangen banieren der Maatschappijen. De lijkbaar was letterlijk onder rijke en prachtige kronen als begraven en er werd hier en daar een in den stoet omgedragen. Op gansch den doortocht trok die grootsche stoet tusschen eene ingetogene menigte voorbij, die de stoffelijke overblijfselen van den bij uitstek volks- minnenden man eenen laatsten groet was komen geven, Nooit zag men dieper en algemeener treurnis. Iedereen voelde het onherstelbaar en jammerlijk verlies, dat ons arrondissement kwam te ondergaan. Op het kerkhof, bij den boord van het gapend graf werden vier schoone en zielroerende lijkreden uitgesproken door de heeren Th. Cornette, in naam der Liberale Vereeniging, Graux, in naam des Liberalen-Bonds, L. Rubbrechts, in naam der Landbouwvereeniging en Bossaert, in naam der «Concorde» allen lieten eenen diepen indruk achter De heer CARTON, is niet meer, maar wat eeuwig blijven zal, dat zijn zijne heilzame werken, zijne tallooze weldaden; en die zullen bij ons en bij onze nako melingen immer zijn gezegend aandenken herinneren, Hieronder geven wij den tekst der verschillige lijkreden: Lijkrede van M. Cornette, schepen dei- stad IJperen. Lijkrede van M. GrauxOnder-Voorzitter den liberalen Bond. Lijkrede van M. Rubbrecht, Notaris, te Proven. «.Messieurs, En prenant la parole anx bords de cette tombe, je comprends toute la grandeur de ma tache et je ne me dissimule pas mon impuissance. Mes efforts pour in'élever a la hauteur de celui dont nous dé- plorons la perte resteront toujours en dessous de ce que vous demandez et de ce que vous êtes en droit d'attendre. II y a des hommes d'une grandeur telle que leur envergure échappe 4 une analyse sommaire et plus on les a connus, mieux on a pu les étudier, plus on sent combien on est incapable de les enchas- ser dans un cadre qui en fasse ressortir les détails au milieu de leurs traits les plus saillants. Chez eux tout a son importance, et les traits généraux et les traitsparticuliers. Monsieur HENRI CARTON était de ceux-la. Nature vigoureusement trempée, doué d'un jugement qui rarement se trompait, armé d'une volonté que rien ne rébutait, il savait tenir dans sa robuste main les causes les plus difficiles. Jamais sa froide raison ne l'abandonnait et quand il pour- suivait un but, c'est qu'il le croyait juste; alors il y apportait cette direction sagement calculée qui con duit presque infailliblement au succes. Sa persis- tance était infatigable et sans jamais se presser il saisissait au vol toutes les occasions qui pouvaient de pres ou de loin venir 4 son aide. Sa haute stature, ses formes graves, l'énergie de ses traits étaient bien l'image vivante de la force de son earactère et de la solidité de son intelligence. C'était une ame foncièrement honnète et juste, franche et loyale. Cela explique sa ténaoité asoutenir ses convictions; cependant il n'était point inflexible et s'il était opiniatre dans la lutte, il savait céder a temps et de bonne grace, et cette cause, sous sa forme nouvelle, il savait la servir avec la même énergie qu'il avait mise 4 la combattre, tant il était l'esclave et l'ami de la vérité. Ajoutez ces-qualités innées une haute condition sociale, ses relations de familie et toute l'influence qui en découle pour celui qui sait mettre k profit tous les avantages qui s'offretit a sa perspi- cacité et s'étonnera-t-on de l'ascendant que Mon sieur CARTON n'a cessé d'exercer durant, une lon gue c.ariière dont le Laboremus de Septime Sévère fut l'invariable maxime? «Né 4 Ypres. le 16 Septembre 1814, Monsieur CARTON fit au Collége communal de cette ville, ses humanités qu'il alla compléter a Paris, au Lvcée Louis-le-Grand. C'est aussi dans la grande ville qu'il fit ses études de droit. Après y avoir obtenu le grade de licencié, il revint en Belgique et y prit, devant le jury central, le grade de docteur en droit. Comme tel il pratiqua a Bruxelles en dé butant, comme stagiaire chez Verhaeghen. En 1846, il prit une part active au Congres libéral en qualité de secrétaire, après quoi il vint k Ypres y jeter les bases de l'Association libérale et constitutionnelle. Eu 1847, il fut nommé Oommissaire d'arrondisse- ment dans sa ville natale, fonctions qu'il remplit jusqu'en. 1870. Cbacun sait avec quelle distinction il exerga ces fonctions, quelle activité il y déploya et de quelle légitime autorité il y jouit. 11 n'est pas de village qui n'ait conservé les traces de son inces- sante action. Son influence était énorme et toujours il s'en servit dans un intérêt généralbien entendu. Obligeant et prévenant, son plus grand bonheur fut de se rendre utile. En 1860, il fut nommé Chevalier de l'Ordre de Léopold; en 1861, il fut fait Chevalier de la Légion d'honneur a Toccasion de la part dis- tinguée qu'il prit dans une Exposition agricole régionale a Lille. Enfin quelques années plus tard. Ie Roi le nomina Officier de son Ordre. Rendu a la vie privée.par les fluctuations incon- stantes de la politique, il ne cessa pas un instant de se consacrer tout entier k la prospérité matérielle et morale de eet arrondissement dont il avait été si longtemps le chef et dont il resta, jusqu'a la fin de ses jours, le père honoré et vénéré. Sans parler de l'Association agricole qui fut sa création et d'autres institutions qu'il n'entre pas dans mon cadre de trai- ter, c'est a l'Association libérale que nous le trou- vons depuis sa rentrée a Ypres, en 1847, jusqu'4 sa mort. Successivement Secrétaire, Vice-Président et Président de ce grand cercle, il en fut constamment l'ame. Sous sa direction, l'Association n'a pas dis- continué de prospérer et degrandir.On peutdifférer sur le genre de direction qu'il faut donner a cette institution, (en quelle question les hommes sont-ils toujours d'aceord?), on ne saurait méconnaitre les services nombreux qu'il y a rendus et combien d'aspérités il y a émoussées par son tact et sa clair voyance des hommes. Semblable au laboureur qui, promenant sa charrue a travers son champ, y trace k pas lents et comptés le sillon selon les besoins de sa culture, il excellait k conduire son instrument politique, 4 lui, avec calme. sans heurt, sans vio lence dans le chemin au bout duquel il entrevoyait le salut. Homme pratique avant tout, prudent et bien avisé, il se raidissait contre toute innovation mal préparée. Peu enclin a l'engouement, tout partisan qu'il fut du progrès, il ne s'aventura pas vite dans les limbes il traitait de métaphysique toute concep tion qui ne tient pas compte des lieux et des cir- constancesil ne cherchait en tout que les résultats utiles, róalisables. Peu lui importaient les appella tions dont on ai me paz-fois k se parer, pour lui il ne connaissait que le progrès tangible et comme tel on peut dire qu'il fut un vrai progressiste réaliste. II professait qu'en politique il faut savoir oublier et il pratiquait cette sage maxime iargement et généreusement. Ce fut encore une des causes de son succès. Je me hate d'ajouter que plus il avangait en age, plus on lui rendait justice et il devait s'en apercevoir car la considération et la sympathie dont on l'entourait allaient toujours en s'élargissant. Aussi quelle perte I Tout l'atteste et le cor- tège si nombreux qui l'accompagne jusqu'4 sa der- nière demeure et l'impression de profonde douleur qu'il laisse derrière lui. Monsieur CARTON n'est plus, c'est un vide immenseTous y perdent, la ville un grand ci- toyen, Tarrondissement un protecteur éclairé, le pays un patriote dévoué, sa familie un chef vé néré, et nous tous un ami sincere et fidéle. Qu'au moins il ne meure pas entier, que son souvenir nous reste vivant, et si nous sommes dignes d'avoir eu un pareil guide et un pareil ami, qu'il nous serve d'exemple, et si nous ne pouvons l'ê- galer, inspirons-nous au moins de ses grandes legons. C'est la meilleure fagon qui nous reste pour honorer sa chére mémoire. Adieu, mon cher Président, Adieu Messieurs, II n'est pas de plus noble existence que celle de l'homme qui, depuis sa jeunesse jusqu'a son der nier jour, s'est consacré tout entier au service de son pays. Et si son champ d'action fut limité, s'il n'a pas été excité par l'appat de la renommée, s'il n'a connu d'autre aiguillon que celui de sa conscience de citoyen, d'autre récompense que le sentiment d'être aimé et estimé de ceux qui, groupés autour de lui, défendant avec lui le progrès et la liberté, il n'est point de vie plus digne d'être donné en exem- ple h tous; il n'est pas de mort qui doive provoquer plus de regrets. Tel fut, Messieurs, l'homme a la mémoire du quel nous rendons ici, un dernier, un solennel, un douloureux hommage. Ses concitoyens au milieu desquels il a vécu, qui l'ont vu chaque jour a l'ceuvre, peuvent tous rappeler son désmtéressement, son infatigable pei- sévérance qui ne connut ni le sommeil dans le sue cès, ni le découragement dans les revers. Ils peu vent dire que nul n'a lutté avec plus d'ónergie pour le parti libéral dans eet arrondissement; que sans cesse il en soutenait et en disciplinait les forces, et qu'il savait répandre autour de lui la foi qui inspire l'enthousiasme et le sacrifice. Mais le tómoignage de gratitude que j'apporte ici au nom de la Fédération Libérale c'est celui de l'opinion libérale de la Belgique entière. C'est pour elle que je viens saluer la tombe de celui qui, pendant quaiante ans, fut un de ses plus vaillants champions. >i II entra jeune daas la carrière politique. 11 faisait partie du barreau de Bruxelles, lorsqu'il devint, en 1846, l'ua des Secrétaires du Congrès qui manifesta le réveil éclatant du libéralisme. Commissaire de eet arrondissement de 1847 a 1870, il remplit pendant 23 années ses devoirs d'administrateur, avec ce caractére rare qui sait unir la loyauté du fonctionnaire k l'icdépendance du citoyen. Un jour vint oü cette indépendance fut con- sidérée comme un danger. On le révoqua; mais il était de ceux que la invocation grandit, et l'hon- neur qui lui fut fait en Juin 1871, dans une fête que nul de vous n'a certainement oubliée, fut l'un des plus glorieux souvenirs de sa vie. Dans cette fête qui réunissait les principaux Bourgmestres et un grand nombre de citoyens notables de Tarrondissement, on rendit hommage a ses sentiments éléves, a son infatigable dévoue- ment. Deux grands intéréts, disait-on, le préoc- cupaient surtout: Tinstruction publique et Ta griculture. Car il savait que c'est par l'instruc- tion qu'on élève la moralité des peuples, qu'on les rend capables de pratiquer la liberté sans faiblesse et sans exeèsAussi sont-ils nom- breux les beaux batiments d'écoles qu'il a aidé k construire, et les bons instituteurs dont il a conseillé la nomination. Mais en 1870 comme aujourd'hui les mêmes services attiraient les mêmes représailles. En rentrant dans la vie privée, le fonction. naire révoqué disait k ses concitoyens reconnais- sants, k ses amis qui l'entouraient Après avoir été a votre téte, je rentre dans «vos rangsetje serai toujours un des soldats les plus vaillants et les plus dévoués de cette grande opinion qui a procuré a notre chère patrie, une ère de 23 années de liberté, de bien-être et de prospéritéde cette opinion qui a relevé le nom Beige dans l'estime des peuples. Cette promesse, Messieurs, celui que nous venons de perdre l'a accomplie fidèlement. «Jusqu'a son dernier jour, il a fait du triom- pbe des idéés libérales le grand but de sa vie. Autour d'une tombe il convient que les pas sions s'apaisent et ce n'est pas ici qu'il faut parler avec ardeur le langage de la politique. Mais c'est un devoir pour nous qui avons travaillé, lutté avec lui, d'exprimer, au nom de cette grande opinion dont il fut l'un des défenseurs les plus fermes, les plus desintéressés et les plus constants, la douleur que sa mort a causée et le sen. timent profond que nous venons de perdre un de ces hommes dont le souvenir vivra entouré de l'estime de tous et de la reconnaissance de ceux qui aiment la Belgique et la liberté. Messieurs La nature de l'homme n'est rien. Son esprit, ses ceuvres sont tout. Cette vérité se fait surtout sentir au moment oü nous nousséparons pour toujours de ceux dont la vie ne fut qu'un travail continuel dans l'intérêt de leurs semblables. La foule, accourue ici de tous les points de Tarrondissement pour rendre un dernier témoignage de sympathie,pour dire un suprème adieu 4 l'homme de bien que nous pleurons, indique suffisammenc le vide, que la mort inexorable vient de faire parmi nous, la perte immense que nous venons de subir. C'est, qu'en effet, Monsieur CARTON personni- fiait tous les intéréts de Tarrondissement, tous les progrès de notre état social. Cet esprit distingué embrassait tout: adminis tration, droit, agriculture, économie sociale, en un mot tout ce qui a rapport aux problèmes sociaux qui divisent si profondément les hommes. Ayant connu dans l'intimité Monsieur CAR TON, mon plus vif désir eüt été de pouvolr être ici un faible écho de tous les travaux de Thomme public, du penseur, dont la réputation a passé les frontières. Chargé de prendre la parole au nom de l'Asso ciation Agricole de Tarrondissement, il me tarde d'énumérer les principales mesnres que proposa notre Président 4 l'effet de venir en aide a l'agri- culture. Monsieur CARTON,après avoir pratiqué comme avocat 4 Bruxelles, fut appelé en 1847 4 présider aux destinées de notre arrondissement, en qualité de Commissaire du Gouvernement. Alors, comme aujourd'hui, nous étions en pleine crise agricole, mais notre état social était si pauvre, que le problème 4 résoudre 4 cette époque, était de trouver le remède pour diminuer ou faire disparaitre le pauperisme des Flandres. Grace a ses nombreuses relations Monsieur CARTON put hardiment mettre la main 4 l'oeuvre. Aux grands maux, les grands remédes: A cette époque la force individuelle eut été impuissante pour provoquer une amélioration. Avec quelques amis dévoués, il fonda l'Association Agricole de

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Het weekblad van Ijperen (1886-1906) | 1887 | | pagina 3