JOURNAL D'DNE SIEÜB D'YPRES -klctobre 1914 a Mai 1915
Théo
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12-1-29 Het Ypersche - 2e Bijvoegsel - La Region N° 40
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Suite
Au coin cle rue, oü j'allais également chercher deux petits
dont la mèie avail été tuée il y a qutlqurs jours, le père me
promit u'aller lui-même au Pannestraat, dès que l'orage aurait
cessé. Une sentinelle réclame mes papiers, puis avec le tradi
tionnel All rpht me permet de passer. A quelques mètres
de la, trois obus au K?.fferwyk tuent Woussen, Braem et la
belle-soeur Biebouw avec un jeune enfant. Les jambes du bébé
fure; t projetées au loin. M. Le ereke en ramasse une, encore
chaussée du petit bas et du soulier, et l'emporte chez lui. Deux
autres enfarts eurent une jambe coujrée. L'ambulance que j'en-
voyai cheicher arriva immédiatement et les victimes furent con-
duites a l'höpital, après quoi je retournai au Quartier de
Commerce J'y trouvai la maison de mes parents, qui habitent
ce quartier, ouverte. J'y entre... personnel Oü ma soeur pouvait-
elle être La cave était sous eau a un pied de hauteur. En
sortant, je vois Emile Devos qui m'assure que ma soeur est
dans la maison a cöté. Je l'y trouvai en effet et lui remis la
clef de la porte puis m'en allant je dis a Devos: Vous aussi
vous seriez mieux a la cave, car il fait chaud ici. Oh ut
sa réponse, je n'ai pas peur Prés de la barrière du chemin
de fer, je rerc intre mon frère et lui ordonne de rejoindre ma
soeur jusqu'a ce que eet afïreux bombardement soit passé. J'avais
a peine fait quelques pas qu'un obus tombe en face de l'esta-
minet Le Congo tue Emile Léo Devos et trois des six
soldats qui se trouvaient la en train de chercher les victimes
qui étaient ensevelies sous les décombres de la maison du Direc
teur de l'usine a gaz. Ce midi, trois soldats encore et plusieurs
civils furent blessés. D'une vingtaine de personnes qui se trou
vaient la, mon fiére restait seul debout. Un soldat anglais roula
a ses pieds, un autre, blessé a son cöté, enleva lui même de sa
poitrine un éclat d'obus d'une livre, en disant Souvenir...
Help please (aidez moi) Mon frère Arsène le soutint et le
conduisit a un pos e de secours, rue de la Station, mais le
pauvre soldat mourut en route. Tandis que d'autres blessés
faisaient des gestes pour implorer secours, ma soeur Gabrielle
était accourue a notre aide et en transportait un vers la ville
un au're se trainait sur les mains et les pieds jusqu'a la maison
voisine. Entre temps, l'ambulance était revenue de ce cöté et
tous purent être conduits a l'höpital. II y avait en tout huit
morts et douze blessés quelques autres personnes avaient requ
en cuTe de légères blessures. En rentrant au couvent j'y retrou-
vai ma soeur et mon fiére, qui pleurait d'effroi et d'émotion.
Ce jour fut le plus affreux pour la Kruisstraat
16 Mars Nuit relativement calme. Après avoir rafis-
tolé quelques fenêt-es et préparé des bandages, je dois aller
avec M. Thomson chercher les nouvelks recrues pour l'höpital
des typhoïques. Le midi, au retour, je trouve tous nos chers
petits orphelins réunis dans no're réfectoire, se régalant de i iz
au lait Pauvres enfams, pour la plupart inconscienis de 1< ur
malheur. Soeur Marie a soigné pour le repas Soeur Marie
Berchmans examint- si tous s int bien habillés et leur procure
ce qui leur manque. Vers 2 heures, le Rd M. Declercq, qui sera
hur directeur, les conduit a West Vleteren la, d<- s Soeurs de
Gits lts accueilleront. De gros paquets de vêtements les accom-
pagnent. Cette oeuvre des orphelins cc üte bit n des fatigues -a
notre bon c^ré, mais il ne s'épargne guère et déja il est en
devoir de soigner pour les petites fides. Que Dieu le récom-
pense.
Un obus vers 8 h. 1/2 prés de l'école de natat-on et
encore un vers II heures.
17 Mars. Les canons tonnent et tachent d'atteindre
un ballon captif. Quatre shrapnels déja avant 5 heures une
demi-douzaine vers 6 heures.
M. le Curé avec M. le Commandant G. Young part pour
Saint Omer, oü Mma Pannier d'Ambricouit, ofifre son patronage
et son ouvroir Je Wizernes a la disposition des petites orphe-
lines. M. le bourgmestre Duperez l'engage a accepter l'ancien
couvent des Bénédictines a Wisques. Mme Pannier d'Ambricourt,
va tout préparer pour lundi. Quatre Sceurs des Paulines de
Saint Julien seront chargées des petites. Le Search Party
aux alentours d'Ypres, est terminé. Quelle reconnaissance nous
devons a la Friends Ambulance Unit». Les cas de typhus sont
pour ainsi dire nuls ici. La semaine prochaine, Vlamertinghe
et Poperinghe seront explorés, ainsi que leurs environs. Avec
cela, la distribution de secours en vêtements, literies, etc., ne
se ralentit pas.
ig! Mars. Fête de saint Joseph, patron de notre chère
Belgique Ceci me rappelle une chose étrange, e'est que pres-
que toutes les statues de ce bon saint ont la tête enlevée j'en
connais chez M. le Curé, chez les RR. Pères, cinq dans notre
couvent Est ce que peut être ne sachant plus que faire de
notre Belgique, saint Joseph en perdrait la tête! Non?! non!
le temps venu, ce grand protecteur offrira a Dieu les épreuves
de son peuple tant aimé, souffrant pour le droit et la justice
et le Seigneur lui rendra ce qu'on lui a si injustement enlevé
Quant aux statues de la Vierge, il est frappant de les voir pié-
servées comme par miracle. Je ne ferai allusion ici qu'a une
statue de Marie qui se trouvait a l'entrée du couvent, rue de
Lille. A l'arrivée du premier obus sur la maison, tout ce qui
entourait la statue était en pièces. Elle seule restait intacte
elle s'était s;mplement tournée un peu le dos vers la porte de
Lille (vers les Boches 1) et faisait face aux Halles. Lrs solda s
se iendart aux tranchées ne pouvaient assez admirer ce spec
tacle. Longtemps après notre départ d'Ypres, après qu'une
cinquantaine d'obus et de shrapnels avaient été lancés sur le
couvent, la petite Vierge demeurait toujours la, debout. La
veille de mon départ pour l'Angleterie, je retournai a Ypres
elle avait disparu La grande statue a la cour avait opéré le
même mouvement tournant le dos aux Allemands. Nombre de
ces images firent une proionde impression sur les soldats.
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