Chronique Financière
LOUIS OSSTYJST
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Les funérailles
de Monsieur EUDOXE VICTOOR
ancien Bourgmestre de Messines,
ancien Sénateur suppléant.
Un chroniqueur financier s'inspire de ce
qu'il voit pour composer son article hebdo-
madaire. La séance de vendredi dernier
indiquait, par la qualité des achats et leur
abondance que le marché avait changé de
direction. Tout le monde était d'accord, a ce
sujet.
Tout le monde fut déqu lundi dernier
On rappelait non sans raison, qu'au temps
oü la loi douanière n'était qu'un projet, Wall
Street faisait bondir, a cause du dépot du dit
projet, toutes les valeurs de 25 Le vote de
celui-ci, après que la cote eut fléchi de 5o °/0,
lors de la débacle d'automne, entraina une
nouvelle chute de 20 °/0.
Que signifient ces contradictions
En Amérique, pour les uns, la nouvelle loi
douanière favorisera le développement du
pays et le retour rapide a son ancienne pros-
périté. Les autres, et ils se recrutent parmi
lesfabricants d'automobiles, de machines a
écrire et autres, de lames de rasoir, etc...
pensent au contraire que la nouvelle loi tuera
la prospérité.
Nous n'entrerons pas dans cette querelle
•qui ne concerne que les Américains et nous
n'envisagerons eet événement que sousl'angle
européen.
L'exécution rapide de la loi doit découler,
semble t-il, du fait que nous achetons moins
aux Etats Unis et que tout compte fait, ils
estiment que la diminution de ventes en
Europe sera compensée et largement par le
<leveloppement des industries, sujettes a
protection, et dont l'on souhaite la prospérité
pour le marché local. En outre, les Améri
cains, assez perspicaces, n'ignorent pas qu'il
est plus difficile a vingt pays de s'unir pour
prendre une décision contre un seul. Les inté
réts sont trop divers. Et puis, si les affaires
neprennent, il sera toujours assez tot de faire
semblant de plier et de revenir a l'ancien
régime qui était déja manifestement pro-
-tectionniste.
Belle occasion en vérité pour le projet
Briartd de réaliser l'entente Européenne. Et si
elle était rapidement possible, soyons persua-
dés que le Sénat Américain eut rejeté la loi
douanière qui préoccupe tout le monde.
Tout cela prouve, une fois de plus que c'est
a tort que l'on tient compte des aventures
américaines pour apprécier notre portefeuille.
II est heureux que la séance de Mardi a déso-
lidarisé notre place des marchés américains
dans le sens du pourcentage de baisse.
Quelle influence, je vous le demande, peut
avoir la baisse de la Radio Corporation sur la
tenue de la Kasai
Je m'élève une fois de plus, contre une
erreur collective du public beige. Pourquoi
eet engouement pour la Brazilian Traction Je
l'estime insensé. Quand on cotait 2600, on
disait elle donne un revenu. Elle se capita-
lisait alors a 3 Actuellement, on redit
elle donne un revenu. Elle se capitalise a 5
C'est coquet, je le concède. Mais ce revenu,
n'est il pas assuré par la plupart de nos bonnes
valeurs, dont, je ne me lasserai pas de le
répéter, on négligé troples réserves qu'elles
accumulent. Et puis le milreis déprécie et le
café est avili. Abandonnez done cette manie et
si vous êtes en quête de bonnes valeurs don-
nant un revenu, regardez en Allemagne, en
Belgique et en France.
Cette erreur se paiera tót ou tard. Mais
étant donné l'importance de la participation
beige dans cette valeur, elle sera coüteuse.
La Barcelona résiste a la faiblesse persis-
tante de la peseta. Et la chute du métal
argent aggravera celle ci.
S'il m'est désagréable de constater que mon
pronostic de hausse en valeurs coloniales ne se
réalise pas sur le champ, on concèdera que
les valeurs que je souligne comme intéres-
santes sont celles qui résistent le mieux au
Hot de découragement qui s'étend et ravage
tous les compartiments.
Je ne change pas d'opinion. Le premier
mouvement se fera en coloniales.
Crise au Congo Le Chemin de Fer du
Congo a transporté en Mai 46.000 tonnes
contre 41.000 en Avril
Marasme les Brasseries de Léopoldville
accusent un bénéfice triple
Situation désastreuse a 1' Union Minière
Après de trés gros amortissements, on décrète
le même coupon que l'an dernier.
Alors Pour les quelque 75 valeurs colo
niales de la cote, on constate que les 3o
bonnes affaires, celles qui le furent toujours,
ont des bilans améliorés chaque année.
Les quarante cinq autres Ou bien elles
sont des fruits secsou bien elles sont venues
trop tard ou elles sont mal dirigées. Et elles
se classent parmi les entreprises commer-
ciales en crise, aussi bien que les entreprises
agricoles, ou les affaires minières a perspec
tives d'avenir se perdant dans les nues.
On ne souscrit pas a la Lubilask a 1175 frs.
On aura ce titre quand il sera introduit a
meilleur compte. Pourquoi Par simple com-
paraison. Au préalable qu'on ne m attribue
pas des pensées contraires aux miennes.
Les frères Vermeersch ont une réputation
solide de connaisseurs et de travailleurs et
leur direction est un sur gage de succès.
Mais je parle Bourse. Quand on peut avoir
l'Elakat a 1400 francs la Congo Rhodésian
Ranching a g5o francs coupon de l'exercice
1929 attaché a l'un et a l'autre. Quand on sait
que ces affaires jouissent d'un monopole de
fait, grace a leurs relations bancaires, on
n'hésite pas. Quand pour le surplus, on peut
acquérir de trés vieilles valeurs coloniales en
dessous du prix d'émission, malgré qu'on soit
certain de leur avenir. il est imprudent de
payer 675 francs de prime pour une jeune
valeur, malgré la carrière brillante qu'on peut
lui assigner. Si l'on était en période de pros
périté, peut être 1
Je cite les deux affaires ci-dessus paree
qu'elles se rapprochent le plus du même but
et qu'elles se classent sous la même familie.
Si je faisais une comparaison avec d'autres
valeurs, on aurait raison de m'objecter qu'il
n'y a pas similitude.
Je prends date, en tous cas et trois mois
après l'introduction de la Lubilask, a laquelle
je souhaite longue vie, autant qu'heureuse,
nous chiffrerons la situation de celui qui a
acheté des Elakat ou Ranching et du souscrip
teur a Iiy5 francs de la Lubilask.
J'homologue le geste d'avoir abandonné les
actions a vote plural. II est évident lorsqu'on
exige 1175 francs en souscription publique
par titre, on ajoute l'abandon d'un privilège
a vie.
Quant aux prix possibles d'acquisition des
terres, ce n'est pas un privilège spécial de la
Lubilaskc'est le tarif normal de cession par
le Comité Spécial du Katanga aux affaires
similaires.
L'allure de notre Bourse, en conclusion,
reste régie par l'attitude de New- York. Mais
qu'on se rassure, quelque baisse qu'on y fasse
encore, nos marchés ne ratifieront pas le
même pourcentage de baisse. On s'achemine
vers la dissociation et on ne s'en préoccupera
plus. Qu'on prenne n'importe quelle valeur
spécifiquement beige a l'ouverture de Lundi
dernier et la Brazilian et qu'on calcule la
baisse en pourcentage. On apercevra la
quelque chose de nouveau.
Pour vos conseils et opérations financières
adressez-vous a
Agent de Change agréé
68, Avenue Louis Lepoutre, Bruxelles
Téléphone 468.68.
M. Lours Osstyn est de passage a Ypres,
tous les Samedis, et est la disposition du
public de 10 a i3 h., 9, Boulevard Malou.
Monsieur Eudoxe Victoor, dont l'état de
santé était précaire depuis quelques mois,
est décédé dimanche dernier, i5 Juin.
Le service funèbre, suivi de l'inhumation,
vient d'avoir lieu jeudi dernier au milieu d'un
immense concours de monde, non seulement
de Messines et des environs, mais venu aussi
du Nord de la France.
Quatre discours furent prononcés sur sa
tombe
par M. Deleu, Bourgmestre de Messines,
au nom de l'Administration Communale, de
diverses Sociétés dont M. Victoor était Pré
sident ou Président d'Honneur, et au nom de
la population de la Commune.
par M. Théodore Warlop, au nom de la
Société des Anciens Militaires, dont M.
Victoor était Président d'Honneur.
par M. Henri Iweins d'Eeckhoutte,
Président de la Commission Administrative
de l'Institution Royale de Messines, au nom
de cette Commission.
par M. Max Glorie, au nom de 1'Asso
ciation Libérale de 1'Arrondissement d'Ypres,
dont M. Eudoxe Victoor fut toujours un des
membres les plus dévoués.
Nous avons le plaisir de donner ci-dessous
le discours de M. Deleu, Bourgmestre de
Messines.
Honorable Familie,
MesdamesMessieurs,
Au moment oü nous nous trouvons réunis
autour de cette tombe, a laquelle seront con-
fiés les restes de Monsieur Eudoxe Victoor,
qui fut pendant de longues années Bourg
mestre de notre Commune,
J'ai le pénible devoir de prononcer auprès
de sa familie éplorée des paroles d'adieu au
nom de l'Administration Communale, de
diverses Sociétés et de toute notre population.
Monsieur Eudoxe Victoor était né a Mes
sines le 12 Septembre i853. II se distingua
dès sa jeunesse par son application a. l'étude
son instruction primaire fut complétée par des
legons particulières, par lesquelles il acquit
une quantité de connaissances dont il n'est
pas question dans les programmes scolaires.
Assez jeune encore, il fut élu membre du
Conseil Communal, et après la mort de Mon
sieur Charles Deneckere, il fut nommé Bourg
mestre de Messines, le 16 Janvier 1886. Son
action ne se borna pas a la Commune de
Messines, mais aussi a l'Arrondissement
d'Ypres, dont il fut élu Sénateur suppléant.
Profondément attaché a sa commune, il se
fit un devoir, non seulement de l'administrer
avec dévouement mais aussi de soutenir
toutes les oeuvres ayant pour but d'élever
l'esprit des populations, et de travailler a leur
bien-être matériel et moral.
L'instruction et l'éducation de la jeunesse,
étant la base de tout progrès, il encouragea
toujours les instituteurs et les institutrices de
nos écoles communales dans l'oeuvre qui leur
est confiée, et chercha souvent a faire com-
prendre aux parents' qu'ils avaient le devoir
d'envoyer leurs enfants régulièrement et asstz
longtemps a l'école.
II attachait beaucoup d'importance au róle
que peut remplir une Société de Musique
dans une localité. II devint Président de notre
Fanfare dès 1877 et contribua toujours a la
maintenir a un niveau élevé, et, comprenant
que Taction de cette société ne peut s'exercer
surtout sur le public que par la musique instru
mentale, il encouragea toujours les membres
a se dévouer pour qu'on puisse organiser
régulièrement des concerts de chant et des
pièces de théatre qui peuvent agir si favora»
blement sur le goüt et le sentiment du public.
Lorsqu'après la guerre Monsieur Victoor