La question des Remparts en 1910
Déclaration- Passavant
en vente au Bureau de ce Journal
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Ypriana. Nous avons rapporté le vote
par lequel le conseil communal a établi une
convention avec l'Etat, pour la démolition
d'une partie des remparts faisant face a la
gare, et cela afin de permettre la construction
d'une caserne de gendarmerie.
La Nation Beige et nos Remparts
militaire, prés de vos remparts, en face de la
gare du chemin de fer, et nous vous proposons
d'établir la la gendarmerie.
Nous nous sommes entendus, l'Etat et la
ville, pour établir la la gendarmerie. Seule-
ment, il a été parfaitement convenu qu'on
toucherait le moins possible aux remparts,
pour ne pas dire qu'on n'y toucherait pas du
tout. Pour réaliser le projet, il fallait un
échange de terrains, et de la le projet de loi.
M. Vandervelde. Je demande la parole.
Af. Colaert. Ne vous dépêchez pas tant
a demander la parole, mon cher collègue.
II est vraiment étonnant, messieurs, d'en-
tendre critiquer notre convention par un men-
bre de l'opposition qui ne connait pas la
question, puisqu'il semble ne pas connaitre la
convention qui a été conclue entre la ville et
l'Etat.
Af. Nolj. Je l'ai a mon dossier, j'en ai
pris copie au greffe de la Chambre.
Af. Colaert. Cette convention sauvegarde
le présent et également l'avenir, a l'encontre
de ce qu'ont fait vos amis en 1886, lorsqu'ils
ont démoli la plus belle partie de nos rem
parts. Exclamations a droite
Af. C. Huysmans. lis avaient tort.
Af. Nolf. Je ne les appröuve pas.
Af. Colaert. II ne manquerait plus que
vous les approuviez.
M.NolJ. Mais voulez-vous démolir le
reste.
Af. Vandervelde.La faute des uns n'excu
se pas la faute des autres.
Af. Colaert. II n'entre pas dans nos inten
tions a nous d'imiter le funeste exemple donné
par vos amis. Approbation a droite.) Ce matin
même, ignorant que M. Nolf allait soulever la
question, j'ai proposé a l'honorable M. le mi-
nistre de la guerre de nous entendre pour que,
dans l'exécution, il ne soit pas porté la moin-
dre atteinte au bastion. II s'agit du bastion
dont on vous a distribué la photographie. Ce
bastion restera debout.
Af. C. Huysmans. Et l'é'ang
Af. Colaert. II faut évidemment donner
un peu d'air a la gendarmerie, mais ce bati-
ment ne nuira pas du tout a l'aspect de la
place de la Gare et ne fera aucun tort au
bastion lui-même,
Messieurs, je suis convaincu que si la
Chambre avait le temps d'examiner la
question, elle dirait que la convention conclue
entre l'Etat et la ville d'Ypres doit nécessaire-
ment être votée et qu'elle ne s'arrêterait pas
aux considérations présentées par l'honorable
M. Nolf, qui n'a, je pense, d'autre intention
que de retarder la construction de la caserne
de gendarmerie que l'Etat a projeté, et qui
aura un caractère monumental.
Af. Nolf. Parfaitement. Je demande
qu'on examine la question. C'est mon seul but.
Af. Colaert. Nous avons examiné müre
ment la question. Vous avez été de ceux qui
ont fini par critiquer la convention. Mais
pourquoi n'avez vous pas, depuis deux ans,
réclamé contre la construction de la gendar
merie Vous n'en avez eu Cure jusqu'ici.
Af. Nolf. Je viens de prendre communi
cation de la convention que j'ai trouvée au
dossier de la Chambre.
Af. Colaert. Vous savez bien que la
question a été longuement discutée au conseil
communal d'Ypres.
Af. Nolf. Je n'en fais pas partie.
Af. Colaert. Je le veux bien, mais vous
n'avez pas été sans savoir que la question
était a l'ordre du jour, qu'elle a été longue
ment discutée et que finalement la proposition
a été votée a la presque unanimité.
II ne peut s'agir de démolition, et l'honora
ble M. Nolf sait trés bien que quand il s'agit
de conserver un de nos monuments, quels
qu'ils soient, je suis le premier a les défendre
contre la démolition, la reconstruction et
même les restaurations k outrance.
La ville d'Ypres tout entière y compris
M. Nolf, je me permets de le lui dire, et je
pense qu'il m'approuvera sera de mon avis
quand nous nous entendrons définitivement
avec l'Etat pour qu'on n'enlève a la place de
la Gare et au bastion existant aucun de leurs
mérites artistiques et archéologiques
Je crois pouvoir borner la mes explications;
je suis convaincu que la Chambre votera la
convention qui a, d'ailleurs, été longuement
examinée par les autorités compétentes et les
pouvoirs publics. Approbation a droite).
Mle président. Ceci n'est évidemment
qu'un échange d'observations, car la conven
tion dont il s'agit a été votée ce matin.
La parole est a M. Vandervelde.
Af. Vandervelde. Messieurs, les observa
tions présentées par M. Nolf nous prennent
au dépourvu. Je ne connais pas la convention
que l'on projette, mais je connais et j'aiir.e le
site que cette convention menace et ce que
vient de dire M. Colaert suffit a me mettre en
rnéfiance. II nous déclare, en effet, que, con
tinuant l'oeuvre déplorable accomplie jadis
par l'administration libérale d'Ypres, l'adminis-
tration actuelle de cette ville se propose de
laisser toucher plus ou moins (il veut bien
ajouter plutót moins que plus) au site des
anciens remparts.
Af. Colaert. Pas du tout, vous ne con-
naissez pas la question.
Af. Vandervelde. Mais cette question est
aussi simple que possible. Nous avons sous
les yeux la photographie du site que, je le
répète, je connais trés bien, et je ne pense pas
qu'on puisse contester qu'il s'agit d'établir sur
cet emplacement la caserne de gendarmerie.
Af. Colaert. Derrière l'emplacement.
M. Vandervelde. Mais enfin, monsieur
Colaert, ne contestez pas l'évidence J'ai
sous les yeux le texte même de la convention
et il constate qu'on va démolir une partie de
l'ancien rempart puisqu'il porte les murs
plans et courtines de l'ancien bastion seront
démolis sur une longueur totale de i3mètres».
Eh bien, il n'est pas dans ros habitudes, a
nous, antimilitaristes, de nous opposer a la
suppression de remparts ou de forteresses,
mais dans ce cas, cependant, je m'y oppose,
et.j'ai toutes les raisons du monde de ne pas
veter une convention qui m'inspire, au point
de vue estbétique, les méfiances les plus légi-
times. Et ces méfiances sont d'autant plus en
situation qu'a ce point de vue, n'en déplai-
se a l'honorable ministre de la guerre, je
crois qu'il n'y a pas en Belgique d'administra-
tion plas malfaisante que l'administration de
la guerre.
C'est elle qui a défiguré, a Bruxelles, le site
de l'ancienne Abbaye de la Cambre c'est elle
qui, a Bruges, a construitune horrible gendar
merie dans l'une des plus jolies rues de Bruges,
la rue au Foin, et c'est elle encore dont il est
question ici.
Eh bien, s'il plait a la Chambre de suivre
l'honorable M. Colaert et l'honorable ministre
de la guerre, c'est affaire a elle mais, pour
ma part, je n'entends pas voter pareille con
vention et je n'entends pas prendre une part
de responsabilité quelconque dans la suppres
sion ou dans l'enlaidissement d'un des rares
coins de la vieille ville d'Ypres qui, jusqu'a
présent, ont été conservés.
Et que l'honorable M. Colaert veuille m'en
croire, je n'ai dans cette affaire aucune préoc-
cupation politique. Je ne comprends même
pas que l'on puisse opposer une administra
tion communale a une autre. Cette question
n'appartient pas a la politique, elle ne peut
pas être résolue seulement par l'administra
tion communale d'Ypres les beautés de
notre pays sont un patrimoine qui appartient
au pays tout entier et nous avons pour les
défendre le même droit que l'honorable M.
Colaert.
Done, pour ma part, je ne voterai pas la
convention.
Af. le président. Cette discussion est
done close.
Nous reproduisons ci dessous, contme présen-
tant un intérét rétrospectif tout spécial, un article
du Journal de Roubaix du 23 Janvier 1910
Dans le rapport justificatif qui sera joint a
la convention, il est rappelé que la presse et
une partie de la population étaient hostiles a
ces projets. On a vu, d autre part, que deux
conseillers, MM. D'Huvettere et Iweins
d'Eeckhoutte, demandaient le maintien inté-
gral des remparts. Les adversaires de la
convention ont au moins la satisfaction de ne
pas assister a une démolition compléte. Ainsi
qu'on a pu voir, par notre compte-rendu de
Mardi dernier, on conservera la partie du
bastion faisant saillie sur les fossés, et un
nouveau chemin d'accès sera pratiqué dans
le square qui sera créé p:ès des murs con
servés.
Une assurance formelle a été donnée que la
partie restante des remparts serait maintenue
et que la ville conserverait son omnipotence
absolue a cet égard. L'Etat, c'est indéniable,
conserve, de son cóté, le droit d'appropria-
tion, et il pourra en user quand le voisinage
trop rapproché d'un bout de rempart présen
tera un inconvénient quelconque pour sa
gendarmerie. Cette assurance ne censtitue'
done pas une protection suffisante, et il v a
lieu d'aviser a d'autres moyens. Le plus
efficace consisterait, semble-t il, a faire,
aupiès de la commission des monuments, une
demande tendant a faire classer les remparts
d'Ypres comme monuments historiques et a
les ranger dans la troisième classe. Une
mesure analogue a été prise, i! y a peu de
temps, a Termonde, a la suite du déclasse-
ment des fortifications décidé par le départe
ment de la guerre. Les villes ayant conservé
leurs remparts sont devenues trés rares, etil y
aurait lieu de préserver a l'avenir, ces vieilles
murailles qui intéressent l'histoire de nos
villes, en même temps que l'histoire militaire
du pays.
Nous recevons de Af' Taurel communication
de la letlre suivante que nous insérons avec le
plus grand plaisir. Nous lui sommes en effet
reconnaissants pour la part qu'il prend dans la
défense de nos intéréts commerciaux.
Nous disons commerciaux puisque l'indus
trie du tourisme est devenue notre principale
ressource
Ypres, le 19 Janvier ig32.
Monsieur le Rédacteur de la Région d'Ypres.
Ypres.
Monsieur le Rédacteur,
La Nation Beige du 10 Janvier et plusieurs
autres journaux de la capitale ont publié, a
titre de rectification d'une précédente com
munication accompagnant une vue de la porte
de Lille, une vue trés vague de la partie des
fortifications prés la gare dont la démolition
a été projetée.
La dite vue était suivie de quelques lignes
se terminant par ces mots et qui n'offre
aucun intérêt esthétique.
J'ai cru devoir adresser aces différents jour
naux une mise au point dont voici copie
Monsieur le Rédacteur,
Dans la Nation Beige du 10 janvier, je
relève quelques lignes rectifiant l'erreur résul-
tant de la publication par votre journal, d'une
communication concernantla démolition de la
porte de Lille a Ypres et des remparts avoisi-
nants, communication accompagnant une vue
de la porte susdite.
Suivant cette rectification qu'accompagne