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bleue), donne a l'Yser son caractère parti
culier.
La couche d'argile commence dans le nord
de la France et les environs de Tournai, et
s'épaissit en prenantune direction nord ouest.
Epaisse de quelques metres seulement k Ar-
ques, üla Madeleine et piés de Tournai, elle
atteint déja une épaisseur de 5o mètres a
Mouscron, 109 mètres Roulers, 100 m. a
Dunkerque, i36 m. a Ostende, et 177 m. k
Iilankenberghe.
Elle arrive k la surface en Angleterre et y
porte le nom d'argile Londoanienne parce que
c'est sur elle que Londres est ba ie.
Cette argile imperméable ne permetguère a
l'eaa de pluie, danstoute la région de l'Yser,
de s'infiltrer dans le sol. Cette eau se déchar
ge presqu'immédiatement dans l'Yser et va
ainsi rejoindre la mer. De la résulte d'une
part que cette vaste région des Folders et
des broecken est si souvent inondéa, et que
d'autre part elle souflre, comme aujourd'hui,
après une longue sécheresse, d'une grande
disette d'eau, parceque l'eau de pluie s'est
presqu'immédiatement écoulée.
De li résulte encore que l'Yser, courant
violent en temps de pluie, n'est pas navigable
pendant la saison sèche, et que le mêmephé-
nomène se produit pour le canal Ypres Yser.
Telle est la principale raison pour laquelle
le commerce et l'industtie ont tant de peine a
se développer dans le bassin de l'Ys:r, et
Nieuport tant de diffieulté a prog'esser. Le
commerce et l'industrie sont des plantes qui
ne peuvent se développer que la cü elles
trouvent un milieu favorable bien stable.
Nous pouvons remédier a cette situation
incertaine et défavorable. Déja, depuis les
anr.ées 1600, nos accêtres Yprois s'y sont
efforcés en cherchant a rtlier Ypres avec la
Lys afin de pouvoir, en empiuntant l'eau de
la Lys, régulariser la navigation dans le bas
sin de l'Yser. Car si l'Yser est capricieuse, la
Lys au contraire a un volume d'eau régulier
et elle porte a juste titre le nom fameux de
Rivière d'Or Le long de ses rives elle
ciée partout l'aisance, et depuis le s ècle der
nier ses eaux alimentent lts labiiques de
Roubaix et Tourcoing le canal de Bossuyt a
Courtrai et le canal qui a apporté la prospé
rité a tout le pays de Roulers.
Et ce qu'il y a de particulier, c'est que la
jonction Yser Lys par Ypres Comints iut en-
trepiise plusieurs anré.s avant lè creusement
de la jonction de Roulers a la Lys et du canal
de Bossuyt. Si cette jonction Ypres-Comines
avait pu avoir lieu, la pros'férité d'Yprts,
de Dixmude et de Nieuport, eut depuis
longtemps un fait accompli.
Cette argile Yprésienne fut la cause de
l'échec et je répèce ici ce que nous disions
dans notre brochure
C'est sur tile que repos2 le canal d'Ypres
a Gommes sur une longueur de plus de i3
kilomètres. Elle forme une excellente assise
aussi longtemps qu'elle reste dans son état
naturel, dans son degré d'humidité naturel.
Mise a nu et exposée au soleil et aux intern
péries, elle voit vaiier son degré d'humidité,
elle se rétrécit et se gor.fl 2 et ces variations
s'txpriment avec une force inouïe. C'est
cette force qui a démoli les tunnels et ren
veisé le pont rou e, ce pendant que les
écluses constiuitesen 1912, dars'la tranchée
x d'Hollebeke, dans de l'argile non boulever-
x sée, sont rtstées en aussi bon état que les
x autres écluses du canal.
Nous nous rapprochons cependant de la
solution. Chaque insuccès fut une hgon pour
nos techniciens la science a fait en ces der-
nières années des pas de géaritet si nous
c'omparons maintenant la remise én état de la
difficile partie de la tranchée d/Hollebeke,
qui n'a tout au plus que 700 m de longueur,
avec les travaux d'Eigenbilsen et des tunnels
d'Anvers, il faut reconnaitre que la réfection
d'Hollebeke n'est désoripais qu'un jeu
d'enfant.
'M. le directeur Claeys a, du reste, déclaré
le 29 juillet Etant donné les moyens d'exé
cution dont dispose actuellement la tech
x nique moderne et mettant a profit les It 9 ons
de l'expériecce acquise, je pense que l'on
pourrait entreprendre la remise en état
x de ce bief avec grand espoir de réüssir.
Tous les ingénieurs des Ponts et Chaussées
que nous avons consultés partagent l'avis de
Jtf. Claeys, et je puis affirmer sans craindre
d'etre contredit, que la question d'Hollebeke
est, pour le cerps de nos savants ingénieurs,
une épine dans le pied que tous sont désireux
Ide voir disparaitre au plus vite. 1
'En i853, notre illustre représentant et
^ourgtnestre, M. Alphonse Vandenpeereboom
disait en défendant aux Chambres les intéréts
de notre legion je pense, puisque le pays
entier contribue aux dépen&es de la Nation,
que la Justice exige que, dans la mesure du
possible, les bientaits de ces dépenses
soient répartis aussi par tout le pays
Jamais plus qu'a présent ces paroles ne
seraient de mise au Parlement, car la guerre a
rompu 1'équiliDre a nos dépens. De toutes les
institutions qui assuraient le bien êtred'Ypres
et des environs, aucune ne nous a été rendue.
Dois je citer l'bcole d'Equitation, 1'Ecole
Régimentaire, le bataillon du 3e de ligne,
1'c.cole de Maréchalerie, 1'Ecole de bienlai-
sance, l'lnstitutioii Royale de Messines Au
cours actuel du franc, cela nous Ian une perte
de too.000 trancs par jour, qui enlretien-
draient ici l'activité et contriDueraient au bien-
être de toute la population.
La réédification seula de tous ces bad
ments, qui nous a cependant été garantie par
la loi sur les doinmagts de guerre, cotuerait
au bas mot 5o millions
Le 29 Juillet dernier, l'Ingénieur en chef
M. DewuU déclarait nous esttmons qu^ la
remise en état compléte du canal ne cuüte-
rait pas plus que 33 millions.
En remettant en état de navigabilité le ca
nal Ypres-Comines, l'Eiat ne remplira't en
core qu'une partie de ses obligations, mais ce
serait une partie de la plus haute importance
car elle permettrait a Ypres de travaiiler, elle
iésoudrait la question ue la Jonction des ba~»
sins de l'Yser et de la Lys, et celle des eaux
du canal cl'Yser, elle permettrait a Dixmude,
a Furnes et a Nieuport de renaitre a la vie.
Dans quinze jours, il y aura un an que le
premier bateau entrait au quai d' t pres par le
canal réfeciionné d'Ypres a l'Yser.
La navigation commer.ga avec 6 bateaux et
ua tonnage de 3i2 T. en mars 1933.
En avril, 10 bateaux ent èrent avec un ton
nage de 460 T.en mai 9 bateaux avec 493 T.
en juin 10 bateaux avec 658 T. et en juillet
l5 avec 1140 T. En aoüt et en septembie, on
n'enregistra qu'un et a bateaux avec 35 et
i3o T. A ce moment, les eaux de .l'Yser
avaient baissé de plus de go ceutimètres au
dessous de leur niveau ordinaire et la naviga
tion était devenue impossible.
Entretemps des pompages avaient amei.é
assez d'eau dans le biel supérieur du canal
pour assurer le passage normal des bateaux
mais la baisse dts eaux de l'Yser arreta net la
navigation. En vain fit on des démarches
pour qu'oa fourni.se de l'eau a l'Yser ce ne
fut qu'eil octobre, lorsque la sucrerie de
Furnes dut cesser de tiavailler faute d'eau,
que l'on alimenta 1' Yser avec l'eau de l'Escaut.
Aussi, dès octobre, il arriva a Ypres 8 ba
teaux avec 392 T., en novembre 18 avec
1487 T. En décembre, il n'en vint qu'un avi c
40 T. car du 2 décembre au 15 janvier la gelée
avait interrompu toute navigation 1
Done en ;g33, en six mois, le canal amena
100 bateaux chargés de 6434 T. de marchan
dises, dont 81 bateaux avec 5x17 lurent dé
chargés a Ypres.
En celte présente année, du i5 au 3i
janvier, il arriva 10 bateaux avec 898 T., et
en février 28 bateaux avec 2191 T., soit une
moyenne d'un bateau par jour.
Dans U s tiois premiers jours de mars,il est
déja arrivé 5 bateaux.
Et cependant, en ce moment, l'eau est sur
le point de manquer, puisque son niveau
n'atteint plus que im32, et que les bateaux ne
peuvent plus naviguer qu'a une profondeur
de imÓ2.
Le niveau actuel de l'eau est done de prés
de 2 m. au dessous de l'étiage d'hiver qui est
de 3 m. 75 cs. Demain, deux bateaux qui se
trouvent a Steeitstraete devront s'y décharger
en partie pour pouvoir poursuivie leur route
jusqu' Ypres.
Ces chiffres sont éloquents, et l'on peut se
convaincre qu'une alimentation régulière en
eau provoquerait a la navigation uo essor qui
deviendrait de jour en jour plus important.
L'expéiience montre done l'urgente néces-
sité de cette alimentation ïégulière, et celle-ci
ne peut être réalisée que par l'adduction des
eaux de la Lys au moyen du canal Ypres Co-
mines. Alors Nieuport trouverait une lia'son
permanente avec son hinterland le Courtrai-
sis, le Hairaut, et le nord frangais.
De cette renaissance de la navigation ces
Messieurs de Dixmude sont les témoins s'ils
ne sont aveugles, lis doivent voir journelle
ment les bateaux passer par Dixmude s'ils
ne sont sourds, ils doivent entendre les motifs
pour lesquHs la navigation est si souvent ar-
rêtée et s'ils sont de quelque bonne foi, ils
doivent finalement voir de quel cöté penchent
leurs intéréts bien entendus.
Lors de la réunion de janvier, je fus char
gé de faire des démarches auprès des bourg-
mestres de Dixmude et de Nieuport, afin de
les convaincre a travaiiler ensemble avec nous
pour obtenir l'unique solution possible de Ie
question de la jonction Yser Lys, c'est a-dire
par Ypres Comines.
En réponse, il se tint Lundi dernier (26 fé
vrier), a Dixmude une réunion pour dófendre
la liaison par Roulers. J'en remercie les orga
nisateurs, parcequ'ils me donnent aujourd'hui
l'occasion de montrer le peu de sérieux de leur
raisonnement.
Le sous sol entre Dixmude et Roulers est
le mêmequ'entre Ypres et Comines. L'alimen-
tation naturelle en eau n'est pas plus possible
la bas qu'ici S'il en était autrement, l'Yser
cüt maintenu l'été dernier son niveau normal
giace aux eaux régionales, etil n'en a pas été
ainsi.
Et tandis que MM. les ingénieurs De
Raedt et Maerters prévoient 6 écluses pour
un canal Roulers Dixmude, M. Dacnens pré-
voit un canal avec 4 écluses seulement,
nécessitaDt ainsi une tranchée de 10 kilom.
environ en plein dans l'argile Yprécienne, une
tranchée genre Hollebeke de 10 kilomètres...
Et tandis encore que M. F. Maertens, chef
de cabinet de M. le ministre des Travaux
Publics, dans son rapport sur les canaux
intérieurs de la Flandre Occidentale, dit
qu'une écluse équivaut a tin kilomètre de
navigation en plus, M. Daenens multiplie par
5 kilomètres...!
II fut dit dans cette réunion de Dixmude
que les Chambres de Commerce de Tournai
et de Mons se rargeaient du cóté de Dixmude.
Or, ces Chambres se tiennent absolument sur
la réserve. Et ce qui le prouve, c'est qu'une
lettre de la Cham ore de Tournai.du 24iévrier
1934, signée par le président M. L. Colmant
et lé secrétaire M. L. Thys, finissait ainsi
Nous ne demanderons pas mieux que de
rouvrir notre dossier loisque vous nous en
fournirez l'occasion.
II y fut proposé aussi de demander un canal
pour des bateaux d'une capacilé de 600 T.
Nous, petits Yrois, nous neus contentocs
d'un canal de 3oo T., proportionré a la Lys
et a l'Yser.
II n'est dor.c pas étonnant que M. Frans
Brusselmans, observa, peut re bien avec
quelque humour, que le proiet Dixmude-
Roulers reposait sur UDe insuffisante étude
des questions techniques, économiques et
financières.
Le canal Ypres Comines, lui, r.'est pas un
léve en l'air, il existe, et il suffit qu'on le
remette en état.
M. Daenens se plaint de ce que Dixmude
languit depuis des siècles. S'il avait bien con
sul.l'histoire,il aurait appris que Dixmude et
Nieuport floiissaient quand Ypres était puis-
sante et que cette prospé'ité disparut avec le
déclin d'Ypres, et il en aurait tiré cette con
clusion logique Quand Ypres fleurira de
nouveau, Dixmude et Nieuport renaitront
aussi.
Et maintenant un dernier mot au sujet du
pont du chemin de fer a Caeskerke et de
I Ecluse de la Fintèle. Ce pont provisoire ne
laisse qu'une ouverture de 3 mètres au dessus:
du niveaq de l'eau alors qu'il en faut quatre.
II en résulte que les bateaux a vide n'y
savent pas passer, et doivent faire un détour
par l'écluse de Fintèle, le Loovaert et Furnes.
Or, cette écluse n'ayant que 29 m. de lon
gueur, les bateaux de plus de 100 tonnes ne
peuvent y entrer, alors que cependant l'Yser
et le canal Ypres Yser sont accessibles aux
bateaux de 3oo T.
Au budget de 1934, il est prévu 1 million
pour la reconstruction du pont de Caeskerke.
Je prie nos mandataires de vouloir bien in-
sister auprès du ministre compétent pour que
ce travail soit exécuté sans plus de retard.
En 19T4 les pierres étaient prêtes pour
l'allongement de l'Ecluse de Fintèle. Sur ce
point aussi, je prie nos mandataires a la
Chambre e't au Sénat de vouloir bien interve-
nir.
Je remercie les assistants d'etre venus si
nombreux. La question en discussion est vita
le popr tout le Sud de notre Flandre, et
j'< xprime l'espoir que notre population puisse
bienlót voir poindre le jour cü, grace a l'éner-
gique intervention de nos mandataires,on met
tra le main au travail de la liaison de la Lys et
de l'Yser par le canal d'Ypres a Comines.
Au moyen age trois grandes villes donnaient
la prospérité a la Flandre Gand, Bruges et