M. Jozef Quisthoudt,
Geen profeet is geëerd in eigen landDat
Is ook het geval met kunstschilder Jos. Quist-
houdt, wonende St Jacobsstraat, 50, te Yper.
Zijn faam is meer gevestigd bij den hoogen
stand in Nederland waar hij 9 jaar werkte.
Eenige van zijn portretten te Brussel maakten
de aandacht gaande van den gekenden kunst
criticus C. Perin die in de XX*' artistique vol
gende biographie van den te weinig gekenden
Yperschen kunstschilder liet verschijnen.
Le portrait est une des branches de l'art, autour
de laquelle on se bat le plus en ce moment. Les
partisans de l'Art Vivant de 1' Avant Gar
de du Cubisme etc., s'en vont clamant que
l'art du portrait est mort, et qu'eux seuls naturel-
lement sont capables de le ressusciter et, quand
on s'enquiert de ce qu'ils ont fait, on est stupéfait
de constater quelles horreurs ou quelles pitoya-
bles nullités sont sorties de ces milieux. Presque
tous méprisent le dessin, ont des coloris violents,
capricieux et faux, des ressemblances trés ap-
proximatives, bref des ensembles toujours dis-
gracieux, désagréables a voir et tout cela sous
prétexte d'impulsivité, d'originalité, de nouveau
té. NouveautéVoila le grand motL'orgueil
humain ne permet plus aux jeunes de profiter
des legons et du génie de ceux qui les ont précé-
dés. La nature, la vérité, l'harmonie, fariboles
que tout celaII faut faire quelque chose qu'on
tire de soi-même, et que personne n'ait encore
imaginé. Malheureusement, le génie ne s'impro-
vise pas et l'on arrive a de jolis résultats. L'autre
jour, un groupe francais, nouvelle école, Les
Portraits Contemporainsexposait a l'Atrium.
Une pompeuse préface décidait que le portrait
était mort, et que la présente exposition le fai-
sait revivre. Pourquoi cette prétention outre-
cuidante nous a-t-elle attiré la Nous aurions dü
nous méfier. C'était pitoyable dessin grossier la
plupart du temps, couleur brutale, absence d'har-
monie de tonspour la ressemblance, nous ne
pouvions guère juger que d'une chose, c'est que
les modèles ne devaient être ni beaux, ni sédui-
sants. La femme qui se fait peindre de cette fa-
gon doit être dépourvue de tout amour-propre
et c'est la ce bel avenir qu'on nous propose
Grand merciGardez-le votre avenir, füssiez
Monsieur van Dongen, ou Monsieur Dufyet
Portrait de l'artiste, par lui-même.
dü, nous le soupconnons, étudier même van Eyck
et Memling.
II a aussi une admiration fervente pour Rem
brandt, Rubens, van Dyck. C'est la un grand
crime certainement. Cela empêche un artiste
d'être lui-même, d'avoir une inspiration person-
nelle. Singulier reprocheAinsi, vous auriez in-
terdit a Verhaeren de lire Euripide, Corneille
et Racine, de crainte qu'il ne füt pas assez origi
nal. Rassurez-vous. S'il a aimé Baudelaire et Mal-
larmé, il avait lu aussi et relu les grands Classi-
ques, et cela ne l'a pas empêché d'avoir une
imagination, une poésie et une langue bien per-
sonnelles.
Mais revenons a Monsieur Quisthoudt. II était
encore bien jeune quand il sollicita son entrée a
l'Académie d'Anvers. 1200 candidats se présen-
taient; ceux qui n'étaient pas recommandés furent
congédiés mais le jeune Quisthoudt ne digéra pas
mettre, bambin encore, a l'Académie C'est urt
modeste il ne chercha jamais le bruit autour de
son nom, et, s'il a eu un renom bien mérité, sur-
tout en Hollande, ce n'est pas lui qui a sollicité
la Renommée. Elle est venue le prendre par la
main.
Sa carrière fut loin d'être monotone. II eut d'a-
bord a lutter, même contre ses maïtres, qui vou-
laient lui inculquer un art plus facile. Souvent
quand il avait bien terminé une esquisse ou une
ébauche, on lui disaitmais c'est trés bien ainsi
tout s'y trouve la couleur, l'expression, la vie.
Soitrépondait-il, mais je ne suis satisfait que
quand mon oeuvre est achevée. C'est pourquoi, il
ne se croit pas quitte envers son modèle quand il
n'a pas perfectionné tous les détails d'un sujet,-,
qu'il rend ainsi plus intéressant et qui ne plaira
pas a une mode, a un caprice momentané, maisr
qui restera car c'est un convaincu et un con-
sciencieux. Bien loin d'être banal, il veut que
chacune de ses oeuvres, chacun de ses portraits
ait le caractère et rende la vie du personnage etr
en cela, du portrait le plus sévère au plus gra-
cieux, il a parfaitement réussi.
Sa renommée était déja grande a An vers,,
quand survint la bourrasque de la guerre et le
siège de sa ville. II dut se réfugier en Hollande
avec sa femme et ses trois enfants. Quelle odys—
séeII coucha plusieurs nuits dans des granges,
puis dans un camp militaire a Berg-op-zoom.
La, un commandant, sachant qu'il était peintre,
lui fit faire les portraits de tous ses amis, et
ainsi le tira d'un cruel embarras car ses ressour
ces étaient bien minces.
Enfin a La Haye, oü il s'installa du mieux qu'il
put, on connut tót sa valeur et les commandes de-
portraits affluèrent. L' Avondspost de La
Haye paria de lui et le Graphic de Londres,
publia de ses portraits et de ses croquis.
Les critiques l'appelaient «le plus grand por-
traitiste du moment en Hollande Ce qui prouve
que le traditionalisme et le bon réalisme ne dé-
plaisent pas a tout le monde.
Cet accueil lui fit prolonger pendant neuf ans
son séjour en Hollande, oü il connut de trèy
grands succès. On voit de lui au Musée Militaire
le portrait, grandeur nature, du ministre d'Etatr
et commandant de l'Armée des Indes, le lieute
nant général van Swietens.
Artiste peintre Vprois
cela sous prétexte de peintre des idéés, des
caractères Mais oü avez-vous pris que nos pein-
tres modernes, tels que Emile Wauters, Herman
Richir, Fernand Toussaint ou Henri'Thömas man-
quassent de caractère Trouvez-vous qu'ils sont
tous faits dans le même moule II faudrait être
bien peu observateur. Mais nous allons en ajou-
ter encore un a ceux. que naus. apprécions et que
nous aimonsc'est Monsieur Joseph Quisthoudt,
peintre portraitiste a Ypres. C'est un Flamand
ce nom seul évoque tant de gloiresmais.ó mal
heur, c'est un Flamand traditionnaliste, qui a
aimé, qui a compris.ses grands ancêtresqui a
cette disgrace. Resté sur place, il entre dans une
classe au hasard, se place devant un chevalet et
dessine. Ce qu'il fit, nous l'ignorons, mais ce dut
être' assez remarquable pour son age (douze ans)
car, du coup, on l'admit. Son père, peintre lui-
même, avait guidé ses premiers pas. A l'Acadé
mie, ses succès ne se comptaient plus. Elève du
Maitre Jul jen De Vriendt, il remporta dans la di
vision supérieure les premiers prix de dessin, de
peinture, d'anatomie, etc... enfin, le premier prix
d'excellence et le prix De Keyser.
Pourquoi n'a-t-il pas toujours gardé dans sa car
rière l'audace dont il fit preuve pour se faire ad-
La Magistrature, l'Armée, les notables l'hono-
rèrent de leur confiance, et chaque familie vou-
lait avoir des souvenirs de ses membres peints
par Quisthoudt.
Voici comment parlait de lui un des meilleurs
critiques d'art hollandais, M. Aug. Hey ting«Je
me rappelle trés bien M. Quisthoudt comme per
sonne et comme artiste. C'est la modestie et l'a-
mabilité personnifiées. II est droit et conscien-
cieux. Son art se caractérise par une étude appro-
fondie du sujet, qui donne une ressemblance
parfaite. Ce n'est pas un formuliste ou conquérant
arrogant, qui traite arbitrairement sorr sujet
M. Jos. Quisthoudt dans son atelier, achevant la grande toile des—
tinée a l'église St Jacques a Ypres, représentant S' Dominique recevant
le rosaire de la S'*' Vierge. (Copie de De Crayer).
Jos. QuisthoudtGRAND'MÈRE.