FL. VANDEVOORDE La défense du Franc Le Maitre - Fourreur 31, Rue au Beurre, YPRES Vous offre de la récolte fraiche 1934-35, outre une superbe collection de Pékans, des RENARDS ARGENTÉS et BLEUS naturels depuis le prix inoui de 950 Fr. Profitez en tant qu'il y a du choix 1 Certains cercles beiges se sont laissés dans ces derniers temps entraïner par des bruits tendan- cieux concernant la solidité de notre franc beige. Quelques uns même ont été vraiment pris de panique a la perspective d'une inflation pos sible. Ces craintes n'ont pas de fondement. Le franc beige est aussi solide que le franc francais, et une inflation ne constituerait d'autre part aucun remède a la crise actuelle, qui est une crise qui frappe lé monde entier. Nous ne pouvons mieux faire que de repro duce le discours prohoncé Dimanche dernier par M. du Bus de Warnaffe, ministre des trans ports, au Cercle Catholique de Tournai. Pour le moment, le ministère Theunis est, il est vrai, démissionnaire, mais les principes énoncés par M. du Bus de Warnaffe n'en restent pas moins inattaquables. Voici done ce discours que nous extrayons de -«La Libre Belgique du 18 courant. Le Discours du Ministre des Transports Après s'être gaussé des utopistes qui rêvent, a l'aide d'un Plan, de conduire les hommes vers le royaume d'Utopie, le Ministre combat le dé faitisme d'une autre partie de notre peuple. Dé faitisme mortel, dit-il, qui compromet, avec ceux qui s'y abandonnent, ceux qui restent résolus a lutter quand même, paree qu'il paralyse leur action et aggrave ainsi le mal dont on se lamente. Mais il y a surtout beaucoup de malheureux, ceux qui, privés de leur travail, manquent du nécessaire. Pour la grande majorité des Beiges, la question du jour est celle de la subsistance. Et le Ministre va exposer les données de eet important problème Le Problème de la Subsistance La vie économique est une série d'échanges. L'homme se procure son pain contre l'argent, rémunération d'un travail qui transforme la matière en article semi-fini ou fini pour compte du vendeur de ce produit. Dans nn pays transformateur et exportateur comme le nötre, le vendeur du produit le fagonne pour le livrer a l'acheteur étranger qui l'écoulera parmi les consomma- teurs de chez lui. Si le consommateur étranger achète moins ou n'a- chète plus paree qu'il restreint ou supprime ses dépen ses non indispensablessi le grossiste étranger ne commande plus paree que son Gouvernement protégé l'industrie nationale et proscrit ou contingente les produits du dehors, le producteur beige perd des com- mandes et du même coup doit ralentir la marche de sou usinefaute de, matière a transformer, les ouvriers n'ont plus de travailfaute de travail ils ne touchent pas de salaire et sans argent ils n'ont plus de pain. Mais, en outre, leur sort individuel a des répercus- sions sur le marché intérieur, car les chómeurs ne sont plus que des consommateurs trés réduits, qui diminuent d'autant les capacités d'écoulement de la manufacture indigène sur place. Ce resserrement du marché intérieur, s'ajoutant a celui des marchés étran- gers, étrangle la production nationale et provoque du chömage supplémentaire. Si bien qu'en cercles con- centriques le mal s'aggrave pour frapper un jour toute l'économie et tous les ménages du pays. C'est a ce dernier stade que nous en sommes. Non seulement nous ne pouvons plus laisser empirer la situation, mais il est plus qu'urgent de desserrer l'étau qui nous étouffe. C'est le problème dont les données sont identiques pour le travailleur individuel et pour l'économie générale, en vertu d'une loi de solidarité dont la vérité est aveuglante. D importe done de rechercher comment on pourra ranimer l'activité économique. Pas de reprise artificielle, dit le Ministre. II faut faire oeuvre sage et réfléchie, et pour cela se rendre compte des difficultés qui surgissent au seuil d'une telle entreprise. II faut être réalistes. Et le Ministre cite les divers obstaclescon currence du dehors barrières douanières et con- tingentements les changes la carence de cer tains débiteurs. II y a aussi des obstacles intérieurs la charge des indemnités de chómage (475 millions au budget ordinaire) la thésaurisation, qui aboutit a la véritable déflationle taux des intéréts de la rente. Que peut faire le Gouvernement et qu'a-t-il fait devant ces différents obstacles Les Traités Commerciaux Dans le premier ordre de choses, la solution est la conclusion de traités commerciaux favorables, assu- rant a nos produits des débouchés faciles dans un pays étranger. Mais la conclusion d'un tel traité exige les conditions de réalisation de tout accord et dont la première et la principale est l'agrément des deux contractants, en ('occurrence de deux nations. Ces nations elles-mêmes, si elles représentent une entité économique sur le plan international, constituent chacune ün agglomérat d'économies variées et aux intéréts souvent contradic- toires sur le plan national. Un traité commercial représente done, au total, la somme des concessions réciproques de deux nations, après conciliation des intéréts divergents au sein de chacune d'elles. On imagine dès lors la complexité du problème et les difficultés de sa solution. Prenons un exemplenous désirons des déchouchés plus larges pour nos produits manufacturés dans un pays agricolece pays n'ouvrira pas ses frontières a nos produits sans une contrepartie car en matière com- merciale on donne pour recevoir, et l'opération se solde en échanges. En l'espèce, le pays oil nous désirons importer de- mandera que nous lui consentions des facilités d'en- trée pour son bétail, son beurre ou son blé, facilités que nous pouvons théoriquement lui offrir en abais- sant nos droits et en élargissant nos contingentements. Mais quel sera l'effet d'une importation massive de produits agricoles Ce sera, devant l'abondance de l'offre, la chute des prix de ces produits, et des pro duits analogues fournis par notre agriculture. C'est- a-dire que le cultivateur, chez nous, verra se dépré- cier le fruit de son travail et sera peut-être contraint de produire a perte, pour son propre dommage, pour celui du propriétaire auquel il doit le fermage, et pour celui du commergant dont il est le cliënt. Aussi advient-il une réaction normaledevant des propositions trop libérales en faveur des produits étrangers, l'agriculture nationale s'insurge. La dis cussion s'ouvre avec l'industrie et le Gouvernement doit arbitrer. Mais dans la mesure même oü le pays étran ger se voit diminuer les possibilités d'écoulement de son bétail, de son beurre ou de son blé chez nous, il restreint l'entrée de nos produits industriels chez lui. Tout traité de commerce est un compromis délicat. Le plus caractéristique de ceux que le Gouvernement ait conclus est celui qui a été signé avec les Etats- Unis. Car en dehors de ses modalités particulières il marque un revirement de la politique commerciale américaine dans un sens plus libéralil permet de voir une première brèche dans le système protection- niste qui est une des grandes causes de la paralysie de nos affaires. Succès réel et de bon augure pour l'avenir. La Concurrence du dehors Aucun pays ne peut se passer de l'étrangeraucun pays non plus ne peut prétendre au monopole de four- nisseur des pays du monde oü les conditions douanières permettent encore de s'introduire assez librement. Sur les marchés extérieurs nous sommes en concur rence avec le reste de l'univers industriel. C'est plus qu'une concurrencec'est une lutte oü le triomphe n'est pas conditionné par le nombre ou la force, mais par la qualité et le prix. Peut arriver a écouler ses produits dans ces pays, quiconque les y peut livrer aux prix les plus bas. II y a plusieurs manières de livrer a bas prix a l'étranger en faisant du dumping; en obtenant des primes a l'exportation moyens-aEtifieiels. Ou bien, plus simple- ment mais plus difficiïement, en produisant a bon marché. Pour tout pays exportateur le problème de la production a bon marché, c'est-a-dire le problème du prix de revient, est en grande partie un problème d'ordre et d'organisatiön intérieurs. Quels sont les éléments du prix de revient Le coüt des matières premières, les frais de transport, les charges fixes (impóts et intéréts) et les salaires. Ce sont ces deux derniers éléments dont l'industrie doit pouvoir assouplir les charges, dans le cadre de l'éco nomie générale du pays. Mais eet assouplissement n'est possible que si la politique économique du pays permet un abaissement du coüt de la vie. Ce dernier problème est lié a celui du prix 'dei revient; i ayi La Deflation Quelle est, a éet égard,' Taction du Gouverne ment On a dit et Tonirépètè 4U? le Gouvernement a entrepris une politique de déflation. Ce n'est pas rigoureusement ex'óèt, declare le Ministre (Y Au contraire, it y a mis du crédit a la disposition de ceux qui en méritent. Ce qui est vrai, c'est que le Gouvernement, dans la sphière de son domaine et de son action, a poursuivi une politique d'ajustement des dépenses de l'Etat, aux possibilités budgétaires, ou en d'autres termes, aux capacités contributives des ci- toyens. Les particuliers, depuis longtemps, ónt été obligés de réduire leurs dépensesl'Etat a été le dernier a le faire. A eet égard, le Gouvernement actuel n'a fait que poursuivre la politique des Gouvernements pré- cédents, la seule sage car en dehors d'elle il n'est que déséquilibre budgétaire et ruine du crédit. La voie du réajustemént est une voie pénible elle exige une sévère discipline et suppose une diminution importante des budgets des pouvoirs publics, des entre- prises industrielies et commerciales et des particuliers. D'autre part, elle postule une baisse du coüt de la vie qui maintienne aux francs, diminués en nombre, un même volume de pouvoir d'achat ou une equiva lence de marchandises. C'est cette équation surtout qui importe. Ce fut le souci, et c'est le devoir du Gouvernement d'assurer dans toute la mesure possible en un domaine si délicat, un rapport suffisant entre le taux des remu nerations et la satisfaction des besoins normaux de l'existence. M. du Bus de Warnaffe confirme alors ce que certains de ses collègues du gouvernement ont déja dit ailleurs, qu'il ne serait plus procédé a aucune réduction de rémunérations a charge de l'Etat. La Dévaluation Parlant ensuite de la dévaluation, l'orateur entre dans force détails La dévaluation, dit-il, c'est la dépréciation délibérée de ce qui reste du franc a 14 centimes. On entend dire si l'on dévaluait le franc actuel de 20, 25 ou 40 p. c., ce serait la redemption. Le franc a 11,2, a 10,5 ou a 8.4 centimes, ce seraient les prix de revient abaissés de 20, 25 ou 40 pour centce serait une facilité de concurrence énorme pour nos fabricants a l'étranger ce serait la reprise de nos activités industrielies et commercialesce serait la resorption du chómage. Ce serait avant tout une chose certaine et trés brutale, a supposer une dévaluation de 25 p. c., ce serait la perte du quart des intéréts et du quart du capital des épargnants beiges. Que représente l'épargne beige 33.950 millions de dette intérieure et de dotations 9.990 millions de dettes provinciales et communale»; 8.510 millions a la caisse d'épargne et de retraite 20.000 millions de dépots en banque. Soit au total 72.450 millions dont la dévaluation de 25 p. c. représenterait du jour au lendemain, une perte de capital de 18 milliards au préjudice de l'épargne, c'est-a-dire en grande partie du produit accumulé du travail. Une dévaluation de 25 p. c., c'est la livre a 125, le franc frangais a- 175 francs, et le Belga a 50 centimes. C'est la réédition volontaire, et comme réédition et comme volontaire, beaucoup plus grave, de l'ex- périence forcée de 1926, et dans des conditions écono- miques générales infiniment moins favorables. C'est aussi la hausse du coüt de la vie. Que sést-il passé en 1926 La courbe de l'index des prix de détail intérieurs entre mars et décembre est éloquente a eet égard. Le pain a haussé de 59 p. c.,les pommes de terre d'autantle beurre de 36 p. c.le sucre de 71 p. c. la margarine de 57 p. c.la bière de 58 p. c.la farine de 70 p. c.le charbon tout venant de 93 p. c. L'index général a passé de 521 a 741, soit une hausse de 220 points ou 42 p. c. A la simple constatation des conséquences de lat dévaluation en 1926, il ne fait aucun doute que le coüt de la vie hausserait. La vie renchérissant, la question, se pose tous les Beiges sont-ils assurés d'une augmen tation de ressources proportionnelle a l'aggravation de leurs charges vitales Que fera le porteur de rentes, le créancier hypothécaire avec son nombre inchangé de francs h 11,2 centimes pour acheter son pain fait de blé en hausse, son linge fait de coton en hausse, son veston fait de laine en hausse II achètera moins, on produira moins, et c'est ainsi que serait résolu le problème du chómage Au point de vue industriel, les prix de revient seraient-ils réduits de 25 p. c. comme on le laisse entre- voir Nullement, paree que d'une part les matières premières achetées en devises étrangères subiraient une hausse proportionnelle a la dépréciation du nou veau francles salaires s'ajusteraient a l'index en proportion de la hausse du coüt de la vie, ce qui revient a dire que deux des charges les plus impor- tantes de l'industrie seraient vite amenées leur niveau relatif antérieur ce qui, entre autres consé quences, réduirait d'autant la marge escomptée pour battre sur les marchés internationaux la concurrence du dehors. Mais s'imagine-t-on que même si cette marge restait substantielle l'étranger ne se défendrait pas par le moyen facile dont il dispose par l'élévation de ses tarifs et la rigueur de ses contingentements L'accord, récent conclu avec les Etats-Unis prévoit une clause de résiliation basée sur un décalage des changes a quoi servirait, dès lors, de l'avoir péniblement obtenu si c'est pour en perdre aussitót le.bénéfice Au point de vue de l'Etat et de son budget, il y aurait certes" allègement du service' de la dette- inté rieure mais eet allègement serait compensé par Ie poids plus lourd de la charge de la détte extérieure. Bénéficenéant. Par ailleurs, le barème mobile des traitements et salaires ne tarderait pas a jouer, et les dépenses de personnel de l'Etat gonfleraient du même coup, ainsi que les pensions d'invalidité. Et' l'équilibre budgétaire deviendrait un mythe. II ressort de l'expérience polonaise la conclusion, que le chemin de la déflation est susceptible de con duire au relèvementce chemin, comme on l'a dit, est le plus honnête et le plus sür», a condition d'être' suivi sans défaillance. C'est au pays a savoir s'il a le courage d'y cheminer jusqu'au bout, poqr éviter une solution plus dure et ne pas être condamné a une perte de sa substance. Dans la bataille pour le franc le Gouvernement, en première ligne, est décidé a lutter jusqu'a la dernière cartouche il demande seulement que l'arrière, lui aussi, tienne. L'orateur examine ensuite quel serait le sort de notre franc, si nous nous rattachions a la livre; Nous rattacher a la livre, c'est lier le sort du franc a une monnaie dont nous ne sommes pas les maitres, et dont les destinées dépendent de la lutte qui la met aux prises avec le dollar. Les Etats-Unis voudraient le dollar a la parité 5 par rapport a la livre l'Angle- terre, au contraire, le voudrait a la parité 4.50. Cec dix pour cent d'écart constituent l'enjeu du conflit dont nous sommes peut-être spectateurs, mais dont nous pourrions être doublement victimes si nous met- tions le doigt entre l'arbre et l'écorce. Après avoir souligné une fois de plus le carac- tère utopique du plan du travail, le Ministre fait appel a la patience et au courage du peuple beige. Les faits, conclut-il, sont plus forts que les hommes et nous ne les plierons pas a nos con ceptions c'est notre mentalité qui doit se sou- mettre a leur évidencec'est notre vie elle- même qui doit se conformer a leurs exigences. Les Beiges doivent avoir la sagesse de se restrein- dre a la mesure de leurs moyens diminués. A ce prix-la seul ils peuvent entretenir l'espérance de temps meilleurs.

HISTORISCHE KRANTEN

Het Ypersch nieuws (1929-1971) | 1935 | | pagina 5