Koloniale Loterij
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Le plus menacant des dangers
l'embolie économique
La situation actuelle et les conventions
et marches
VRIJDAG 24 NOVEMBER
NOS MIETTES HISTORIQUES
o
Le porte-parole de la Ligue des non-subven-
tionnésa émis sous ce titre, dans un journal
zurichois, des réflexions si judicieuses qu'elles
nous semblent dignes de la plus large diffusion.
Les voici
Un malade consent a se soumettre a une opéra-
tion. Avec un qrt achevé le chirurgien la mène a
bien l'opératiön réussit brillamment, le patient
comme le médecin croient avoir franchi la passe,
quand soudain la Femme a la faux survient et
s'empare de sa proie. Pourquoi Parce que l'inter-
vention chirurgicale a provoqué des troubles de
circulation c'est l'embolie et c'est la mort
Notre pays, lui aussi, vient de subir une bril-
lante opération, la mobilisationEn quarante-
huit heures, notre armée a été sur pied avec
armes et bagages, chaque chose a sa place et
chaque homme a son poste. Cette mise sur pied
s'est opérée avec calme et presque sans qu'on s'en
doute. Mais la mobilisation porte un rude coup a
notre vie économique. Par centaines de milliers
des hommes capables ont été arrachés a un tra
vail productif, par milliers aussi ceux qui étaient
actifs dans l'économie libre ont, en endossant
1'uniforme, perdu toute espèce de revenu. Us ne
peuvent plus tenir leurs engagementsles paie-
ments sont arrêtésl'argent ne roule plus et le
mal est encore aggravé par tous ceux qui suspen-
dent achats et commandes sans nécessité.
Résultatle ralentissement qui nous est imposé
par la mobilisation est encore puissamment ag
gravé par une inactivité que nous créons nous-
mêmes. lis est done de notre devoir de remettre
en marche au plus tót la roue de l'économie pu
blique pour faire circuler l'argent, sinon nous
verrons bientöt, en plus de l'armée mobilisée, une
armée plus nombreuse encore de chómeurs. Ce se-
rait alors la stagnation et peut-être l'embolie mor-
telle.
Un exemple Voici des fiancés qui devaient se
marier cet automne. A cause des temps incertains
le mariage est renvoyé, et pour le trousseau on
attendra. Le marchand de meubles ne peut plus
passer sa commande, le fabricant de meubles n'a
plus rien a faire le marchand de bois et le mate-
lassier ne peuvent rien livrer, pas plus que le
préparateur de erin. Au tissage, les toiles s'entas-
sent-; tous ceux qui travaillent a la batterie de
cuisine sont inactifs. Et tandis que les fiancés
renoncent a leurs achats, l'argent ne change plus
de mains et tout s'arrête. Que voit-on se produire
alors Les producteurs renvoient du personnel,
les chómeurs doivent être entretenus, les charges
de l'Etat s'accroissent d'une manière démesurée,
si bien que, pour finir, les fiancés doivent aban-
donner en impóts a l'Etat une bonne partie de
l'argent mis a part pour le trousseau.
On entend un autre s'écrier Aller au concert?
au théatre Ah il s'agit bien de ca il faut éco-
nomiser, on ne sait ce qui peut arriver Erreur,
lourde erreurSi chacun raisonne de la sorte, on
verra les acteurs, les machinistes, les décorateurs,
les coiffeurs3 de théatre, les costumiers, les ou
vreuses privés de travail, parce qu'on aura voulu
épargner quelques francs. Et le plus dupé, c'est
encore celui qui a donné ce coup de frein parce
qu'il s'est attaqué a des valeurs éternelles qui
consolent un peu de la tristesse du temps présent
et donnent la force de regarder l'avenir en face.
II y a aussi les maisons de commerce dont le pu
blic s'arrache les marchandises pour les entasser
dans les greniers. Plus besoin de travailler. di-
sent-elles, les affaires marchent tout de même
L'artiste qui se présente chez elles avec un beau
projet d'affiche est renvoyé avec un sourire dé-
daigneuxle clicheur peut fermer sa boutique
les établissements lithographiques ne travaillent
plusles journaux s'appauvrissentdans les fa-
briques de papier les machines sont arrêtées et la
colle se dessèche dans le pot des afficheurs.
Après quelques mois, ceux qui avaient serré les
freins découvrent les conséquences de leur acte
quand les gens ne gagnent plus, ils ne peuvent
plus rien acheter. Le mouvement commercial se
ralentit, mais les frais courants demeurent les
mêmes tandis que les impóts montent. En fin de
compte, l'argent qu'on aurait pu mettre a de la
publicité vivante, on doit le verser a l'Etat.
II y a encore une autre catégorie de malins
ceux-la ont gardé par devers eux les livraisons
qu'on leur a faites et les factures du médecin, du
tailleur, de la modiste et des .maitres d'état. Ils
ont l'argent nécessaire pour faire face a leurs en
gagements, mais a cause de la situation ils le
gardent, en attendant. Le médecin, le tailleur et
la modiste ne peuvent plus payer et doivent con
gédier leur personnel Ca les laisse indifférents
Ils prétendent que la mobilisation leur donne le
droit de ne plus penser qu'a eux-mêmes. En som-
me, ces gens-la ne méritent plus le nom de malins.
Nous affirmons sérieusement ceciCelui qui peut
payer et ne paie pas est coupable de sabotage a
l'égard du pays et de sa force financière et mo
rale. Celui qui s'asseoit sur son argent et ne le
laisse plus circuler crée la misère et le chómage
il fait plus de tort au pays qu'un déserteur. Quand
l'argent cesse de couler, le sol même de l'écono
mie publique se dessèche.
L'argent doit rouler si nous ne voulons pas être
affamés et obligés de porter, en plus du poids de
la mobilisation, celui d'un chómage accru, avec
les dangers mortels qu'il comporte. Ces dangers
sociaux et internes, nous ne devons pas les laisser
fondre sur nousles dangers extérieurs nous
suffisentII n'y a pour nous qu'un seul moyen de
dominer la situation actuelle et d'éviter une mon-
tagne de dettes et des troubles sociaux. II con-
siste a cracher dans ses mains et a travailler tant
qu'on pourra C'est a présent que notre économie
publique doit tourner au maximum, a présent que
nous devons lui faire rendre tout ce qu'elle peut
donner. Car il s'agit maintenant de gagner non
seulement notre revenu, mais encore celui des
hommes sur la frontière. Seule une économie a
plein rendement pourra couvrir les frais de la
mobilisation et défendre le pays contre l'appau-
vrissement.
Concitoyens, concitoyennes! Maintenant que tou-
tes les valeurs s'effondrent, maintenant que l'un
après l'autre les peuples civilisés sont mis a mort,
maintenant qu'il n'y a plus de justice apparente,
nous ne devons pas désespérer, nous devons créer
et agir avec courageCe n'est pas aux profiteurs
ni aux peureux que le monde appartient, c'est
aux vaillants. Le moment est venu de se montrer
des hommes courageux et d'aller au travail avec
assurance. Le moment est venu de passer des
commandes pour que l'argent puisse rouler et
notre franc rebondirNous vous crions Passez
des commandes, sortez votre argent et que les
brouettes de l'économie circulent
(Gazette de Lausanne).
Une question importante préoccupe, a juste titre, bon
nombre de commergants et industriels.
Qu'advient-il, dans les circonstances présentes. des
conventions et marches conclus en temps de paix, sui-
vant des conditions déterminées La période actuelle
ne permet-elle pas de les considérer comme résiliés
Et l'on songe, instinctivement. dirons-nous, aux années
1914-1918 pour en déduire une similitude.
Ce serait commettre une regrettable confusion. En
1914-1918, notre pays était en état de guerre dès les
premiers jours d'aoüt. Notre Gotivernement s'était vu
contraint de quitter le pays les relations économiques
autant que juridiques étaient profondément troublées et
il avait fallu, a cause de l'envahissement puis de l'occu-
pation, faire face, comme on le pouvait, a toutes les
nécessités et toutes les difficultés rencontrées chaque
jour.
Actuellement, la situation n'est pas du tout la même,
notre pays n'est pas en état de guerre il observe au
contraire une neutralité qui lui impose des precau
tions.
Nous avons le bonheur de conserver notre Gouverne
ment siégeant dans la capitale. II est heureusement ca
pable d'assumer ici toutes les responsabilités que com-
manderaient éventuellement les mauvais jours que nous
traversons.
D'autre part, il convient de distinguer les conventions
ou marchés n'intéressant que l'intérieur du pays de
celles concernant des relations commerciales avec l'é-
tranger.
1° Conventions conclues et devant être exécutées a
l'intérieur du pays.
II nous paraït qu'elles doivent être. autant qu'il est
possible, respectées et remplies dans les termes et con
ditions dans lesquels elles ont été traitées.
La situation présente ne permet pas d'invoquer le cas
de force majeure pour justifier l'inexécution d'obliga-
tions qu'impose un marché au sujet duquel l'accord a
été établi, sauf bien entendu en ce qui concerne les
mobilisés au profit desquels. a juste titre, des conditions
spéciales ont été prévues.
Du point de vue juridique. rien n'est venu empêcher
l'accomplissement de ces obligations ni. par conséquent,
en délier ceux qui les avaient assumées.
Cependant, il ne faut pas se montrer absolu. II peut
se trouver des cas dans lesquels, en fait. la force ma
jeure peut apparaitre.
Ainsi. pour exemple, un marché qui porterait livrai-
son de produits fabriqués a l'aide d'une matière pre
mière importée d'un des pays belligérants et dont celui-
ci aurait. pour les besoins de ses armées. interdit l'ex-
portation.
II peut se produire également, et c'est tout autre chose
encore, que de part ou d'autre on en arrive a discuter
les modalités de l'accomplissement du marché.
Question de pure espèce que l'on ne pourrait trancher
suivant les principes. Ceux-ci se résument ainsires
pect a la convention qui fait la loi des parties
2" En est-il autrement des conventions concernant les
relations commerciales avec l'étranger
Elles sont soumises au fait du prince e'est-a-dire a
toutes les mesures que prendraient les pays en guerre.
Et, par conséquent, la force majeure pourra. plus sou
vent sans doute, être invoquée. II doit être entendu
cependant que, dans tous les cas oü les marchés en
cours peuvent être exécutés sous les modalités des con
ventions conclues. il est de stricte honnêteté commer-
ciale. pour les parties engagées. d'y satisfaire intégrale-
ment.
Certes, dans les circonstances présentes, il y a une
multitude de cas d'espèce a envisager, mais la reputa
tion et 'e bon renom dont jouit la Belgique sur les mar
chés mondiaux exigent qu'aucun de nos concitoyens
n'abuse de la situation. Ceci serait non seulement trés
condamnable, mais hautement préjudiciable a la Pa trie.
(Extrait du Bulletin officiel de la Chambre
de Commerce de Bruxelles.)
TREKKING van de
NU MEER DAN OOIT
moet ge uwe kans wagen want voor enkele franks
kan de kans een einde stellen
aan uwe geldelijke zorgen.
O
Les anciennes portes d'Ypres
Nos anciennes chroniques locales, dont nous ne
conservons plus que les titres dans le catalogue
des manuscrits de notre bibliothèque, offraient
un puissant intérêt au point de vue des évène-
ments survenus vers l'époque oü elles furent
écrites. Par contre, pour les époques les plus re-
culées de notre histoire, leurs auteurs font preuve
d'une invraisemblable imagination. Vandenpee-
reboom fait table rase de ces folies histoires, car
ce n'est plus la de l'histoire, et ne cite qu'a titre
de curiosité quelques produits de ces imagina
tions en délire.
Qui n'a pas entendu parler d'Hyperborus, le fon-
dateur de notre ville, qui arriva un jour avec des
équipes d'ouvriers pour fonder une ville a un
emplacement de son choix, sur les bords, sans
doute fleuris, de l'Yperlée La ville naissante, en
quelques pages de manuscrits, prend aussitót un
développement inouï et devient une sorte de
Thèbes aux cent portes. Or, on sait que l'enceinte
actuelle de notre ville, ainsi que nous l'avons dé-
ja rappelé, est restée a peu prés celle du moyen-
age, et que, seuls, les faubourgs avant le siège
mémorable de 1383. occupaient un espace consi-
dérable.
Dans les projets dressés par Vauban, projets
qui furent exécutés par l'un des frères Hue de
Caligny, ingénieur de grand mérite, on conserva
quatre portes de ville, savoir celle de Messines,
du Temple ou de Bailleul, de Dixmude et d'An-
vers, ces trois dernières furent ornées a l'exté-
rieur de belles facades, celles de Dixmude et d'An-
vers avaient en outre une belle fagade a l'inté
rieur. Toutes ces portes étaient surmontées d'un
batiment renfermant la chambre dite des orgues
et servant de logement aux trois aides-majors
(adjudants de place) et au capitaine des portes.
La porte de Messines avait un passage voüté en
berceau d'une longueur de 13 m. 50. II était di-
visé en deux parties par une arcade. Cette porte,
la plus simple de toutes, n'avait pas de fagade a
l'intérieur et l'antique fagade extérieure était
conservée, elle se composait de deux pilastres en
magonnerie de briques sans aucun ornement, sauf
un petit écusson aux armes de France.
La porte du Temple ou de Bailleul offrait dans
son passage, les mêmes dispositions que la porte
de Messines. La fagade intérieure se composait de
quatre pilastres sans corniche mais la fagade ex
térieure était de l'ordre toscan. Elle avait deux
pilastres surmontés d'un entablement avec fron
ton, dans lequel se trouvait sculpté l'emblème de
Louis XIV. Cette fagade était, parait-il, d'un bel
effet.
La porte de Dixmude (démolie en 1854), se com
posait d'un passage voüté partagé en parties éga-
les par sept arcades. La fagade extérieure était
ornée de deux pilastres surmontés d'un entable-
mènt et d'un fronton de l'ordre dorique. La fa
gade intérieure se composait de deux pilastres
de l'ordre toscan. Ces deux fagades portaient les
armoiries et les emblèmes de Louis XIV.
La quatrième porte, celle d'Anvers ou de Menin,
était partagée par trois arcades en quatre par
ties égales. Elle était ornée de deux belles
fagades. Celle a l'extérieur se composait de quatre
pilastres surmontés d'un entablement et d'un
fronton de l'ordre toscan. C'est la seule fagade
des quatre portes d'Ypres que Vauban fit exé-
cuter en pierre de taille. Dans cette fagade se
trouvaient sculptés les armoiries et les emblèmes
de Louis-le-Grand. La fagade intérieure, de l'or
dre dorique, se composait de deux pilastres sur
montés d'un entablement et d'un fronton qui ren-
fermait également l'emblème du roi. Cet em-
blème était un soleil rayonnant reproduit aux
diverses fagades que nous venons de décrire. L'en-
tablement de cette dernière fagade était orné, au
lieu d'armoiries, d'une table de marbre qui fut
placée en 1688. Elle portait, en lettres d'or, une
inscription latine dont voici la traductionLe
monde chrétien paeifié et l'hérésie extirpée». Louis
le-Grand. dans les loisirs de la paix, environne
de défenses solides la ville d'Ypres. autrefois mal
fortifiée et le jouet de Mars il l'embellit de por
tes somptueuses et en confie la garde a des trou
pes choisies. Fortunés citoyens récemment ren-
trés sous l'autorité légitime, soyez en süreté Un
roi invisible, aux conseils sagaces, au courage
éprouvé d'une force puissante, veille constam
ment a votre conservation. L'an mil six cent
quatre-vingt-huit. SERPY.