Leest en verspreidt 't
aprèb quelquessheures a peine de discussions, de-
vant des banquettes vides, s'apprête a voter une
loi qui nous enlèverait tout simplement de nos
ailes les quelques plumes qui nous permettent
encore de voler. Eb que nous importe a nous,
sinistrés, qu'on nous paie en formules fran?aises,
ou qu'on nous paie en formules flamandes? Qu'on
nous paie en chinois, si on veut, mais qu'on nous
paie loyalement ce qu'on doit?
Nous voici done encore une fois a une beure
décisive, une heure d'angoisse! Nous avons
serrer mieux que jamais nos rangs, sans distinc
tion de partis ou de langues.
Enfants comme vous de la même race beige,
les sinistrés de la Flandre viennent vous tendre
aujf-urd'hui la main, a vous, leurs frères du Na-
murois et du Luxembourg. En leur nom, je viens
vous rendre le salut que M. Beaupain est venu nous
apporter en votre nom dernièrement a Ypres. Nous
mareberons ensemble- nous les pères, comme les
fils ont combattu ensemble.
Les sinistrés comptent sur la Fédération des
Coopératives, dont l'ceuvre difficile, mais féconde
be sera jamais assez hautement louée.
Ils comptent sur la Fédération Nationale des
Sinistrés et sur son vaillant Président, M. Beau
pain. Nous sommes la-bas, en Flandre, a votre
disposition, M. le Président, pour rappeler a la
Belgique ingrate ses promesses et ses obligations,
promesses et obligations dont il semble qu'en ce
moment elle se soucie aussi peu que si elle était
une Allemagne.
NouS comptons aussf sur le dévouement des re-
présentants et sénateurs de tous les arrondisse-
ments dévastés.
II faut que le pays et le gouvernement respec
tent nos droits reconnus! II faut que nos indem-
nités soient plus rapidement payés. II faut que les
demandes soient plus rapidement jugées, et qu'on
améliore notre organisation des Tribunaux de
dommages de fa?on èi la rendre adéquate aux be
soms urgents des sinistrés.
II faut sauver l'bonneur de la Belgique et ne
pas le laisser tomber, au niveau de celui des Bo-
ches.
Pout attei-ndre ce but, les sinistrés sont unis,
indissolublement unis, suivant un même cbemin
vers une destinée commune!
Nous comptons sur vous, Coopératives et sinis
trés de Namur et du Luxembourg, comme vous
pouvez compter sur nous les Flamands du front.
Des applaudissements significatifs soulignent
les énergiques protestations de M. Butaye.
Discours de M. Beaupain.
M. P. BEAUPAIN, Président de la Fédération
üationale des Sinistrés, prononce le discours sui
vant
Monsieur le Ministre-
Mesdames, Messieurs,
Si je prends aujourd'bui la parole au nom de
la Fédération Nationale des Sinistrés, c'est paree
que notre vénéré et cber ami Barré, président de
la Fédération de Dinant, qui eet bonneur était
réservé, vient d'être cruellement frappé par la ma-
ladie et se trouve actuellement dans un état qui
met en nous les plus vives inquiétudes. Vous me
permettrez bien d'adresser d'ici ce vieux lutteur
qui avait trop préjugé de ses forces l'bommage de
notre cordiale sympathie et de l'assurer des voeux
que nous formons tous pour le voir revenir parmi
nous.
Je remercie la Fédération des Coopératives de
l'honneur qu'elle a voulu faire a Dinant com
me a Ypres b la Fédération Nationale des Si
nistrés en invitant ses délégués èt cette assemblée.
Nous avons tous gardé le souvenir ému de fa
grandiose et réconfortante manifestation d'Ypres
qui présida si heureusement au lancement de
l'Emprunt des Dommages de Guerre, dont nous
connaissons aujourd'bui la brillante réussite.
Sans avoir la même solennité que celle d'Ypres
la réunion de ce jour n'en revêt pas moins a nos
yeux une grande importance. Nous la considérons
surtout comme une nouvelle marque de l'union
sincère et cordiale qui unit les' sinistrés Wallons
aux sinistrés Flamands. J'avais porté a Ypres et
aux cités dévastées des Flandres le salut de la
Wallonië meurtrie. M. Butaye a eu la délicate
pensée de venir ici rendre aux Wallons leur poli-
tesse. II l'a fait avec une bonne grace, une cbaleu-
reuse spontanéité qui nous ont tous profondément
touchés.
Ainsi s'affirme une fois de plus l'étroite soli-
darité qui nous unit dans notre commune infor-
tune et qui se prolongera dans l'avenir pour le
plus grand bien de la Patrie, pour la force de
son unité quand nous aurons tous pansé nos
blessures.
Messieurs, vous savez avec quelle attention sym-
patbique nous suivons les constants efforts e
votre Fédération pour assurer le maximum de
rendement a Taction des Coopératives.
Nous avons salué avec joie Tinstitution'd une
délégation permanente de représentants des Coo
pératives et des sinistrés auprès de votre Fede
ration nous avons déja pu apprécier les résul-
tats- féconds des travaux de cetie commission
nous en attendons dans l'avenir les plus heureu-
ses initiatives.
Nous serions injustes si nous ne rendions pas
aussi un hommage sincère aux efforts de M. le
Ministre Van de Vyvere qui a mis a se bien péné-
trer de toutes les difficultés de la têche gigantes-
que dont il assume la lourde responsabilité une
bonne volonté qui commande nos sympathies.
Nous le félicitons de sa persévérance inlassable,
du souci qu'il a nous le savons de ne point
s'en tenir aux opnions toutes faites, de ne pas s'en
référer uniquement aux affirmations de ses bu
reaux.
Mais après lui avoir offert des fleurs, il ne
m'en voudra pas j'en suis sür sachant que les
Wallons sont frondeurs d'y avoir laissé volon-
tairement quelques épines.
M. le Ministre nous avait promis a Ypres d'ins-
tituer également prés de l'Office des Dommages
de Guerre une Commission consultative de sinis
trés non point de ceux qui bornent leur action
a tout critiquer et a tout condamner se taillant
ainsi des succès faciles, mais de ceux qui se pen-
chent depuis des mois sur les problèmes a résou-
dre avec la seule volonté de découvrir des solu
tions qui satisfassent èt la fois les revendications
des victimes de la guerre et le légi,time souci de
ne point compromettre la situation du Trésor.
Ce projet n'a- pas été exécuté. Nous avons cons-
titué notre délégation, nous en avons fait part a
M. le Ministre, qui n'a plus jugé opportun de
réunir cette commission dont il avait paru cepen-
dant désirer la constitution.
Nous le regrettons d'autant plus que le Parle
ment est main tenant saisi du pro jet de revision de
la loi du 10 mai 1919. Nous voulons encore espé-
rer que la Chambre ne touchera qu'avec la plus
grande circonspection èt cette loi du 10 mai 1919
que nous considérons comme notre charte et no
tre garantie et que les grands principes qui sont
a sa base réparation intégrale du dommage,
solidarité nationale deyant l'ceuvre de réparation
ne seront pas atteints.
II ne peut pas être question notre avis d'entrer
dans la voie des modifications et des restrictions
des droits solennellement reconnus ni de la sup
pression de certaines garanties essent'ielles.
Nous voulons espérer notamment que le législa-
teur ne permettra pas au Gouvernement de régler
par voie d'arrêté royal le mode et l'époque de
paiement des indemnités en cas de remploi fixées èi
présent dans les jugements des tribunaux de dom
mages, ce serait entraver gravement la reconstruc
tion des régions dévastées.
Nous savons èi présent que M. le Ministre se
propose d'autoriser les Coopératives èt faire des
transactions avec les sinistrés pour des sommes
ne dépassant pas 10,000 francs.
Cette mesure nous parait propre èi héter la
liquidation de nombreuses affaires et èi désencom-
brer le róle des Tribunaux de Dommages, mais
elle ne sera favorablement accueillie des Sinistrés
que si elle est entourée de certaines garanties que
je veux me permettre de vous signaler brièvement.
Qui dit transaction dit trop souvent duperie,
abandon d'une partie des droits du sinistré en
compensation d'une solution rapide. Ce n'est pas
d'un système pareil que nous voulons paree qu'il
ne manquerait pas de laisser de profondes tra
ces de mécontentement et ne faciliterait pas l'ceu
vre d'apaisement que nous désirons tous.
Si noüs ne Youlons pas de transactions qui
pourraient dégénérer en marebandages irritants,
nous sommes prêts èi accueillir des accords sin-
cères et loyaux qui ne puissent laisser au sinistré
la sensation facbeuse qu'il est plus ou moins dé-
pouillé et qu'il a du payer une prime a une
rapide solution de son dommage. II faut surtout
que le sinistré reste. toujours libre de signer ou
non un accord sans que jamais le Commissaire
d'Etat ou la Coopérative puissent évoquer la pos-
sibilité d'une sanction contre sa mauvaise volon
té, par exemple en lui laissant redouter un ren
voi aux calendes grecques de la solution de son
affaire.
Cela n'est pas èi craindre, ni a Namur, ni èi Di
nant, oü nous possédons des commissaires prin-
cipaux d'une haute probité, mais cela pourrait se
voir ailleurs et (vous en conviendrez tous) cela
ne doit se voir nulle part.
Veuillez m'excuser Monsieur le Ministre, si j'ai
légèrement troublé l'harmonie de
y faisant entendre quelques notes un
vons que les meilleures réunions,° les
mtes
tion de
s l'intérêt seul de la cause qu v
le défendre m'y a poussé. Ton»6-^
Tous icj
--ijl
ne sont pas celles oü on ne jou&
banconnes ^s,
J'espère que vous voudrez bien vo
présenter au Congrès National des Sintu^
tiendra a Bruxelles les jours de PentecAt
nous efforcerons de résoudre dans un 1
de justice et de raison quelques-unes
questions dont'la solution nous préoCc s
Ce discours est fréquemment inter^6
les applaudissements. rortlPi
Discours de M. Van de VyVet
Le ministre parle trés simplement, tres w
un grand accent de sincérité. Je suis venu a Dj
il, accomplir un devoir de ma charge et en
un devoir de piété.
D'autres villes ont été détruites ou
est pas qui aient subi des deuils aussi cruels qu
ville martyre et ville des martyrs.
M. le ministre abordant la question des don®
guerre rend hommage aux Coopératives, qU, r
admirablement leur róle d'assistance aux sinistrés"
toujours appuyé sur elles et c'est encore d'elles
tend le meilleur résultat.
II y a cinq mois, dit M. Van de Vyvere la
était trés mauvaise. II y avait un engorgement du
les services, on devait attendre de longs délais 4
ment. II a fallu faire un gros effort pour sortir
chaos. Nous avons été aidés puissamment par la f
tion des Coopératives. A Ypres, je m'étais prés,
front couvert de bonte; ici je puis heureusement:
la tête car la situation est a présent favorable ainsi
font foi les chiffres cités par M. Kestemont.
Les Coopératives vont être autorisées a faire des
actions.
Dans quel esprit Je suis d'accord pour dire i
doit être dans Tesprit indiqué par M. Beaupain;
rallie entièrement aux observations de 1'honorable
dent de la Fédération des Sinistrés. Des instructie
été données dans ce sens a tous les Commissaires J
Applaudissements
Le ministre déclare qu'il ne manquera pas de g
représenter au Congrès des Sinistrés. II n'abandon
lement l'idée de cónstituer une Commission de S
auprès de son Départementla preuve en est qu'il
donné des négociations a cette fin. II pense qu'on pj
élargir les pouvoirs de la Délégation Permanente i
nistrés a la Fédération des Coopératives et ne faire
qu'une seule délégation ayant les deux attributions!
Butaye et Beaupain auront ainsi satisfaction.
Répondant aux observations de ceux-ci sur la ie
de la loi du 10 mai 1919, le ministre se defend I
voulu réduire les droits des sinistrés. Le projet en 1
sion ne vise a rien de telil ne s'agit que d'appoite
modifications conseillées par l'expérience.
Ma politique est trés simple, dit l'orateur. Les i
des sinistrés doivent être fixés le plus vite possibk
sinistrés doivent ensuite être payés le plus rapidement
sible, mais il faut tenir compte parfois des circonsli
En tout cas je cherche a me rendre compte desk
Je suis plus reconnaissant des indications utiles q»
vent m'être données que des plus grands
vous dire que je suis toujours heureux
des sinistrés.
J'ai confiance dans votre sagesse, dans votre bon
pour assurer le relèvement du pays. J ai
dans la fermeté beige pour nous faire obtenir■den»
le faut justice et réparation de nos ennemis.
dissements.)
Et j'espère alors que dans cinq ans nous
non seulement la reconstitution de Dinant mais
tout le pays Applaudissements
M. BEAUPAIN remercie le ministre de ses*
rations et de ses engagements. II demandesio»
rait porter de 10,000 a 50,000 francs letaux
actions qui peuvent être conclues par
M. VAN DE VYVERE déclare qu'il
posé a demander la revision de Ia loi dans ce
plaudissements.) v
M. A. PANIER remercie a son tour le
tous les délégués présents au nom des sinistré^
II espère qu'on trouvera une nouvelle
la reconstruction des immeubles.
La réunion est levée.