Mesdames, Messieurs, remercier bien des et sur la Discours de M. DEGOUY Greffier en che) du Tribunal Civil de Lille, Président de TAssociation générale Mutilés de la Guerre, du Nord Mes Chers Camarades de Belgique, C’est avec un bien vif plaisir que j’ai répondu a 1’aimable invitation que vous avez eu la delicate pensée de m’adresser. Je suis trés touché de ce témoignage de sympathie et vous suis recon n ai s'sant d’avoir pensé a me convier a votre belle fête d’émou- vante solidarité qui a fait battre nos cceurs et a élevé nos ames a la hauteur des évènements que nous avons traversés. Au nom du groupe du Nord de la France de l’A. G. M. G.je vous adresse 1’expression de nos remerciments les plus chaleureux. Vous me procurez 1’insigne honneur d’ap- porter le salut de la France mutilée a la Bel gique mutilée. Salut a votre héroïque patrie, qui, en 1914, préféra se laisser écraser par les hordes bar- bares que de faillir aux traditions de 1’honneur et de la loyauté, qui out toujours illustré votre peuple. Salut a votre Roi soldat, dont le nom, de- venu légendaire, est synonyme de bravoure. Salut a votre Reine, dont la bonté et le dé- voümentse sont attirés 1’amourdesonroyaume tout entier. «Salut a Monsieur le Bourgmestre et a 1’Ad- ministration de Wervicq, qui est heureux de contrrbuer dans une union féconde de tous, au relcvcment de ses ruines. Salut a votre drapeau. Ah celui ci ne portc pas de noms de batailles. Il sc: ait im mense celui qui recueillerait dans ses plis les noms dés engagements oil vous avez versé votre sang: Liège, Dinant, Dixmude, 1’Yser Salut a votre drapeau qui symbolise dans cette absence de noms 1’anonymat de la gloirc qui fut celui du poilu Beige. Salut a votre drapeau dont les couleurs rallieront toujours nos coears francais par ee qu’elles sont les couleurs de notre soeur aimée la Belgique. Ce drapeau doit être le drapeau de la paix, du souvenir et de 1’union. Le drapeau de la paix, de cette paix que vous voulez comme nous d’unc volonté que rien ne doit faire fléchir. Comme nous, vous n’accepte- rez pas que soient compromis les résultats dus a notre victoire commune. Comme nous, vous voulez l’application intégrale du Traité de Versailles, inflexible, impitoyable. L’Alle- magne est vaincue, il faut le lui répéter sans cesse pour abattre sa morgue insolente. Il faut lui arracher les crocs et lui couper les griffes. Nous voulons que la guerre, pour laq-aelle nous avonstantdonné, Soit la dernifre. Nous voulons épargner a notre descendance les horreurs des carnages dont nous fumes les témoins. Comme nous, vous voulez être les derniers mutilés. Comme nous, vous voulez que des folies criminelles, comme celles qtii ont ensanglanté le globe, soient a jamais ré- primées et que, s’exerce le Droit et la Justice. Le drapeau du souvenir «Dans certains milieux, l’on oublie trop vite, mais a ceux qui oublieraient trop #te, notre phalange de mutilés saura dire Souvenons- nous, souvenons-nous de 1914 1 L’élan des armées aux frontières menacées, l’entrée en votre chère Belgique, la hitte aun contre vingt! Vos villages,’ vos villes flambant comme des torches et projetant au loin les lueurs sinistres iyoir suite page 7 du supplément) pour nous attacher indéfectiblement a notre Roi, mais s’il est v_rai que les petits cadeaux entretiennent l’amitié, j’ajouterai que les grands dons doublent la vénération pour le donateur. Frères d’armes, Flamands-Wallons, glo rieux mutilés de la grande guerre, criez avec moi Honneur a notre glorieux Drapeau 1 Vive le Roi Albert I Vive la Belgique 1 Réponse de M. GOEMANNE Président de la Section des Invalides de Wervicq-Comines Mon Colonel, II y a trois aris et demi, tous les coeurs battaient d’allégresse, les cloches de nos clochers restés debout et de nos fiers beffi ois sonnaient a toute volée, le canon cette fois poétique, faisait entendre son imposante voix. La Belgique, après plus de quatre années d’oppression sousTa lourde botte des teutons, relevait fièrement la tête et acclamait ses libé- rateurs. Depuis il a fallu en rabattre de cette joie, au point de vue des affaires, a celui de la vie restée chère, du malaise économique et de l’insécurité de l’avenir. Ce qui est resté intact, c’est la fierté du Beige au point de vue militaire Si la'situation financière n’a pas permis au pays de reconnaitre, a leur juste valeur, les services de ses braves, au point de vue moral, cette reconnaissance n’a pas déchu. La Belgique est fiére de ses héröïques combattants Flamands-Wallons, de ses glo rieux mutilés, et elle est fiére de sa jeune armée actuelle. C’est du reste la seule sauve- garde réelle, une friste expérience si dure pour beaucoup, nous l’a appris a nos dépens. Dans le beau geste de S. M. Albert I, le Roi-soldat, qui a daigné, Mon Colonel, vous charger de remettre au groupe des Inva lides de Wervicq etComines, que j’ai 1’hon neur de présider, ce beau drapeau, je vois encore un hommage a l’armée de la guerre, hommage émanant de notre Cher Souverain, qui a vu le soldat de prés, a partagé ses dan gers et a pu constater que Flamands-Wallons le soldat Beige a dignement fait son devoir. Soyez persuadé, Mon Colonel, que le cher emblème que vous nous remettez, et que nous sommes heureux de recevoir des mains d’un combattant de la grande guerre, sera précieusement gardé et exhibé fièrement en toutes les circonstances propices. II n’était pas besoin de ce don Royal, «Je me permets de les en vivement. Je ne vous parlerai pas de la garde sur l’Yser. Pendant cette longue et terrible garde, vous ne perdiez pas courage et les dangers journafiers ne vous effrayaient point. Une seule pensée vous obsédait parfois revoir les siens, ses parents, frères et soeurs, femmes et enfants. Hélas, tous n’ont pas eu le bonheur de les revoir. Des jeunes gensde Wervicq et de Comines dorment au champ d’honneur. Vous cultiverez le souvenir de ces héros que votre nouveau drapeau vous rappellera en toute occasion. Ce drapeau représentera aussi et sürtout les actes glorieux dont les atteintes physiques que vous portez sont des brevets de partici pation écrit avec votre sang précieux. Ces actes glorieux je ne pourrais les dé- tailler pour tous. Ce serait.trop long. Vous ressemblez tóus a votre Président, l’adjudant Goemanne, qui était un modèle de bravoure au feu et qui -a enduré stoïquement de terribles souffrances. Si votre invalidité ne peut disparaitre comme celle de vos villes, vous pouvez vous élever moralementaüxyeux de vosconcitoyens en leur servant d’exemple et de guide patrio- tiques. Le souvenir et le sentiment du devoir accompli héroïquement vous soutiendra effi- cacement dans cette mission. Votre drapeau vous' y fera penser, a cette noble mission. Au nom de S. M. le Roi, je vous remets ce drapeau. C’est pour moi un grand honneur d’etre- chargé de cette remise car je sais que je confie eet emblème a des hommes de grande valeur, a des patriotes convaincus qui le garderont bien, qui comprennent ce qu’il signifie quels sont les devoirs qu’il impose. Aujourd hui cette anxiété ne nous étreint plus. II s’en faut. Dès que l’ouragan dévastateur avait été balayé, les habitants sont revenus et, avec une forte foi dans l’avenir, se sont mis au travail. L’ardeur, la ténacité et le courage döntils sont animés, la force physique, l’intel- ligence et le sens pratique dont ils sont doués. leur ont permis de vaincre tous les obstacles, quelque considérables fussent-ils. Aujourd’hui, Wervicq et Comines ont repris un aspect riant qui cclipsera peut-être le passé. Les habitants ont le droit d’etre légitime- ment fiers de l’ceuvre immense accomplie. II y a lieu de les en féliciter cordialement. Dans deux-trois ans, ces grandes mutilées, Wervicq et Comines, n’auront plus aucun degré d’invalidité a faire valoir. Faut-il s’étonner, dans ces conditions, qu’une population si richement douée au point de vue physique, intellectuel et moral ait fourni des soldats de la trempe héroïque de ceux qui sont assemblés autour de nous. Ces soldats devaient être ce qu’ils ont été admirables cc Je connais les jeunes gens d’ici. Déja en temps de paix, c’étaient d’excellents soldats résistants a la fatigue, patients et habile's a l’instriiction, trés dévoués a leurs devoirs envers le Roi et la Patrie. Malheureusement, ils poussaient la mo- destie, la fausse modestie, jusqu’a ne mani fester que timidement ces beaux sentiments. cc Le cri de Vive le Roi ils ne l’ont fait résonner vigoureusement qu’en donnant l’as- saut a l’ennemi. «Je demande a vous, Messieurs, mutilés et invalides, qui .portez des marques indélébiles de votre amour pour le Roi et la Patrie, de faire partager ce sentiment par vos qonci- toyens. cc Manifestez ce sentiment, votre exemple sera salutaire et bienfaisant. cc En fait, ce sentiment existc dansles'cceurs- Les jeunes soldats de Wervicq et Comines l’ont prouvé d’une faqon tangible et indiscu- table au cours de la longue et terrible guerre oü ils se sont particulièrement distingués. cc Après la glórieuse résistance du début, après les combats inégaux et déprimants autour d’Anvers, ce fut a la défense du dernier lambeau dè la Patrie, sur l’Yser, qu’ils don- nèrent la mesure de leurs qualités d’endu- rance, d’énergie et de bravoure. On les aurait cru épuisés, abattus, physiquement et moralement. Et cependant pendant 10 jours et 10 nuits consécutifs, ils tiennent tête aux fonnidables attaques de l’envahisseur bien supérieur en nombre et doté d’un matériel impressionnant de puis sance. Ces hommes se firent un point d’honneur ■d’égaler la vaillance héroïque des fusiliers marins franqais dont l’éloge n’est plus a faire. «Je me rappelle encore, comme si c’était d’hier, l’effet produit par l’arrivée, au Sud de Pervyse de la division franqaise du général Grossetti. Ce fut le 24 octobre 1914Nos hommes, dans la fournaise depuis six jours et sept nuits, semblaient être a bout de force. «Je fus chargé de leur annoncer l’arrivée des franqais et de leur demander un dernier effort. Comme électrisés par cette nouvelle, les soldats les plus déprimés se redressaient criantVive la France. Nous tiendrons tant qu’il faudra et nous irons en avant avec les Francais Ils ont tenu parole. Pendant la glórieuse offensive des Flan- dres, les Beiges combattant, cóte a cóte, avec les Franqais ont montré les mêmes sentiments et la même bravoure.. <c Voila des actes qui en disent long cordialité des sentiments de nos hommes envers les Franqais. Les délégations franqaises qui ont tenu a participer a la cérémonie de ce jour, en ont logement assure le succès, j’en suis certain.

HISTORISCHE KRANTEN

Het Ypersche (1925-1929) | 1922 | | pagina 11