DISCOURS de M. Ie Sénateur V1NCK, d propos des Régions Dévastées et du nouvel Emprunt. 'I struction des régions dévastées. N’est-cé pas leur devoir de vous aider a réparer la grande injustice dont tant de Beiges ont été victimes de 1914 a 1918 L’argent que l’on apportera a l’emprunt du i5 mai est réservé exclusi vein ent a la repa ration des dommages de guerre c’est done une oeuvre sacrée a laquelle chaque souscrip- teur collaborera, et en aidant a la reconstruc tion écononiique de la Belgique, son intérêt se confondra avec son devoir. Plus tót nos ruines seront relevées, plus tót les dommages seront payés. Plus tót également renaitra la prospérité d’antan, celle qu’au printemps 1914 encore faisait dire aux étrangers la Belgique est une terre heureuse oü il fait bon de vivre. Tel est le but a atteindre. Qui refuserade nous y aider Personne, car nous ne proposons pas aujourd’hui la voie longue et ingrate de l’effort qui coüte, nous convions au contraire a une operation que recommandent également l’intérêt et le devoir le bon sens et le patrio- tisme. Aucun vrai Beige ne peut hésiter. «En prenantlaparole aujourd’hui au nom de la Fédération Nationale des Sinistrés, je ne puis détacher mon souvenir de l’émouvante reunion qui eut lieu il y a quinze mois a la vieille caserne d’Ypres. C’était a la veille de l’émission du premier emprunt des Régions Dévastées. C’est de cette salie basse qu’est parti le premier appel des sinistrés a ceux qui ne l’ptaient pas et nous avons eu la joie de voir aussitót s’affirmer la solidarité nationale. La Fédération des Coopératives a trouvé les 800 millions qu’elle demandait pour continuer l’ceuvre de réparation qu’elle avait entreprise. Depuis lors un grand effort a été faitdes milliers de maisons.put surgi un pen partout du chaos des ruines, des milliers de sinistrés ont recu leurs indemnités de réparation. Je vous fais grace des chiffres vous les connais- sez ils- attestent un effort énorme, un labeur formidable. Au nóm des sinistrés je vous en rends grace, a vous surtout les administrateurs de coopératives qui avez une si haute concep tion de votre devoir et vous avez su vous élever a la hauteur de la tache qu’on attendait .de vous. Laissons le passé qui est une réalité acquise. Nous n’avons plus comme alors l’ob- sédante inquietude du lendemain. Un nouvel appel est adressé au pays il y répondra avec le même empressement. Des milliers de sinis trés attendent encore il faut remplir la caisse de la Fédération pour que l’ceuvre de répara tion ne soit pas un instant enrayée il faut sur tout accélérer la liquidation des dommages de guerre car ceux qui attendent depuis de si lon gues, de si mortelles années sentent fondre un peu plus chaque jour leurs réserves de patience et de resignation. Ceux qui n’ont pas été sinistrés et dont beaucoup ont vu continuer et souvent même grandir leur activité productrice et leur riches- se comprendront qu’ils ont des devoirs sacrés vis-a-vis de leurs compatriotes moins heureux. Ils savent quelle confiapce on peut accor- der a l’organisme répartiteur des fonds de l’Emprunt. Ilssaventqu’aujourd’hui ons’orien- te de plus en plus dans la voie des transactions par coopératives, les plus sérieuses paree qu’elles comportent a la fois un controle local et un controle bi-latéral complété en dernière analyse par le méticuleux examen d’une com mission du contentieux qui a le souci de ses responsabilités. Ah ne nous laissons pas éga- rer par certaines légendes qui voudraient faire du sinistré une nouvelle espèce de profiteur. Nous savons bien qu’on ne traite pas un mil lion d’affaires sans quelques erreurs, nous savons bien qu’il y a eu des tribunaux plus généreux les uns que les autres, que la guerre n’a pas banni l’injustice de ce monde, que du fait qu’on s’occupe des dommages de guerre on ne devient pas un honnête homme si on était un coquin, un fonctionnaire intègre si on était un prévaricateur, qu’il y aura toujours du favoritisme, qu’il y aura toujours des politi- ciens en mal de popularité et qu’hélas il faut bien qu’il y ait des premiers et des derniers. Mais de grace ne vous laissez pas'hypno- tiser par quelques scandales, nous Savons tous avec quelle facilité on déforme un- incident, comment la médisance grossit les moindres choses. Tel qui passe pour un 'profiteur n’a paridis pas eu sou compte. A cóté de quelques roublards qui ont pu en conter a leurs juges, il y a l’immense troupeau de ceux qui n’ont eu que leur dü ou paridis beaucoup moins que leur düqui ont vu leur créance passée au crible et qui ont signé par lassitude ou par ignorance de leurs droits un accord qui ne les indemnise qu’a demi et ne les paiera en tout cas jamais de leurs souffrances morales. Et songez qu’a cóté de ceux-la il y a l’immense armee de ceux qui n’ont rien touché du tout. Au surplus ceux qui encaisseraient des indem nités excessives s’exposeraient tót au tard aux reprcches de leur délicatesse, quelqu’un serait la pour les sauver du remords, la commission de controle allégerait leur conscience en allé- geant leur bourse. Quand on nous dit que le service du contentieux de la Fédération qui est le crible oü passent les transactions, oü. toutes devraient passer et passeront saus doute bientót dés que le Gouvernement aura compris que c’est sou intérêt, arrête 5y des dossiers, nous voyons avec quelle rigueur le controle s’exerce. Nous ne nous en indignóns pas, a condi tion que le pays y réfléchisse etcesse de croire qu’on liquide les dommages de guerréau petit bonheur. Nous savons que nul n’a le droit d’ètre prodigue de l’argent public, paree que eet argent représente un sacrifice du contri- buable et que le contribuable n’a jamais été moins en état de supporter des saciifices inuti- les. Nous savons que les millions dilapidés sug- gèrent la pensee des families endétresse et non secourues, des fermes détruites et non reba- ties, des usines closes faute de machines, des maigfes pensions aux veuves et aux orpbelins. Nous savons qu’a tout profit illicite correspond une souffrance injuste et qu’abspudre le profit illicite serait prendre la responsabilité de la souffrance. C’est paree que nbus sommes pé- nétrés de ces sentiments que nous disons au pays qu’il peut avoir confiance et qu’après Sa Majesté le Roi, qu’après 1c chef du gouverne ment., la Fédération des Sinistrés demande a la Nation derenouveler sou geste de solidarité et d’apporter aux hommes désintéressés, aux administrateurs intègres et dévoués qui sont ici les millions qui permettront d’achever la grandre oeuvre de restauration nationale. M.le Sénateur Vincka fait, lors de la récente assemblée de la Fédération des Coopératives pour Dommages de guerre, l’éloquent et émou- vant appel suivant en presence des sinistrés J’assistais également a l’assemblée de la Fédération qui se tint il y a dix-huit mois a Ypres. A ce moment l’ceuvre de la Fédération des Coopératives pour dommage's de guerre ne faisait encore que se dessiner et la Belgique ne savait pas encore au juste comment seraient réparés les désastres subis sur notre territoire. Depuis lors, nous avons appris a devenir philosophes. Les espoirs que nous avions nourris out été en grande partie déqus, mais comme disait le Taciturne II n’est pas néces saire d’espérer pour agir, ni de réussir pour persévérer. II est certain que l’atmosphère qui se dé- gage d’une assemblée comme celle-ci est ré- confortante nous savons que l’avenir nous appartient. Mais pour cela, il est essentiel de ne D8SCOURS prononcé par M. BEAUPAIN*, président de la Fédération Nationale des Sinistrés bouche, cede la parole au Ministre des finances. Vous le savez tous, Messieurs, la Belgi- qUe s’est vu promettre solennellement la reparation intégrale des ruines causées par la guerre injuste qui l’a ensanglantée. Le traité Versailles, imposé par la Victoire au peuple qui, au mépris de sa signature, viola sa neu- tralité et dévasta son territoire', mettait juste- nlent a la charge de l’Allemagne, la réparation des dommages causes. Mais les reparations se sont fait attendre et malgré le fonctionne- nient partiel de notre priorité, vous n’ignorez pas que la Belgique a dü prélever, sur sa propte substance, la presque totalité des capitaux utilises jusqu’a présent, pour la tache sacrée des réparations. Je ne parlerai pas des dettes énormes déja contractées pour faire face aux consé- quences de l’invasion. Je ne parlerai que de l’Emprunt qui sera émis dans quelques jours pour fournir a la coopérative des dommages de guerre les sommes nécessaires a la conti nuation, au dévelöppement de son heureuse activité. Cet Emprunt est émis avec un plan finan cier analogue a celui qui eut tant de succès l’année dernière. Les conditions en sont avan- tageuses, si l’on tient compte surtout, de la baisse générale du taux de l’argent et de la persistance de cette tendance. En dehors d’un revenu, net d’impóts, de plus de 5 o ses douze tirages annuels présen- tent unrenouveau Continu d’intérêtsqu’appré- cieront certainement les capitalistes, gros et- petits. Mais, quand il s’agit d’emprunt, il ne suffit.pas de considérer l’attrait de l’opération en elle-même, il faut voir aussi a qui l’on prète. A qui vous prêterez, Messieurs A la Belgique. A la Belgique dont, malgré les difflfcultés actuelles, le crédit reste appréci’é parmi les ^neilleurs. Deux exemples vous montreront la haute.estime dans laquelle nos emprunts sont tenus a l’étranger. «A New-York, l’emprunt beige, émisl’année dernière au pair, cote actuellement 108 A Londres, le 3 beige, de la série dite anglaise qui cotait l’année dernière 5q u/0 valait, la semaine dernière, 74 C’est que tout le monde sent bien que, quelles que soiént les difficultés que nous aurons a vaincre pendant plusieurs années encore, l’on peut faire confiance a la Belgique et au capital énorme qui représente sa force de travail et de production. L’on sait que l’on peut faire confiance a une Nation qui souvent déja a démontré que, pour elle au moins, une signature était sacrée et qu’elle savait, au besoin, Fitter et souffrir pour un principe. II y a certainement parmi vous, Messieurs, plusieurs hommes d’affaires qui ont eu l’occa- sion de demander soit a une banque, soit a une agence spécialiste, des renseignements sur une maison de commerce son importance, les capitaux dont elle dispose, son chifire d’affaires et toutes les autres indications utiles. Mais parmi celles-ci, il est une mention a laquelle, en hommes d’affaires avertis, vous avez attaché plus d’importance qu’aux autres, celle qui permet de dire d’une maison, quels que söfient son importance et son capital bonne pour ses engagements. Voila ce que dans le monde on dit de la Belgique et c’est le meilleur compliment que Ton puisse lui adresser. Voila ce que vous penserez en souscrivant bientót a l’emprunt nouveau. Voila ce que vous répéterez a ceux de vos amis qui possèdent des disponibilités et hésitent peut-être a faire la bonne affaire que votre Fédération leur ofl're. Pour un Beige, souscrire a l’emprunt des régions dévastées doit être quelque chose de mieux qu’une bonne affaire c’est en quelque sorte 1’accomplissement d’un devoir. N’est-ce pas le devoir de ceux qui le peuvent de vous aider en vous prètant les capitaux dont vous avez besoin pour faire votre part de la recon-

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Het Ypersche (1925-1929) | 1922 | | pagina 3