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Un rapport Consulaire
prononce
permettons d’en reproduire ce qui
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tant avec une vaillance sans égale, cette nou
velle misère, ne se rebuter pour aucune peine
quelle qu’elle tut, travailler sans relache a
conjurer la mauvaise fortune ettriompher enfin
de 1’inertie des bureaux, de la désorganisa-
tion des services, de 1’absence de toutes cho
ses, rebatissant, reconstuisant, restaurant les
terres, reconstituantleurs troupeaux, refaisant
en un mot en quelques années a peine, 1’ceuvre
séculaire de leurs pères.
Tout le monde y met du sien, 1’Angleterre
a qui ce pays était cher par le souvenir des
200.000 soldats britanniques qui périrent au
cours de la délense du saillant d’Ypres, prête
a cette population énergique une aide géné-
reuse, l’Amérique y contribue de même, le Roi
Albert institue le fonds qui porte son nom,
enfin l’ofiice de 1’Agriculture donneune preuve
d’activité qui aurait pu servir d’exemple aux
autres services gouvernementaux. Depuis le
début de cette année, done en moins de trois
ans, des milliers d’hectares ont été par ses
soins, assainis, nivelés, remis en état et aux
marais stagnants d’oü émergeaient les roseaux
et les herbes sauvages, ont fait place les mois-
sons dorées et les cultures les plus florissantes.
II y a vak en Flandre Occidentale 78.000
habitations détruites, 51.943 logis nouveaux
ont été mis a la disposition des sinistrés. Le
rapatriement a ramené a 275.000 la popula
tion forte en 1914 de 3i8.5oo et tombée en
1919 a 1 9.225 soit prés de la moitié.
Les dépenses engagées dans les travaux de
reconstruction ou de consolidation d’habita-
tions privées ont atteint 600 millions de francs.
Elles ont atteint pour les édifices publics 85
millions. Pour les déblaiements, la refection
des routes, des égouts et autres travaux simi-
laires 46.500.000 frs ont été employés.
Les ouvrages de remise en état de canaux,
pouts, écluses, quais etc., ont absorbé 5q
millions de francs.
La restauration agricole de neuf mille hect
ares, complètement achevée, a nécessité une
dépense de 19.875.000 frs. Le point culminant
de la restauration se trouve être a Stadén oü
1.084 logis ont été reconstruits sur i.3oo a
Dixmude 7o3 sur I.g3o a Comines 1.497 sur
1.700 a Ypres 2.028 sur 3.780 a Roulers
4.221 sur 5.3n a Nieuport 568 sur 961 et
ainsi de suite. (l)
A Ypres l’église St Pierre est reconstruite.
La magnifique église de Nieuport est égale-
ment réédifiée dans le style sobre du XIIIe
siècle et avec d’anciens matériaux tandis que
s’érigent déja jusqu’au toit les murs de celle
de Dixmude et qu’on a commencé la restaura
tion de la collégiale de St Martin a Ypres. (2)
Partout on ne s’est pas seulement appliqué
a réparer hativement les désastres, mais on a
tenu compte des traditions, on a respecté
celles-ci et maintenu le caractère architectural
qui faisait aux anciennes villes de Flandre une
physionomie particulière.
Si notre peuple est actif et laborieux, s’il
est persévérant et profondément attaché au
sol patri al, il est aussi le gardien jaloux des
anciennes coutumes, son ame naturellement
artiste, donne aux choses matérielles un aspect
qu’on ne retrouve pas ailleurs.
Sans doute les villes restaurées paraissent
un peu neuves aujourd’hui, mais sous le vent
du large qui souffle ici et le ciel brumeux,
leurs édifices auront vite retrouvé la patin’e
qui nous les faisait paraitre si beaux et plus
tard le voyageur surpris qui parcourra ces
contrées, devra, pour se rendre compte. de
l’efiort accompli, relire les annates de ce pays
et le récif des faits de la guerre mondiale oü
faillit périr la Flandre. Mais, ainsi que l’a dit
Decoster, Fame de la Flandre est immortelle,
sa douce poésie survivra éternellement avec
Fesprit frondeur entreprenant et hardi dcThyl
Uylenspiegel qui l’incarne si parfaitement.
(1) M. le consul de Bolivie s’est basé naturellement sur les
ehiffres officiels. Les habitants des Régions dévastées savent
qu’ils sont faux, archi-faux. n. d. l. r.
(2) Cette reconstruction de coüteuses églises la oii les
families croupissent encore dans des baraquements n’est
pas ce qu’on a fait de mieux. n. d. l. r.
•V. Marcel SOÈNEN, un enfant d’Ypres,
de Bolivie d Bruges, a adresse d son gou-
i'U'nement, comme rapport quinquennalune
'lo«gue étude sur le pays de Flandre après
SUerre
Nous nous permettons d’en reproduin cc qui
c°>icerne plus spécial ement la region dévastée,
t'iii'ce que surtout on v rend aux pionnters agr i-
Cl,lcs justice que le gouvernement Beige,
l’1'’ 11e leur a pas encore rendiie.
Une ligne tracée de Nieuport a Warnéton,
eu passant par Dixmude et Ypres, représentc -
ra-it trés exactement l’axe autour duquel du-
Wquatre années s’est déchainée la fureur
'des combats. A droite et a gauche de cette
'^e sur uneprofondeur de 5 Km. danschaque
Sf'ns s’étend ce qu’on est convenu d’appelei la
fóne complètement dévastée le No man’s
and L4 q ne reste rjen c’est le désert,
e chaos,, Ia ruïne plus de campagnes culti
plus de villages, plus de villes celles de
Allport, de Dixmude, d’Ypres, de Messines,
I gra Angleterre
[’opinion publique Anglaise se
I ;lus en phis en faveur de Faction de la
Ifaiice, et les grands journaux de la Province
Eeplusen Plus ceux de Londres réflètent
I [„deniable tendance.
Ipepuis l’énergique intervention de la
Luce, ^es C1's poussés par les Allemands
luvent que leur poche a été touchée a l’en-
Lt sensible. Après avoir crié, ils tacheront
Ltrer en accömmodement. On ne peut ce-
li)(lant pas les laisset indefiniment semoquer
jeurs créanciers et travailler en même
Lps a pleines usmes comme s’ils n’avaient
L j payer, ni a réparer. Nous sommes
Lés a leur place, qu’a la rigueur ils le soient
Lsi-
|£spérons done que l’occupation de la
Lr réussira quand-même a hater le paie-
Lnt. Et ce jour la, nous sommes convaincus
Lettous nos lecteurs n’en doutent pas plus
[nenous, les Anglais viendront bien se ran-
>racóté de nous pour... réclamer une part
iniorceau. Avec Albion, c’est toujours la
éme histoire.
En attendant citons encore le même Shef-
eld Telegraph dont nous parlions déja la
sinaine dernière. Voici ce que ce grand jour
al imprime dans son numéro du 20 janvier, a
iropos d’une lettre qu’un des grands hommes
joliliques, M. Hatfield, vient de publier.
La Solution
Sir Robert Hatfield, écrivant d un journal du
dr de Land res, expose sa propre solution du
nblcme Allemand. Ses sympathies, comme la
litre, sont pour la France. Les Allemands
uclare-t-il, ne sont jamais d fier c’est pré-
iseuient notre opinion aussi. Et il continue
Finalement il est d esperer que I’Allemagne
\sera démembrée et divisée en sections, comme
ijiidis. Unie, ells est dangereuse, divisée clle
wait faible et sans aide au point de vue force,
«re qui est le sail point de vue d considérer d
fljfiqard d'un Allemand. La France sentirait
ialors qu’elle n’aurait pas, dans quelques années
de nouveau, d repousser une nouvelle invasion
11 comme elle a déja dale faire deux fois en moins
de 5o ans.
“Pious sommes tout d fait de cet avis, mais on
eurait du le faire en 1918. Les alliés auraient
dors dü marcher sur Berlin pour y dieter leurs
conditions d la pointe de la bayonnette. Voila ce
que le Sheffield Telegraph préconisait d cette
ftoque. Nous voyons tons maintenant quelle faute
on a com mi se en ne finissant pas de cette manicrc.
An lieu de ca, nous avons fait la sottise et la
fyèretédepermettre a I’Allemagne de signer un
traité ce fut l’Amérique qui le voulut en
bnbliant ce fait patent que pour un Allemand
its traités sont du papier sans valeur.
lout qa .est bien dit. Mais les Anglais eux-
«èmes n’oublient-ils pas qu’eux aussi ont pris
de solennels engagements vis-a-vis de nous
Warnèton, Wervicq, Comines n’existent plus.
La distance de Nieuport a la frontière sud
est de 5o Km. cette région est anéantie sur
une prolondeur de 10 Km. au moins en moyen
ne. La destruction totale englobe ainsi une
bande de 600 Km2 soit plus du sixième de la
province, qui mesurs 3.284 Kmc.
A cette zóne, oü l’anéantissement est géné-
ral, il taut ajouter depart et d’autie, une bande
de 5 Km. de largeur moyenne oü la dévasta-
tion est encore trés grande.
On peut dire qu’elle s’étend en fait sur
un espace de 1200 Km. carrés, soit plus du
tiers de la Flandre Occidentale.
Dans le quadrilatère qui s’étend de Coxyde
a Middelkerke au Nord a l’Est de Mid-
delkeikea Menin, par Slype, Couckelaere,
C01 temarek, Roulers, Ledeghem. au Sud
de Menin a Westoutre a l’Ouest de
Westoutre a Coxyde par Poperinghe, Oost-
vleteren, Loo, Furnes, il y avait jadis une
population de 320.000 habitants, 108 commu
nes y étaient établies de ce nombre 63, soit
la grosse moitié sont totalement détruites, 23
le sont partiellement, 22 sont gravement
endommagées 84 églises parmi nos plus bel
les, nos plus anciennes, nos plus riches sont
entièrement anéanties, 67 sont partiellement
en ruines, d’autres sont profondément atteintes.
La commission prövinciale d’agriculture fixe
a un milliard 410 millions les pertes éprou-
vées par nos entreprises agricoles la part de
la province de la Flandre Occidentale dans la
contribution de guerre est de deux milliards
700 millions. Les réquisitions a charge des
communes s’élèvent a 97 millions, les amén-
des infligées deux millions et demi, les dom-
mages causes aux propriétés de la province
se chiffrent par 4 millions, ceux aux biens
communaux par 160 millions, les contributions
de guerre atteignent un demi million. Le total
des emprunts contractés par les administra
tions communales monte a 167 millions, sans
lestemissions des bons de caisse atteignant
5o millions. Aucun de ces- chifires n’exprime
encore le montant du dommage revenant
aux prticuliers pour les indemniser de cette
guerre sans précédent 1
Et que sont les chifires d’une froide statisti-
que en presence de la reality Ils ne disent
point les douleurs, les souft'rances et les lar-
raes de la tragique aventure oü semblait
devoir périr jusqu’au souvenir de la Flandre.
Il faut avoir vu au lendemain de la victoire si
cruellement achetée, cette terre fertile et géné-
reuse devenue pareiile aux lieux qu’a frappé
une épouvantable matediction. Partout oü se
portait le regard, dans la plaine désolée encore
humide des inondations qui l’avaient préser-
vée de la conquête, s’affirmaient les traces
d’une lutte acharnée toute végétation avait
disparu toute trace d’habitation seule une
planchette sur un pieu formant une croix sym-
bolique rappelait le nom de ce qui fut une
ville ou un bourg florissant. Des trous d’obus
pleins d’eau saumatre et croupissante, des
kilomètres de fil de fer barbete alternaient
avec les chevaux de frise, les tranchées et les
abris. Cette terre qui n’avait plus rien d’humain
trahissait la plus angoissante pitié.
Et l’on vit alors un spectacle admirable,
peine les armées victorieuses ont-elles passé
claironnant la délivrance, un long cortège
d’hommes et de femmes, d’enfants et de vieil-
lards s’achemine ils viennent des lointaines
bourgades de France ou d’Angleterre oü ils
ont, dans 1’exil, attendu patiemment 1’heure
bénie. Au spectacle indicible qu’il ont sous les
yeux, leur ame se serre, leur cceur est étreint
au souvenir de tant de chers disparus dont la
dépouille jonche le sol a cóté de celle de 1’en-
nemi, mais la foi dans les destinées de la patrie
les soutient. Ils ne veulent pas périr et pierre
a pierre ils reconstruiront le foyer de leurs'
pères. Alors on vit des gens dénués de tout,
dans une misère vraiment inexprimable, viva»t
dans des baraquements de fortune, dans des dé-
bris de tranchées, dans d’anciens abris, suppor-
i
'Jf.