dl Le Sénat aura été frappé des observations qu’il a présentées au sujet de l’indépendance de notre magistrature. II n’est pas douteux que cettc juridiction improvisée a rendu de tres grands services. Si, a un moment, on pouvait la dessaisir, il est a craindre qu’il ne naisse des suspicions dans l’opinion publique. La disposition prévoit la possibilité de confier les affaires des dommages a des tribu naux ordinaires. Je crains, si Ton improvise ainsi des magistrats comme juges, que ceux- ci n’apportent un souci excessif de forma lisme et de procédure dans l’examen des affaires qui leur seraient soumises. Enfin, au point de vue humain, je n’admets pas qu’on puisse dire a un fonctionnaire en charge Vous avez donné votre temps a la juridiction des dommages de guerre. Vous avez établi votre budjet d’après la durée de votre mandat. Demain vous terminerez votre mandat. Aux domestiques même on donne huit jours de préavis. Je voudrais qu’on donnat a ces magistrats un terme plus humain. Je regrette que l’article ier soit voté. Mais j’espère que le ministre tiendra compte de mon observation. M. Van de Vyvere, ministre des affaires économiques. Je ne puis comprendre les scrupules constitutionnels de M. de Sadeleer. Je les comprendrais s’il s’agissait de tribu naux ordinaires Mais c’est la première fois que j’entends parler de l’inamovibilité de tri- bunaux occasionnels, qui ne doivent durer qu’aussi longtemps que dure leur mission. Les tribunaux des dommages de guerre sont des tribqnaux d’ordre achninistratif. Comment voulez-vous leur appliquer les dispositions de la constitution II faudrait done alors admettre que leurs membres sont nommés a vie. Nous avons constaté que le moment n’était pas loinoü Ton pourrait transformer ces juri- dictions. Nous avons pré vu qu’on pourrait remplacer les magistrats actuels par des magistrats de l’ordre judiciaire, limitant ainsi le choix du Roi. Ne sera-ce pas une garantie plus grande pour les sinistrés Si on n’a pas renvoyé les dommages de guerre devant les tribunaux ordinaires, c’est a raison du grand nombre d’affaires. Le nombre d’affaires diminue. II y a des tribunaux qui d’ici peu n’auront plus de quoi s’occuper. Nous demandons que, dans ces occasions- la, nous ne soyons pas obligés de maintenir pendant trois ans des magistrats occasionnels qui n’ont plus a s’occuper. Tel est le premier stade. Le second stade consiste dans l’autori- sation de déférer in globo les attributions des tribunaux exceptionnels aux tribunaux ordi naires. Nous avons eu pour but, en préparant ainsi la démobilisation de ces juridictions occasion- nelles, de donnei’ plus de garanties. Tous les scrupules constitutionnels peuvent done s’éva- nouir. Quant a la préoccupation du sort des magistrats occasionnels, il convient de re- marquer que ceux-ci savaient fort bien, en acceptant leur charge, que cette situation ne serait que transitoire. Ils sont, d’ailleurs, en même temps avo- cats ils n’ont dü renoncer en rien a leurs an ciennes fonctions. Ceux qui sont avocats peu vent continuer a exercer leur profession. {Trés bien d droite.) Evidemment, beaucoup de ces magistrats voudraient que leurs fonctions se perpétuent. C’est humain. Nous ne pouvons envisager ce point de vue. Vous avez, parleprojet, toutesles garanties. C’est une plaisanterie de prétendre que l’on ferait acte d’arbitraire en substituant a des magistrats provisoires des magistrats ordinai res, qui offrent toute garantie d’indépendance. M. le baron de Sadeleer. Je regrette de n’être pas d’accord avec le ministre sur le caractère des tribunaux des dommages de Si vous deviez substituer des juridictions civiles aux tribunaux des dommages de guerre, dans vingt ans les affaires ne seront pas ter mini es, ou bien il faudraitetendre le personnel de la jui idiction ordinaire dans une proportion poui ainsi dire indéfinie. Et la dépense serait tres élevée. La cour qui a juridiction sur le Brabant, le Hainaut et Anvers, de son cóté, a eu 10.418 all.iii es introduites. Or, elle a rendu des arrets definitifs dans 8.707 affaires. Il reste done a statue) sur 1.661 affaires. Son activité a done été grande. J’admets qu’on en a vue l’intérêt de l’État, mais l’intérêt des sinistrés doit aussi être sauvegardé. On a formulé déja bien des appréhensions sur la situation actuelle, Déja a la Chambre des représentants on a protesté contre cette disposition, même au point de vue de la com- pétence. Jecroisque neusseronstous d’accord pour déclarer que si les magistrats des tribu naux ordinaires, qui ont moins d’expérience en la matière, devaient être saisis de toutes les affaires, il leur faudrait tm long apprentis- sage. Au point de vue de l’économie et de l’accé- lération des affaires nous ne pouvons done pas admettre les motifs invoqués pour justifier l’article premier. Mais ce qui domine tout, c’est la question constitutionnelle. Je ne puis admettre qu’on touche aux garan ties d’indépendance. Tant que le mandat est en cours, il doit être respecté, et l’on ne peut suspendre l’épée de Damoclès sur les magistrats chargés de juger les affaires de dommages de guerre. Notre magistrature n’est pas suspectée. II faut éviter de faire naitre des polémiques autour de nos magistrats. Or, l’arrèté de substitution ne doit pas être motivé On peut même, du jour au lendemain, remplacer un président ou un vice-président, sans inotiver l’arrèté I J’espère que le parlement n’adoptera pas cette disposition. Je ne voterai pas l’article ier. Je voterai les autres articles, qui respectent le principe con- stitutionnel et sont de nature a améliorer et a activer la liquidation des dommages de guerre. Le droit du sinistré doit être respecté. Il a été proclamé par les lois organiques. J’éprou- verais un vif regret a voir diminuer les garan ties qui entourent son exercice. M. le comle de Broïichoven de Bergeyck. Je me rallie aux observations que M.de Sade leer vient de présenter. Je crois cependant que l’arbitraire qu’il redoute ne se produira pas. L’article dit Le Roi, peut, dans la mesure ou dans la modalité qu’il détermine, etc... Il y aura done des mesures qui régleront les décisions que le ministre pourrait être appelé a prendre. J’estime cependant avec M. de Sadeleer qu’il y auraitlieu de ne pas modifier davantage le régime existant. L’arrèté dit qu’on pourra substituer, s’il y a lieu, des magistrats de l’ordre judiciaire aux présidents, présidents de chambre ou vice- présidents des juridictions de dommages de guerre. Est-ce le tribunal civil qui siégera comme juridiction, ou le président et les asses seurs rempliront-ils simplement la mission qui est actuellement confiée aux tribunaux des dommages de guerre En ce qui concerne les assesseurs, je me rallie au projet. Le róle des assesseurs est quasi nul. Les remplacer serait un bien. Pour le reste, l’arbitraire n’est pas trop a craindre. Mais comme il y a déja encombre- ment des tribunaux civils, je ne vois pas la nécessité de modifier les tribunaux existants. Je m’abstiendrai done si les explications du ministre neme donnent pas satisfaction. M. Magnetic. J’appuie en grande partie les observations de M. de Sadeleer et j’espère qu’elles pourront être mises a profit par la Chambre. u„ements et des arrêts qui out force de Jq6; comme les décisions des tribunaux ordi- aaires. piles sont appelees a statuer sur des inte- ,,.éts civils de la plus haute importance. ^Dès lors, elles doivent pouvoir remplir leur Vclnn en toute indépendance et sans inter- im=s‘u“ mention du pouvoir executif. LeS principes ont été définis dans les arrê- tes-lois pris par le gouvernement du Havre en cetobre 1910, arrètcs-lois contresignés par tous les ministres. II est dit dans l’exposé des motifs que ces juridictions auront le caractère je véritables tribunaux et qu’elles auront toutes les prerogatives des tribunaux. Les arrêtés-lois proclament le droit du sinistré a la reparation. Pour obtenir cette reparation, le sinistré ,doit déférer le litige aux juridictions créées par le nouveau décret. 11 est dit aussi dans ces arretés qu’aucune atteinte ne peut être portée a l’indépendance de ces juridictions, que leurs membres seront nommés pour trois :ans, que les commissaires d’Etat jouiront de leur indépendance entière et qu’on ne peut leur donner un mandat impératif. L’exposé des motifs déclare que c’est le motif pour lequel on a décidé de ne pas num mer de ministère public prés des tribunaux .des dommages de guerre. Laqualilé de juridiction contentieuse n’est pas contestable. Les arrètés-loiset leur exposé .des motifs sont funnels. Dés fors, vous allez a l’encontre de. la loi d’organisation dé ces tribunaux si vous donnez .au gouvernement ce pouvoir de substitution ■ea plein mandat. La chose est regrettable, d’autant plus quo l’État est partie en cause -dans toutes les affaires devant ces tribunaux -et que c’est lui; État, qui aura le pouvoir de remplacer les magistrats nommés. On dira que c’est le règne du bon plaisir. On a admis par une loi antérieure qu’on peut supprimer un tribunal des dommages de guerre quand il a fini sa mission. J’ai voté cette loi qui est conforme au bon sens. Mais I ici il s’agit d’un tribunal en pleine activité, devant lequel il y a des milliers de procés pendants. Et l’on pourrait démissionner un magistral sans même donner le motif de la démission Cest aller trop loin. Déja a la dernière séance du Sénat des observations ont été h'tes a ce sujet. Et l’on a admis un amende ment disant que, quand une affaire esten déli- mé, on ne pourra exercer le droit dont s’agit. Je n ai pas besoin de rappeler ici combien législateur de i83o a entouré de garanties ‘dépendance des magistrats. Ils n’ont de i °mPte a rendre a personne et le pouvoir xecu^Lre peuten aucune manière intervenir f pS exercjce de leur mission. i <lü'1C,eSt 1 État,partie dans toutes les affaires, I qu'arrOge le dr°it de dire ux magistrats a statuer demain, je puis vous révo- d’ina* ‘1CUlte toutes nos idéés en matière LesP^ffdanCe de la ma8'strature. P°nimaa a'reS SOu™ses aux tribunaux des Homhr öCS 8Uerre sont importantes et leur 0“le «t grand. 1 renvoyan(\^Ue 1 °n ‘era’t des economies en ’Crdinaires p a^a’res devant les tribunaux sombre o- eSt Un leurre, étant donné le AulW encore a juger. ’{‘“'tes daiij;11] lesta’t 110.000 affaires n- pe Brux's SGU^ arrond‘ssement judiciaire >.M- Va^de |ec°nOiniqUes -ee,e> ministre des affaires I (“es ehiffres sont erronés. Herez> maisW- Sadelcer- Vous lesrecti- S°ntparfajt-P J a'c^es ra’s°ns de croire qu’ils Le tribunTnt eXaCts- ^A°r‘gine) p[ d.C ^1UxeIles a terminé, depuis I LMC111e1U'^ trente-quatre mille affaires. q. ,6sa‘s qUe’ T sont terminées par mois. I eiiClV'eilriC1'it GS S0^utJ°ns transactionnelles I Co,lrager, 1 ‘aut tout faire pour les

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Het Ypersche (1925-1929) | 1923 | | pagina 5