tfbe Souvenirs de Guerre - Aoüt 1917 Engagée récemment dans les Flandres par les troupes britanniques et franqaises, la nou velle bataille, qui avait semblé un instant interrompue, a repris ces jours derniers avec vigueur. Elle se livre autour et au dela d Ypres. L'appellera-t-on,pour cette cause, la bataille d'Ypres Peut-être. Quoiqu'il en soit, la glorieuse et navrante cité serait bien digne d'en avoir 1 honneur. Plus que tout autre lieu d'héroïsme et de souffrance, elle mériterait de décerner son nom dans l'histoire a l'événement libérateur en train de s'accomplir. Dans son écrasement, dans sa ruine et dans sa mort, elle est une des preuves les plus ■vivantes de l'abommation allemande et de son infame brutalité, le témoignage éternel de sa barbarie, Elle proteste, elle accuse, elle condamne avec la force irrésistible de la douceui et de l'innocence surprises, violées. Purifiée par 1'immonde souillure, elle a l'éloquente nudité du cadavre et l'enstignement des plaies. Elle depose pour l'avenir, comme un impitoyable témoin. Elle a les retours inattendus et ven geurs du fantöme, et du revenant elle a le dernier mot, la raison suprème de la victi me et tous lts arguments décisifs du martyr Son inutile et scélérate destruction, au dé but, au seuil de la guerre, apparait tout de suite comme un des jeux inhumains de la grande méchanceté germanique, un crime indicateur. Ypres est une de nos premières desolations fraiche et douloureuse du temps que 1 on pleurait Ceux qui n'auront pas connu Ypres aiant, et ne la verront qu'après, dans l'état oü l'ont réduite les Sangliers du Passage et les Cha- cals de la Force Majeure, ne pourront jamais se faire une idéé de ce qu'elle était. Si profonde et poignante que soit leur émo- tion'a la vue du désastre, elle ne sera que cruelle, incapable d'égaler en puissance et en plénitude cette autre émotion, toute de joie, de stupeur émerveillée et de mélancolique extase qui vous inondait quand, remué d'impa tience et de désir, on arrivait sur la fameuse place et que Ton y découvrait la splendeur d'un des décors les plus magnifïques du monde L'immensité de ce lieu solennel et désert vous étreignait. II était comme ces cirques de l'ancienne Rome sur la piste desquels on croit que l'on va retrouver l'empreinte du pas des lions et des gladiateurs. II gardait la capacité du passé prodigieux qu'il avait contenu. 11 avait le style et la taille d'une armure vide il vous représentait et vous jetait aux yeux, a l'-esprit, a l'imagination tout le tumulte qui l'a- vait rempli. Et son énorme paix, l'étendue de satorpeur, la majesté de son silence et son abandon semblaient a dessein, et comme par récompense, être en proportion des clameurs et des multitudes qu'il avait perdues. Oubliée, délaissée, quittée des morts et des vivants, cette place, pourtant, demeurait ha bitée, peuplée d'ombres actives. Elle avait oonservé. malgré tout sa destination et son harmonie. Elle perpétuait. Elle avait la dura ble et rude solidité d'un sarcophage et d'un rempart, et tous ses toits hardis lui faisaient des créneaux. Désarmée, sans étals, sans comptoirs, et sans processions, elle était toujours guerrière, marchande, et religieuse. Une mee de souvenirs s'en échappait, un bourdonnement de négoce, de la trompette et des cantiques, des carillons et des tocsins. Les pensées y prenaient aussitót, comme dans Ia nef d'une église, toute leur élévation. Le rève y devenait sans effort de l'encens. Et elle avait aussi la triomph ale amp1^ et champ de mars, la triste fierté d une greve, tout l'inexorable d'un campo san o. Elle réunissait, en basa son sol, g pavé, le poil flétri de l'hérbe e1ties5 du temps, le blanc de toutes les Pulles le gris du sable et celui de la cendre les cendres, celles du feu et du froid, del atre et du tombeau en haut, dans ocean g laplus grande finesse de lumie,-e et'la plus belle qualité d'espace au lompat courses de nuages les plus effrenees, nois des moulins, les banmères du ven sur elle, la formant, la limitant, la célébra la constituant a jamais pour la posterite, suite d'édifices, de marchés, d ég ïses, lais, d'une domination, d'une richesse et d une grace, d'une grandeur et d'une mesure incom- parables, souveraines. ^assemblage parfait et délicieux e monuments, tous foyers d'un el oi ou élan, tous sanctuaires d'une idéé, une o d'un labeur, d'une croyance traditionne e, d'un article de la main, de l'espnt ou e lime, offrait un spectable sublime et d une majesté si claire, si limpide, qu'elle n ecrasait pas. Vous pensiez voir une ceinture mystique, un collier de synfboles, toute la série de eu rons variés qui formaient une couronne is toire, un diadème de légendes, une tiare de Et, entre tons ces joyaux, la Halle aux Draps paraissait une gigantesque chasse. Miracle d'architecture, orfèvrerie de pierre, on eüt dit qu'elle avait été mise la une nuit par Notre Dame de Tuin, ou par un de ces saints personnages du Paradis qui portent sur leur bras, aussi aisément qu'un cofïret, une cathédrale. La Halle aux Draps, c'était un des plus grandioses chefs d'oeuvre de l'imaginaton et de la réflexion combinées, réalisées, édifiées, tout un poème construit et sculpté, dans 1 é- nergie et dans l'amour, avec une solide entente et dans des dimensions qui semblaient le ga- rantir impérissable. II égalait toutes les signo- ries d'Italie, tous les pakis toscans, les plus vastes, les plus robustes. Son beffroi colossal apostrophait ceux de Florence et de Sienne et ses noires arcades continuaient les galeries rosées du Palais des Doges. II commandait aux générations, dont il était comme le gre- nier somptueux, etil défiait le temps. Or il a suffi que le kaiser, du bas de son vil et féroce orgueil, laissat tomber l'ordre d'en- vahir et de mettre a feu l'inoffensive Belgique pour que tant de merveilles, dot et patrimoine de l'humanité, fussent détruites a jamais, et qu'Ypres, la morte embaumée, devint Ypres la profanée, Ypres l'ensevelie. Entre tousles autres crimes qu'il annonqait, quel crime rare et d'artistique sauvagerie que celui-la Guillaume II n'a pas voulu manquer une occasion de vouer sa mémoire a tous les genres d'opprobre et de haine... Aussi, Dante, depuis trois ans, remanie son Enfer, pour y loger dans un cercle tout seul cemauvais prince impardonnable. sécurité, les derniers cuivres et ies métiers a dentelle de la Flandre pêle-mêle git,dans un cloaque de bo^6 ronore et confond les poussières, Les horreurs féodales sont dépas - punaiserie des morts qui chassait^ survivants du ohamp de bataille est plus de mille jours, comme une hdi$]l autre i asphyxiante, installée sur l'honnête'et royaume. déliJ vivrec Et pourtast, Ypres revivra pour qu'avant. Elle avait été déja, dans le lointain des prise d'assaut, gatée, saccagée, brülée. 3 On l'avait reconstruite. Et, quoique'sjx centenaire en 1914, elle respirait encore On la reconstruira. Son bourgmest' juré Les Halles seront rebaties 1 Les églises, les beffrois, l'aile desmoul celie des fumces, tout reprendra, comme hl le vieux chemin du ciel. Les marchés se vriront. Les enfants des soldats d'Alberti encore au tir a l'arc et les lucarnes, les toits rapides, recevront a nouveau les flê de la pluie. Comme un ciboire retourné que cloche remontera dans son tabernac] jour. Et on édifiera aussi d'autres monume d'autres palais, d'autres tours on lancera chemins de Ier, on creusera des ports, on cera des routes de mille lieues pour ton pélerins du monde. Combien de temps faudra-t-il pour ach la gloire d'Ypres Cent ans Deux ce Peu importe. On n'en est plus la. Onn plus, d'aflleurs, autre chose a faire qu'a tablir. Mais tout sera rétabli, partout. Et, né sairement, ce qui aura le plus souffert. Les. villes torturées et assaksinées pi guerre ne peuvent pas disparaitre. Laissei on périr les morts qu'on peut ressusciter? Non. Chacun voudra demain renaitre faire renaitre. Ce sera le premier devoir, mense, universel. Après le charnier, le chantier. A la méme place. Henri LAVEDA Berger Club ¥prois A Ypres, cependant, aujourd'hui tout est consommé. II ne reste plus rien des Halles, ni de l'église Saint-Martin, oü les obus ont peut-être brisé la dalle anonyme, marquee a ses quatre angles d'un chiflre mystérieux, qui recouvrait les res-tes apaisés de Jansénius, Humillime comme il l'avait prescrit. Et rien non plus des tours, des clochers, des rosaces, des pinacles, qui faisaient de chaque orbe et de chaque jet de pierre un os- tensoir, une monstrance. La ville assoupie, les faubourgs aux pans de bois, ses antiques maisons qui avaient l'air d'archives, sesenclos verts, ses toits bleus, ses mais, ses donjons, ses boucheries, ses plendeurs déchues mais toujours debout dont Bruges et Gand fu- rent si jalouses, ses ruellès, ses couvents, ses petits jardins de bonnes femmes, ses vénéra- bles remparts d?ont l'ombre était encore une Dimanche, 5 écoulé, a done été dispute, un temps superbe, sur le terrain Hoornw le Championnat en Ring pour l«s chiens ciers de 1' Union Canine des deux Fkn (Section Flandre Occidentale). Les épreuves de dressage, exécutées les nombreux concurrents, furent trés af ciées par les assistants. La Coupe championnat 1926, détenue le club de Menin, fut gagnée par le Clul Chien Pratique, de Courtrai, avec seschi Goliath a M. Vanlain, et Katali» Malfait. Le B. C. Y. emportait le 5" avec ses chiens Max a M. Sabbe Mylord a M. Platteau. Ce résultat obtenu par nos chiens Peut considéré comme satisfaisant, puisque la première fois que ces chiens d'Ypres, sés seulement depuis peu de mois, padlC a un championnat, oü sous un jury séve ont eu a se défendre contre des chiens rans ou novices, qui n'en sont pas a premier concours. Avec uh peu de tenacité, et de bonn lonté, les membres du B.C. Y. pourront, fierté et un succès agrandissan't, vöfr nombre de leurs chiens participer aux concours. 1914 Une bonne cigarette coütait 50 c®- 1926 la Miss Blanche VICTOR d'aussi bonne qualité, en pur tabac coüte 50 cm. les 10 dans un e® plus simple. j )Q

HISTORISCHE KRANTEN

Het Ypersche (1925-1929) | 1926 | | pagina 4