A la Mémoire des Etonians
gouvernements de toutes les nations de l'Em
pire britannique, coopérant avec l'lmperia
War Graves Commission, au nom duquel je
demanderai au Maréchd Plumer de bien vou-
loir remplir les rites d'inauguration.
Dans la personne de lord Plumer, nous
voyons non seulement l'éminent soldat bri
tannique entre les mains duquel, pendant la
plus grande .partie de la guerre, reposait
assur.ée la défense d'Ypres, mais aussi l'hom-
me qui, par sa patience, sa ténacité et sa
belle humeur, personnifiait l'ame même de nos
armées nationales.
Nous, sommes trés reconnaissani s en vers
le Roi des Belgt s d'avoir bien voulu assister
a cette cérémonie pour s'associer a nous en
rendant horjjmjage a nos vaillants morts.
Et le maréchal lord Plumer s'exprime en
ces lermes
Nos coeurs sont saisis d'une profo'n'de
émotipn au moment oü nous apportons ici le
tribut d'une nation a la mémöire de la grande
arrnée de ceux dont les noms 3ont inscrits sur
ce beau mémotial, et qui n'ont pas de tombe
connue.
Un des plus tragiques caractères de la
Grande Guerre fut le notpbre de pertes signa-
lées sans autre mention que manquant,
supposé tué
A la.dou!eur des parents, est venue s'ajouter
une nuance d'amertume, et une sensation que
tout ce qui était possible n'avait pas été fait
pourretrouverles corps deceuxqu'ilsaimaient,
afin de leur donner une sépulture dé 'ente.
Cette sensation a disparu elle a cessé d'exis
ter lorsqu'on s'est rendu compte des condi
tions dans lesquelles les batailles étaient
livi ées.
Mais quand la piix vint, et que le dernier
rayon d'espoir fut éteint, le vide sembla plus
profond et l'avenir plus désespéré a ceux
qui n'avaient pas de tombe a visiter, aucune
place ,oü déposer les signes d'un tendre
souvenir.
Les coeurs de la nation a travers l'Empire
s'ouvraient a eux, et il fut résolu qu'ni a
Ypres, oü tant de ces manquants sont
tombés, on érigerait un mémorial digne ü'eux,
et qui exprimerait la reconnaissance de la
nation pour leur sacrifice, et sa sympathie
pour ceux qui les pleurent.
-y Un mémorial, qui dans sa simple grandeur
Sït ^eint ce but, a été érigé, et maintenant on
Jans&t dire (je chacun de ceux en l'honneur des
Yïaana nous sommes rassemblés ici aujourd'-
tnènts c„ jj n>est; pas manquant, il est ici
^dn6r3.3
pi i nonument qui sera inauguré tantót, n'ex-
Pl ,i'e ,pas.seulement la reconnaissance et la
apathie de la nation ilexpiime égalemènt
y M fierté pour la grandeur du sacrifice. 11 'est
pj aveu quepgrace a leur saciifice, et a celui de
tous ceux qui ont offert leur vie, il nous a'"été
donné, a nous qui combattions et qui avons
survécu, d'accomplir la tache qui nous avait
été confiée.
En fait, ce portique, se dressant dans sa
grandeur-splendide a la porte dela ville, sain
ble être le gros d'une armée protectrice,
dont les lignes de défense seraient représen
tées par les nombreux cimeiières groüpés
autour de lui. A eux tous ils témoignent plus
éloquemmept que des paroles, de la faqon
dont les armées ont défendu victorieusement
le saillant d'Ypres, durant quatre longues
années.
De plus, cette terre qui sera connue éter-
nellement, comme le saillant d'Ypres, est le
souvenir historique de l'amitié et de la cama
raderie qui exis'èrent et existeront toujours
entre les5deux armées, britannique et beige,
qui combattirent ici, cöte a cóte. Et la ville
d'Ypres qui fut détruite jusqu'a la rendre
méconnaissgble et qui est a présent rebatie,
représente d'une faqon parfaite, l'esprit in-
domptable de la nation Beige.
L'Armée Britannique s'honore aujourd'hüi
de la présence du Roi des Beiges. Sa Majesté
est ici nonseülement comme le souverain pe"r-
sonnifiant son peuple, mais aussi comme le
général en chef sous les ordres duquel beau-
coup de cqux que nous honorons en ce jour
servirent. etf sous le commandement immédiat
duquel la 2me armée Britannique exécuta sa
marche finale a la victoire.
Nous lui sommes trés reconnaissants.
Cette cérémonie évoque dans l'esprit de
chacun- de nous des souvenirs cruels mais
magnifiques.
II n'y a pas de paroles qui puissent expri-
mer justement nos sentiments, mais ils se
traduiront pour nous tantöt par les appels
familiers des clairons que nous entendrons a
la fin de la cérémonie.
Le Last Post et le Pipers Lament
sont notre tribut de dëuil a nos morts aimés
et honorés. Le Reveille est la proclarria
tion triomphale de notre ferme et sür espoir
en leut résurrection dans la vie Etemelle.
Le maréchal fait ensuite tomber les dra-
peaux qui voilent l'inscription The Armies
of the British Empire, who stood here Lom
19,14 till ,1918 and to those of their dead who
have 110 known, grave (Aux armées britan-
niques qui résistèrent ici de 1914 a 1918 et a
ceux de leurs morts qui n'ont pas de tombe
connue).
Je dédie, dit-il, ce monument a la gloire
de D eu et a tous ceux dont les noms se trou
vent écrits ici. Au nom du Père, et du Fils et
du Saint Esprit
Le mémorial, tout blanc et si simple de
lignes, s'offre maintenant dans toute sa gran
deur imposante. La foule contemple avec émo-
tion l'arche qui a remplacé la Porte de Menin,
par laquelle des centaines de milliers d'honi
mes passèrent, pendant la guerre, pour gagner
l'enfer du saillant d'Ypres, et dont quatre-
vingt-dix mille pour ne plus revenir.
Le Roi Albert monte a son tour a la tribune.
Voici la traduction de son discours
ExcellencesMessieurs,
S'il est vrai que le sang courageusement
versé pour une noble cause sanctifie la terre
qu'il aarrosée, il n'est certes pas au monde de
sol lus sacré que celui de la région d' Ypres.
Car c'est pour maintenir le respect des
traités que l'Angleterre est entrée dans la
guerre c'est pour venger la Belgique d'une
agression injustifiable que jusque dans ses
possessions les plus loiniaines, l'Empire bri
tannique a pris les aimes c'est pour redres
ser haut et leime le drapeau \acillant de la
justice et de la civilisation que par mdl ers
d'abord, par centaines de milliers ensuite,
d'Angleterre, d'Ecosse, d'Irlande,du Canada,
de Terre Neuve, u'Australie, de Nouvelie
Zélanie, du Sud Afrique, de l'Inde, des
légions de fitrs combattants sont accourus en
Flandre, determii.és a vaincre ou a mourir.
Et voilé que presque aussitót Ypres devient
un des points décisifs de la gueire mondiale
C'est sur les collines d'Hooghe et de Ghe-
luvelt, que, dans 1'angoLsant automne 1914
se cramponnent et se maintiennent dans une
lutte désespérée de vingt et un jours, les
indomptabies divisions régulières du corps
expé.dttionnaire du maréchal French. C'est
dans la pLme de Saint J uiten que l'héroïsme
des Canadiens déjoue, em avril tgi5, la terri
fiante surprise des gaz asphyxiants. C'est la
colline 60 qui, deux ans durant, est le théatre
d'une guerre de mines incessante et impla
cable.
C'est la cête de Wytscbaete- Messines
qu'enlève, d'un coup magistral, l'armée du
général Plumer, en juin 1917. C'est Poelca-
pelle, Zonnebeke et Passchendaele, qui, au
piix d'efforts surhumains, en dépit d'un
ennemi acharné, u'un terrain int'ranchissable,
de circonstances atmosphériques obstinément
hostiles, sont conquis pied a pied par 1'armèe
du général Gough, dans l'automne de la même
année.
Puis c'est la bataille du Kemmel, au prin-
temps de 1918. qui déferle jusqu'a portée de
fusil de ces vieux rem parts séculaires.
C'est d'ici, enfin, de cette légendaire «Porte
de Menin que débouchent, a l'aube du 28
septembre 1918, les divisions de la lle armée,
qut, cöte a cöte avec l'armée beige, conquiè-,
rent d'un bond la fameuse crête des Flandres,
pour poursuivre ensuite, presque sans inter
ruption, l'offensive libératrice qui aDOutira a
la victoire finale.
En vérité, Y-pres a marqué, pendant cin-
quante mois, le -seuil de l'Empire et son
nom perpétuera a travers les siècles le sym-
boie de l'intrépidité et de l'endurance britan
nique^.
Ypres iest, dans,la guerre mondiale et sur le
front Occident, a l'armée britannique, ce que
Verdun est a l'armée franqaise ces deux bas
tions sont restés inviolés, quels que fussent
les efforts inouïs que l'ennemi tentat contre
eux.
Je vois ici, a cóté de représentants du gou
vernement britannique, de nombreux officiers
qui ont pris une part valeureuse a ces inou-
bliables batailles, et je salue avec émotion le
maréchal Plumer,le grand défenseur d'Ypres,
l'incomparable chef aimé et respecté de tous.
C'est un devoir de gratitude qui m'amène
'ici. JeViens rendre, au nom demon pays, un
hommage profond et sincère au souvenir des
milliers de soldats de l'Empire britannique
qui sont tombés ici en héros pour un idéal de
justice et de liberté nous les copf0nd
tous dans un même sentiment de respe 0llS
de reconnaissance. cw
Ce splendide monument, d'un aspect
pressionnant, que la naiion britanniqu"0'
élevé a leur mémoire, est l'oeuvre du p J
architecte Sir Reginald Blornfield et dur^
tingué sculpteur M. William Reid Dick't
est vraiment digne de son objet. II consac
jamais le sacrifice sublime de ces vaill^
soldats et perpétuera leur souvenir chez T
générations a venir. Mais ce souvenir vi
aussi dans le cceur du peuple beige. 'ra
-Une nouvelle prière est dite par le Dr j0l
Simms, de l'Eglise presbytérierine d'Ir! nci&3
et l'on chante l'hymne Now thank we aij
our <iOd». Le Révérend Gwynne bénit lc
monument, et la foule entonne un triompha]
Alleluia
C'est alors au tour de Mgr Keatinge évêque
catholique pour l'armée britannique, de pner
pour le repos des ames des morts, et r0n
chante avec ferveur, en anglais, le De Pro.
fundis tandis qu'un avion gris-argent décrit
de larges cercles au dessus du mémorial et dp
la ville.
Les clairons du second bataillon de l'infan-
terie légère du Somerset sonnent la tast
Post puis un lamento, The Flowerso[
the forest est exécuté avec émotion parks
cornemuses des Scots guards.
Puis, c'est la minute de recueillement...
Et brusquerm nt éclatent la Braban^onnei
et le God save the King qui annonqent la
fin de la cérémonie.
Bientöt s'amoncellent au pied du mémorial
des centaines et des centaines de couronnes,
de gerbes, d'humbles bouquets. Longuement
la foule défilé des mères ont les larmes anx
yeux, mais elles se redressent, fières quand
même, portant les déc.orations gagnées par
leurs fills, dont la Belgique et la Grande Bre-
tagne viennent si solennellement d'honorer
l'impérissable mémoire.
Le roi est reparti pour Bruxelles a 12 h. 3o,
salué par des bravos enthousiastes et paries
ciis, mille l'ois répétés, de «Levede Koning!»,
Vive le Roi
L'Harmonie Ypriana dont l'éloge n'est
plus a faire, exécute ensuite un superbe con
cert, chaleureusement applaudi par unea:sis-
tance recueillie et charmée. Une audition des
Bagpipers de la Garde Ecossaise obtient
également un franc et légitime succès.
Que dire enfin de la Brabanqonne du
God save the King et de la Marseil
laise dont l'exécution doit être reprise, aux
acclamations redoublées d'une foule enthou
siaste
C'est que les Yprois, digues de ce nom,
n'oublieront jamais ceux dont le sang rougit
les coquelieots des Champs de Flandre
VIVE LA BELGIQUE, VIVE LA
GRANDE BRETAGNEjVIVE laFRANCE!
Le Départ
lis sont partis, les pères, les mères, les
veuves, les orphelins...
Nous qui avons vu passer vos fils, vos
maris, vos pères, au coeur des nuits éclairées
par les obus, les bombes et les fusées et au
travers des jours obscurcis par la fumée de
nos édifices incendiés, nous, humbles citoyens
de rimmortelle cité, nous le répétons bien
haut Retournez en paix en vos chers foyers
vos grands et nobles tommies D®
seront pas oubliés
JamaisFidelis.
Dimanche après midi Lord Plumer a pose
les premières pierres de l'église et de l'école
anglaises qui seront érigées au coin de la rue
d'Elverdinghe et de la Place Vanden Peere
boom.
Les plans en ont été projetés par sir Reg1'
nald Blornfield R. A.
L'église et l'école seront construites en
commémoration des anciens élèves du collége
d'Eton, morts dans le saillant d'Ypres. Les
fonds ont été entièrement recueillis parmi les
Anciens d'Eton et leurs connaissances. (b
(1) Eton, ville d'Angleterre (comté de Buckingham). 'l'r
la Tamise 3.500 habitants.. Collége célèbre fondé en H
Le costume des élèves d'Eton comporte un pantalon grlS'
une veste noire courte et terminée en pointe dans le 0
uri col blanc rabattu et un chapeau haut de forme.