A Christophe Colomb La Nation Beige en folie parmi nous notre garnison d'autrefois, car if ne se passerait pas une semaine sans que nos vaillants jass auraient l'occasion d'être a l'honneur parmi leur fidéle population Yproise et les hautes personnalités qui sans cesse visitent notre ville glorieuse. Un jour peut être, le gouvernement animé d'idées plus saines, a notre égard, peut être même un peu par le repentir se souviendra de nous et réparera les torts commis. Un mot pour finir: C'est, entr'autres, grace au martyre de notre ville et aux sacrifices Subis par rotre population que le nom de Belgique n'a pas été rayé de la carte de l7Europe. Aussi, si la Nation Beige veut tester digne du nom qu'elle porte, son premier devoir est, non de neus insulter, mais de nous défendre. Qu'elle le retienne pour une bonne fois. Quelques evfants d'Ypres. Nous signalons a la vigilance du reporter Cliristophe Colomb de la N. B. un scandale sans nom qui se passé Spa. Nous lisons en efiet dans le Neptune l'articulet suivant A Spa Spa, 14 aoüt. De notre correspondant particulier.) Décidément la saison bat son plein. Chaqüe train, chaque auto, déversent leur contingent d'étrangers, principalement a changes favorables ce sont sur tout les Alle- raands et les tiollandais qui dominent. On se croirait vraiment dans un autre pays. Ces exodes s'expliquent, Spa est a quelques kilo- mè:res de l'Allemagne et de la Hollande. Je ne veux faire aucune peine, même légère, aüx collaborateurs de la Nation Beige mais tout de même je ne puis m'empêcher d'avoir un de leurs rédacteurs dans le nez. Car enfin je trouve que pour rédiger un topo comme celui qui se trouvait le vendredi 10 aoüt dans la colonne des Echos il faut une certaine dose de bétiseet d'inconsistance. Ce n'est "pas une' raison, Monsieur, parce- (j^ue les reporters jouissent en Belgique d'avan tages multiples tets que les 75 de réduction au chemin de fer, des diners souvent offerts ét presqué^'tbüjourS le vin des autres, qu'il faille nous encömbrer ici de votre intéres sante' personnalité. Si ce passager de première classe cherchaif a faire parler de lu: il a réussi. Vpici, d'ailleurs ses impressions vous al.lé'zl"voif qa Ypres, ville britannrque Vous débarquez a Ypres. Un immense drapeau de 1' «Union Jack flotte sur la 'place dë la gare, a cöté d'iin formidable tank rouillé et troué. Vous oubliez riaturellement, Monsieur le Rédacteur,qu'a cóté des drapeaux de cd' Union Jack flottaient sur des hampes identiques les couleurs beiges et Yproises. Aux vitrines des magasitts s'étalent de larges avis en acglais. Souvenirs du chatnp de bataille, photographies «TYpres, telle qu'elle était avant la guerre, d'Ypres en ruines, d'Ypres actuelle, envalilssent les étalages. Les habitants patient trois langues, l'anglais d'abord.... et trés bien, le ftamand de la region, qui est un horrible patois et un franfals approximatif. Une'doctrine Laissez venir nous les petlts shillings doctrine défendue autarjt par les commerjants que par les édiles de la cité, prêts toutes les concessions, Ici notre virulent journaliste parait être victime -d'-une rage cauchemardante. II faut voir rouge pour étaler une jalousie aussi haineuse.. Auriez-yctis une boutique, qui ne marche pas, monsieur En ce cas vous avez raison.... Mais oui, les commerqants Yprois ont fait de bonnes affaires. Vous êtes trop aimable d'en informer le pays tout entier. ïci, les ruines des Halles, ruines noires et désolées dans lesquelles on a cru intéressant d'installer une vespasienne. C'est tout ce qu'on a pu faire pour eet admirable monument, dont les vestiges devraient rappeler nos libertés communales. Liberté communale Elle s'est effondrée devant la volonte britannique qui a imposé un monument, magnifique doute mais qui écraselacité et dont le style jure féroceine avec le caractère d'ensemble de la ville. Liberté communale Elle s'est effondrée mercredi encore devant les exigences du comité organisateur du pèlerinage anglais. Les édiles et le comité anglais. Le comité organisateur du pèlerinage s'était emparé de la ville. II imposa au collége échevinal, qui s'inclina trés bas, un règlement draconien. Peu de gendarmes beiges en ville, mais une nuée de per sonnages vêtus d'un uniforme bleu foncé, coilfés d une cas- quette blanche, rigides, esclaves des ordres re?us une véritable arniée de policemen d'occasion. Ajoutez a cela une multitude de commissaires inspectant les laissez-passer anglais, les cartes d'admission anglalses, remplacement désigné aux invités par les anglais. Ce furent les Anglais qui refurent le prince Charles, qui regurent les maréchaux et généraux francais, qui regurenten sa bonne ville d'Ypres le prince de Galles. Disons en passant que les cartes de presse officielles beiges furent sans valeur. Seuls comptaient le Press Pass délivré par Ia British Legion. Des journalistes désiralent se rendre au télégraphe. On leur refusa le passage. Mais enfin de quel droit.... demandèrent plusieurs d'entre eux. Le règlement, c'est le règlement, leur répondit-on. Quel règlement Notre règlement. Mais nous sommes chez nous. Les journalistes anglais sont traités comme vous. C'est leur affaire. lis sont Anglais. Nous sommes Beiges. Nous sommes en Belgique. Désolé, observez le règlement sinon je vals me fécher. Comme autrefois. Les Anglais ont toujours aimé avoir un pied a terre.. sur le continent. Jadis c'était Calais. Aujourd'hui, ils ont l'air d'avoir jeté leur dévolu sur Ypres. Ils élèvent des monuments a leurs morts, devant la mémoire desquels, empressons nous de le dire nous nous inclinons avec respect et avec reconnais sance. Mais les vivants ne pourraient-ils pas tenir compte de nos susceptibilités nationales. Sil'onfa sait en Angleterre, ce que les Anglais font chez nous quelle musique II n'y aurait pas de mots pour flétrir la conduite des étrangers, pas de termes assez pompeux pour défendre ia souveraineté du ferritoire anglais. Et les Anglais auraient raison. Que les édiles Yprois se souviennent des bourgeois de Calais. Mais peut-être éprouveraient-ils une certaine volupté k faire amende honorable a leurs maitrei d'aujourd'hui en les saluant Grand'Place, en chemise et la corde au cou. Enfin nous y voila Mais il fallait le dire tout de suite, espèce de petit journaliste. Parcequ'on ne lui a pas donné sa carte.je vous le demande, il a juré de beugier cela a toute la Belgique- Et il ne le disxit pas le petit farceur. Voici done notre esthète irrémédiable- ment dégoüté des manifestations anglaises. Préfère-t-il peut .être le défilé parademarsch des Jeunesses allemandes fifres et tambours en tête que ses concitoyens n'ont pas même osé siffler Car ce minuscule, mais beuglant rédacteur n'a dans son indigente cervelle rien trouvé de mieux pour célébrer la mémoire des Ff éros Britanniques. I oute autre est 1 opinion du te iacteur qui signe L. U. dans le Bien Public» de Gand. Voici quelques passages de ccs articles L'archevêque primat d'Argleterre est sans doute un beau vieillard, tiès mijesteux et même assez imposant dans son ample manteau écatlate. Infiniment moin.s imposant cepen- dant qu'un cardinal romain, dont il a fait copier assez maladroitement le vêtement II faut reconnaitre que l'église romaine a eu de grands artistes pour choisir les étoffes et des- sinei le costume dont elle revêt ses princes et que la contrefaqon est extrêmemènt difficile sinon impossible. Enfin l'étiquette rituelle' qui entoure un cardinal romain est autrement pompeuse, que celle qui accompagne un pri mat anglican. A la fin de son sermon l'Archevêque a dit sur un ton particulièrement solennel, l'oraison domimcale que tome ^assistance a reprise a l'unisson. Et ces voix martiales scandant avec un accent de foi, et un respect impressionnant la pnere umverselle commune a tons les chré' °ntir°duitune émouvante impression. Le Pvines de Galles Je ne connais pas de personnage plus sympathique. Le Prince de Galles est en com 1 Élégant sans recherche. II porte a la chapeau de feutre. Sa marche Blailu chalante. Bel homme non, cai u es) mais avec des restes de grace de l'éphèb^ doit avoir été fort joli. L'o6 est charmante. peu Rien de plus curieux que d'obserier attitudes. Elles sont multiformes, et ad S! blement adaptées a l'effet -qu'il doit prop" Sur le moment, on a l'impression q^r!" faire sur le personnage avec qui il Setro 11 Je le vois parcourir la foule, il marche' se balanqant comme s'il boitait, esquiSSe' geste qui ressemble a un salut militaire Q parait maladroit, Au fond c'est souverai ment gracieux, et semble naturel quoiqUe[( étudié. La foule l'ovationne, enthousiaste. Le vo sur l'estrade parcourant les rangs de gé, raux franqais sanglés dans leurs uniform, droits comme des piquets. Le Prince se don l'air d'un militaire gêné d'étre en civil milieu de ces chefs glorieux. Puis on le voit causer avec vivacité, mè avec une certaine pétulance. Son aisance parfaite. II sait son métier et le joue enactf accompli. Après ce spectacle, on comprend bien confiance que m'exprimait un Anglais dans solidité de l'établissement monarchique Angleterre. Le Prince de Galles n'auraj peu contribué a la fortifier. Les foules anglaises sont étonnammi disciplinées en bandes. Je ne donne pas tout a fait tort cepend; aux Anglais de n'avoir pas mangé dans restaurants d'Ypres. C'étaient des caveri d'Ali-Baba. Pour une tranche de gigot, une bouchée de poulet étique on m'y demandé cinquante francs, plus 10 pour service et le fisc 5y,5o. Vous tuez la poule aux oeufs d'or, Messiei les gargottiers d'Ypres. Le monument est grandiose, delignessimpii harmonieux, équilibré, proportionné ail qu'un temple grec. Félicitons les Anglaisd'i avoir emprunté l'idée et les formes a l'Attiqii et aussi de ne l'avoir pas chargé de rébus a!, goriques. On n'y trouve aucune de ces allés ries devant quoi on se casse la tête, a toil plus souvent, paree qu'elles ne signifient r Les inscriptions qui expriment la signific tion du monument sont, elles aussi, fort sh pies. Foutes débutent par les mots lat® Ad majorem Dei gloriam Dieu est le p' mier nommé, avant l'Empire britannique, Roi, ses glorieuses armées, la Patrie, et 1 héros dont le sacrifice est glorifié. C'est dans l'ordre. J'ai remarqué, avec un certain que les manifestations de sympathie de foule beige étaient, en comp iraison dece^ qui allaient aux Anglais,, beaucoup tropc leureuses pour les Franqais qui n'étaieu' qu'a titre d'invités. Si les journaux fa'sal mieux l'éducation de nos foules, e"es<;°' prendraient que l'honneur en cesjoUrse a l'hóte principal Certes le pcuple anglais ne nous fait f1 des protestations d'amour, dont d'autreS^ prodigues envers nous, mais auxquell®38^ sommes bien naifs d'attacher tant depflX- n aime aucun peyple et il a bien rai-011, J amour et ses haines sont aussi trans' que ses intéréts. Mais il en a un prim01 c'est que nous restions independants, ment et politiquement. Et c'est ce <JU' J drait répéter souvent aux Belges< J toujours bien neufs dans les affaireS' disait M. de Talleyrand. hoij.

HISTORISCHE KRANTEN

Het Ypersche (1925-1929) | 1928 | | pagina 2