OORNAL D'ÜNE SIEBR D'YPRES Setcbre 1914 a Mal 19!
,9-28 tiet Ypersche - 2e Bijvoegsel - Jua Ft ég ion d Ypres N° 22
Suite
23 NOVEMBRE. Dès le matin, malgré le danger, M. Ie
fé retourne s assure: s il n y a plus rien qu'il puisse sauver.
j IJalles et de l Hotel de-V die, il ne reste que les murs. La
hédrale continue de se consumer une grande partie de la
principale s est deja ellondree. Le nouveau musée, Parnasse
jes Halles de la boucheiie ne forment qu'un immense brasier
il ne faut Pas sor)ger a éteindre l'incendie, car on manque a
fois de bras et d eau, tout au plus pourraif-on arrèter le feu.
l'abbé Versteele réussit a ouvrir le coffre-fort de la sacristie
iaint Martin. M. le Curé porte le Saint Sacrement au couvent
l'école Saint-Joseph, oil avec l'aide de quelques soldats fran-
s tout est mis en lieu plus sur, dans la cave. Les échafau-
ggS placés prés de la sacristie prirent feu, mais oil put
teindre. Nous pouvons done espérer que la sacristie, oü se
,uvent beaucoup d'objets de valeur, restera épargnée. On
us apprend que M. l'ingénieur Vander Ghote a sauvé la statue
Notre-Dame de i huyne et la garde dans sa maison, route
Menin. Elle n'y est guère en süreté et nous allons la récla
■r. M. Vander Ghote nous la cède volontiers et nous l'apporte
même au couvent. L'autre moitié dp la rue au Beurre est
ssLenfeu C'est aftreux Quand done cela fi-nirat iiCar le
inbardement continué toujoürs. De 5 h. a 6 b n obus
mbent dans la ville. Après la" reunion du Comité, M. le.
iré se rend au Boerenhol oü il trouve quatre automobiles
m^aises, chargées de tout Ce qu'on avait pu sauver des Halles
Lie l'église Saint,Maptin.«.Hola s'ébrie M. le Curé, pü done
^etW'Vt'éüscéla, et 'avtc qüeïïè^pefmïssion »<f< A Bej-cfePlagê,,,
tid réponse, avee la permission de M. le Bourgmestre. M.
Curé eut beau protester, ils. promiront un regii qui ne fut pas
inné et partirent. Quelque. temps après on put lire dans
i journal franqais que deux officiers franqais avaient. sauvé Je.s
ésors d'Vpres, parmi lesquels la Vierge de Thuyne. Cette
iuvelle avait même donné lieu a une poésie composée par une
iligieusq- franciscaicie.. Mais, quel- canard 1 Ces messieurs
iavaient pas affronté les dammes. Et l'image que l'on croyait
[re celle de la Vierge était tout simplement une statue de
iainte Barbe La vraie statue - était chez nous, dans la cave,
fur trois semiines'; puis sur 1'ordre'de Mle Curé elle fut
icée dans notre chapelle jusqu'a ce que celle ci fut bombar-
elle fut ensuite redescendue dans la cave, avec n.os autres
lues et y resta jusqu'au 9 mai ig15, lorsqu'elle fut transportée
ar nous a la cure de Poperinghe. En juin suivant, M. le Curé
l'apporta a Saint-Omer, avec d'autres objets trouvés, au
jnsionnat Saint-Denis, place Saint Jean, oü je me trouvais, me
largeant de tout mettre en lieu sur. Dans l'après-diner du
vers 2 heures, je m'étais rendue au coin de la iue Wenninck,
ur jeter un coup d'oeil sur nos Halles fumantes, lc-rsque, de
in, je vis arriver deux hommes le premier portait l'accoutre-
ent d'un marchand de bestiaux et nageait dans ses vêtements
>p larges le second portait des vêtements trop courts d'éco-
Ils s'avanqaient en regardant de cóté et d'autre, comme
ur évaluer les dégats occasionnés. Je fut tiès étonnée de rei. -
utrer a ce moment des étrangers, car depuis trois ou quatre
il n'y avait même presque plus d'habitants dans la ville.
lendis jusqu'a ce qu'ils me croisassent. Ils me toisèrent des
|s a la tête et je les entendis a quelques pas derrière moi,
ander a Maertens qui avait cherché quelque nourriture
1 ne pourriez-vous pas nous dire de quel cóté arrivent les
lS? - Je n'en sais ïitn, répondit Maertens en courant, si
!S voulez le savoir, éccutez II ne fait pas bon a la rue
des Backelandt et son fils me rencontrèrent et je leur
ttidai s'ils avaient remarqué les deux individus. Oui, me
Nit Paul, et il me semble que ce sont deux dröles. «Allons,
|ar!es, dis-je, faites un geste pour arrêter le camion franqais
ar"ve la-bas Celui-ci s'arrêta en effet et nous communi-
®es nos impressions aux deux soldats qui le montaient. Un
deux plaqa son revolver a cóté de lui, puis, en toute hate,
continuèrent leur% route ils rejoignirent bientöt les deux
'®es et allèrent, prévenir la garde a la porte de Lille. Les
promeneurs suspects furent arrêtés comme espions alle
ys.
24 Novembre. A une heure du matin, un coup de
|ette nous réveille. Un obus est tombé dans le dortoir des
es femmes a l'hospice Saint-Jean. M. le Curé, Sceur M.
.pans, M'lle Cloostermans, Frédéric et deux soldats ren-
f8 tn route s'y rendirent. Je restai au couvent pour receyoir
lessés. Quel chaos On ne pouvait plus distinguer les hts,
ensevelis sous les décombres. Avec de grandes précautions
Petit<* vieilles furent transportées Marie Gaston etait
1 6autre avait un pied écrasé. Six autres encore bles-
re?urent de M. le Curé les Saintes Huiles et l'absolution.
réfugiée de Zillebeke. A défaut d'hommes et de véhicule 011 enterra
les mortes dans le jardin avec deux autres corps apportés depuis
le samedi de Zillebeke, par deux soldats franqais.
Le bombardement ne discontinue pas. Le sol tremble,
tandis qu'on cherche un peu de repos durant la nuit. En quel
état est mise notre malheureuse ville C'est a en avoir le coeur
brisé. Soeur Marie Berchmans se rend a Poperinghe pour de-
mander qu'on y transporte tous les vieillards des hópitaux. Pour
faire cesser les vols, le Comité va demander des gendarmes et
des soldats. Durant la nuit trois maisons de la rue de la Bou-
che s'efifondrent. Pas de nouvelles victimes, par bonheur
25 Novembre. Vers 5 h. 1/2 du matin un obus tombé
sur le Bureau de Poste y fait de grands dégftts, mais il n'y
eut pas de grands blessés Vers 6 heures le Révérend M. Roose,
attendu pour dire la messe, n'arrive pas. öh le savait réfugié
dans la cave du Bureau de Poste avec sa vieille mère. Georges
Cottenier s'y' rendit pour s'assurer de la cause du retard. Per-
sonne ne pouvait quitter la cave sans un secours extérieur le
premier soin done fut de délivrer ceux qui s'y trouvaient.; ;M.
Roose n'étant plus en süreté dans eet endroit, vint nous/de
mander l'hospitalité pour lui "et pour sa mère. Cette pauyre .danje
n'avait pas quitté la cave durant quinze jours. Chez no'üs," au
contraire, nous n'y étions que pour dormir qu pendant un grand
bombardement dans nos environs. Vers 10 heures,. et? /ace.
de la maison de M. Roose, rue de Lille, un obus tombe et met
en pièces toute la partie antérieure, brisant le contenu. Nous
étions fort inquiets au sujet de M'. .Roose, qui vejiait de ,s.\
■s rendre .pour cherché'r ün oüvfage dé - tricot pour sa mere* ét'
nourrir la volaille. Par hasard ou plutót par un effet de la
divine Providence, il avait rencontré M. le Curé, qui l'avait
chargé d'aller incontinent" a la Cour dés Veu'vés pour y" admv
nistrer une vieille femme. Tandis que je panse un blessé,,de
grosses pierres de taille sont lancée's de tous cótés. II en tombe
une au Nazareth une dans la chapelle des Soeuis' Nöircsj.
•t
i ^ébl;
on trouva encore le cadavre d'une vieille lemme,
sur le banc de Communion et trois dars notre couvent. .Un,
calme relatif succède a eet affre,ux tapage et dure toute la jour-j
née. Plusieurs personnes meurent a l'hospice Saint-Jean par:
suite de leurs blessures. Dans l'après-diner, l'ambulance auto-'
mobile du Friends Unit, envoyée par M. le commandant Young,'
transporte seize femmes a l'hópital du Sacré Coeur et hult1
chez les Soeurs Paulines a Poperinghe.
26 Novembre. Deux maisons biülent pendant la nuit.
Pas d'obus, mais de temps a autre un shrapnel vient augmenter:
encore le nombre des blèssés. Dans l'après-midi, violente fusil
lade un grand combat doit avoir lieu prés de la ville. Vers
3 heures les voitures automobiles des Quakers reviennent cheT-
cher les vieilles femmes encore restées a Saint-Jean et les
vieillards du Nazareth. Ils seront conduits a Poperinghe et dé
la en France.
27 Novembre. Quelques shrapnels deux soldats
anglais sont tués et quatre blessés prés de la blanchisserie de
M. Verschoore. Les engins tombent surtout vers la gare.
28 Novembre. Grand bruit de fusils et de canons.
Six shrapnels éclatent sur la ville. Les derniers. vieillards du
Nazareth et quelques autres vieux invalides sont emmenés par
les Quakers".
Les cadavres déposés au jardin de l'hospice Saint-Jeau
sont déterrés et portés au cimetière civil. Vers le soir, le bruit
des fusils et des canons se dissipe. Joséphine Cloostermans a
été suspeclée comme espionne elle qui fait tant de bien ici t
Que d'incidents bizarres la guerre fait rencontrer.
J'ai oublié de raconter un incident arrivé quelques jours
après l'incendie de la Cathédrale. Nous étions sans pain au
couvent et pain et farine étaient déja rares a trouver dans la
ville. Je me rendis done chez mon père au quartier de com
merce, voir si je pourrais m'en procurer. II put me donner deux
pains, avec promesse de m'en donner davantage le lendemain.
En allant je passai devant le tombeau du commandant de la.
Croix, du H4e de ligne. Au retour je rencontrai Auguste Loüf,
qui m'apprit que le reliquaire attaché au mur dans l'église
Saint-Martin avait été brisé par un obus et que les soldats fran-
qais en enlevaient des souvenirs J'en informai M. le Curé
qui me dit d'en avertir M. Lorrain, de la rue de Thourout. Je
m'y rendis, mais ne trouvai personne a la maison, et M. le Curé
me chargea d'aller moi même a l'église dès que j'en aurais le
temps Vers 4 heures j'y allai en tablier bleu, chaussée de sabots
et munie d'un marteau et de pincettes. Soeur Antoinette portait
un cabas pour y mettre les reliques. Trois ou quatre soldats
franqais étaient dans l église. Un d'eux enlevait pour moi les
battants du reliquaire. Quelques reliques ainsi que le sceau
avaient déja disparu. J'escaladai le maitre-autel pour m'assurer
qu'il n'y avait plus de reliques la. Dès que je touchai la croix
elle tomba en pièces: elle était entièrement carbonisée. Combien
volontiers j'aurais voulu découper le tableau sur toile qui ornait
la partie- supérieure du maitre-autel mais je ne pus y atteinare.
A suivre.