tt'RNAL D'DNE SEUR D'VPRES Octobre 1914 a Mai 1915
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Maison Downie-Duhameeuw
Em. Depuydt-Declercq
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Suite
t6 Février. Calme au centre, mais Chaussée de Kern-
j beaucoup de maisons sont détruites.
Un capitaine de l'armée, envoyé par M. G.-W. Young,
jent trouver M. le Curé pour prendre des mesures relativement
J(1 lessivage du linge des soldats. Jusqu'ici, ils s'étaient adres
^5 au premier venu, ce qui avait bien des inconvénients
jouvent le lmge n était pas pret, quand ils devaient retourner
auX tranchées ou changer de poste d'autres fois le linge était
„erdu ou échangé. De la des différends entre civils et soldats.
j! le Curé se charge de 1 organisation. II m'envoie recueillir
douze lessiveuses, qui seront dés demain 8 heures a la caserne
ie l'infanterie.
Les conditions suivantes sont fixées
x° Les ouvrières seront des femmes mariées
2° Elles ne parleront qu'autant que leur travail le de-
mande
3° Elles entreront a la caserne et en sortiront poches
vjdes et mains vides
4° Elles recevront 4 fr. par jour et le repas du midi
5« Le travail commencera a 7®heures du matin pour finir
j 4 heures après midi. Une demi heure leur sera accordée le
midi pour diner
1° Un soldat sera chargé d'apporter l'eau. Aucune ouvriè
te ne quittera le travail sans la permission du surveillant qui
et un soldat anglais, baïonnette au canon.
17 Février. Notre nouvelle buanderie est installée au
,ruit du canon et saluée par une demi douzaine de shrapnels
Vers 7 heures, les douze lessiveuses sont au couvent, d'oü je
conduis a la caserne d'infanterie qui est pleine de soldats
écossais. Le fourneau plein d'eau chaude les attend, et on peut
mettre a la besogne sans retard. Les cuves rincées et en
ordre, on travaille ferme et bien Madame Meersman dirigera
travail et indiquera la part de chacune. Vers 9 heures, je
puis retourner au couvent, oü mes occupations habituelles m'at-
tendent. Encore une improvisation bien utile, grace a M. le Curé.
18 19 20 Février. Bruit de canons et pluie de shrap
nels par intermittence. Les explosions se multiplient dans la
pilée du 20. On dirait un violent orage.
M. le docteu- Thomson se rend avec moi chez la famil'e
Smneville pour les persuader de laisser emmener a l'höpital sa
Gabiielle, de 22 ans, atteinte de la fièvre typhoïde. II y a
irois semaincs qu'une autre fille Marthe (20 ans) y a été con
duite. Pas moyen de décider les parents La proposition est
accueillie par d< s injures 1 Vrai, on s'y est habitué. II faut done
Ofir de force et l'emmener malgré tout M. le docteur Thom
son, le chauffeur et moi, nous attachons la malade sur un bran
card et nous la déprsons dans l'auto ambulance. La pauvre
enfant était si malade, qu'elle ne se rendait plus compte de rien
C'est bien dur d'avoir a agir de force, mais il faut parfois s'y
décider devant l'intéièt commun, comme c'était le cas ici.
and un bombardement s'annonpait, on transportait la malade
cs lis casemates oü elle devenait un danger pour les centai-
ics de personnes qui s'y trouvaient Ces mesures un peu sévè
'cs r.'étaient pas générales. Si les presci iptions du docteur
étaient scrupuleusement suivies, les malades pouvaient resttr
aux soins de leur familie, et journellement si c'était nécessai^
on les visitait a domicile, mais pour ceux qui étaient négligents,
les réfugiés surtout, ils étaient emmenés a l'höpital. En cas
d'opposition ouverte, ce qui était rare, deux gendarmes en
avaient rapidement raison.
21 Février. Les Allemands ont enlevé aux Alliés deux
tranchées, que ceux ci veulent a tout prix reprendre. Obus et
shrapnels prennent leur forte part au combat, et les soldats
anglais, qui étaient au repos pour cinq jours, sont partis en
toute hate pour prêter main forte a leurs frères d'armes.
22 Février. Canons, fusils, shrapnels font chorus 1
Vers le soir les obus tiennent le record II en tombe en assez
grand nombre dans Ls fossés des remparts. A chaque fois une
colonne d'eau s'élève a 10 mètres de hauteur et des centaines
de poissons sont jetés sur les bords. - Quelques hommes prés
de l'auberge De Engel chaussée de Lille, ont voulu ouvrir
un obus, qui a éclaté entre leurs mains. Emile Crepeele, céli-
bataire, 36 ans, est mis en pièces Thomas DeruJt'ere, jeune
père de familie, est écrasé contre un mur. Le petit Albert
Hoornaert est grièvement bles'sA la nouvelle de l'accident,
le docteur Manning, M. Robert Stopford et le chauffeur se rer-
dirent en auto vers l'endroit. Mais a la porte de Lille on nous
apprit que de 6 heures au matin a 6 heures du soir, déferse
était faite de livrer passage aux véhicules. A moi aussi, il fut
défendu de passer. La chaussée était constamment bombardée,
afin d'empêcher le passage de troupes.. Les docteurs Manning
et Stopford, munis chacun d'un brancard et suivis de M. Little-
boy et de M. Thompson, se rendirent done seuls au lieu du sinistre.
Sceur Lucie et moi nous gardames l'auto. Après une demi heure,
ils revinrent apportant seulement le petit Hoornaert affreusement
blessé par tout le corps, et qui fut immédiatement conduit au
Sacré-Coeur». Nous remimes le soin des morts au soir, 6 heu
res, et nous continuames notre Search Party». Trois typhoï-
ques de la paroisse Saint-Pierre sont décédées aujourd'hui a
l'hópital Romanie Maertens (i3 ans). Emma Meersman (i5 ans)
et Gabrielle Sonneville (22 ans). A mesure que les besoirs
augmentent, s'accroit aussi le dévouement des docteurs et des
Sceurs. Aujourd'hui encore, 236 personnes ont été injectées con
tre le typhus. Un réfugié, Cuypers, tombe aussi victime de son
imprudence, en voulant ouvrir un obus. II s'était fait un petit
métier de vendre des obus allemands aux Anglais. Le soir,
malgré les shrapnels, il fallait chercher les deux cadavres. Je
me munis d'une lanterne et Soeur Lucie m'acccmpagna. Volon-
tiers, quatre soldats nous auraient escortées, mais ils devaient
partir aux tranchées. Chargées de notre lanterne et de deux
brancards, nous suLimes les soldats, qui prenaient la mème
route, comptant bien rencontrer a la potte de Lille d'autres
soldats, qui pourrai< nt nous aider. Les gens qui nous virent
passer, crurent que nous nous rendions au champ de bataille et
nous supplièrent de ne pas y aller nous exposer. Piés de la
porte de Lille nous trouvames, en effet, dt s soldats au repos.
Quatre petits Ecossais se mirent immé iiatemert de la partie et
se chargèrent des brancar Is. Mais la sentinelle éteignit notre
lanterne et nous fümes obligés de pour.-uivre notre route dans ur.e
obscurité profonde, car le brouillard était épais. A tuirre.
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